L'ire de la Lyre [Mino & Espe] TW- alcool

Revenir plus forte. Un joli assemblage de mot qui ne veut strictement rien dire aux yeux de l'artiste, elle a passé l'âge. Elle refuse de croire que l'on peut encore changer après sa mort, n'a pas vu les gens évoluer aussi.

Le petite devient tout juste étouffante, Esperanza l'écarte gentiment (non, avec une sècheresse dissimulée). Un trône n'est fait que pour une personne, de toute manière. Peu importe combien celui de l'espagnole est ridiculement large. Blamez son égo, il fallait bien le contenir quelque part.

"Mmh, n'es-tu pas ma plus fidèle écuyère." La loyauté, aussi aveugle et dévouée, tenait même du canin si l'on prenait le temps d'y penser. Mais hélas, la lémure ne s'embarrasse pas de compagnie inutile, elle doit encore y trouver son compte. Et, malgré ses pires calculs, Mino a si peu à apporter.

"Mais je crains que tu ne peux pas faire grand chose, vraiment. Mes problèmes sont personnels, ingérables par autrui, des démons internes, tout le lot."

Elle s'affaisse, laisse rouler sa nuque sur le dossier pour contempler le plafond et autour. À moins que Mino soit étonnamment fortunée, aucune aide ne suffirait. Remarquez, Esperanza a oublié de demander…

"Tu peux me trouver du vin, si."

Il doit encore en traîner, autour, quelque part. Les clés sont sur la porte de toute manière, le bâtiment entier est accessible pour peu que la petite se saisisse du trousseau.

En parler. L'idée arrache à peine un pouffement de la lémure, qui ne prend même pas la peine de décoller les yeux du ciel (caché derrière la peinture et l'architecture). Elle ne fait que ça, parler, toujours. Et ça n'a, certainement, jamais aidé à résoudre des problèmes de manière définitive. Pire encore, trop parler lui en a toujours causé des milliers, qui la poussent à agir pour garder la tête hors de l'eau. Une horreur. La logique voudrait qu'elle apprenne à se taire, mais pour l'heure elle grimace. En parler, oui. Bien sûr.

Sa langue se délie quand vient le sang des vignes -le divin breuvage. Mino n'a évidemment pas l'âge pour s'y connaître, mais tout juste celui suffisant pour commencer à apprendre. On aurait pu croire qu'elle aurait été avare sur la qualité par manque matériel de fonds, mais n'oublions pas qu'elle est une artiste. Le millésime glorieux est nécessaire à l'image.

"Un Saint-Émilion, classique français. En vin, il faut toujours regarder chez les français."

Une réputation très, très tenace. L'on réputait déjà le bordelais du temps de son vivant, et le fait que ça n'aie pas tellement changé l'avaient convaincue de rester sur ses goûts. Elle se lève enfin pour sortir deux coupes d'un tiroir à maquillage dans lequel elles n'avaient rien à faire. L'espagnole ne se gène pas de prendre des mains de la petite la bouteille, pour verser avec les manières des cavistes.

"Je vais te dire, Mino. De tout temps, il n'y pas un artiste talentueux qui n'est pas amateur de bon vin. Pas un

La phrase est très douteuse, mais affirmée avec un aplomb indémontable. On ne peut que la croire sur parole, comment oser lui nier? Elle tend sa coupe à l'apprentie, le refus n'est pas une option non plus.

"Et c'est même l'inspiration des artistes torturés, des fois."

Et elle se prend une belle gorgée d'inspiration, elle-même. Sans vraiment attendre l'autre, ç'aurait été trop poli.