Late-night poisoned Waltz
Bien, alors c'est bon, la crise est gérée. Shizuma te fait des promesses à tout va et t'en perds le fil, si tant est que tu essayais de le suivre – pas vraiment. Il est question de la bague et du moment où te la rendre, tu agites une main avec négligence.
— Te fais pas de souci pour ça, Nakama-kun. Tant que tu la perds pas.C'est vrai, elle a une certaine valeur... trop pour prendre la poussière sans être utilisée, sans doute. Puis ce n'est pas comme si toi, tu en avais besoin,
n'est-ce pas ? Tu te demandes bien ce que ça faisait dans ton appartement. Toi et ta manie d'accumuler des choses ; tout ce dont tu es certain, c'est que ce n'était pas à ta mentore. Sinon tu ne l'aurais pas cédée.
Tu ne l'aurais pas égarée non plus.Tandis que tu te fais cette très brève réflexion, Shizuma se courbe pour te dire au revoir ; tu roules des yeux, tu étends un bras pour lui appuyer mollement sur le haut du crâne et ébouriffer sa chevelure – la vraie, bien plus courte que sa perruque qu'il ne porte plus – avant de le laisser repartir dans la nuit attendre son carrosse. T'es pas un héros, t'es juste un vieux grincheux las qui claque et verrouille sa porte, pour appuyer son dos contre dans un soupir.
Tu veux dormir, mais est-ce que t'es vraiment prêt à
replonger ? Certainement pas. Alors tu te diriges vers la cuisine pour ne pas te laisser le choix.
Tu te ressers un café même si ça peut paraître contre-productif, et tu fouilles un placard à la recherche de ta jarre à cookies d'urgence – ceux à ne pas manger que par gourmandise, puisqu'ils ont la capacité de régler l'horloge interne de manière à permettre un réveil à l'heure que l'on souhaite si l'on s'endort.
Tu restes là, dans ta cuisine un peu trop bruyante, dans ta solitude plus bruyante encore, à tremper ton biscuit, littéralement parlant. Pour l'aspect figuratif, t'y repensera durant le week-end.
Pour ce soir, ou plutôt, pour cette fin de nuit, tu retournes dans ta chambre, tu sors une potion de sommeil et un doseur à lessive recyclé en shooter millimétré, tu t'en sers environ le douzième – tu vois large, tant pis si malgré le cookie, ça t'endort un peu trop longtemps –, tu descends le tout comme un shot, et tu te laisses tomber sans grâce ni cérémonie sur ton matelas.