Tarte tabasco, cerise et chèvre frais pour monsieur (ft Xamanek)

Un amour sain envers sa propre personne, une idée qu’il partage avec tant d’autres. C’est ce qui le pousse ce matin à prendre un terrible long moment à tresser ses cheveux. Activité qui lui demande un temps bien plus long qu’il ne souhaite lui accorder. Activité qui résonne entre ses doigts, une vieille habitude du temps d’avant. Il n’est pas surpris du temps que ça lui prend, de son obligation à utiliser une quantité bien trop grande d’élastique et du regard interloqué de la personne avec qu’il a partagé sa nuit.

Ses pas se dirigent doucement vers son lieu de travail, liste des choses qui trainent dans son esprit en cette douce matinée. Bien trop tôt pour ses activités nocturnes mais il sait qu’il a des choses à faire et que personne ne pourrait faire mieux que sa personne. Ses pas se traînent cependant, s’arrêtent sur un chemin qu’il ne connaît que trop bien et l’intérêt, la curiosité, le pousse à prendre une autre route, quelque chose qu’il ne connaît que trop bien.

Il pourrait s’arrêter, réfléchir un court instant et faire demi-tour, se frayer de nouveau un chemin dans les draps satinés qu’il a abandonné précédemment. Il pourrait évidemment récupérer des pâtisseries avant de se réinviter mais l’intérêt envers l’inconnu.e des draps n’est qu’une pâle copie des émotions qu’il se retrouvera à vivre une fois au sein de son propre empire.

La devanture ne paie pas de mine, l’intérieur non plus et si la vendeuse possède un certain charme, l’idée est vide détruite quand elle lui adresse la parole. Xamanek pose un arrêt, courbe la tête avec un simple sourire à son attention. Le surnom l’irrite, lui offre cette sensation de colère qu’il sait si bien faire disparaître.

“Vous n’êtes guère obligée de m’offrir quoi que ce soit Jingmin, je paierai volontiers vos créations.”

Peut-être. Il ne sait réellement ce qu’elle veut lui offrir sachant qu’elle pointe vers l’aliment non touché de la vitrine mais il ne peut dire non. Xamanek sourit, demande qu’elle lui fasse parvenir un brownie de la même façon, parce qu’il se peut qu’il possède un intérêt tout particulier envers ce gâteau. Il accepte un café par la même occasion avant de trouver comme elle l’a dit auparavant un coin de table où poser ses possessions. Il n’est pas sûr qu’elle n’a pas mis quelque chose d’horrible dedans. Et bien qu’il souhaitait profiter de son café en paix, Xamanek observe la part servie devant ses yeux.

Il doute avec raison. Xamanek rapproche l’assiette de son visage, le nez qui frôle la création et il doute d’autant plus avant de croquer un morceau.

Le goût est immonde et le morceau reste coincé dans sa gorge un instant de trop. Une toux lui prend la gorge et il se retrouve obligé d’avaler pour se débarrasser de l’horrible goût qui stagne dans sa bouche. Il se précipite avec un manque de grâce qui ne lui est pas propre vers son café. Il va tuer cette femme.

S’il avait d’abord pensé que Jingmin lui avait tenté de lui offrir quelque chose pour quelque pitié possible, la vérité était maintenant bien plus évidente, elle avait tenté de l’empoisonner. Peut-être pas jusqu’au point de le voir en poussière mais il était évident qu’elle avait tenté de lui faire du mal, un mal qu’il pourrait certainement, devrait certainement lui faire payer. Il a des idées plein la tête pour se venger mais quelque chose doute encore. Peut-être n'a-t-elle pas fait exprès? Peut-être encore est-elle aussi mauvaise cuisinière qu’elle est mauvaise vendeuse? Il veut y croire, qu’elle ne soit pas un monstre autant que ça. Et pourtant.

Elle ne rigole pas, du moins pas audiblement et tandis qu’il se tourne vers elle, s’apprêtant à venir insulter ses capacités culinaires, elle vient pour l’arrêter. Il ouvre la bouche et cet ego si terrible le fait douter. Jingmin ne pourrait certainement pas être capable de produire quelque chose de si incroyable, digne des plus grands chefs, si? Il y a quelques années déjà qu’il n’a pas voyagé hors du pays, est-ce qu’il connaît encore le monde? Est-ce que les goûts ont tant changé qu’il ne connaît plus la cuisine? Ou bien se moque t-elle entièrement de sa personne?

Les yeux se portent de nouveau vers la tarte avant de regarder la femme qui se tient devant lui avec un grand sourire. “Quelle douce intention.” Quelle idée horrible. “Je doute cependant… mériter un tel honneur.” Pourquoi diable garde-t-il encore des apparences qui n’ont pas raison d’être? Jingmin se moque de lui, entièrement, elle se fiche bien de sa personne et la boutique est bien vide à l’exception d’eux deux, pourquoi ne pourrait-il pas- “C’est immonde.”

Il sourit, repousse la chaise pour se lever et rapproche l’assiette de nouveau vers Jingmin. “Je ne sais ce que vous avez fait mais vous vous êtes surpassé dans l’incompétence.” Il y a bien longtemps qu’il n’a pas été si odieux. Personne ne l’avait cherché autant que Jingmin était en train de le faire maintenant.