Comment gérer la morsure de l’eau ✯ ft. Jules Verne

Qu’importe les inquiétudes, les t’es sûr de toi, les pitié casse rien ou ne te noie pas stp ce n’est pas ça qui allait arrêter le vampire prêt à faire un concours de dents pointues avec le carnassier à écailles.

Yeux au plafond et soupir de dix secondes. « Vous êtes vraiment… » Des adultes. « Et puis je sais nager ! Tu me prends pour qui Kýros ! » Il s’en vexerait presque. « Eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeew ! Je veux pas de tes tentacules pleine de ventouses sur moi ! »

Mais Olympe était déjà partie sortir de son éternel et sempiternel pyjama. Pas besoin de sortir l’artillerie lourde, il pouvait très bien s’en sortir tout seul d’abord. Vraiment zéro confiance en lui dans cette colocation.

Au moins, y’en a un qui en a dans le pantalon, et c’est le sourire excité que Shôta met pied à l’étrier, se hissant presque quand une main le cloue au sol en le réprimandant.

« Il va pas me bouffer le bras, c’est pas un requin. » Milana et Haiko les rabat-joies (malgré toute leur volonté de trouver des solutions intelligentes. Mais l’intelligence n’est pas la meilleure stat’ du vampire.) « Mais bon si vous y tenez, je vais me sacrifier et servir d’appât ! » Tel un personnage secondaire de jeu vidéo.

Ce n’était pas ce dont tes colocs parlaient en termes d’appât.

Mais qu’importe. Ça voulait un hameçon, et il voulait caresser le poisson, tout le monde était content s’il y allait. Retour en selle, le voilà qui se soulève grâce à la courte échelle dans le gnnnnn d’un ado sportif que sur Dance Dance Revolution (et encore, c’était y’a 20 ans).

Comme prévu, ni perché sur la pointe des pieds ni la gigantosité de Oda, ne l’élèvent confortablement au-dessus du bassin. Tout au mieux, il peut s’y agripper avec les doigts. Mais rien ne peut arrêter un Shôta, et prenant son élan sur les mains de Yasuke, faisant appel à toute la force de ses biceps, à sa volonté de fer (et au pouvoir de l’amitié), il se hisse, atteint pleine vue sur la surface de l’eau…

« Vous voyez ? »

… et bascule en avant, pleine vue sur l’intérieur de l’aquarium, plié en deux entre ses jambes en battements paniquées d’un côté, et les BLBLBLBLBBLBBBBLLLLLLBLBLBLBL de sa tête immergée de l’autre.

Il parait qu’il ne fallait pas qu’il se noie.

La tête dans la flotte froide. Au milieu des bulles, le vampire ouvre les yeux. L’aquarium lui semble un grand bleu qu’il n’a finalement pas tant envie d’explorer plus profondément.

Balançant des pieds pour prendre de l’élan et se remettre à flot, le pauvre Shôta a bien du mal à se sortir de ce mauvais pas. C’est qu’il pourrait à nouveau mourir, ou PIRE... se faire croquer par un piranha déchaîné. Et ça, ça n’allait pas arriver car déjà il sort les crocs pour se défendre de la bouche pleine de dents du poisson qui a l’air de trouver ce bout de nez plutôt appétissant. Au pire des cas, il aurait une petite morsure qui pique à peine, pas vrai ?

De son point de vue, tout se passe trop lentement. Personne ne bougeait donc son popotin pour le tirer de là ? Tenaient-ils tous à se retrouver avec le cadavre du protégé de l’ancien boss de la Camarilla sur les bras ? C’est que ce pauvre nul n’avait déjà plus d’air. Réflexe de respiration à lui en convulser le diaphragme.

Trop de choses à la fois pour son petit cerveau de la taille d’une noix, le retour à la charge du piranha d’un côté, des mains pleines de doigts sur ses chevilles de l’autre, et le manque d’air, ont vite fait de le secouer (on plaindra la pauvre personne qui lui a attrapé les pieds car celle-ci allait finir par se recevoir un coup de talon dans la figure si elle ne faisait pas attention).

Mais trop tard. Le piranha a été plus rapide que Shôta et c’est sur son nez que se referment les mâchoires de la bestiole.

Hurlement de douleur, étouffé par l’eau et vite étranglé par une tasse bien bue qui lui brûle les poumons. Coup de genou dans la vitre, poussée des bras comme il peut (en se le rappant sur le rebord au passage), il finit par réussir à sortir la tête de l’eau sans pour autant descendre de son perchoir. Il attrape le poisson, le détachant de son nez et le rejette violemment à l’aquarium. Autant dire que, plus qu’à une main d’appuis, et une vraie nécessité de devoir respirer à nouveau, c’est sur les pauvres spectres d’en dessous qu’il finit par tomber, roulant sur le côté pour recracher toute l’eau de l’aquarium avalée.

Les larmes aux yeux, il ne fait pas attention à qui il a écrasé ni aux bleus qui viendront plus tard. Sa main est portée à ce nez qui n’est plus que douleur, toussant encore pour faire ressortir tout le liquide qu’il avait fini par respirer.

Le pire dans tout ça, c’est qu’il n’avait pas fini de prendre cher. Après le piranha, ce sont les colocataires qui allaient le croquer.