Les heures de pointe.Abraham grimace - agacé à y songer, agacé et légèrement anxieux peut-être, car c’est qu’il n’apprécie pas les transports en commun, trop de gens, trop d’odeurs, trop peu de place. Il laisse parfois passer des bus et des tramway sous ses yeux pour éviter d’avoir à y entrer.
Il regarde tes yeux se plisser.
Fronce les sourcils - comme perturbé.
Mais qu’importe, la porte de la bibliothèque s’ouvre.
Elle ressemble plus à une cave à fromage qu’à une bibliothèque, ce qui n’est pas sans causer une pointe légère de déception dans le fond de sa poitrine, vite balayée par la perspective d’une multitude d’ouvrages anciens, des connaissances parfois datées qu’ils renferment, reflet d’une époque révolue, et par la possibilité de simplement poser la main dessus alors que peu ont eu ce privilège.
Oui c’est quelque chose de parfaitement excitant.
Du moins à ses yeux.
“Je te laisse observer et arpenter par toi-même. Tu peux laisser tes affaires juste à côté si cela te soulage.”Abby ne se fait pas prier.
En soufflant du nez comme pour chasser l’odeur, iel commence à observer les rayonnages, sans vraiment savoir où donner de la tête - évidemment, le mode de classement n’est pas le même que dans les salles de lecture. Ses doigts finissent par agripper un ouvrage de Julius Lothar Meyer. Chimiste, il s’agit là d’une version améliorée post-mortem de son tableau périodique, écrit en collaboration avec Mendeleïev, alors que de nouveaux éléments chimiques avaient été découverts.
“... J’ignorais que Meyer était encore ici.”Iel se demande parfois - comment va évoluer sa discipline. La linguistique - dans le futur. Nulle doute que les langues continueront à bouger, se changer, évoluer. Mais lui ? Il sait déjà qu’on ne parlera plus le même arménien dans cent ou cent-cinquante ans.
Au moins - iel aura encore du travail.
Et des questions plein la tête.
La beauté de la science, c’est que l’on en finit jamais vraiment.
“Dis ?” Sa voix résonne entre les murs et le plafond bas.
“Tu parles des langues anciennes, n’est-ce pas ?” Iel n’est pas idiot, a bien conscience de ton âge. N’avait pourtant jamais posé la question, quand bien même il connaisse dors et déjà la réponse. Abe étudie l’indo-européen, et l’arménien également, la connexion et la liaison, la phylogénie entre ces deux langues. Pourtant, il y en a d’autres - l’indo-européen a donné toute une famille de langues.
Dans le lot : probablement les tiennes, disparues du monde des vivant.es, mais encore bien présentes, ici et maintenant.
Résumé
413 mots
Les fringues d'Abby que j'avais oublié de donner avant
Abe pense à pas de mal de trucs, notamment au fait que Guigui parle probablement des langues qui n'existent plus / restent très peu parlées chez les vivant.es
Oui il va demander une démonstration