superficielle
hypocrite
hautaine
égocentrique
passive-aggressive
manque d'empathie
perfectionniste
opportuniste
menteuse
Lucy, Lucy, Lucy.
L'image de la rose lui va bien.
Une belle fleur.
Remplie d'épines.
Elle vous griffe.
Elle vous saigne.
Elle vous tue.
Il ne faut pas s'approcher trop près d'elle ou vous allez choper le tétanos.
Ou finir empoisonné.e.
Elle a une langue de vipère.
Recouverte d'un doux parfum pour vous endormir.
Elle est habile avec ses mots.
Des insultes maquillées en compliments.
Des mensonges maquillés en vérité.
Elle vous déteste sans doute.
On ne sait jamais avec elle.
Elle a toujours un sourire sur ses lèvres pulpeuses.
Peut-être qu'il est préférable de le supposer jusqu'à ce qu'elle vous prouve le contraire.
Mais elle s'aime.
Et c'est le plus important à ses yeux.
Elle s'admire, s'adore, s'adule.
Elle fait très attention à son apparence, pire depuis qu'elle est zombie.
Elle déteste sa condition autant qu'elle l'aime.
Ca lui donne des opportunités, des idées.
Elle peut jouer la mannequin zombie, bien qu'elle cache sa vraie apparence, contrairement à son petit-ami actuel, Kuro Youta. Elle compte en réalité sur lui pour lui donner l'image qu'elle chercherait véritablement à s'accepter telle qu'elle est.
Alors que jamais.
Elle est amoureuse de son corps d'antan.
Si ce n'est amélioré par les innombrables potions qu'elle s'enfile.
Elle ment.
Elle ment sur tout.
Elle n'est pas pour autant mythomane.
Juste, elle invente des petits mensonges par-ci par là.
Pour se vanter.
Pour se gonfler.
Pour-
Être parfaite.
Elle doit être parfaite.
Absolument.
Parfaite.
C'est un ordre qu'elle se donne.
La perfection ou rien.
Alors elle l'exige chez les autres.
Elle ne côtoie que des personnes de valeur.
Le reste ?
Elle leur donne quand même l'heure mais ce ne sont que des insectes.
Après tout, une personne de sa stature doit forcément retrouver les siens et donner simplement le pain aux pigeons et rats qui traînent autour d'elle.
On ne mélange pas les serviettes et les torchons ensemble, n'est-ce pas ?
Que vous l'aimez ou non lui importe peu.
Vous pensez à elle.
Vous parlez d'elle.
Vous la faites exister à travers vos mots.
Vos maux.
Alors faites donc, parlez d'elle.
Insultez-la, méprisez-la, haïssez-la.
Complimentez-la, adorez-la, aimez-la.
Ca lui fera les pieds.
La zombie privilégie les relations superficielles et simples.
Elle n'aime pas la complexité et se casser la tête.
Dites les choses simplement.
Même si, elle, elle ne le dira pas.
Elle ne le fera pas.
Pourquoi faire ?
Vous ne méritez pas de savoir le fond de sa pensée.
Soyez déjà heureux.se qu'elle vous parle !
Après tout, elle ne se soucie pas de vous.
Elle se fout de vos sentiments et émotions.
Son manque d'empathie la rend froide et indifférente.
Elle ne veut pas mélanger son importance à votre médiocrité.
Si vous y parvenez, vous pouvez jouer au loto.
Il n'y a que
Toi pour le moment.
Toi qui as réussi.
Or.
Lucy doit rester entourée.
Tout le temps.
Tous les jours.
Pour l'éternité.
Elle ne supporte pas la solitude, elle a besoin qu'on lui parle, qu'on lui rappelle son existence dans cet océan d'êtres humains, son importance dans cet océan d'incapables.
Sinon, elle craint de disparaître.
D'être réduite en poussière.
Ou de tomber ; comme sa peau, ses cheveux, ses ongles, ses dents.
Elle s'attaque à plus faible qu'elle.
Bien sûr !
Pourquoi s'engager dans des combats perdus d'avance ?
Elle n'est pas inconsciente non plus.
Elle est lâche.
Mais elle ne l'avouera jamais.
Elle n'avouera jamais ses faiblesses.
Elle n'avouera jamais sa peur du rejet et de l'abandon.
Car elle rejette et abandonne avant.
Elle n'avouera jamais sa peur de l'attachement.
Car elle se détache avant.
Elle n'avouera jamais son manque de confiance en elle.
Car elle n'a confiance en personne.
Elle n'avouera jamais ses doutes.
Car elle doute de vous plutôt qu'elle.
Elle n'avouera jamais-
Jamais-
Qu'elle n'est rien dans ce monde.
Rien de plus qu'une vague qui remue à peine l'océan.
Ha.
histoire
tw : négligence, mention de la période de la crise du SIDA aux états-unis (description légère de symptômes), mention d'alcool (mort par overdose), description légère de zombie
Elle n'aime pas raconter son passé.
A quoi bon ?
Elle mentira sans doute si vous lui posez la question.
Malgré tout-
Née avec une cuillère en diamant dans la bouche, Lucy a grandi dans les strass et les paillettes avec une mère actrice, Anna, et un père mannequin, Keith.
Elle n'était pas désirée.
Pourtant elle était bien là.
Dans ce berceau.
A crier.
A pleurer.
A appeler.
Elle devait se taire pourtant.
Car c'est une Monroe.
On la croyait en parenté avec l'actrice éponyme mais non.
Sa mère était aussi une actrice alors la jeune fillette mentait.
Elle mentait si fort.
C'était plus facile.
Cette actrice était plus connue que sa propre mère.
D'ailleurs, sa mère a changé de nom, pour ne pas être confondue avec elle.
Quelle ironie, quand on sait que le vrai nom de la célèbre blonde n'est même pas Monroe.
Quoi qu'il en soit.
Lucy voyait peu ses parents.
Très peu.
Alors elle s'inventait une vie.
Avec ses poupées.
Avec ses copines.
Avec tout ce qui pouvait remplacer un être humain.
Alors elle tentait d'attirer leur attention.
Avec ses notes.
Avec son sourire.
Avec tout ce que pouvait être un être humain.
Mais ce n'était pas suffisant.
Jamais suffisant.
Les seuls moment où elle les voyait, c'était durant des apparitions publiques.
La jolie petite famille.
Parfaitement américaine.
Une petite tête blonde aux yeux bleus.
Vraiment.
Parfaitement parfaite.
Elle a essayé.
Essayé de se faire un nom par elle-même.
Elle voulait être derrière les ciseaux.
Celle qu'on acclame à la fin du défilé.
Pas durant.
Mais-
Elle est une fille de.
Tu deviendras mannequin, ma fille.
Tu deviendras actrice, ma fille.
C'est un ordre.
Elle a essayé.
Essayé de ne pas mettre ce masque.
Maintenant, c'est foutu.
Le monde n'a pas de couleur.
Le monde n'a pas de saveur.
Le monde n'a pas d'odeur.
Le monde n'est rien.
Jusqu'au jour.
Où Tu es apparu.
Jeune femme.
Mannequin, actrice.
Jeune homme.
Peintre.
Attiré.e.s l'un l'autre pour une seule et même raison.
Vous regardez le monde de la même manière.
Un monde fade et sans douceur.
Lucy fume sa clope.
Elle veut arrêter.
Mais plus tard.
Elle sort avec Toi maintenant.
Un choix judicieux.
Tu lui as fait la cour.
Elle T'a repoussé poliment.
Tu as insisté.
Elle T'a regardé.
Un sourire.
Un sourire quand elle sait que Tu es à côté, avec quelqu'un d'autre.
Un choix judicieux.
Un marché judicieux.
Tu es gay, à la recherche d'une couverture.
Elle est demiaroace, à la recherche d'une couverture.
D'une poignée de main, vous vous mettez d'accord sur un mariage libre.
Tu fais tes affaires.
Elle fait les siennes.
Il faut juste que personne ne le sache.
Il faut juste sourire à la caméra.
Comme d'habitude.
Les années passent.
Tu perds du poids.
Tu perds beaucoup de poids.
A force d'insister, Tu acceptes d'aller à l'hôpital.
Tu plaisantes en appelant ses visites vos rendez-vous galants.
Elle ne rit pas, Lucy.
Pas quand elle voit ta peau se détériorer.
Ses yeux se plissent.
Pourquoi, Toi ?
Une crise.
L'épidémie.
Tout le monde ferme les yeux.
Tout le monde a peur.
Mais Toi.
Toi, Tu as de l'espoir.
C'est drôle.
C'est donc ça qui l'a attirée chez Toi.
Tu parviens à attendrir sa langue de vipère.
A réchauffer son coeur refroidie.
A l'aimer malgré ses horribles défauts.
Alors survis.
Lucy ignore les mains qui veulent passer plus de temps sur sa coupe.
Elle n'a que faire.
Elle a quelque chose à faire.
Te voir.
Le temps presse.
Accélérez.
On l'a appelée.
Accélérez.
Tu-
Accélérez.
Madame.
C'est fini.
Madame.
Avez-vous fini ?
Oui.
C'est bientôt Noël.
Elle a toujours détesté cette date.
Car ça lui rappelle cette famille qu'elle a perdue.
Où es-Tu ?
Son bras s'écroule.
Elle a dû boire trop d'alcool pour s'endormir.
Elle a dû boire trop de somnifères pour s'endormir.
Où est-elle ?
Madame.
C'est fini.
Lucy ouvre les yeux.
Elle n'est plus dans sa chambre mais dans un espace inconnu.
On la guide.
Où est-elle ?
Elle s'assoit.
Morte.
Elle regarde.
Morte.
Où es-Tu ?
Elle ne Te trouve pas.
Mais elle ne peut pas rester morte.
Elle avait encore tant de choses à accomplir.
Elle Te le doit !
Elle le doit.
Sa peau ressemble à la Tienne.
Elle se regarde dans la glace.
Ses cheveux que Tu adorais tant tombent en lambeaux.
Sa peau que Tu complimentais tant tombe en lambeaux.
Ses yeux que Tu aimais tant-
La femme que Tu aimais tant-
N'est plus.
Elle n'est plus là.
Alors elle doit la récupérer.
Pour Toi.
Pour elle.
Pour vous.
Les années passent.
Elle utilise sa beauté retrouvée.
Son charisme naturel.
Son talent inestimable.
Son existence irremplaçable.
Pour remonter.
Après plusieurs longues années.
Les années passent.
Lucy sourit à la journaliste.
On parle bien évidemment de ses relations amoureuses.
On aime parler de ça.
Ça fait de l'encre.
Elle sourit.
Elle éconduit poliment la question.
Elle ne T'aimait pas.
Du moins.
C'était plus spécial que ce que les gens voudraient vous nommer.
Une nouvelle cible.
Kuro Youta.
Un célèbre zombie qui assume son apparence naturelle.
Un trophée parfait pour sa personne.
En plus, on lui a chuchoté plusieurs fois à l'oreille qu'il est intéressé par sa personne.
En même temps.
Normal.
Qui ne le serait pas ?
Lucy se réveille en sursaut.
Le bras de Kuro se retracte.
Elle est en sueur.
Immonde.
Elle quitte le lit.
Ca fait plusieurs jours.
Plusieurs jours qu'elle a des cauchemars.
Des meurtres.
Elle est systématiquement tuée.
Elle ne comprend pas.
Est-ce un signe quelconque ?
Ca ne peut pas continuer.
Surtout que de plus en plus, son petit-ami se pose des questions.
Elle finit par lui avouer la vérité.
C'est sans doute ta condition zombie, Lucy.
T'as jamais entendu parler de-
Non.
Jamais.
Elle n'en veut pas.
Ça agit sur son sommeil.
Sur sa peau déjà catastrophique.
Qu'on l'en débarrasse.
Mais c'est impossible.
Tu lui manques.
Elle a toujours détesté vivre en communauté.
Déjà parce qu'on pourrait la voir dans son apparence la plus négligée mais aussi car les autres, leur hygiène laisse clairement à désirer.
Pire que son apparence zombie.
Au moins, ce n'est pas de sa faute.
Sauf que-
Au détour d'une conversation, son cher et beau (?) partenaire lui demande de participer à un projet avec lui.
Un projet cinéma.
Une comédie romantique.
Ou une dramatique comédie romantique.
Où vous vous aimiez dans le monde des Vivant.e.s mais la mort vous sépare.
Et vous devenez subitement colocataires dans l'au-delà.
Sauf que-
Elle n'a aucune expérience en colocation.
Bien sûr, elle a dû le faire pour au moins une semaine à son arrivée mais elle a tout fait pour s'en aller le plus vite possible.
Elle est adepte du method acting, obligée de vivre son jeu.
Elle veut à chaque fois prouver qu'elle n'est pas juste un joli minois écervelé mais une personne digne d'acclamations.
Car bien sûr, elle doit être célébrée.
Par tout le monde.
Pourquoi pas revenir dans une colocation ?
Kuro a lancé cette idée.
Elle a retenu une énorme grimace indignée.
Elle déteste vivre en communauté.
Tout le monde pue.
Elle sourit.
Elle admire les flammes.
Son courroux pourrait brûler le reste du pays.
Non.
Du monde.
Non.
De l'univers.
Son appartement a pris feu.
Tout ça à cause de son sèche-cheveux.
Elle aime avoir son propre espace.
Mais-
Kuro ne peut pas l'accueillir chez lui car il a des problèmes de parasites dans sa maison et elle refuse d'y poser les pieds, même après coup.
Et elle veut trouver le parfait cocon, c'est long de déménager après tout.
Et épuisant.
Alors en attendant-
Elle enfile ses lunettes de soleil.
C'est parti pour les gratifier de sa présence.
C'est un honneur et un miracle d'être en sa présence.
N'est-ce pas ?
Alors, c'est parti.
Lucy.