Non, il ne reviendra pas.
C’était une mauvaise idée, une très mauvaise même. Angoissante, oppressante. Abby reste, tout du long de cette séance, silencieux. Et les yeux rivés devant lui, sans réaction aucune. Iel s’est réfugié.e dans son esprit pour ne pas avoir à subir. Subir les autres, leurs pleurs, leurs peines, leurs questionnements.
Et puis il y a les autres.
Qui le regardent, le fixent, et se questionnent.
Non, Abby n’est pas fait.e pour se confier à des inconnu.es, espérant alors alléger sa douleur. Iel n’est pas fait.e pour constater qu’autrui a vécu pareillement ou presque, les mêmes douleurs, les mêmes horreurs, les mêmes non-dits. Abby préfère la confidence de quelques-uns, de quelques-unes. Des êtres précieux. Rares. Rares.
Abe se présente, tout de même.
Abraham, et c’est tout. Il ne dira rien de plus, rien de moins.
Il secoue la tête, quand on lui demande s’il souhaite parler.
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La séance se termine, dans la douleur à la poitrine et l’esprit qui explose. Le monde s’en va, bienvenue dans leur fuite, Abby les regarde s'enfuir. Certaines personnes se sont lâchées, entièrement, dans un besoin de lâcher prise, de partage.
Ce n’était pas son cas.
Non, Abe a écouté. En silence.
Et alors que tout le monde finit par partir, iel se sent soudainement trop. Trop fatigué, trop épuisé. Abe reste donc sur sa chaise, le regard dans le vide et les jambes repliées sur lui-même, une position d’apparence inconfortable mais dans laquelle il parvient à trouver un certain réconfort. Et tu es là, toi également, encore là - tu n’as pas parlé non plus, très peu, trop peu, comme si tu avais déjà tout lâché juste avant.
Il te regarde alors, te fixe.
Cligne des yeux, comme surpris.
“C'était…”C'était. Comme si ces simples mots étaient suffisants.
“... Je ne reviendrai pas.”Mais il n'oubliera pas. William, toujours ce nom dans un coin de son esprit.
Résumé
318 mots
Abe passe la séance en silence (quelle surprise
) avant de dire à Lulu qu'iel ne reviendra probablement pas