des questions et un lapin
ft. gulliver
Des toiles géantes, des fresques des murs au plafond, Esperanza ne manquait pas d’idées aussi grandioses que l’appartement à décorer. Ça promettait.
Le corbeau continuait d’écouter calmement jusqu’à ce qu’on l’interpelle pour lui poser une question.
Ou deux.
Ou…
Quatre ?
“Et toi Junko, qu’est-ce que tu aimes ? C’est quoi tes goûts ? Tu aimes des choses en particulier ? Tiens moi j’adore le punk comme style de musique, toi t’as un style de musique ?”
Elle avait regardé Ginny la bouche entrouverte, laissant le soin à ses colocataires d’admirer le bout de cake coincé entre ses dents, comme une vieille machine peinant à recevoir une requête. Les autres colocataires parlaient artistes, Constantine semblait lui offrir un regard désolé face à tant d’informations, et la brune se sentit forcée de déglutir bruyamment avant de tenter une réponse convenable.
“... J’aime plein de choses. J’aime les films et la musique. Mais pas tous.”
On repassera sur le
“convenable”. Si le fait de parler pour ne rien dire se matérialisait sous forme humaine, on lui donnerait les traits de Junko.
Heureusement, un nouveau colocataire fit son entrée pour venir lui voler la vedette, à la bonne heure : Panpan le lapin.
L’ermite fut tellement fascinée par sa présence qu’elle en omit de féliciter Ginny pour sa grande annonce, et manqua de louper la remarque du maître de la bestiole.
“Pardon. C’est très bon.”
Loin d’elle l’idée d’être gênée par cette remarque : Louis devrait prendre sa gourmandise pour un compliment, selon elle.
Un verre de jus de pomme à la main, son regard sombre restait rivé sur l’animal. Malheur, avant qu’elle n’ait le temps de dire quoi que ce soit, on la questionna à nouveau.
“... Ça vous a pas trop surpris de voir l'appartement comme ça en arrivant ?”
“J’ai cru que j’étais devenue folle, mais ça va.”
Oui, rien de grave, en somme. Après tout, quand on vient d’apprendre sa propre mort, plus rien ne peut nous étonner.
“... J’aurais aimé avoir une chambre, j’ai pensé que le canapé était le plus proche de ça. Pardon de me l’être approprié, d’ailleurs.”
Depuis son arrivée, personne n’avait tenté d’escalader jusqu’à sa tour de coussins, Junko avait alors tout naturellement présumé que le jeu d’escalade intense n’en valait pas la chandelle pour ses colocataires. Ou peut-être que tout le monde avait remarqué qu’elle y avait posé son camp et n'osait pas la déranger. Une fois de plus, elle se pensait plus discrète qu’elle ne l’était vraiment.
Cela faisait déjà quelques secondes que le corbeau se tortillait légèrement sur place, mais elle ne pouvait plus se retenir : Panpan avait l’air trop doux, trop calme, trop…
Câlinable. Il fallait qu’elle en ait le cœur net.
Dans un murmure presque désespéré, elle avait finalement levé les yeux vers Louis :
“... Je… Je peux le caresser ?”
Le lapin désigné du bout de son index, il semblait évident qu’elle en mourrait d’envie.