Old soul(s) // ft. Constantine

« Fais gaffe quand même. Je veux pas être celui qui traînera ta carcasse à la fin de la soirée. Regarde un peu, on ira pas bien loin avec ces gars-là. Vraiment désolé, tu peux pas compter sur moi sur ce coup. »

Pour le coup, tu rigoles si franchement que ça t’en fais presque mal au ventre. Il n’y a aucune moquerie dans ton rire -bien au contraire. C’est une combinaison fameuse du ton, des gestes et de l’expression du visage d’Avalon qui finissent par te faire rire à gorge déployée. T’es bon public certes, mais tu sais aussi qu’il a tendance à sous-estimer sa capacité à te faire rire. Peut-être parce que tu le connais bien, t’es plus sensible à ses blagues. Peut-être aussi que c’est ça l’amitié ; être capable de rire tout en étant dans une situation qui semble très awkward pour les deux parties concernées. Mais ça te fait du bien, tu sens la tension partir, tu te sens plus à l’aise après un début de conversation … Compliqué. C’est peut-être aussi pour ça qu’Avalon t’es aussi cher.

« Honnêtement j’aimerais bien te voir essayer de m’porter tiens ! Carcasse ou pas j’avoue que la grande perche que je suis est pas facile à transporter hahaha ! »

Tu essuies la petite larme de rire qui perle sur le coin de ton œil légèrement ridé. Au même moment, tu vois un serveur s’approcher et demander si vous voulez commander autre chose. Tu te tournes vers Avalon pour lui demander ce qu’il veut avant de donner ta propre réponse : tu restes sur la bière pour l’instant. Heureusement pour toi, tu es encore loin d’être dans un état qui te permet pas de boire au moins encore un peu. Tu continues de jouer avec ton paquet de cigarette d’une main tout en discutant ; plus ça va plus ta grosse addiction à la clope vient gratter à la porte et tu demandes combien de temps tu vas encore tenir avant de craquer.

« T'en fais pas pour moi, vieux. Au bout d'un verre, je suis déjà mentalement en fin de soirée, même pas besoin que ça soit alcoolisé. Je suis un petit peu fragile comme ça. J'ai jamais besoin de trop dépenser au bar- de toute façon, je roule pas sur l'or. De moins en moins de gens qui veulent un tableau d'eux-mêmes, t'y crois ? Je sais pas si je dois être triste parce que les gens dénigrent mon art, ou heureux qu'il y ait moins d'aristocrates narcissiques qui veulent pouvoir se regarder dans les yeux dans chaque pièce de leur maison. Je fais tout gratuit, maintenant.

Wow, t’as toujours aussi mal tenu l’alcool ? »

C’était une vraie question, sans malice. Après tout, Avalon est bien plus vieux que toi ; il a forcément encore des choses que tu connais pas sur lui, même en ayant été son psy.

« Mais non t’as si peu de commande que ça ?! Pourtant j’ai vu tes créations, tu es franchement doué. Mais comme tu dis, faut croire que les gens sont plus trop tableaux … Je sais ce que tu risques de m’dire, mais t’as essayé un peu de te refaire une clientèle genre, les réseaux sociaux tout ça ? J’uis pas super fan, mais faut dire que c’est un peu marrant à utiliser »

Tu rigoles en souriant

« Tu fais vraiment tout gratuit ? C’est dommage, ‘fin tu es doué … Tout travail mérite salaire, surtout pour les artistes. Mais j’avoue … Je regrette pas trop les aristo’ et autres personnes du genre mais tu t’en doutes »

Tu lèves un sourcil complice.

« Mais bon, pas grave ! Tant que j'ai de quoi me retrouver avec des bons amis comme toi quand vous me manquez, j'ai besoin de rien d'autre.

Aw, je t’ai tant manqué que ça ? Arrête tu vas finir par trop flatter mon égo et j’vais prendre la grosse tête. Déjà que je suis grand, ça va pas me rendre plus simple à transporter en fin de soirée ! »

Tu rigoles. Peut-être que finalement, tu te sens enfin suffisamment à l’aise pour enchaîner les blagues, taquiner gentiment et être plus ouvert à Avalon. Comme une vieille mécanique, il t’as fallu un petit moment mais ça y est, la conversation semble plus naturelle. Et ça te fait du bien.

« J’te rassure tu me manquais aussi. Il faut vraiment qu’on se voit plus souvent … J’sais que je suis pas le plus facile à contacter vu que j’ai l’air d’être basiquement marié à mon taff, mais peut-être que si je voyais plus souvent des amis proches comme toi ça m’aiderait justement à prendre du temps pour moi aussi ? J’sais pas, va savoir »

Fronçage de sourcils ; tu arrives pas à retenir le début d’un rire

« On a déjà essayé de m'apprendre à m'en servir, c'était tout sauf marrant... Y'a vraiment des artistes qui font carrière avec ça ? Moi qui pensait que c'était pour les gens sans goût...

Rooh, t’es dur quand même ! »

Tu sais que c’est dit sans malice et avec beaucoup de franchise de la part d’Avalon. Tu te doutes aussi que ça découle d’un savant mélange d’émotions, notamment lié au fait qu’il n’est pas très doué avec la technologie. C’est comme ça, y’a des gens plus à l’aise que d’autre. Toi-même il t’a fallu un petit temps mais aujourd’hui ça t’amuse. Oh c’est sûr, t’es clairement plus à la ramasse que des jeunes mômes qui ont grandit avec mais tu as cette petite fierté de te dire que tu sais quand même bien utiliser ton portable et ton pc. Peut-être que tu réussirais à expliquer ça à Avalon, comme une sorte de démo ? Plus un tutoriel du coup. Rien que d’imaginer, ça te décroche un petit rictus. Puis tu mimes une moue peinée, peu convaincante puisque tu te retiens de rire et ça s’entend

« Ah, moi qui me disais que je pourrais faire carrière avec mes bonhommes bâtons sur le net, un rêve brisé ! »

Le rire s’échappe de ta gorge alors que le serveur se ramène avec votre commande. Tu le remercies d’un geste de la tête avant de prendre ton verre entre les mains, délaissant enfin ton paquet de cigarette qui reste traîner sur la table face à toi.

« Plus sérieusement, je sais que ça t’intéresse pas des masses mais … Si jamais ça te tente un jour, je veux bien te montrer comment ça marche et comment bidouiller tout ça »

Sourire. Tu te sens bien, à l’aise. Dans ton élément. Tu passes un bon moment et ça se voit, car tu ne taris pas d’éloge envers ton vieil ami. Et chaque mot prononcé est sincère. Tu le trouves réellement talentueux, doué, mais tu sais aussi qu’il a tellement travaillé pour en arriver là. Peut-être que l’admiration que tu lui portes joues dans ton jugement, mais une partie de toi sait aussi que tu trouves que c’est objectivement un très bon artiste. Tu n’as pas eu l’occasion de voir énormément de ses travaux mais le peu que tu en as vu a su te laisser une marque, comme un petit quelque chose que tu ne peux pas oublier. Et au vu du sourire d’Avalon, tes compliments doivent le toucher.

« Tu dis vrai... Mais t'es pas seul, crois-moi. Quand on est mort, difficile de trouver un sens à sa vie, alors les vieux loups comme nous se rabattent sur quelque chose qu'on trouve facile, qui nous occupe. J'ai fait des efforts, hein, mais certains jours j'ai juste envie de rester dans mon atelier et ne parler à personne. La prochaine fois, tu viendras apporter les bières directement à mon appartement, t'en dis quoi ? »

Tu vas pour lui répondre mais il te coupe presque directement

« Non, mauvaise idée. Ça pue. Je voudrais pas te faire fuir. Pas quand j'ai réussi à t'avoir. »

Il est difficile de ne pas rire ; pas par moquerie mais parce que tu trouves ça … Presque mignon ? Tu sais pas trop comment décrire ce que tu ressens, peut-être simplement un fort sentiment d’affection. Alors tu regardes Avalon, sourire aux lèvres, ce sourire sincère qui te va si bien

« Aw j'uis touché. Mais Avalon, franchement, si un appart’ qui pue devait me faire fuir c’est que j’ferais un bien mauvais ami non ? Et j’espère bien pouvoir t’apporter des bières chez toi la prochaine fois ! Eh, si t’es sage je pourrais même te ramener un truc à manger, je suis pas mauvais pâtissier en vrai. Qu’est-ce que tu aimes bien d’ailleurs ? »

Tu joues le fier de manière exagéré, rien que pour le faire rire. Faut croire que c’est un peu ça aussi ton truc ; tu aimes voir les gens que tu apprécies rire et s’amuser.

« Mais ouaip, on est des vieux loups solitaires. J’aime bien aussi traîner dans mon bureau même quand j’ai pas de patient.e.s. C’est pas aussi sympa qu’un atelier mais je m’y sens bien. D’ailleurs depuis ton dernier passage j’ai installé un fauteuil en plus et j’ai même des plantes ! »

« Quand les poules auront des dents... C'est très gentil, Constantine, mais sur ce coup-là, je vais passer mon tour. Propose-moi n'importe quoi à part ça et je serai partant.

N’importe quoi ? Ola, fais attention je vais te prendre aux mots ! »

Tu pousses un rire. Peut-être que ralentir sur les verres seraient une bonne idée, non ? Tu commences déjà avec tes blagues douteuses et ton rire de tonton, ce rire qui part des graves dans les aigues, le genre de rire qu’on voit souvent être accompagné par une petite tape sur le genoux -ce que tu ne fais pas. T’es vieux, mais même toi tu as tes limites en termes de daronnade. Tu observes Avalon entre deux levés de coude ; tu sais que sur le terrain de la technologie tu pars déjà perdant. Toi ça t’intéresse, lui non. Et étonnamment ça ne vous empêche pas pour autant de vous entendre et d’avoir une certaine proximité dans vos manières de parler et de communiquer.

« Ça m'a l'air d'être un bon plan... Si les rats ne mangent pas tout, évidemment. Et j'aime bien les trucs aux fruits ou à la confiture »

Le sourire d’Avalon s’avère être contagieux, puisque tu te mets à sourire de toutes tes dents.

« Je note je note. Et t’inquiètes pas, si les rats essayent de venir te grignoter les pieds, rappelle-toi que je suis aussi homme à tout faire. Faire la chasse aux rongeurs ça me fait pas peur ! »

Tu accompagnes tes mots d’une petite tape sur ta poitrine, tel un geste un peu comique. Tu espères que ça le fera rire, ou au moins sourire. Tel un serment presque chevaleresque, te voilà à lui promettre que, d’une certaine manière, tu le protégeras. Et au fond tu le penses ; sans même parler des rats tu sais que tu es prêt à faire beaucoup pour tes ami·e·s. Peut-être même trop, selon certain·e·s. Mais tu t’en fiches. Le fond de ton verre commence à se voir petit à petit alors que la conversation suit son cours, mais surtout ton envie de fumer grandit de plus en plus. Parfois, quand ça t’arrives, tu te dis que peut-être que c’est le signe d’arrêter. Ça ne te plaît pas trop d’être incapable de ne pas avoir cette petite envie qui gratte dans un coin de ta tête même quand tu passes un bon moment et en même temps, quand il s’agit de la clope tu n’as : aucune volonté. Tu soupires intérieurement face à ta propre faiblesse.

« Désolé … je peux ? »

Tu montres ton paquet, l’air presque embarrassé. Tu sais plus trop s’il fait parti de ces ami·e·s que l’odeur gêne, et jusqu’au bout tu as essayé d’être fort -en vain.

« Ton bureau est l'un des rares bureaux de psy où j'ai daigné mettre un pied. Je sais pas si on a juste les mêmes goûts, mais il ne m'a jamais donné envie de partir en courant, comme certains que j'avais essayé avant. Mais je suis content de t'avoir inspiré. »

Tu en rougirais presque. En réalité tu es surtout touché ; toi qui a toujours essayé de faire en sorte que ton bureau soit un endroit suffisamment agréable pour tes patient·e·s, entendre ces mots dans la bouche d’Avalon te rassure. Et te fait du bien. Peut-être que finalement ce que tu fais à encore du sens ; tu le penses sans vraiment le réaliser.

« Merci, Val’. Ça me touche genre, beaucoup. Ralala, je sais pas si c’est l’âge mais me voilà à être tout émotif ! »

Tu pousses un petit rire gêné, gêne qui se transforme en surprise face au hoquet de ton ami. Alors tu ris de nouveau, lui proposant une petite tape dans le dos si besoin pour faire passer ce vil hoquet.

« Hmm, alors comme ça, tu te lances dans une carrière de dératiseur, maintenant ?

Franchement pourquoi pas ? J’uis prêt à devenir dératiseur pro’ si c’est pour aider un ami haha ! »

Tu ris, mais la sincérité se sent derrière tes propos. Bon, peut-être pas réellement dératiseur mais tu es prêt à beaucoup pour tes ami·e·s -et évidemment ça inclus Avalon. Puis il te lance son petit hochement de tête, celui qui t’autorises à succomber à ton vice. Tu t’en veux un peu et ça se voit, à ton regard légèrement gêner et la manière dont tu ne te fais pas prier à prendre ta clope tout en jouant avec son paquet. Il est bien trop gentil et indulgent avec toi, tu le sais et ça t’énerve contre toi-même d’en user. La clope au bec, tu l’allumes dans un geste devenu presque mécanique et tu pousses un petit soupir de soulagement. Un jour peut-être que tu arrêteras, mais avant ça il va te falloir du temps. Et un autre moyen de cope. Et probablement un tas d’autre trucs auxquels tu n’as pas envie de penser là maintenant.

Un petit silence s’installe alors que tu regardes ton ami qui semble rêvasser quelques instants. Il y a quelque chose dans ce genre de moment qui t’apaise et te fait plaisir, de savoir que quelqu’un se sent suffisamment bien avec toi pour se laisser à rêvasser, divaguer. Tu le prends comme une marque de confiance -et peut-être que tu ne devrais pas, mais c’est comme ça. Ça te rassure, toi qui as toujours peur de passer du côté de la ligne des mauvaises personnes. Si seulement tu ne t’inquiétais pas en permanence de ce genre de choses, peut-être que tu serais moins sur tes gardes et capable de pouvoir t’ouvrir plus facilement.

« T'en fais pas »

Ça te sort de ta propre rêverie, presque en sursautant

« Si ça te dit, on peut aller prendre l'air... ? Je commence à étouffer, ici.

T’as raison, on s’arrache »

Tu souris, te levant suffisamment rapidement pour montrer ton empressement mais suffisamment lentement pour qu’Avalon puisse te suivre. Et puis mine de rien, tu commences à accuser les verres et te lever trop vite n’est pas la meilleure des idées. Tu te demandes si tu devrais pas l’aider et tu lui présentes ton bras pour qu’il s’accroche au besoin, lui laissant le choix de s’agripper ou non. T’es pas du genre à te vexer si quelqu’un refuse ton aide ; en tout cas pas dans ce genre de circonstance. Tu salues les quelques personnes que tu connais d’un signe de tête et tu paies les verres, autant les tiens que ceux d’Avalon ; après tout tu avais promis de l’inviter. Et ça te fait plaisir.

L’air extérieur te fait un bien fou. Tu n’avais pas vraiment fait attention quand tu étais encore à l’intérieur avec ton ami mais toi aussi, tu commençais à étouffer un peu. Peut-être que tu es un peu plus immunisé que lui alors ça ne t’a pas frappé tout de suite. Mais maintenant que le vent te caresse le visage et te passe dans les cheveux, tu te rends compte que c’est exactement ce dont tu avais besoin. Tu soupires de contentement, la clope à moitié entamée coincé entre tes lèvres. Tu savoures ce moment, posant tes yeux sur ton ami qui semble en avoir bien besoin aussi

« Tu te sens mieux ? C’est l’alcool qui commence à taper ou c’est plus l’odeur de renfermé ? »

Tu souris et voyant le visage fatigué de ton ami, tu ne peux t’empêcher de poser une main sur son épaule et lui demander, l’air inquiet

« Avalon, t’es sûr que ça va aller ? Est-ce que t’as besoin d’aide pour marcher ? »

Tu sens le poids d’Avalon contre ton bras. Ce qui te surprend, c’est que tu t’attendais à ce qu’il soit léger vu sa carrure ; mais pas à ce point. Une pointe d’inquiétude te perce la gorge, tu ravales ta salive et les mots que tu t’apprêtais à dire : t’es pas sa mère. Enfin son père. Enfin t’es pas ses parents quoi. Ça te brûle comme la fumée d’une clope que t’avalerai de travers mais étrangement l’alcool t’aide à rester dans la retenue. Ça la fout mal de dire à ton vieux pote, le genre bien plus vieux que toi, que tu t’inquiètes de le voir s’envoler un de ces quatre. Ou même encore de lui demander s’il mange, ce qui ne causerait qu’une situation extrêmement gênante sur sa condition de vampire. T’évites pas vraiment le sujet consciemment -c’est pas comme si tu nageais parmi tes potes vampires depuis un petit paquet d’années, mais c’est justement à cause de ça que tu sais aussi que c’est jamais fun comme discussion.  Malgré tout, tu ne peux t’empêcher de ressentir cette vague d’inquiétude. Est-ce qu’il mange, du coup ? Est-ce que c’est le surmenage, puisqu’il t’a parlé assez longuement de son travail -ce qui n’arrive pas tous les jours ? Est-ce que tu es juste complètement en train de te transformer en père poule d’un coup ? C’est peut-être l’âge. Ouai, c’est ce que tu te dis en toussotant comme si de rien n’était.

Il trébuche, légèrement, alors tu ressers doucement ton étreinte. Tu vas pas devoir le porter sur le dos, quand même ? C’est que tu vas pas souvent à la salle et malgré son poids plume, tes vieux os te hurlent déjà de ne pas faire ça. Mais comme si Avalon avait entendu le cri de désespoir de ton corps, il réussi à continuer son chemin une fois dehors, s’étirant avec un tel entrain que ça te fait penser à un chat. Ça te fait marrer et tu peux pas retenir un petit rictus en imaginant Val’ en chat. Ça y est, toi aussi les verres commencent à te rattraper et te mettre quelques claques. La seule chose qui vous sépare c’est la fumée qui sort de ta clope, alors que tu te tiens presque épaules contre épaules avec lui. Mine de rien, la brise te fait légèrement frissonner alors instinctivement tu restes près de la source de chaleur la plus proche.

« Hey, je suis plus vieux que toi, je traînais là-dedans avant qu'ils refassent leur déco pourrie. Tu as connu, toi, comment c'était avant ? Bah ça a toujours autant senti le renfermé. Faudrait leur dire que c'est pas parce qu'on est morts qu'on résiste à tout.

Hé non, j’pense pas que je connaisse ce bar depuis aussi longtemps que toi. C’est fou j’oublie presque à chaque fois que t’es plus vieux. Presque. »

Tu souris avant de rire

« Faut croire que la déco même pseudo moderne, ça empêche pas la bonne vieille odeur du renfermé ! »

Tu t’abandonnes à son jeu et tu fais aussi le râleur. C’est pas souvent et puis c’est un peu marrant. Surtout qu’il y a du vrai ; parfois même un bon coup de peinture ne permet pas d’enlever les années qui passent. Mais cette odeur de renfermée, elle a quelque chose de rassurant pour toi. Elle te rappelle ton arrivé, tes rencontres, tes vieux et vieilles potes, celleux que t’as croisé, que tu recroises et que tu ne recroiseras jamais. Alors même si parfois ça t’étouffe, t’y retournes toujours avec plaisir et le sourire aux lèvres.

« Plus sérieusement, je vais bien, ne t'en fais pas. Je suis pas déjà si vieux, quand même ! En plus, j'ai rien de prévu de toute la journée, demain. A moi la grasse matinée.

Ah cool, ça veut dire que je peux débarquer dans quelques heures pour le café si t’es libre ? »

Tu prends ta clope encore fumante -mais bientôt finie, entre tes doigts l’air presque … malicieux ? Avant de rire et de rajouter que, évidemment, tu déconnes. Tu lui tapotes l’épaule en riant avant de l’imiter en réajustant ton manteau. Tu écrases ce qui reste de ta clope car tu sais d’avance qu’elle va te gêner sur le chemin du retour ; t’as pas prévu de laisser Avalon partir comme ça sans lui faire la discussion jusque chez lui. Alors tu lui parles, tu lui souris et tu finis même par te marrer une nouvelle fois alors que vous disparaissez au cœur de la nuit.