Mino Masaki - ♫ Chop Suey! ♫

 

Mino dirait qu'il n'y a pas grand-chose à raconter sur sa vie. Peut-être parce qu'elle a raison. Surtout parce qu'elle a un peu honte.

Commençons du début, Mino est née a Kyoto, métissage d'un père américain et d'une mère japonaise. Une enfance assez calme, parfois un peu vide comme les parents travaillent beaucoup. Ça n'est pas très grave, ça lui a permis de vite apprendre les bases de l'indépendance. Et elle se rattrape avec ses amis à l'école. On remarque vite que la petite Mino est émotive et qu'elle a du mal à contenir ses émotions, autant négative que positive. On lui demande vite de travailler sur ça, mais seul ça n'est pas simple. Heureusement elle peut compter sur ses amis proches. Des relations très importantes, au point que ça devient fusionnel. Côté scolaire, ça n'est pas la fille la plus brillante, mais elle compense avec beaucoup de travail et d'effort. Ça inclue des cours du soir, ça prend du temps, mais ses parents lui répètent que c'est important, alors elle supporte.

On avance. Début du lycée. Ah, non. Juste avant. Nouvelle proposition de travail pour le daron, avec un déménagement à la clé. Direction Tokyo. Autant dire qu'elle l'a très, très mal vécu. Un nouvel environnement, c'est vrai, mais surtout ce séparer de ses amis, de vieilles amitiés qu'elle n'arrivera pas a recréer dans la nouvelle ville, ou elle se sent un peu isolée, pas vraiment à sa place. C'est compliqué, et ça lui plombe le moral, surtout qu'elle ne peut plus vraiment voir ses amis. Les relations a longues distances sont compliqués gérer, elle qui est tant demandante dans ses amitiés. Et les parents qui continuent de la pousser à travailler toujours plus n'aident pas vraiment. Les notes qui ne s'améliorent pas vraiment sont une excuse de plus pour la pousser à continuer ses efforts, quitte a ce fatiguer encore plus. Elle voulait ce diriger vers la psychologie, principalement pour mieux se comprendre elle, qui est si émotive. Et également pour aider les autres, elle qui n'a pas reçu une aide dont elle avait bien besoin. Un gros objectif pour une personne pas si douée que ca dans ses études.
Efforts qui culminent donc à la fin du lycée avec les examens pour son université. Sauf qu'elle foire son examen d'entrée. Ses parents lui avaient bien dit qu'elle visait la Lune, que c'était quasi impossible pour elle, et ça l'énerve, car on lui a toujours dit qu'avec beaucoup d'efforts et de travail, on peut réussir à avoir ce qu'on veut. Un grand mensonge auquel elle croyait encore un peu, c'est ce qui arrive quand on a de jolis rêves et qu'on est motivée, la tête dans le guidon. S'en suis une longue conversation (dispute) avec ses parents, elle ne veut pas abandonner, ils veulent la pousser vers une autre voix. On trouve un semblant de compromis, une nouvelle chance de passer l'examen, tant qu'elle travaille a coté, pour financer en partie ses potentielles futures études. Au final, ça ne changera pas grand-chose, elle ne retente pas les examens, la pression de décevoir ses parents (et surtout, se décevoir elle-même) étant trop forte.
Pas de diplôme, plus vraiment d'envie de continuer les études, elle passe de force au plan D - pour détesté -, celui d'enchainer les petits boulots. Ça ne lui permet pas vraiment de s'épanouir, ça a plus l'effet inverse. Elle trouve un peu de réconfort dans la course à pied, mais ce sera ce loisir qui causera indirectement sa mort, se faisant renverser par une voiture alors qu'elle rentrait chez elle.


Il y a la queue, beaucoup trop de monde a son gout, elle a du mal a comprendre ce qu'on lui dit. On lui assigne un appartement avec des colocataires, elle écoute distraitement, loupe des détails importants car elle est trop en vrac pour comprendre la multitude d'informations qu'on lui transmet très (trop) rapidement. Elle qui a très mal vécu le déménagement de son vivant, la, c'est pire. Un nouvel endroit ou elle doit tout réapprendre, c'est un peu trop pour elle. Il lui faudrat plusieurs semaines pour qu'elle finisse par sortir de sa coquille. Le pire, c'est qu'elle se fait a nouveau renversé. Et quand elle se réveille au croque mort, elle comprend (enfin) un truc : elle ne peut pas mourir. Pas à nouveau. Ca fait partie des "détails importants" qu'elle n'avait pas capté, mais quand elle y réfléchit, c'est logique.

À force, une idée a fini par faire son petit bout de chemin : c'est quoi, la limite ? Et plus précisément sa limite ? C'est morbide, mais elle fait des recherches pour connaitre la théorie du corps humain. En parallèle, elle se met à prendre de plus en plus de risques pour son intégrité physique. Un sport ou une activité n'est pas dangereux, c'est une occasion de voir si ça passe ou ça casse. Au mieux, la sensation d'adrénaline et de peur vaut toujours le coup. Au pire, elle se réveille sur un lit d'hôpital. Elle n'y voit aucun désavantage. Elle se retrouve dans plus en plus d'accidents, et son envie de tester ses limites passent parfois par l'automutilation qui sont parfois mortelle.

Elle se met a énormément pratiquer du parkour suite a une rencontre avec un groupe qu'elle a vu passer plusieurs fois. Ça l'intéresse, parce que c'est cool, mais surtout parce que ça peut être dangereux. Une vraie fausse excuse pour se casser la gueule (ou pire), pour toujours plus repousser ses limites.

Ironiquement, et le bon genre d'ironie, le sport qu'elle a choisi pour disparaitre plus rapidement la sauve. Elle se fait des amis, elle s'épanouit, commence doucement à voir la "vie" du bon côté. Avec les karaokés qu'elle fait avec cette bande de potes, elle découvre qu'elle aime bien le chant. Elle n'est pas la meilleure, mais elle décide de commencer à apprendre, avec son rêve de gamine de devenir une idole qui revient. Elle réfléchit de plus en plus a voir un psy, et globalement a prendre vraiment soit d'elle, autant physiquement que moralement. Elle sait bien que toutes ses bêtises ont abimé son corps - elle a des douleurs fantômes -, que ses émotions continuent de faire le yoyo, mais vaut mieux tard que jamais, à ce qu'il parait.