Vous avez raison.Probablement, à ne pas mentir.
Il cligne des yeux dans ce silence qui s’installe entre vous-deux. Car que dire de plus ? Abby n’en sait rien, Abby n’est pas non plus des plus enthousiastes à l’idée d’une conversation sans substance. Il est fatigué soudainement, à cette idée - l’idée qu’ici, ce sera beaucoup de ça. Combien de temps a-t-il dormi la nuit dernière ? Bonne question, il est vrai. Il est longtemps resté éveillé, à songer à ce que serait aujourd’hui et à écouter la respiration lente et calme d’Yvan qui lui -
jalousie - avait réussi à s’endormir.
“Vous... vous faites quoi dans la vie ?”Une conversation sans substance.
“Pardon- Enfin, vous n'avez pas à répondre. Désolée-”
“J’étudie la linguistique.”Iel n’en dira probablement pas plus.
Iel ne te retournera pas non plus la question.
Mais encore une fois, tu t’excuses sans qu’il n’y ait de raison. Une habitude chez-toi ? Peut-être. Mais encore une fois, ta question n’est pas gênante, ni même blessante. Juste parfaitement inintéressante.
“Je suis à la recherche de mon mari pour dire vrai.”De nouveau, cette idée lui serre le cœur, et la raison, tu l’évoques juste à la suite.
“Et je pensais qu'il était enfin là mais faut croire que peut-être, il est passé de l'autre côté. Si même, ça existe.”Car oui. Rien ne dit que cette personne ait atterri ici.
“Je sais que je ne devrais pas m'excuser mais... je vous impose ma présence et je vous pose des questions déplacées. Je vous raconte même ma vie.”
“Quelle importance ?”Ça semble important pour toi.
Encore une fois, Abby ne s’en formalise pas.
“Déjà que cet endroit doit être aussi difficile pour vous.”Ça, c’est gênant. Blessant. Malvenu. Tu t’en rends compte, mais Abby ne parvient pas à retenir une grimace, son nez qui se plisse très légèrement.
“Pardon, encore une fois, je m'avance.”
“Non. Non, on m’a forcé à venir. Pas facile de s’y faire.”Il ignore si
forcer est le bon terme. Car Yvan a probablement eu raison, comme souvent, comme toujours. Il a toujours été bien plus doué pour deviner les sentiments, les intentions d’autrui. Yvan est ce qui manque à Abby, en somme. Probablement pour cette raison qu’iel tient tant à lui.
Qu’y a-t-il de plus ? Abby est incapable de le définir.
“Mon…” Compagnon ? Ami ? Petit-ami ? Non, iel ne sait pas.
“Compagnon qui m’a conseillé de venir.”Il a lâché les termes, difficilement il est vrai. Pourtant, force est de constater que c’est ce qui se rapproche le plus de la réalité. Peut-être faudra-t-il en parler un jour. Probablement. Abby y songe, et ça le fait soudainement paniquer.
En revanche, toi - toi, tu l’intrigues.
Ta persévérance, à ne pas mentir.
“Depuis combien de temps vous le cherchez ? Votre époux ?”Parfois, Abby se demande si certaines de ses visions, la nuit, le concerne directement ou indirectement. Iel se demande simplement, par exemple, s’iel a déjà rêvé de ton époux. Une drôle de prévision pour ce jour. A vérifier dans ses carnets, à ne pas mentir.
Résumé
503 mots
Abby réagit très peu à ce que dit Lulu (désolé
), crache le mot "compagnon" à propos d'Yvan, mais est tout de même intéressé.e par la persévérance de Lucy