Sus (FB) - [Céleste & Astard]

Ha! La révolte de la chimère ne se fait pas attendre, elle réagit violemment au petit doigt du pirate qui joue avec ses nouveaux bouts. Comme sur des roulettes, il ricane intérieurement. C'est dingue, à quel point on peut faire n'importe quoi sans conséquence pour peu qu'on cache son identité.

"Tu peux essayer, j'suis pas sûr que ça se passe comme t'espères."

Qu'il répond, rictus malicieux lui déchirant le visage. C'est pas son vrai corps, et il a clairement pas la force de ses petits biscottos de marin originels, mais il se croit toujours plus que capable de lui faire une clé de bras sans effort. Bon, faut dire que notre héros est pas des plus modestes, il risque de finir menotté par terre avant de s'en rendre compte. Mais malgré ses meilleurs efforts à être qui il n'est pas, la damnée Céleste attaque un sujet qui fait ressortir le vrai pirate.

"Eh, oh, du calme sur les rongeurs, ils t'ont rien fait les rats."

D'ailleurs, les chimères rats non plus t'ont rien fait, c't'un imposteur.

Bon, là c'est le moment ou tout part en vrille. Le noeud du problème, ça va toujours être l'égo du pirate. Céleste OSE attaquer l'accoutrement du gentleman, qui oublie l'importance de son rôle. C't'un sujet sensible, ses guenilles.

"Non mais tu t'es vue, espèce de canari?"

Jaune, jaune, jaune, à en croire que toute son existence est vouée à la couleur. Une monomanie des plus particulières. Bon, c'était la millième fois qu'Astard l'attaquait sur ce sujet, ça sonnerait aussi sourd que les dernières fois certainement, mais il aime bien se répéter.

"J'vais pas prendre des conseils de sape de la part de Maya l'Abeille, merci."

Et puisqu'il est classe par dessus tout, il crache par terre. Une très mauvaise habitude prise dès son vivant, qui l'a collé depuis. Puis, comme si ça suffisait pas pour trahir son identité, il concluait, toujours piqué à vif.

"Et j'te ferai savoir que sur les docks, c'était la norme. C'est ton époque de merde qui sait plus s'habiller, j'y peux quand même rien."

Il s'est quand même débrouillé pour reprendre une chemise d'humble travailleur de la fin du XVIè, et la tailler pour qu'elle convienne à sa forme féminine. L'habit pouvait certes ressembler par des standards actuels à des fringues sales, mais c'était la base des bases, y'a plusieurs siècles.

C'est qu'elle pique, l'abeille. Et bien. Enfin, surtout elle attaque sur l'hygiène, et ça c'est une valeur sûr pour mettre le pirate en difficulté. Non pas qu'il soit aveugle à son état, il a juste des standards "différents" de maintien de soi. Le problème, c'est que ses standards ne satisfassent que lui.

"Qu'est-ce qu'il y a, l'abeille? J'te flingue les antennes?"

Bon, ça c'est presque une certitude, mais probablement aussi le nez des gens trop proches. Au moins, avec une tête et des moustaches de rat, il peut à peu près prétendre que c'est pas sa faute. Mais il le fait pas, ç'aurait été trop intelligent pour lui.

"C'est sûr qu'à être chiante comme ça, y'a que la boolice qu'allait te recruter, tiens."

Allez, ça mange pas de pain, un petit tacle personnel sorti de nulle part. Surtout qu'il n'est personne, il est inattaquable, elle ne sait rien de sa fausse vie. Bon, elle en sait beaucoup sur la vraie, par contre.

Oh oh, elle perd ses moyens et semble franchement s'énerver. C'est déjà une victoire pour le pirate, ça lui aura pas coûté grand chose non plus. Pour être tout à fait clair, Astard n'a aucune franche idée de quand Céleste est devenue boolicière, et encore moins de quelle âge elle peut bien avoir. Dans le doute, il glisse, malicieusement.

"j'enquête sur personne, gamine. J'ai juste très bonne mémoire."

Avec un peu de chance, ça paraissait cohérent. Sinon, il aurait juste l'air franchement allumé. Dans les deux cas, au moins, ça risquait de faire fort effet. On passera sur le fait que c'est un absolu mensonge: Astard a une mémoire ridicule.

Bref, il se lève, sentant que le vent va tourner. En fait, une bagarre de taverne au milieu de chimères, si ça paraît drôle sur papier, ça sonne aussi dangereux en pratique. Surtout quand on risque de se réveiller sans l'apparence factice.

"Mais r'garde l'heure!" Il tire sa manche, dévoile un poignet sans montre. Ouais, il voulait juste lui mettre un franc coup de flippe. "Faut que j'file. Allez, on se reverra, wee lass."

Clin d'oeil pour le forme, il se glisse hors du bar, retourne à la nuit. Avec un peu de chance, elle se posera la question de qui ça pouvait bien être pendant des jours au moins.