La Boolice ne se fait pas prier pour partir, dès que les agent·e·s sont sûr·e·s que Yumi est bien prise en charge comme convenu au sein de l'association pour la journée. Ça ne se voit pas nécessairement, mais en leur absence, elle se décrispe légèrement, en particulier maintenant qu'elle constate qu'il y a aussi une femme – a priori – pour l'accueillir, et pas juste le grand dadais blond. Elle adopte alors une attitude d'observatrice plutôt que de rester sur la défensive.
Quoique la démonstration de langue des signes la retend un peu, puisqu'elle est évidemment incapable de comprendre. Ça l'intrigue autant que ça l'agace, alors elle observe cette curieuse danse des mains, les mimiques faciales qui les accompagnent, comme si ça pouvait l'aider à estimer si on "parle" mal d'elle. Évidemment, elle ne peut tirer aucune conclusion à partir de ça. Alors elle doit se contenter de la présentation verbale qui lui est faite ensuite par la dénommée Jules, qui garde toute son attention visuelle. Notamment portée sur le haut de sa tête.
Ce sont des vraies cornes ? Ça ne se demande pas, donc elle ne verbalise pas. Et en vrai, elle s'en fiche d'ailleurs, de savoir si elles sont vraiment visées à son crâne ou si ce sont des artifices. Elle trouve juste que c'est... grave cool. Pourquoi sa bague chimérisante elle donne pas un résultat aussi
badass ?
La paume qui lui est tendue la ramène au présent et à leur interaction en court. Ses lèvres se pincent brièvement dans une micro-expression d'inconfort. Elle n'est pas assez à l'aise pour tenter de prendre sur elle et entrer en contact physique aussi directement avec une personne inconnue, surtout dans ce cadre où elle ne la rencontre par de bon cœur, mais seulement parce qu'elle doit purger une peine.
— B'jour, moi c'est Yumi Tanaka, mais tu dois déjà l'savoir, répond-elle finalement, en s'inclinant très subtilement et très brièvement vers l'avant.
Et euh, ok, j'imagine. Faut juste m'expliquer c'est quoi les bails ici, quoi.Ça doit être plutôt récent, comme lieu ou comme association, non ? En tout cas, ça ne lui dit rien du tout. Si elle avait su le nom avant, elle aurait demandé aux autres Banshii si ça leur dit un truc. Compte tenu de leurs profils varié·e·s dans la marginalité, il doit y en avoir à qui ça parle, une organisation appelée "Revenants en Difficulté".
C'est finalement à l'homme – a priori également, – de prendre la parole à son tour. Et Yumi écoute mais... c'est
compliqué. Il lui semble vaguement comprendre qu'il essaie de compatir, ou quelque chose dans ce goût-là. Elle n'est pas sûre. En tout cas, elle n'apprécie pas particulièrement le ton. Entre l'apparente gentillesse et la condescendance, il n'y a qu'un pas. Sa méfiance quant à ses intentions est aussi renforcée,
hélas, par son apparence masculine. La concernant, c'est là que va se trouver son handicap pour lui paraître sympathique.
— ... O-ku-nan-vi-dét'-la... pa-mé-chan-o-ssi... répète-t-elle dans sa barbe, en décomposant les syllabes qu'elle arrive à distinguer, avant de le dévisager et de grimacer des mots anglais à sa portée, sans fioritures grammaticales.
Parle plus lent. Plus simple.Elle n'a pas compris son prénom, d'ailleurs. En revanche, "coupable" c'est dans son vocabulaire, et son regard artificiellement bleu pourrait redevenir noir rien qu'à cause de la lueur sombre qui le traverse.
— T'as problème ? réagit l'accusée – du moins pense-t-elle l'être –, ses lèvres retroussées sur les petits crocs que deviennent ses canines et ses prémolaires sous l'influence du bijou à son doigt.
Elle n'en pose d'ailleurs pas un seul sur la tasse qui lui a été offerte. Heureusement, ça la retient certainement de s'en saisir pour menacer de la balancer.