Let it growwwwwwwww [Grimm]

Les ciseaux désaxés entre ses doigts, un juron qui lui a échappé par accident, Terri ressent toute la pression sur monde autour de sa tête. Y'a la jungle réelle et celle qui lui embrouille les idées. Alors quand Léon s'approche pour lui demander si tout va bien, elle explose.  

« NON. Ça ne fonctionne pas ! J'ai failli me faire mal ! On y arrivera jamais ! »

Elle attrape une branche et la secoue violemment pour faire passer sa colère. Elle ne casse même pas. Maudit soit cet appartement.

Elle pourrait continuer sur sa lancée, mais un autre a des problèmes avec la nature. Depuis quand ils ont une plante carnivore ? Dieu merci, avant qu'elle n'ait le temps de paniquer encore plus, Lolly arrive avec sa potion de rétrécissement. Ça marche. Ça marche super bien en fait. Beaucoup plus que ses ciseaux brisés.

« Oh mon Dieu il nous faut un galon de potion de rétrécissement en fait. »

Elle se retourne vers Léon.

« T'en as ??? Va en chercher ! »

Léon entend Lolly parler de l'ancien Grimm. Pendant un instant, il se sent nostalgique. Il aimait tant la décoration précédente. C'était aussi bien plus pratique et bien moins périlleux. Ils n'auraient pas eut un tel problème de végétation auparavant.

Enfin, il n'a pas le temps de commenter les propos de son amie. Terri l'occupe trop en râlant dans ses oreilles alors qu'il a encore la gueule de bois. Il souffle, puis s'inquiète en assistant à la scène de sauvetage d'Altan. Il se passe tant de choses à la seconde, il a du mal à suivre.

- Bah non, j'ai pas ça, wtf ??? Pourquoi j'aurais ça ?

Il a du mal à comprendre pourquoi il se retrouve bouc émissaire. Cependant, la blonde n'a pas tort : la potion est une super idée. Il fronce les sourcils, ça a l'air efficace. Ils auraient dû y penser bien plus tôt.

- Vous avez des potions les autres ?! Il hausse la voix, essayant de se faire entendre de tout le monde. Sinon, je vais en chercher ?

Il essaie de se frayer un chemin jusque la porte en préparation à devoir faire le coursier. Ca le dérange pas si ça signifie éviter les engueulades et pouvoir aller dormir.

Lolly est une fée, Mary Poppins au sac toujours rempli de potions à déverser. Miraculeuse chimère qui le quitte aussi vite arrivée dans le soupir de soulagement du Turc, le bras encore emprisonné dans la gueule sinon baveuse d’une plante carnivore affamée.

“Viiiiiiiite Lolly” geint un Altan peu serein. Sans doute imaginait-il les dents de la flore animée se refermer sur son bras, ou peut-être étaient-ce les froissements sur le tissu qui lui donnaient cette impression.

Oui n’est-ce pas. Comment personne n’y avait pensé. Si la déco de l’appartement avait autant poussé par une (supposée) potion d’agrandissement, alors une de rétrécissement ferait logiquement l’affaire. Faudrait au moins un gallon de potion comme constate Terri. Altan ne savait plus ce qu’était un gallon, mais il lui semblait que c’était une contenance assez ok. Le système impérial hein.

“Pas certain qu’on ait de quoi pour tout l’appart’ même si tout le monde avait une potion, Léon. Va en chercher !”

C’était un peu urgent. Il n’avait pas envie de passer la soirée dans la jungle, la journée de travail avait déjà été assez fatigante comme ça.  

Fallait qu’en plus le collègue débarque.

Dramatique, alors qu’il voit déjà Lolly revenir avec son flacon, il gémit en l’air à l’attention du dernier entrant, tel Rocky à la fin de son combat.

“ADRIEEEEEEEEEEEEEEEEEEN !!”

D’accord, c’était peut-être trop tard, car la fée Lolly avait déjà fait sa magie, manquant de le toucher au passage (Fais attention ma Lolly !). Dans un soupir de soulagement, il extirpe son bras de l’ennemi chloropyllien, et inspecte l’état de sa veste.

“Non c’est bon ! Ma chevalière sauveuse et intrépide est arrivée avant que je me fasse bouffer !”

Remerciant Lolly d’une rapide accolade, il sort des fourrés, passant une tête entre deux branches pleines de feuilles.

“Heureusement qu’elle est là ! Super les booliciers ! Toujours en retard.”  

Il plaisante, et ça se voit (hôpital qui se fout de la charité tout ça). Autant faire passer le stress de la plante par l’humour, c’est plus sain (non). Son inquiétude n’avait été que légère, au pire, ils auraient coupé la plante à coup de couteau ou de griffes

Avant que Adri n’ait pu râler en lui balançant qu’il était de l’administration et pas un agent de terrain, il continue, enjambant les plantes jusqu’à l’entrée.

“Je vais demander aux voisins, y’a bien quelqu’un qui a des potions, ou un.e nécromancien.ne qui peut nous en faire en urgence !” Ou encore mieux. “Et au pire, on recrute des gens, autant ne pas se taper tout ça seuls. On leur fera des tacos, vous en pensez quoi ?”

A cette heure-ci, vous allez bien finir par trouver des volontaires, pas vrai ?

Nouvel arrivé ! Détournement ! Révélation choc ! Changement de plan ! La tête de Terri tourne à force suivre l'action entre les feuillages. Elle en profite, bien en entendu, pour ne pas lever le petit doigt – à quoi bon, si, comme elle le propose, iels peuvent s'en sortir grâce à des potions de rétrécissement ? Elle va pas se fatiguer pour rien hein. Sauf que Lolly n'est pas du même avis. Et heureusement que c'est Lolly qui lui dit de prendre un couteau et pas un autre, parce qu'elle capitule presque sans se plaindre.

« Ok, ok… »

Le ton traduit sans peine sa mauvaise foi. Elle a déjà eu du mal à couper des branches avec des ciseaux, et on attend d'elle qu'elle parvienne à raser une jungle ? Certes, avec de l'aide et des mains supplémentaires, comme le suggère Altan, mais ça reste quand même le sentiment.

Retour à la cuisine, donc. Vers le tiroir à ustensiles. Tiroir empêtré de tiges – il fallait s'y attendre. Terri tire sur la poignée – le tiroir est bloqué, bien sûr. Tire sur la végétation – coriace. Elle pense brièvement s'y mettre avec ses dents comme un rongeur mais se retient. Elle a encore un peu de dignité.

« Un coup de main par ici ? »

On lui dit d'y aller vite. Puis on demande à quelqu’un d’autre de le faire. On change de plan, comme quoi ce n'est pas assez efficace. Puis on revient à l’idée de départ. Léon se sent peu à peu perdre patience. Du genre tolérant à l'excès avec les autres, il n’en reste pas moins quelqu’un d’impatient. La situation couplée à l’atmosphère tendue et sa fatigue finissent par avoir raison de lui. Il pousse une sorte de grognement mélangé à un long soupir. Sentant que ce problème va l’épuiser, et commençant à être contaminé par la mauvaise humeur de ses colocataires.

- Bon, bah j’t’aide alors Altan. J’prend 3eme et le 4eme (étages), tu fais l’reste.

Il passe à côté d’Adrien en lui faisant un petit signe de tête, une expression désolée. Puis se faufile pour sortir, les laissant à leurs problèmes de couteaux. Une fois dehors, un autre souffle s’échappe et il se frotte le visage. Il va jusqu’aux escaliers et prend une minute ou deux pour se poser et se calmer. Le zombie, au fond bisounours, aurait préféré éviter toutes ces engueulades. Ca l’a épuisé, il garde les yeux fermés un instants, ne faisant pas attention à si Altan l’a suivi ou pas. Puis, pendant quelques dizaines de minutes, il fait le tour des étages. Demandant de l’aide pour déraciner, ou quelques potions.