tw : mention de suicide, négligence, maladie, alcoolisme
— Ishtar naît en 1880 à Waterford dans une famille modeste ; non désiré, il est l’enfant illégitime d’un riche aristocrate anglais et de sa maîtresse - bâtard dont on dissimule l’existence pour éviter de s’attirer les foudres de la famille noble. son géniteur achète le silence de sa compagne pour ne pas qu’il revendique la position d’héritier plus tard. un autre enfant, né de son épouse, naît cinq années après, cette fois-ci légitime.
— la mère d'Ishtar, mentalement instable, est obsédée par l'attention de son amant ; désintéressée par sa progéniture, elle le traite sans amour ni haine, indifférente face à cet enfant dont elle n’a jamais voulu. ishtar grandit sans comprendre ce qu’est l’affection ou la tendresse et est limité socialement par sa santé fragile ; éduqué à la maison lorsqu'il tombe malade, il passe une enfance misérablement solitaire.
— alors qu’il a huit ans, sa mère perd la raison lorsqu’elle apprend que son amant a plusieurs maîtresses et s’ôte la vie en pleine crise de folie face à son propre fils, image qui hantera ses cauchemars pendant des années. les mois suivant son décès sont flous, sa perception du temps se distord, ishtar se renferme davantage sur lui-même.
— son père le prend alors en charge et l’envoie en pensionnat ; ce dernier ne verra son fils illégitime que quelque fois par mois, lors des weekends et des vacances scolaires. Ishtar trouve un semblant de réconfort chez son jeune demi-frère, qui compatit avec sa situation, mais n’a pas l’occasion de passer énormément de temps avec lui.
— durant son adolescence, Ishtar développe une obsession pour les objets précieux des autres : voler un petit bout de leur cœur le ravit, et le vol en lui-même lui plaît. pris plusieurs fois sur le fait, les corrections qu'il reçoit ne suffisent pas à y mettre un terme.
— ayant toujours eu des difficultés à nouer des relations amicales sincères avec les autres, il passe le reste de sa scolarité aussi seul qu’auparavant, moins isolé qu'autrefois mais davantage contraint de prétendre ressentir de l'affection envers ses camarades. rares sont les personnes à voir à travers son masque et le mur qu'il érige entre lui et les autres.
— intéressé par l'art, il se résigne néanmoins à faire des études d'économie à l'université qui ne l’intéressent pas le moins du monde, mais imposées par son père ; il rêve de faire artiste à ses heures perdues.
— sa vie est plate, froide, insipide, ne connaît ni amis véritables ni amour impromptu.
— frappé d’une pneumonie à l’âge de 25 ans, achevant son existence déjà bien trop maussade, Ishtar tremble, tousse, étouffe - cet étranglement lent et vicieux lui est insupportable. lorsque sa fièvre baisse et sa douleur à la poitrine se fait plus tolérable, Ishtar tente de vivre comme il le faisait avant et refuse de se voir rabaissé au statut de mourant.
— il profite du peu d’énergie qu’il lui reste pour sortir et se noyer dans l’alcool afin de tenter d’oublier la maladie qui le ronge à petit feu - ce qui a pour effet d'empirer cette dernière. un soir, l'esprit embrumé par la boisson, il surprend un vampire en plein repas au fond d'une allée sombre : Avalon. survolté par l'absurdité de la situation sortie tout droit d'un conte, il le supplie de le transformer en vampire si la chose se passe comme dans les histoires qu'il a lues petit
- une demande affreusement incongrue sans doute provoquée par le désespoir de sa mort imminente, saupoudrée d’un brin de folie et d'une absurdité désolante causée par l'alcool.
— Avalon accepte en échange d’un service à lui rendre plus tard ; une promesse qu’Ishtar oubliera bien vite et ne tiendra jamais.
— la sensation de la morsure restera elle pourtant longtemps gravée dans sa mémoire : vive et profonde, bien plus douloureuse qu'il ne s'y était attendu, mais terriblement éphémère.
— arrivé au royaume des morts, Ishtar, très désorienté, ne cherche nullement à retrouver celui qui l’a mordu. toutes ses croyances sur l'au-delà ayant volé en éclat, il reste dans un état de profonde confusion pendant un certain temps. une fois les idées claires et après avoir accepté la réalité de ce monde insoupçonné, il se décide à prendre en main sa nouvelle vie - ou plutôt sa mort.
— après quelques semaines de réflexion, il décide de rester à Tokyo, se motivant ainsi à apprendre le japonais. ce dernier enfin maîtrisé, l'idée de commencer des études d'art lui traverse l'esprit ; mais n'ayant jamais tenu de pinceau de sa vie, il opte pour l'histoire de l'art aux Catacombes. féru de langues, Ishtar apprend également le français et le russe au fil des décennies qui passent.
— déterminé à vivre sa passion de l'art sans pour autant être capable de dessiner, peindre ou sculpter, il tombe un jour par hasard sur une recherche de modèle vivant pour un cours sur l'anatomie - de là lui vient alors son choix de future carrière.