Le contact fut trop bref, bien que plus long que ce qu'énoncent les normes sociales. Sa petite main était à sa place dans celle de l’homme, qui était anguleuse mais chaude et invitante. Les yeux de la créatrice de mode étaient descendus sur leur étreinte, attirés irrépressiblement, si bien que lorsqu’il dit enfin son nom, elle dût s’arracher à cette contemplation comme il arracha sa main de son contact.
« Xamanek. » répéta-t-elle dans un souffle. Juste Xamanek ?
Le nom lui disait vaguement quelque chose, mais impossible de se rappeler où elle l’avait entendu. Après tout, s’il était backstage, c’est que c’était quelqu’un. Mais qui, ça, elle n’en avait aucune idée. Elle n’eut pas le temps d’en demander plus qu’il s’étendait déjà en d’autres compliments. Elle en aurait rougi si elle n’avait pas déjà confiance en son talent.
« J’ai eu la chance d’être témoin de beaucoup de défilés, voir beaucoup de créations et il m’est venu en moi le besoin de vous acclamer en regardant votre travail. »
Devant tant de louanges, une alarme s’alluma dans le cerveau de la Chimère : ne te laisse pas endormir, Milana, les hommes savent manier les mots pour mieux te poignarder ensuite. Au fil de sa vie, et même quelques fois dans la mort, la femme avait été manipulée, malmenée, meurtrie par ses histoires avec la gent masculine. Elle en gardait de nombreuses blessures, bien enfouies sous toutes les paillettes de sa nouvelle existence. Mais cet homme-là, devant elle, elle ne voulait pas s’en méfier. Elle voulait croire qu’il était sincère, se laisser bercer par ses mots, se sentir en sécurité avec lui. Consciente du danger de ses sentiments, elle se força à ne pas ignorer la mise en garde de son cœur, mais ce fut difficile. Elle oscillait entre des sourires charmés qui dévoilaient ses canines de raton laveur, et reprise d’elle-même. Elle s’éclaircit la gorge distraitement.
« Une question peut-être un peu bête mais… Comment vous vient l’inspiration ? demanda-t-il alors.
-- C’est inné. » répondit-elle d’abord malicieusement.
Mais la vérité était toute autre. Et elle ne se fit pas prier pour la raconter, excuse toute trouvée pour prolonger sa conversation avec Xamanek. Il fallait bien réussir à tromper ses instincts de fuite.
« En vérité, j’ai grandi et vécu à Prague, dans une période où la mode n’était pas créative dans mon pays. Tout était terne et sans saveur, c’était d’une tristesse… Aujourd’hui, il me suffit de créer ce que j’aurais aimé voir dans les rues de mon vivant. »
Elle fit un tour sur elle-même pour montrer sa propre tenue ; une robe volumineuse et longue, dont la jupe bleue nuit finement brodée dissimulait sa queue de raton.
« Et à vrai dire, Tokyo m’influence aussi beaucoup, c’est si éclectique ! Si libre ! Si coloré ! Je dois dire que je suis bien contente de m’y être aussi établie, ces derniers mois. »
Milana eût un rire léger mais sincère. Elle revint se noyer dans son regard, avec l’envie de lui reprendre les mains et de ne jamais les quitter. Elle sentait bien qu’elle s’enflammait, et son regard se fit finalement fuyant. Ne te laisse pas charmer, Milana… Mais de là à tourner les talons, elle n’y parvenait pas.
Elle est clairement sous le charme, mais elle lutte pcq elle a pas confiance en les zhoms. Elle parle bcp d'elle déso, mais elle devrait lui poser + de questions sur lui par la suite hihi