Celeste Raine - "Non, pas ce genre de nettoyeuse"

S'il faut parler de toi, autant commencer par ton toi vivante, ou du moins plus vivante que maintenant. Tu es né à Montréal, cette magnifique cité du Canada. Et que raconter sur toi ? Franchement… pas grand-chose de particulier. C'était une enfance sans trop de problèmes. Fille unique, pas du genre turbulent, peut être un peu plus renfermée que les autres. Mais rien de grave, rien de problématique. C'est aussi quand tu es petite que ta mère t'a fait cadeau de cette sacro-sainte peluche lapin. Bon d'accord, quelques disputes avec des garçons aussi, mais voilà tout. Tu n'étais pas forcément première de la classe, mais constamment dans le top dix, ce qui n’est déjà pas si mal. Pas parce que tu es brillante, mais parce que tu travailles comme il faut.

Avançons un peu. Fin du lycée. Direction des études… de finances. Ça te plaisait bien, et puis surtout, c'est un domaine ou ça paye bien. L'argent, c'est bien. Et tu commençais déjà à magouiller un peu. Il n'y a pas de petit profit. Merci à tes parents d'avoir payé ton diplôme, que tu as décroché sans trop de soucis. 23 ans, diplôme en poche, tu commences à travailler dans une banque. Pas d'histoire, pas de drama… ça se passe, comme on dit. Ce n’était pas la joie non plus. C'était… meh.

Et puis il y a "the" un jour. Le pire, c'est que tu ne t'en souviens pas vraiment. Tu avais bu, c'est sûr. Ça doit être la seule raison pour laquelle tu t'es laissé draguer par un mec. Ou tu l'as draguée ? Bon, habituellement, quand on dit que tu es belle à croquer… ça n'est pas littéral. Par contre, tu te souviens de la confusion et de l'attente interminable une fois de l'autre côté. Tu n'étais pas seule, mais c'était tout sauf rassurant. Est-ce que tu as oublié de t'amuser dans ta vie ? Surement. Est-ce que je comptais te rattraper avec cette seconde chance ? Déjà, il était nécessaire d'arrêter de paniquer. Et tu avais surtout envie de retrouver le responsable de ton état et lui casser la bouche.

Comment dire… Nouvelle ville (Tokyo ?! Tu n'avais jamais quitté le Canada de ta vie !), nouvel état (vampire ? Ça n'existe que dans les légendes), même avec l'aide de cette association de vampires, ton adaptation a été assez lente et complexe. La ou ton ancien pays était assez calme, c'est relativement le bazar dans ce Tokyo. Et il était impératif de se reprendre en main.

Ce que tu as fait. Le réseau est important ? Parfait, tu sais être sociable et faire semblant, ça se travaille les contacts. Le travail en banque t'a appris ça, les relations sociales. Alors tu t'informes, tu apprends la position des vampires dans cet univers étrange. Il y a certainement des tonnes d'opportunités, mais tu avais du mal à les discerner. Tu as pas mal galéré.

Après, il y a eu la première fois où tu as eu faim. Ce genre de faim. Tu as négocié pour avoir une accompagnante pour ce premier voyage. Et tu as beau le tourner comme tu veux, c'était un meurtre. Et si tu as vomi derrière, ça n'était pas parce que la pauvre victime était du mauvais groupe sanguin, mais bien parce que tu t'es senti terriblement mal derrière. C'était nécessaire, mais au début, ça n'enlevait pas le fait que c'était assez horrible. Et après... on s'habitue. On y fait plus attention. Soit c'est toi, soit c'est l'autre. À choisir, autant que ce soit l'autre.

Pour le reste, après quelques mois d'errance et de métier en tout genre, tu as fini par rejoindre... la boolice. Enfin, tu y es associé. C'est compliqué. Ils ont besoin de vampire, eux aussi. Après tout, il arrive que certains de tes "congénères" fassent des gaffes, et en disent ou en montrent trop. Alors il faut faire disparaître les preuves, parfois matérielles, souvent... humaines.. Pareil pour certains objets qu'il est parfois nécessaire de faire "réapparaître" dans le monde des vivants. Ta raison pour rejoindre les flics, toi qui te fiche un peu de ton prochain ? Le statut et la thune, bien évidemment. Ça donne un certain filet de sécurité d'être reconnue ainsi. Aussi, tu comptes bien utiliser ce réseau pour (enfin) retrouver celui qui t'as foutu dans cette après vie dont tu te serais bien passé. Et puis ça te permet de faire ton propre trafic. Qui surveille les gardiens, après tout ? Tu as de nombreuses années dans ce service (tu approches des vingt ans, ça va se fêter), et si personne n'est au-delà de tout soupçon, ça te donne quelques avantages. Ça n'est pas parce que tu remets un objet en place que tu ne peux pas en faire disparaître un autre... "oups". Après tout, tu es bien placée pour connaître la valeur sentimentale d’anciennes possessions, les souvenirs, c’est important. Tes clients savent que leur discrétion est nécessaire. Ou alors tout le monde est un peu au courant et ferme les yeux. Parfois tu as du mal à savoir... Tant que tu gagnes à la fin, peu importe, n'est-ce pas ?