Y'en a marre - [Céleste & Olympe]

Alors là, sortez le champagne parce que c'est une occasion, Céleste parvient à me faire pouffer un peu. Je sais même pas si elle a dit ça comme une blague, ou a tenté de me faire avaler une couleuvre. Je m'en fiche un peu, c'était drôle dans tous les cas.

"Le prend pas mal, mais vraiment, toi qui parle du miracle de l'amour, c'est spécial."

Je sais qu'elle m'aime, elle me le montre à sa manière, je peux pas en douter. Mais le "miracle de l'amour"? Rien que le nom sonne faux dans sa bouche, encore plus ridicule que ça ne devrait l'être naturellement. Elle doit croire ni aux miracles, ni au grand amour, je sais pas d'où lui est venue l'idée de parler de ça.

"Je préfère que tu m'aimes et que tu le dises pas, plutôt que l'inverse."

C'est sûr qu'en partant de la pire relation possible, la nôtre paraîtra saine en comparaison. Enfin, aux yeux des autres, je trouve évidemment notre couple tout à fait fonctionnel et sain. Quoi qu'en disent mes amies. Elles sont sûrement juste jalouses.

"Et t'as de la chance, j'ai une voix douce."

Je sais pas si elle aurait été si patiente à m'écouter si je parlais du nez dans les tons les plus aigus. Moi-même ça m'aurait épuisée très vite.

Évidemment, qu'elle y croit pas. Elle croit jamais en rien, j'ai l'impression, sauf vraiment si ça arrive sous ses yeux. Je me retiens de dire que moi, j'aime à penser que tout est possible en amour. Elle va me prendre pour une conne, de toute manière, ça sert à rien. Enfin, encore plus me prendre pour une conne.

Elle tente de me faire rire -horriblement mal- à nouveau, veut encore me rassurer. Ça rentre par une oreille et sort par l'autre, surtout qu'on s'est déjà dit tout ça. Je sais déjà. Au moins, elle parvient à s'arracher un "je t'aime". Ça me fait quelque chose, à entendre. Non pas que ça me rende toute ma joie de vivre, loin de là.

"Je vais faire avec, hein."

Je retourne chercher son contact, son confort, son affection. Juste un câlin, j'ai envie qu'il dure. Ça fait une petite lueur dans la nuit, quelque chose comme ça, dans mon âme. Un truc un peu réconfortant quand rien ne va. Mais toute flamme est fragile, l'angoisse qu'elle s'éteigne m'empêche de profiter pleinement.

J'ai toutes les peurs du monde, mais la pire, c'est qu'elle me largue. Parce que je commence à pleurer, à ne pas aller, et qu'elle sait pas gérer ça. Ce serait tellement plus simple pour elle de partir. Je serre sa chair contre la mienne. Il me faut au moins elle, pour vivre, survivre.