tw : sous-alimentation, esclavage, torture, sang, vomissements, racisme
Les impuretés noient la limpidité de l'eau, la contaminent. Les pleurs ne rattraperont pas le coup. C'est lamentable. Elle est toujours sale. Tu es toujours sale. Des coups de ciseaux dans ces cheveux ne rattraperont rien à la souillure que tu es. Même en défigurant l'hirsute, on ne peut pas imiter la pureté du blanc. Pas étonnant qu'on ne t’ait jamais donné un miroir. Tu en mourrais, de voir autant de misère. Et rien ne sert de te laver avec autant d’insistance le visage, ça ne partira pas. Même les hôtes se persuadent que c’est possible de te rendre moins horrible, à couvrir le laid d’aussi beaux vêtements pour être au moins présentable face à leurs invités. Mais à en croire leurs visages si pincés par le haut-le-cœur,
ta présence dérange tant qu’on voudrait l’effacer.
(Et ça sera toujours ainsi.)
Sais-tu pourquoi on affame les enfants comme toi ? On aimerait que vous soyez si minces pour que vous ne puissiez plus faire le moindre bruit. Que le son de vos pas soit plus discret que le battement d’une aile. Mais encore une fois, tu prouves que vous n'êtes que capable de brailler vos vilaines larmes. Comme ta mère quand on lui a pris son gamin (sauf que ce n'est pas sa propriété). Comme tous les gamins, affamés. Cette énergie, dans vos cris, ne serait-il pas bon de la mettre au travail ? C'est tout ce qu'on vous demande pour la somme qu'on a déboursé. Encore que des gosses comme toi, ça sait à peine tenir une faucille et on les achète, à juste titre, pour
trois fois rien.
Trois fois rien, c'est tout ce qu'on te demande et tu n'es pas capable de tenir tranquille, Phineas. Il faut que tu fasses un drame alors que d'autres enfants, avant leur sept ans, seraient déjà dans les champs, à s'écorcher vif les doigts dans les épines des cotonniers. N'es-tu pas capable de t'occuper d'autres enfants, toi qui comprend très bien leurs besoins puisque tu les ressens ? Ne faudrait-il pas taire cette faim qui ne fait que hurler ?
Alors tais-toi. Tu n’as pas le droit de te plaindre alors qu’on t’a offert plusieurs chances, à commencer par la fuite. Mais tu as eu trop peur, de désobéir, docile bétail que tu es. Tu n’as pas su quoi faire. On ne t’a pas attendu pour trouver la liberté clandestine du nord, profitant de la guerre civile. Il y avait un risque à prendre, oui, de connaître une sentence aux milles souffrances, que de s’enfuir. Mais ça en valait la peine. Et toi tu as tremblé, de crainte d'être rattrapé pour tes audaces, devant le chant libertaire.
(Tant d’acharnement pour y rester.)
Comme tu as tremblé quand ce chant fantomatique s’est mis à siffler dans les tuyaux, pour y trouver lui aussi la fuite. Peureux mais curieux pour oser parcourir sa course, à t’en précipiter vers la première bouche pour observer l’échappée de tes propres yeux. L’éponge et le savon glissent de tes mains, délaissant ton labeur.
Plus téméraire, moins fragile, l’eau sait faire son travail, elle. Elle sait se débarrasser des impuretés comme toi qui osent la troubler (la souiller). Le visage trop près du siphon. Le robinet expulsé, l’eau t’explose à la figure. Tu t’exploses contre le carrelage. Estomaqué par le phénomène, tu laisses à l’inondation le temps de glisser jusqu’à tes pieds. Tu laisses l’eau te déclarer comme coupable de ce malheureux incident que tu ne feras que ressasser (jusqu’au bout).
Alors que l’eau ne voulait que te pousser vers la sortie.
Mais tu ne peux pas taire ce que tu as vu (trop franc).
Histoire abracadabrante que tu leur racontes et qui ne fait qu’aggraver ton cas dans ce procès public,
juste pour t’humilier.
L’humiliation commune pour servir de modèle.
Tes plaies construites par la puissance du fouet.
Ton corps tremblant pour leur inspirer la même peur.
Une crainte déterminée à ne jamais s’affranchir, alors que tu es condamné à rester ici malgré les multiples opportunités. Et ce chuintement, un presque murmure perpétuel, dans les canalisations n'en finit pas de te rappeler, que tu as été trop lâche mais qu'il est maintenant trop tard. Il parcourt le manoir, te pourchasse pour te chuchoter d'au moins prendre garde désormais. Te voilà hanté comme par un fantôme. Il n’y a que les entêtés et les obstinés pour en être à ce point sûr.
En réalité, les affreuses découvertes que tu fais ne peuvent aussi que confirmer tes maudits doutes. Du matériel susceptible d'avoir une utilité au-delà de la torture, destiné à tuer un autre être. Cet esprit existe-t-il ailleurs que dans ton esprit solitaire ou les accessoires contenus dans cette valise sont-ils là pour ocire les affreux démons que vous êtes ?
Bien naïf pour penser qu'on voudrait te tuer d'un simple coup alors que le froid pourrait langoureusement emporter ce corps frêle. Les vermines comme toi, on préfère qu'elles s'éteignent mais elles ne sont pas dignes de périr de la main d'un homme. Sur les toits, sous le vent glacial, à colmater les dégâts de ta propre tempête, puisqu'il a suffi d'une inondation et de ton agaçante crainte pour te fustiger à l'extérieur de la maison. On a assez fait preuve de clémence avec toi.
On aurait pu se montrer plus complaisant, t'envoyer aux champs.
Mais pas en février.
Tu peux au moins t'estimer heureux d'être enfin autorisé à claquer des dents.
Hauts-les-cœurs quand la récolte t'autorise à quitter ton perchoir, regagner la terre ferme. Quitter la morsure du froid pour se retrouver sous un soleil de septembre encore écrasant, et bien fatigant. Le rythme intenable, on te dit feignant. Tu feignerais l'épuisement. Quelques coups de bâtons du contremaître pour revigorer. Les chants des autres esclaves pour endurer.
Tu as enduré mais on te dit faible. Plus faible qu'un pauvre moustique.
Accumulés durant ces courtes années à l'extérieur, tu ressens autant
la fièvre du cagnard
comme les frissons du gel.
La fatigue épuise tes muscles.
Amère ironie d'entendre qu'après ces années de famine,
tu n'as plus le moindre appétit,
mais plus que de nauséeuses migraines,
et la gorge prête à vomir.
Tu aurais voulu être ce qu’ils jugent comme « pur »,
mais le blanc ne te sied pas.
Tu aurais tout donné pour être d’une autre couleur,
tu ris jaune.
La maladie à peine débarquée des quais.
La fièvre a déjà emporté, en moins d’un mois, une grande partie des habitants.
Beaucoup partis dans d’autres pays, battre en retraite,
peu partis dans l’au-delà, après s’être vainement battu,
maintenant vaincus.
Phineas, on te dit faible et lâche. Mais il n’y a plus personne pour te regarder te battre pendant des semaines contre la maladie. Parce que tu es si avide de victoire.
Pauvre conquérant ou mauvais perdant, mais jamais invaincu.
Sur le champ de bataille, s’écoule de tes organes et de tes orifices le fruit de ta vie. Et pourtant, vaillamment tu résistes. La vie t’écoeure à en dégueuler si chaud. La vie est triste à t’en faire pleurer des larmes rouges de colère. Mais en dépit de tout, tu résistes ; même à la folie dont les convulsions ne sont pas assez fortes pour faire pâlir ta peur.
Or, tu es d’un jaune, si passionné.
En plein délire,
ça t’amuse de mourir ?
Encore, même là, on s'amuse de lui. La mort ricane, les jeux pas tout à fait terminés. Ce qu'il désire, comme toute personne, on le lui offre. Parce qu'ici, on le considérerait (presque) comme un homme. Voilà, au creux de ses mains, une liberté infinie qui représente des options innombrables. La liberté redoutée désormais. Tant de contrées dont un esclave n'a jamais entendu parler et encore moins celle dans laquelle il a atterri. Atterré, il en sait rien, d'où aller. Quelle question stupide. Il reste juste là, sans réellement comprendre ce qu’il se passe. C'est terrifiant. Et jusque dans sa mort, quand il est paralysé, il subit. Tenace, il reste en place.
Lâche et feignant, il ne bougera pas.
Partir en Géorgie, revenir au propriétaire. Hors de question.
Il ne pliera pas quand une horde de ces charlatans vendront monts et merveilles et pourtant toujours dans le même discours, pour revenir à la vie. Cette vie, il n'en veut plus. Quelle ironie de s’y risquer. C'est déjà s'il est à peine sûr de vouloir continuer la mort tant elle le pousse à des défis quotidiens. On lui vend tant de liberté, d'amusement et autres hypocrisies alors que le racisme existe toujours ici bas. Quand bien même il pourrait être aveugle, chaque remarque, infime ou innocente soit-elle, reste lancinante. Et la barrière de la langue ne fait qu'aider à le différencier.
Condamné à rester indifférent devant les regards interloqués voire aigris, il ne cherche donc premièrement pas à différer. Supprimer sa liberté, faire le don de soi. Sans repères, c'est encore un adolescent, si ce n'est un enfant. Une place toute choisie dans un refuge des jeunes âmes qui, sans étonnement, ne désire s'occuper de lui ; ou ne le peuvent.
Faute d’âge ou de moyen.
Faute de quoi, il ne change pas, essaye de se creuser une place avec ce qu'il a toujours été dicté de faire, à défaut de savoir le faire. Sort navrant dans lequel se retrouvent multiples arraché.e.s si tôt à la vie, livré.e.s à elleux-mêmes. Si peu de personnes pour répondre à leur cri, leurs besoins, étouffés par des millions. Phineas s’implique. Pas forcément par gaieté de cœur, ni pour donner un avenir aux bambins, mais pour se réfugier lui-même dans la stabilité, si tant est qu’elle puisse être rassurante. (Pas vraiment.)
Et pourtant, il ne fait que nager en rond alors qu’il pourrait brasser plus large.
Tandis qu’il apporte confort aux plus jeunes, son inconfort ne fait que grandir. Toujours enchaîné alors qu'il n'est pas attaché. Certainement pas attaché à son passé, pas tant à ces enfants non plus. À voir les enfants grandir, d’une certaine manière, le lémure n’a pas l’impression d’apporter la moindre pierre à l’édifice, de mal faire. Peu à peu, il ressent de profondes lacunes que même des enfants n’avaient déjà pas à leur arrivée. Ça blesse un amour-propre déjà trop affligé.
Beaucoup de frustration. Peu d’endurance mais c'est suffisant. C’est assez pour qu’enfin, il y ait un déclic.
Il prend la fuite, finalement.
Il s’égare, il s’évade dans les connaissances sans objectif
si c’est d’être « moins con ».
Lire, écrire, s'exprimer, compter, calculer, tracer, dessiner. L'éducation illimitée, Phineas se laisse absorber pendant bon nombre d'années, prenant à la suite des études supérieures, allant au-delà de l'apprentissage du japonais et l'anglais écrit. Jamais il ne se détachera de son anglais afro-américain caractéristique, malgré la reprise sur ses « fautes » par bon nombre de locuteurs. C’est son identité, qu’il l’aime ou non.
Jamais il ne peut se détacher des choix qu'on fait pour lui. Dans aucune discipline, parmi toutes celles suivies, Phineas ne se reconnaît pleinement. Il ne se reconnaît pas et il n'y a rien de remarquant.
Il apprécie parce qu'on lui fait apprécier les mathématiques et l'arithmétique. De bons enseignants pour qu'il ait plus de facilités dans le domaine. Phineas ne pense pas que ça soit aussi de son fait. Devenir un génie dans le domaine ne l'intéresse pas puisqu'il ne pense pas que ça soit accessible.
Vers le plus facile, il tend. Ce qu'il y a à sa portée, il constate et, opportuniste, prend.
Nombreux sont les spectres à déambuler dans les couloirs dernièrement et les affiches de recrutement expliquent la raison. Il n'y a pas de bienveillance dans sa démarche puisqu'il marche là où le vent le porte. C'est ce goût qu'il associe à sa liberté plutôt que paniquer devant une monstruosité de choix. Peut-être aussi par goût d'une petite victoire où il prend le dessus sur des plus ignorant.e.s, pour une fois. Instruire ne lui va aucunement. Il n'aurait pas pu devenir professeur ou éducateur puisque trop égoïste pour partager du savoir. Il ne se complait pas à informer en tant que guide, le salaire est juste mirobolant en tant de guerre. Car écraser de condescendance des européen.ne.s qui voudraient le prendre de haut est, en ces temps, inestimable.
Dans ce mépris grandissant, Phineas ne s'attache pas à ces gens,
il ne fait que son travail.
Presqu’imperméable aux raisons qui poussent certain.e.s spectres à de pareils choix.
Presque.
Peut-être a-t-il un peu plus de complaisance pour des personnes, potentielles zombies et chimères, si obstinées dans leurs choix et dans leurs combats. Si naïves que ça vaudrait presque son respect. Déférence qui ne se transforme qu'en pitié car lui-même s’entêtait, plus jeune.
Mais Phineas est jeune. Ça l’exaspère, qu’on lui rappelle. Il s’entête toujours à rester dans ce qu’il y a plus sûr pour lui.
Là où il est sûr de ne plus être le perdant.
Là où il n’est pas sûr, le flou règne ; il n’y pénètre pas. Après une première apparition intrigante, plusieurs de ces mystérieuses boîtes mécaniques prolifèrent dans les couloirs de l’agence, sans que personne n’en soit surpris.e hormis lui. L’alerte sonnée à quelques personnes qui demeurent pantoise, Phineas ne propage pas davantage la rumeur ; traumatisme de son ancienne vie sifflant dans ses oreilles. (Fantôme d’un fouet sifflant.) La crainte frustrante de croiser à nouveau ces regards circonspects auxquels il ne peut se fier. (L’humiliation.) Ne se fiant qu’à lui-même, enfin il touche un de ces machines translucides, la manipule. Sans comprendre ce qu’il fabrique avec tous ces boutons et ces voyants qui s’activent ou non, il y a pourtant un pouvoir dans ses mains qu’on ne pourrait pas lui dérober.
Pourtant, les boutiques semblent avoir compris ce pouvoir très rapidement en le commercialisant. Furieux d’être volé aussi facilement, Phineas achète sa propre découverte en une bonne vingtaine d’exemplaires dans un premier temps. Quand bien même le prix exorbitant, il ne prend pas peur à les décortiquer, les démanteler pour essayer d’améliorer et s’approprier. Sans rien y connaître, il apprend à se familiariser avec les ordinateurs personnels, bien que l’approche soit différente de sa première. Moins matérielle même s'il a bel et bien interagi avec cette apparition sans mettre le doigt sur ce qu’il a pu faire avec. Souvenirs aussi flous que cet objet.
En complément de sa pratique, il assiste à des cours du soir en informatique, passablement ennuyeux. Même assister d’autres élèves en soutien ne l’aide pas à progresser dans le domaine. Détenteur d’un pouvoir dont il veut être entier et seul propriétaire, cette fois, il joue effectivement le mauvais professeur ; le condescendant. Encore une fois, il ne partage pas.
(Tous les écraser. Écraser ces moustiques parce qu’il est plus fort qu’elleux.)
L'informatique étant plus que des études, c'est une passion à laquelle il ne fait que cogiter, jusqu'à en avoir ces visions d'ordinateurs permanentes. Il s'en vante trop, pour qu'un autre élève lui apprenne que c'est un phénomène courant chez les poltergeists.
Phineas quitte le cursus plus tôt que prévu, désabusé.
La révélation sur ce qu’il est se traduit comme une désillusion pour sa passion. Ça aurait pu le rendre plus pessimiste si l’agence Azazel, mise au courant de ses affinités, ne lui avait pas proposé d’être technicien pour la nouvelle salle informatique. Sans enthousiasme, il s’y essaye, par profit financier, d'abord, parce que ça rapporte plus qu’être guide. Puis, il se rend compte qu'il peut côtoyer moins de gens susceptibles de le décevoir. C’est pas plus mal, ça fait plus de temps sur l’ordi à ou même sur Tetris.
C’est un métier moins chronophage, entre autres.
Les opportunités de travail n’en finissent pas de fleurir, se proposant même à Phineas sans qu'il ne passe par de grands processus d'entretien. Partisan du moindre effort, la découverte de ses dons de poltergeistie se fait sans qu'il ne se renseigne, à l'image de ses recrutements. Ses trouvailles se font pour la plupart sur le tas. Ne sachant réellement ce qu'il trafique, il apprend le résultat de ses facultés sous le fruit du hasard et des témoignages au cours des années. Si la manipulation des périsprits ne se faisait que premièrement sous la menace de disparaître, l'idée de hanter les vivant.e.s a fini par le séduire. Juste assez de rancune pour faire subir ce qu'il a subi quand personne ne l'a cru. Sa dépréciation du monde des vivants, trop cruel, est telle qu'il ne pourrait jamais apprécier réellement les vampires, sans qu'il ne puisse l'expliquer. Ou peut-être parce qu'iels ne font rien pour réparer, aggravant juste un peu plus les violences de leurs crocs plantés n'importe où. Alors qu'iels auraient le pouvoir d'un peu changer les choses. Quitte à sauver les plus méritants de ce monde.
(Reminiscence d’une mallette de meurtrier, comme quoi iels étaient probablement sur le coup, sans rien faire.)
Lui n'a pas ce rôle.
À défaut d'une réelle empathie (peut-être le syndrome du sauveur), Phineas se veut davantage dénonciateur et critique plutôt qu'hypocrite. Des mots crus qui plaisent aux abonné.e.s de sa chaîne de streaming, mais pas au quotidien. Une discussion qui pourrait presque sembler unilatérale tant de gens tombent d’accord avec lui. Les opposants évincés du chat.
Autrement, c’est pas comme s’il savait réellement tenir un vrai débat sans se faire démolir ses arguments. Alors il n’hésite pas à plutôt donner des avis tranchés et controversés sur le monde des morts dont l’utilité des nécromancien.ne.s et de leurs potions qu’il remet sans cesse en question. Dès qu’il le peut, il dérange quiconque. Il dérange en particulier les nécromancien.ne.s, se vantant de ses blocages intempestifs.
Pouvoir dont il se délecte. De son vivant, il aurait dû apprendre, qu’être dérangeant lui valaient bien quelques sévices contre ce sentiment de victoire. Phineas se complaît aujourd’hui à abuser et jouer dans les extrêmes, fustigeant presque ses opinions. Puissamment contre les nécromancien.ne.s mais à l’inverse trop compatissant des zombies et envahissant avec les chimères. Des appels aux dons, des rituels collectifs que les concerné.e.s ne réclameraient pas un instant. Même dans son assistance, Phineas se montre profondément humiliant envers quiconque. L’intention pas hypocrite mais profondément mal choisie.
De l’esclavage, à la perdition, à la poursuite de son destin, Phineas finit par jouir d’une profonde liberté.
Conscient de ses choix, il en entreprend
bien qu’il ne soit pas résolument les plus bons.
Or, il n’a pas vocation à être bon, à être dans l’expectative. Il n’est pas normal et il l’accepte. Parce que c’est devenu trop ennuyeux pour lui de plaire à autrui. Il essaye déjà de se plaire à lui-même, plus fier de ses origines. Tant pis si ses cheveux crépus ou son accent afro-américain gênent.
De toute évidence, globalement,
sa présence dérange, mais il ne s’effacera pas.
CHRONOLOGIE :
1.9.1859 Naissance à Jackson, dans le Mississipi.
1862 Quelques années après sa naissance, il est arraché aux bras de sa mère. Il est vendu lors d’une vente aux enchères à un planteur de coton de Géorgie. Malgré l’inflation causée par la guerre de Sécession sur les esclaves, le bébé est échangé pour une somme modique.
1867 À ses sept ans, son nouveau propriétaire pense qu’il est prêt à travailler. Il est premièrement assigné à la surveillance des autres enfants, pour pallier au manque d’esclaves adultes ayant fui durant la guerre.
1.1871 Alors qu’il aide aux tâches ménagères dans la salle de bains du propriétaire, un mystérieux appel, comme fantomatique, se fait entendre depuis le lavabo puis explose. Jugé coupable de l’incident, il est puni de coups de fouet.
2.1871 Les appels se font plus réguliers. Terrifié par cette présence, son comportement change et déplaît. Sa transition aux champs anticipée, il travaillera en parallèle comme charpentier. Le froid mordant, il s’en accommode, ne souhaitant plus pénétrer dans cette maison.
8.1871 Si le travail au champ s’est fait graduellement, Phineas y travaille dix heures par jour à partir de ses douze ans.
8.1876 La ville est touchée, depuis ses quais, par une épidémie de fièvre jaune. Phineas est un des premiers contaminés. Dans la deuxième moitié du mois, il tombe malade.
1.9.1876 La maladie atteint son paroxysme, cause de son décès.
1876 Son arrivée n’est pas simple compte tenu de la barrière de la langue et des tendances racistes. Traumatisé par son passé, Phineas ne souhaite cependant pas non plus retourner aux États-Unis. Il ne jouit pas de sa nouvelle liberté.
1877 En quelques mois, de nombreux.ses nécromancien.ne.s font du démarchage auprès d’un jeune garçon noir qu’ils estiment déboussolé pour se retrouver seul dans Tokyo. Sentant l’arnaque à plein nez, il cultive sa dépréciation de celleux qu’il estime comme tous.tes menteur.se.s.
1880 - 1883 Perdu dans ce nouveau monde, Phineas s’en tient à ses capacités. Il se porte bénévole au nouveau refuge tokyoïte. Son travail est apprécié mais il n’est définitivement pas à l’aise. En dépit de meilleures conditions, les souvenirs de sa vie reviennent.
6.1883 Se rendant de plus en plus compte de son manque d’éducation, son mal être grandit en la présence des enfants. Honteux, il se détache du jour au lendemain du refuge.
1884 - 1914 Afin d’absorber certains rudiments dont la lecture et l’écriture de l’anglais et du japonais, le lémure rejoint les catacombes. Il apprécie les mathématiques, grâce à son professeur. Mais ça ne l’amène nulle part. Il arrête les études.
1915 - 1984 Les guerres mondiales voient naître un nombre considérable de spectres. L’agence Azazel en recherche de nombreux.se.s employé.e.s pour pallier à la demande, Phineas postule en tant que guide.
1978 Face à un objet inconnu et translucide, Phineas s’interroge sur sa présence. Il est le seul à voir ces objets se multiplier, au fur et à mesure des mois, dans les couloirs de l’agence. Il découvre qu’il est capable de le manipuler, sans que ça soit le cas des autres spectres. Son premier périsprit apparaît en même temps que la commercialisation des ordinateurs personnels.
1981 Le quotidien de Phineas s’accélère à partir de sa transformation en poltergeist. Sans comprendre sa nature, il s’instruit premièrement sur les ordinateurs. La salle d’informatique pas suffisante, il dépense une partie de son argent économisé dans un paquet d’ordinateurs du monde pour les décortiquer.
1981 - 1983 En cours du soir, il reprend des études d’informatique. Un de ses professeurs lui conseille de proposer des soutiens aux élèves mais regrette. C’est là qu’on lui apprend qu’il est poltergeist et qu’on questionne sa passion de l’informatique.
1984 - 2016 L’agence Azazel propose au poltergeist de travailler dans la salle informatique de l’agence en tant que technicien. Le salaire mirobolant, il y travaille une année. Néanmoins, il change plusieurs fois d’entreprises, son profil recherché à Tokyo. Les boulots ne sont étrangement pas chronophages non plus, il peut enquêter sur sa poltergeistie et découvrir ses dons de hantise.
2016 En plus de son métier d’informaticien, Phineas se lance sur les plateformes vidéos et assez rapidement sur le streaming de jeu vidéo. Sa côte de popularité augmente rapidement pour être connu des jeunes spectres.
4.2021 Publiquement, il manifeste son désintérêt pour les nécromanciens et les potions et, a contrario, son engagement pour les zombies qui en sont victimes. À partir de cette date, il fait des appels aux dons, organise des rituels pour les zombies et chimères.