[TW: description graphique de blessure, sang, violence envers les animaux]
Je navigue sur une mer de peau vivante et silencieuse, entouré de fantômes…En dépit des années, sa main droite le lançait pendant les fortes chaleurs. Ces jours-là, il évitait de s’approcher de l’eau ou de prendre la mer et préférait rester chez lui. Il se rafraîchissait comme il le pouvait avec un peu de kakigori goût melon, allumait un bâton d’encens et en respirait le parfum en massant ses doigts. Aussi étrange fût-il, ce petit rituel avait le don d’apaiser la douleur dans sa phalange manquante…
1809. Le soleil tape fort, sans répit. Kumar sent la chaleur qui lui cuit les épaules sous le manteau de sueur qui le couvre. Il a faim, soif, donnerait sa main droite pour s’allonger à l’ombre et dormir mais il travaille sans se plaindre. Il ne faut pas se plaindre d’avoir du travail, dit son père. Son travail, sa famille et sa fierté, ce sont les choses qui font un homme. À Mimisal, ils sont parmi les seuls à posséder plus d’un bateau pour la pêche. Ils ne sont pas riches et on les méprise mais ils mangent à leur faim. Sundara Kavin a beau être un dalit, tous les siens sont à l’abri du besoin et il a des projets pour ses fils.
Pour toutes ces raisons, Kumar obéit à son père. Ses longues jambes maigres et ses hanches absorbent le roulis du bateau alors qu’il remonte le filet plein à craquer. Le vent s’est levé brusquement, sans rien pour le laisser présager et le poids de leurs prises devient difficile à gérer. Kumar s’arc-boute de son mieux, hisse et tire, et ne voit pas son frère aîné qui glisse et lâche subitement le filet. Les mailles étranglent ses doigts et le tirent en avant. Ses autres frères le rattrapent avant qu’il passe par-dessus bord et la douleur qui transperce sa main comme une flèche lui coupe le souffle, l’empêche de crier avec sa voix juvénile…De manière générale, il retroussait ses manches quand il travaillait. Même en hiver alors qu’il était frileux comme tout. Tant qu’il n’utilisait pas de produits abrasifs l’obligeant à enfiler des gants, il préférait garder les bras et les poignets libres. En vérité, il aimait bien garder sous les yeux la rose des vents cachée sous son poignet gauche. Il lui arrivait souvent de la regarder quand il se sentait perdu…
1815. Le bruit lui semble assourdissant. Tout résonne davantage sous la charpente de l’entrepont où l’équipage prend ses repas et passe le temps aux dés ou aux cartes quand il n’y a rien à faire. Les voix braillardes, la musique, le claquement des timbales sur les tables marquetées de cercles humides et de coulures d’huile. Et partout autour, proches et lointains à la fois, les craquements de la coque et des cordages, la rumeur des vagues et du vent. Le silence n’existe pas sur l’océan, de même que l’immobilité. Kumar en a pris l’habitude, ainsi que des couchettes exigües et du labeur harassant. Il savait à quoi s’attendre en s’engageant comme mousse à bord du Lady Grace, goélette de la Compagnie des Indes qui fait route vers Southampton, la cale remplie d’épices, de thé et d’indigo.
C’est son troisième voyage et la dernière fois qu’il a parlé à son père remonte à maintenant deux ans. Il comprend l’anglais et sait ce que les marins blancs disent parfois à son sujet alors qu’ils sont tout aussi crasseux et à peine mieux payés. Peu importe. Il travaille dur et sans se plaindre, paie ses tournées, répond quand on l’insulte et cela lui vaut un peu de respect. Et puis, il faut se serrer les coudes en haute mer, quoi qu’il arrive. L’alcool lui brouille la vue mais quand on lui propose une nouvelle lampée de mauvais rhum, Kumar l’accepte sans hésiter et regarde l’encre et le sang qui coule sur son bras alors que Matthews achève son premier tatouage…Parmi les mauvaises habitudes dont il peinait à se défaire, il y avait celle d’être ignoré. Ça devenait rare car les choses avaient beaucoup changé pour les dalits, que ce soit chez les vivants ou les morts, mais il ne se formalisait jamais quand sa présence passait inaperçue. C’était normal. Pire : il avait encore un tas de petits tocs, de gestes appris inconsciemment dans sa prime enfance. Il ne reposait jamais en rayon un article qu’il avait touché à l’épicerie. Il évitait scrupuleusement les foules pour ne pas heurter quelqu’un. Par beau temps, il faisait attention à n’effleurer personne de son ombre. Et il y avait toujours un infime pinçon de stress dans sa poitrine lorsqu’il rendait la monnaie aux clients, l’argent déposé sur le petit creuset de plexiglas du bout des doigts et de son bras tendu. Dans ces moments-là, les hirondelles qui s’échappaient des boucles du cordage tatoué sur son avant-bras lui semblaient bien moqueuses…
1826. Une pluie fraîche et bienfaisante tombe sur le pont du navire et lui facilite la tâche. Les sens anesthésiés, Kumar pousse des nappes d’eau rougie et des restes de chair rosâtre au bout de son balai. La chasse a été bonne. Il leur a fallu la journée pour dépecer et dégraisser la baleine qu’ils ont abattue à 200 miles au sud du Svalbard, un mâle de 50 pieds qui approche les 70 tonnes selon le quartier-maître. Pendant une interminable journée d’été du nord du monde, le bateau s’est transformé en boucherie et l’équipage en une nuée de démons sanguinolents, pataugeant dans la viande et les entrailles pour découper les précieux blocs de graisse blanche et odorante. Après une nuit de quatre heures, Kumar achève de nettoyer le pont. Ce n’est pas la tâche du bosco d’ordinaire mais ça sera plus vite fini s’il aide les matelots et il espère vaguement que ça fera partir le goût de sang et de mort qui lui poisse la bouche.
Alors que la titanesque carcasse lacérée gît dans sa mémoire, un cordage craque au-dessus de sa tête et Sean saute du mât d’artimon pour atterrir devant lui au moment où il passe à côté. Kumar bat des paupières en se retrouvant soudain face à son sourire éclatant et ses boucles mouillées. Son cœur chavire dans sa poitrine. Ils ont convenu d’être discrets pourtant, mais Sean a ses propres définitions de la discrétion, de la prudence ou de la raison. Il y a de la rage et de l’ambition dans ses yeux verts. Il y a de la faim aussi, quand il le regarde.
C’est sa première campagne mais il est déjà gabier, plus souvent perché dans la mâture que sur le pont. Il veut commander son propre bateau un jour. Ils se sont entendus très rapidement car c'est un irlandais de Cork et qu’on finit souvent par se serrer les coudes face au mépris des anglais, mais surtout parce que le sourire de Sean lui fouaille le cœur, le met à nu aussi sûrement que le cadavre de la baleine. Il ressemble à une apsara, trempé ainsi. Protégé par le rideau de pluie qui caresse le pont, Kumar songe un instant à Gayathri qui l’attend à Londres avec leurs filles, à sa douceur et sa voix de miel qui lui manquent. Il laisse malgré tout les lèvres de Sean l’effleurer en secret, comme à chaque fois. Elles aussi ont le goût du sang quand il répond au baiser.Il aimait toujours prendre la mer. Malgré tout ce qu’il y avait vu, ce qu’elle lui avait pris et infligé, et même si les restes dispersés de ses os reposaient quelque part au fond de l’Atlantique, il ne cessait jamais d’y revenir. Le goût salé de l’air et la musique de la houle suffisaient à hérisser sa peau de frissons avides avant même qu’il ne pose un pied sur son bateau. Ce n’était que le prélude, une promesse aussi vaste que la ligne d’horizon, aussi capricieuse que la couleur changeante des flots et du ciel dont il connaissait chaque nuance. Peu importait pour quelle raison il prenait le large, que ce soit pour hanter des bateaux ou simplement pour dégourdir sa bonne vieille Apsara, rien ne pouvait se comparer à ce qu’il éprouvait en mer. Le calme, la liberté, la puissance ronflante qui roulait sous sa coque, toutes les sensations rudes et étincelantes du large qui piquetaient ses nerfs... Il avait l’impression de revenir à la vie, de n’avoir jamais cessé d’être en vie. Le vent portait à ses souvenirs les voix de ceux qu’il avait aimés plus nettement que lorsqu’il était à terre. Il les inscrivait dans les lignes et les courbes des tatouages sur ses épaules, ceux qu’il avait faits faire pour se rappeler ses racines…
1810. La mousson balaie la côte sans pitié, en noie le tracé dans un lavis de gris vorace et inarrêtable. Le vent gémit aux fenêtres et entre les jointures du parquet vermoulu, évoquant les lamentations d’une horde de fantômes. Il n’est pas possible de pêcher par ce temps. Frissonnant dans ses vêtements humides, Kumar essaie de ne pas penser à sa maison inondée par les pluies diluviennes des derniers jours et se concentre sur la ligne de boucles maladroites qu’il vient de tracer. Les grandes lettres lui donnent du mal. Les l, les h, les k, les b, les f… Il les confond toujours malgré ses efforts. Sous son bandage, sa main droite commence à le lancer et il écrit lentement, péniblement. Soeur Elisabeth se penche par-dessus son épaule, les sourcils froncés, et il retient son souffle. Sa professeure est sévère, toujours plus prompte à pointer ses erreurs qu’à féliciter ses progrès. Elle dit que c’est pour son bien, qu’il ne faut pas ménager un esprit vif comme le sien. Kumar ne comprend pas trop ce que ça veut dire.
C’est son père qui l’a amené dans son petit dispensaire quand le filet l’a mutilé et elle s’est prise d’affection pour lui quand elle le soignait, s’est mise en tête de lui apprendre à lire et à écrire. Kumar n’aime pas écrire mais il fait ses devoirs de mauvaise grâce car Soeur Elisabeth lui lit toujours un chapitre de livre en récompense. Des histoires extraordinaires de voyages et d’explorations, de nouveau monde et d’Antarctique, de navires et de baleines. Il est si passionné qu’il en rêve la nuit, mêle les mots d’anglais au tamoul et au bengali. Bientôt, Mimisal devient trop petite. À mesure qu’il grandit, Kumar a soif d'aventures, d’aurores boréales et de faire fortune en harponnant les titans des profondeurs…Il savait exactement à quel moment il avait arrêté de manger de la viande. Sa consommation avait décru naturellement dans les années suivant sa mort mais il lui arrivait encore de s’accorder des sushis, du katsudon ou de se préparer une bassine de poulet tikka pour lui tout seul de temps en temps. Jusqu’en 1956 où il était venu posséder un chalutier battant le pavillon de Yokohama, en mer du Japon. Il avait vu les filets gigantesques remplis à ras bord, les poissons engouffrés par milliers dans la cale glaciale et ceux qu’on laissait agoniser sur le pont parce qu’ils n’étaient pas des bonnes espèces. Il avait vu un requin entier étranglé dans le chalut, les nageoires et les ouïes lacérées par les mailles, et la douleur de sa phalange manquante l’avait soudain brûlé comme un fer rouge. Il avait vu les conditions de travail inhumaines des marins exploités par des contremaîtres violents et sans pitié. Il avait vu tout cela et il verrait bien plus encore, ailleurs, sur d’autres enfers flottants qui vidaient la mer de ses trésors, et l’odeur fétide du sang et de la chair putréfiée lui reviendrait chaque fois en mémoire. Après ça, la viande avait pris le goût de la mort et manger un animal lui était devenu impossible. Il s’était mis à cibler les navires de pêche lors de ses possessions et il avait fait tatouer exprès le visage de Kali sur son dos, même si elle n’évoquait pas grand-chose au Japon…
1833. Le ciel est blanc, si pur et aveuglant qu’il en paraît irréel. Il blesse ses yeux affaiblis par le hublot de sa cabine. Il le regarde pourtant sans réellement le voir, détournant obstinément la tête du reste de la chambre reléguée aux ombres. La mer est d’huile, son roulis fait à peine tanguer le navire ou craquer la coque. Alors qu’il pourrait reconnaître le grincement de chacun d’entre eux, les cordages et les voiles paraissent muets sur le pont. Seul lui parvient sa respiration, sifflante et rauque comme le vent dans un toit fissuré, et ce son lui fait horreur. Un remugle écœurant de renfermé et de corps malade infecte la pièce, de concert avec cette contrefaçon ratée de silence. Hormis le blanc immaculé du ciel, tout est hideux autour de lui et il ne s’y trompe pas. Kumar sait qu’il va mourir. Cette idée le broie plus encore que les toxines qui courent dans ses veines. C’est trop injuste. Il est capitaine de son navire pour la première fois après des années de labeur et de sacrifices, c’est sa première campagne et il va mourir avant même d’avoir aperçu la moindre baleine, empoisonné au plomb avec la moitié de son équipage par des conserves de mauvaise qualité. Pas de tempête, pas de naufrage, pas de cachalot vengeur pour enfoncer la coque et les couler par le fond. Rien qu’un mauvais coup du sort après ce qui lui semblait, enfin, un sourire de la fortune.
Des larmes amères roulent sur son visage émacié à cette seule pensée. Bien sûr que la mort fauche les marins plus tôt que les autres mais partir de cette façon, c’est… C’est vil, voilà ce que c’est. Gayathri et ses filles qui le connaissent à peine sont à des centaines de miles, à Londres. Sean l’a abandonné sans un regard en arrière des années plus tôt, à la seconde où l’opportunité d’avoir son propre bateau s’est présentée. Bientôt, le médecin de bord viendra le veiller car il ne passera pas la nuit. Après quoi, on l’enveloppera dans un drap que l’on coudra solidement, des pieds à la tête. La dernière couture passera en travers de ses narines pour s’assurer qu’il est bien mort et sa dépouille sera jeté à la mer, avec une vague oraison s’il a de la chance. Et rien ne demeurera plus de lui, aucune trace, aucun héritage, à peine quelques souvenirs qui ne figureront jamais dans un livre semblable à ceux qui l’ont tant inspiré enfant, qui lui ont donné toutes ses envies de voyage, l’ont conduit jusqu’ici et pas au-delà. Kumar pleure en silence en regardant le ciel qui s’assombrit peu à peu. Il est mort lorsque le médecin arrive…On lui avait proposé de devenir pêcheur à son arrivée à Tokyo mais il avait refusé.Lorsque le Roi lui avait désigné le théâtre d’ombres (comme un spectacle de tholu bommalata mais avec des marionnettes sans couleurs) représentant ses derniers instants en mer, il s’était senti si mal qu’il avait tourné de l'œil avant même la fin de ses explications. C’était peut-être en réaction à ce honteux moment de faiblesse qu’il s’était aussi bien adapté au monde des morts après cela. Au bout d’une semaine, il avait quitté le petit logement où on l’avait placé avec d’autres jeunes revenants, avait cherché du travail et avait fini apprenti chez une horlogère, une chimère suisse de deux siècles qui n’avait accepté de le prendre qu’en constatant son habileté avec les petits mécanismes. Elle lui avait appris beaucoup de choses, notamment le japonais. Des gens de tous les horizons lui avaient enseigné des savoirs dont il n’aurait jamais soupçonné l’existence et, même si sa famille lui avait manqué longtemps, le regret d’être mort s’était estompé. Il ne pouvait plus regretter alors qu’il accomplissait, enfin, le voyage d’aventures dont il avait tant rêvé. Au bout de quelques décennies, il était parvenu à reprendre la mer seul et c’était à ce moment-là qu’il avait commencé à voir des bateaux lors de ses sorties au large.
Il se souvenait encore de sa stupéfaction lorsque le navire était apparu devant lui la première fois, translucide comme une aquarelle, à quelques encablures à peine de son cotre. Un bateau de pêche à vapeur un peu brinquebalant, issu des efforts du Japon pour moderniser sa flotte alors que moins de vingt ans séparaient le monde d’un nouveau siècle. Il avait eu un moment de panique avant de se rappeler que c’était lui le fantôme et qu’on lui avait déjà expliqué de quoi il s’agissait. Fasciné, il s’était approché, peu certain de la conduite à suivre jusqu’à ce qu’il parvienne à monter à bord, poussé par un instinct irrépressible. Comme s’il savait qu’il n’avait pas beaucoup de temps devant lui, ses pas l’avaient guidé dans les coursives vaporeuses jusqu’au poste de pilotage. C’était là, encastré dans le tableau de bord, qu’il avait vu la boussole. Il y avait posé la main sans même y penser et aussitôt la présence de l’objet l’avait envahi comme une voix familière, un chant fait de cliquetis d’aiguilles et des ondulations des aurores boréales, loin vers le nord. Pendant deux minutes, il avait complètement détraqué le pauvre objet, faisant courir la rose des vents dans un sens puis dans l’autre et déréglant toutes les échelles et lentilles de visée jusqu’à ce qu’une lourde fatigue et un début de migraine ne le poussent à regagner son embarcation. En revenant à terre ce jour-là, Kumar s’était senti étrange, épuisé et vibrant en même temps, pétillant d’une énergie qui n’était pas la sienne.
Il lui avait fallu un peu de temps pour s’y habituer et de l’aide pour apprendre le reste, les rituels et les cristaux. Bien vite, il s’était rendu compte qu’il ne pouvait posséder que les instruments de navigation et que reprendre régulièrement la mer était devenu nécessaire à sa survie. Ça lui convenait. Même dans la mort, il ne pourrait jamais s’éloigner de l’océan. Quant à la marionnette qui le représentait dans le théâtre d’ombres, il avait demandé à la récupérer. Il l’avait peinte pour qu’elle ressemble davantage à du tholu bommalata et elle était maintenant suspendue contre un mur dans le magasin qu’il avait ouvert au début du XXe siècle, en s’associant avec des vampires qui lui ramenaient tous les objets anciens qu’ils trouvaient lors de leurs voyages à la surface. Elle ne le dérangeait plus. Il la regardait parfois en souriant quand il allait tracer à la craie le kolam protecteur sur le seuil de sa boutique, le même que celui qui lui ornait les reins…
1801. La lumière du matin est jaune et douce comme du beurre frais. Elle fait danser des éclats d’or et d’argent sur la mer, se mêle à la voix de sa mère et de ses sœurs qui fredonnent en semant les traits de poudre colorée sur le pas de la porte. Kumar les regarde faire, debout sur ses jambes de bambin pataud, émerveillé. Il est à peine en âge de comprendre le monde, il n’a aucune idée de la vie qui l’attend. Mais il regarde les femmes de sa famille tracer les motifs pour les protéger du malheur et, quand sa mère le ramasse dans ses bras pour lui donner son repas, déposant un baiser et des mots tendres sur ses cheveux, il se blottit et ferme les yeux, savourant inconsciemment ce sentiment précieux et éphémère. La sérénité joyeuse et pétillante qui éclaire l’âme à la pensée du champ des possibles fleurissant à ses pieds…