une FAQ sans fin
ft. gulliver
À peine arrivée en mer, le flot de questions lui donna déjà le tournis.
D’abord, on lui demanda un éclaircissement sur la raison de ses excuses. Elle s’était apprêtée à répondre, mais Madame Musique enchaîna rapidement en l’invitant à manger, et plutôt deux fois qu’une.
Soit, elle reviendra là-dessus plus tard.
On s’interroge ensuite sur son récent trépas, mais Monsieur Clope l'interrompit en priant l’une des deux nouvelles colocataires de ralentir de rythme. Pourtant, Junko ne voyait pas de problème à aborder le sujet, mais d’abord, le grand blondinet souhaitait connaître son nom.
… Mais la porte claque. Soit, encore.
Une nouvelle personne venait de faire son entrée pour déblatérer joyeusement des tenants et aboutissants de son dernier voyage, elle et Monsieur Canne échangeant par la suite sur des sujets que le corbeau n’arrivait aucunement à suivre.
Pourtant, elle écoutait dans un silence des plus sages. Ses yeux suivaient les bavards sans pour autant les comprendre, mais elle restait attentive.
Même si, au fond d’elle, les interrogations de la colocation tournaient en boucle dans sa tête.
Enfin, Constantine proposa un tour des prénoms, se débarrassant sans le savoir du sobriquet ridicule que la brune lui avait assigné faute de mieux. Il lui avait d’ailleurs tendu une part de cake qu’elle avait entamé sans plus attendre : après tout, on lui avait ordonné de manger.
Le silence avait plané pendant plus de deux secondes, et elle avait finalement dégluti sa bouchée avant de prendre une grande inspiration.
“Je m’excusais pour mon comportement, c’était immature de rester cachée là-haut.
Je suis morte il y a un mois, je suppose que pour le choc ça va, c’est peut-être un peu trop tôt pour le dire.
Enchantée… Ginny ? Et tout le monde, au fait.
Je m’appelle Junko.”
Dans une battle de rap, elle aurait certainement raflé tous les prix.
Elle avait plissé les yeux un instant, vérifiant une dernière fois que chacune de leurs interrogations avaient trouvé une réponse satisfaisante, bien qu’au rythme auquel elle venait de les enchaîner, ils n’en eussent peut-être pas compris un mot.
L'heure n'était visiblement plus à ce genre de préoccupations, puisque ses doigts fins qui l’avaient aidé à compter l’ordre de ses ripostes verbales reprirent leur route vers la part de gâteau qu’elle éventrait aussi délicatement que possible afin de le grignoter par petits morceaux.
Mais après un nouveau silence, son visage s’était légèrement redressé et son regard concentré sur le vide s’était tourné vers le groupe à nouveau, se souvenant finalement de ce qu’il manquait pour clore sa tirade :
“... Et vous ?”
Elle qui n’avait presque pas lâché un mot depuis qu’elle les avait rejoints, son monologue endiablé avait été pour le moins… Impressionnant. Au moins, tout était dit : ça arrêterait de la démanger, enfin.