go on, have a bite.
précisions
son pouvoir, c'est de transformer les objets en pomme en les touchant. La taille est proportionnelle à l'objet mais il y a bien sûr des limites : faut pas que l'objet soit trop petit (comme un stylo) ni trop gros/grand (comme une chaise). Il peut pas en créer indéfiniment au risque de fatigue, de nausées, de douleur vive aux doigts et de transformations ratées. (1 à 5/j, selon leur taille) Kaoru choisit principalement des livres, plus simple de trouver une bonne taille selon ses besoins. Il les imbibe ensuite de potions diverses et les change de couleur selon. La plus convoitée est celle qui "ramène à la vie", la dorée. Ou pour être exact, la pomme de zombification. Attention, impossible pour lui de faire marche arrière. Donc oui, vous pouvez manger une ancienne chaussure trop utilisée ❖ aime beaucoup cuisiner, il utilise ses pommes pour ça d'ailleurs ❖ adore le sucre mais tente de calmer la dose, malgré sa connaissance de la potion préventive pour caries ❖ quand il cuisine, il fait parfois des tests avec des aliments, c'est pas toujours très bon mais il mange toujours tout, il jette rien ❖ souvent sujet aux maux de tête ❖ il adore les animaux, surtout les corbeaux. Il rêverait d'en avoir un ❖ il a plus de mal avec les enfants mais c'est sans doute l'anxiété de blesser par inadvertance
lâche
attentif
fataliste
doux
influençable
mou
Tu parles pas fort.
Ta voix est douce.
Ta voix est basse.
Elle murmure.
Elle transpire de culpabilité.
Mais elle se tait.
Elle se tait beaucoup.
Car t'obéis, Kaoru.
Tout le temps.
Tel un bon petit soldat.
Le bon petit soldat.
La bête de foire.
Tu es cette bête de foire.
Tu hais cette bête de foire.
Tu te hais avec.
Mais tu dois avancer.
Pour toi.
Pour elle.
Pour elle.
Alors, tente de sourire.
Tu vois ?
T'y arrives plus.
Tel un clown triste qui peut plus retirer son maquillage.
Pourtant, t'adores voir la nature se mouvoir.
Les oiseaux voler.
Les poissons nager.
Les chats voler.
Les chiens manger.
Ça te rappelle que la vie - la mort - est belle.
Même si toi, tu l'enlaidis avec tes idioties.
Tu n'es plus que l'ombre de toi-même, une coquille vide qui est jetée de gauche à droite au bon vouloir de ta famille.
Ta dynastie.
Tu tends la main, on te bouffe le bras ? pas un problème.
N'est-ce pas ton destin, Kaoru ?
D'être un pantin, Kaoru ?
Mais tu ne veux plus obéir, t'en peux plus de cette vie.
De cette mort.
Mais tu es lâche, Kaoru.
Tu as peur de te révolter.
Tu as peur de récupérer ta main tendue.
Ton bras bouffé.
C'est plus facile à suivre.
Mais plus difficile à survivre.
Tu voudrais dire non.
Mais oui sort à la place.
Tu voudrais dire oui.
Mais non sort à la place.
On t'a façonné ainsi.
T'aimerais pas être aussi lâche.
T'as déjà commis tant d'atrocités.
Tu es prêt à tomber avec ta famille, si elle doit tomber.
Enfin tomber.
Ta culpabilité est devenue une enclume.
Ton poids est devenu aussi léger qu'une plume dans ce monde tordu.
Dans ton monde tordu.
T'éloignes tout le monde.
T'as peur des relations, quelles qu'elles soient.
T'as peur qu'on te les arrache.
Qu'on les utilise contre toi.
Que tu les utilises contre toi.
On t'a appris à manipuler, c'est peut-être maintenant dans ton sang.
Tu sais pas.
Tu sais plus.
Tu veux plus savoir.
Et pourtant.
Tu as un bon fond et on pourra jamais te l'enlever.
Malgré tes péchés.
Tu restes serviable et à l'écoute, tu veux aider ton prochain.
Malgré tes crimes.
Mais tes mains sont peut-être déjà trop sales pour de telles choses.
Tu ne mérites peut-être plus de vanter une quelconque générosité.
Tu es devenu un peu mou.
Juste un peu.
A force de voir l'atrocité, on s'adapte.
Ou bien, c'est juste parce que t'as abandonné ?
Tu peux pas jouer la victime.
Tu mérites pas.
Alors tu donnes le change.
Alors, lève la tête.
Enfile ton manteau.
Chausse tes talons.
Ouvre ton ombrelle.
Et marche, Kaoru.
Lève-toi et marche.
histoire
TW : emprise, famille toxique, mort par maladie (aucune description)
Une histoire peut-être banale.
T'en sais rien.
T'en parles peu aujourd'hui.
Mais, tu es né à l'ère Meiji.
Durant le renouveau du Japon.
L'industrialisation.
Mais toi.
Toi, t'y as pas goûté à ce renouveau.
T'as goûté à la pauvreté.
C'était juste toi, Kaoru.
Ta mère, Mitsu.
Ta grande sœur, Tae.
Un jour, ta sœur a été engagée dans une maison de riches marchands, pendant que ta mère et toi travailliez dans les champs.
C'était pénible.
Et en plus, t'avais toujours l'impression d'être suivi.
Mais on te disait que tout était dans ta tête.
Par la fatigue.
Par la faim.
Les temps étaient durs mais tu ressentais toujours la chaleur d'un foyer.
Un jour, ta sœur s'est enfuie.
Bien sûr, par le concept du paiement par avance, ta petite famille devait maintenant rembourser la grande famille, avec intérêt.
C'était impossible.
Et en plus, t'avais toujours l'impression d'être suivi.
Mais on te disait que tout était dans ta tête.
Par la fatigue.
Par la faim.
Par la maladie.
Les temps étaient insurmontables mais tu ressentais toujours la chaleur d'un foyer.
Jusqu'à sa mort.
La maladie.
La maladie a pris maman.
C'était-
Et en plus-
Mais on te disait-
Personne.
La maladie.
La maladie a pris ta vie.
21.
Tu te réveilles.
Bien.
Pas froid.
Pas faim.
Pas malade.
Tu t'admires tomber dans une de ces prouesses technologiques.
Tu regardes face à toi.
Tu baisses la tête.
Elle est où maman ?
Elle est où, Tae ?
Où.
Es.
Tu ?
Tu reconnais cette ombre.
Car c'est celle qui était, soit-disant, dans ta tête.
Un.e vampire.
T'ignores son nom, encore aujourd'hui.
Mais iel t'amène voir ta famille.
Ta famille ?
Où est maman ?
Ou est Tae ?
Personne est là.
Une grande maison.
Traditionnelle.
Comme t'en as toujours rêvé.
Le portail s'ouvre.
Des sourires :
« Bienvenue. »
Un sourire.
Une vraie chambre.
De vrais vêtements.
Une vraie maison.
Une vraie vie.
Mais où sont-elles ? :
« Ta sœur n'est peut-être pas morte et, pour ta mère, on ne l'a pas retrouvée. », explique la matriarche Rie.
Un vrai vide.
Tu lèves la tête :
« Kaoru, il est l'heure des leçons. »
Tu baisses la tête vers tes cahiers.
On t'apprend les principes de ce monde, l'anglais, les sciences, la littérature, etc.
Et même ton arbre généalogique.
Tu vois de plus en plus les traits de famille.
Tu comprends que tu es donc dans une famille de nécromanciens.
Tout le monde l'est, à quelques exceptions près.
On attend de toi de l'être aussi.
Tu souris.
Tu ne veux pas décevoir.
Toujours rien.
Rie est déjà venue plusieurs fois te voir pour te poser la question et tu finis toujours par pleurer dans ses bras.
T'es inutile.
Comme lorsque t'étais vivant.
T'as un jour demandé ce que fait la famille comme activité.
On vend des potions.
Pour aider les gens.
Tes yeux s'illuminent.
T'as hâte de pouvoir aider les gens.
Et ce jour est enfin arrivé.
Alors que tu cuisines avec ton oncle Yoru, une assiette se transforme en pomme sous tes doigts. Elle s'écrase sur le sol dans un silence assourdissant.
Tu clignes des yeux en la ramassant.
Vous vous regardez.
Une larme.
Un câlin.
Bon, ton pouvoir paraît un peu nul à côté de certains mais maintenant, tu peux aider en concoctant des potions à partir du grimoire familial.
T'as trouvé un moyen original d'utiliser ton don.
Les imbiber de potions puis les changer de couleur pour mieux t'y retrouver.
Tu cherches surtout les plus positives, avec le moins d'effets secondaires.
Car après tout.
Ta dynastie.
Elle aide les gens.
Non.
Tu pleures.
Non.
Tu pleures.
Non.
T'as utilisé une pomme.
Pour ressusciter mais à la place.
T'as transformé quelqu'un en zombie.
Rie vient te voir :
« Tu feras mieux la prochaine fois. »
Sauf qu'il y a jamais eu de "mieux".
T'as beau donner des pommes imbibées de potions, tu parviens pas à inverser le processus.
Tu peux seulement changer leur forme et non leur essence.
T'as appris.
T'as appris à tes dépends qu'on ne peut pas annuler une potion.
Ou la zombification.
Pourquoi on te l'a pas dit ?
T'as appris.
T'as appris à tes dépends que ta famille n'aide pas les gens.
Elle-
Tu fais distraitement rouler une pomme sur ton bureau :
« T'es prêt ? », demande une cousine lointaine.
Tu lèves la tête :
« Il est l'heure de sortir. »
Tu baisses la tête.
Sortir.
Ça signifie vendre tes pommes.
Des pommes dorées.
Pour ressusciter.
Le malheur des gens.
Tu peux même pas dire comment t'en es arrivé à là.
A vendre toujours plus de pommes empoisonnées.
T'as juste vu le regard de chacun.e.
Tu voulais juste payer ta dette.
Tu voulais juste pas décevoir.
Tu voulais juste retrouver la chaleur d'un foyer.
Mais ce n'est pas une excuse, Kaoru.
Tu veux devenir poussière.
T'es devenu un mentor pour les nouvelles générations, à les former comme on t'a formé. Tu vois dans leurs yeux les mêmes lumières et espoirs que les tiens à l'époque.
Tu peux pas les sauver.
Comme tu peux pas te sauver.
Tu veux devenir poussière.
Tu es bien vu dans la famille.
Tes pommes sont un succès.
Elles font partie des moyens privilégiés pour vendre vos poisons.
Tu fermes les yeux.
Tu veux devenir poussière.
Une descendante s'est enfuie.
Comme ta sœur.
Jamais comme toi.
On l'a retrouvée.
Comme toi.
Jamais comme ta sœur.
Elle a été sévèrement punie.
Tu veux devenir poussière.
Les années sont passées.
Tu les comptes.
Pour attendre la fin.
Même si cette fin arrive dans plusieurs siècles :
« Tu es prêt ? », dis-tu.
T'ouvres ton ombrelle :
« Il est l'heure. »
De ressusciter.
Le malheur des gens.
De tuer.
Ton bonheur.
Mais un jour.
Un jour, tu seras assez courageux pour t'enfuir.
Comme ta sœur.