Comment gérer la morsure de l’eau ✯ ft. Jules Verne

✯ La fête d’Halloween s’était achevée… ou plutôt, ne s’était pas exactement achevée comme il l’espérait. Et le voilà avec des blessures indésirables. Toujours ’vivant’ dans la mort. Pour le meilleur et pour le pire.

… Surtout pour le pire, semble-t-il.

Les jours suivants sa sortie des égouts, il avait dormi. Beaucoup. Se réveillant occasionnellement pour se rendormir pratiquement aussitôt.

Durant ses brefs éveils, il vérifiait l’état de sa blessure à la tête, et changeait les bandages qui l’enveloppaient. Il était aussi coincé à l’appartement pour cette raison. Vivre dans un camping-car n’était pas idéal pour gérer ce genre de blessure.

Au moins, les symptômes principaux de sa – très probablement – commotion cérébrale étaient passés depuis lors…

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Ainsi, tant qu’il reste prudent avec ses mouvements pour ne pas s’étourdir brusquement, il est à nouveau libre de se déplacer dans tout l’appartement.

Ce qu’il fait.

Son dernier carnet en date à la main, il salue ses colocataires présents dans le salon d’un signe de tête, un peu plus habitué à eux mais toujours nerveux.

Il s’installe sur le canapé pour y écrire les évènements de la journée. Il revoit son écriture tremblante des jours précédents, nettement plus courts que la plupart. C’est qu’il n’a pas grand-chose à raconter, vu qu’il n’est pas vraiment sorti.

Il lève les yeux vers l’immense aquarium situé à côté du canapé. La couleur bleutée de l’eau à cause des lumières, et qui se reflète sur les écailles des poissons. C’est un spectacle apaisant à observer.

Mais…

Quelque chose ne va pas.

Il fronce les sourcils, regardant encore et encore l’aquarium. Quelque chose ne va pas. Il le sait, il peut le dire. Dans l’eau… se trouvent moins de poissons que la veille. Il en est sûr… Pas vrai ? Ou sa vue lui joue-t-elle une nouvelle fois un mauvais tour ?

Fermant les yeux et se pinçant l’intérieur du poignet, il essaye de recentrer sa vision.

Quand il les rouvre après deux bonnes minutes… L’aquarium reste le même, avec peu de poissons dans l’eau.

Peut-être a-t-il mal vu les jours précédents alors… ?

Il baisse les yeux, posant son carnet à côté de lui sur l’accoudoir, et ouvre la sacoche de son appareil photo pour l’en sortir. Il l’allume et accède immédiatement à sa galerie d’images, remontant aux photos qu’il a de l’aquarium de la veille, et de l’avant-veille, et d’encore avant… Les résultats qui s’affichent… ils montrent tous un aquarium plus garni.

Ce n’est pas sa vue. Ce n’est pas ses souvenirs non plus.

Dans ce cas…

Il relève les yeux vers l’aquarium, un sentiment de suspicion grandissant. Quelque chose ne va pas.

Il en aperçoit un, un peu plus grand que les autres. A-t-il toujours été là ? Il ne s’en rappelle pas. Il compare avec les photos de son appareil. Le poisson inconnu n’apparaît pas. Mais ça ne signifie pas qu’il n’était pas forcément là.

Quelque chose ne va pas.

Attendez. L’eau ne semble-t-elle pas légèrement plus… trouble ou foncée qu’auparavant ? Il ne peut guère le dire, et les photos ne sont pas d’une grande aide sur ce point. Peut-être que ce sont juste les lumières qui lui donnent cette impression.

Cet étrange poisson… Maintenant qu’il observe bien, les autres paraissent s’éloigner de lui à toute vitesse. Ou se cacher à son approche ?

Son fidèle Nikon D800 toujours dans une main, il se remet debout et s’avance vers l’aquarium. Il se place devant le poisson bizarre. Puis… de sa main libre, il toque doucement contre la vitre.

Le choc qui suit est évident pour tous ceux présents dans le salon.

Le poisson inconnu fonce droit sur lui, la bouche ouverte et les dents pointues luisantes, et percute la vitre de plein fouet. Assez solide pour ne pas être détruite d’un seul coup, fort heureusement. Néanmoins, il sursaute et recule face à l’attaque soudaine.

Lentement, il se retourne vers ses colocataires, l’effroi envahissant son cœur. En anglais, pour être compris par tous, il demande d’une voix tremblante… « Excusez-moi… L’un de vous sait-il pourquoi… un piranha nage dans notre aquarium ? »

Il n’accuse personne. Il n’a aucune raison de le faire. Il était là, dans l’appartement, ces derniers jours. N’aurait-il pas remarqué si l’un de ses colocataires faisait une plaisanterie d’aussi mauvais goût ?

Comment ce poisson est-il arrivé là, cependant ? Il n’a pas de réponse à cette question. Comment allaient-ils le sortir avant qu’il ne dévore les survivants ? Il n’a pas de réponse à cette question également.

✯ Alors qu’ils étaient peu nombreux dans le salon à l’origine, sa curiosité horrifiée par le piranha attire l’attention des autres occupants se trouvant dans leur chambre. Ou plus exactement, le son que le poisson provoque en heurtant la vitre de plein fouet pour tenter de le mordre en vain.

Et c’est donc très rapidement que l’espace commun se remplit. Même la dernière arrivée au sein de la colocation se présente.

Les avis… divergent considérablement les uns des autres. Rybar suggère de simplement le laisser dans l’aquarium ; Kýros propose d’aller le chercher et Oda de l’aider pour cela ; Okabe souhaite… le caresser ? L’idée résonne absurdement dans sa tête ; Sato essaye de l’arrêter avant de se raviser ; Et Oda finit par réellement faire la courte échelle à Okabe…

Toute cette scène ressemble à un désastre imminent.

Malheureusement, c’est ce qui se produit quand tant de personnalités différentes se mélangent.

Il recule de quelques pas pour laisser de la place à Oda et Okabe. « Je doute que ce soit une bonne idée… » Il souffle doucement. Le Vampire va se faire mordre, c’est certain. Et pour ce qu’il se souvient de la faune marine, les piranhas ont une mâchoire plutôt forte. Il risque d’y perdre son doigt, ou peut-être même sa main. « Ta main ne repoussera pas… »

Toutefois, ils ne peuvent pas le laisser nager librement dans l’aquarium non plus, malgré la suggestion de Rybar.

Pour le moment, il reste des poissons dont le piranha se nourrit… mais que se passera-t-il lorsqu’il n’y en aura plus un seul ? Le monstre d’eau douce les prendra-t-il pour cible ? Foncera-t-il encore et encore contre la vitre pour les attaquer ? Elle finira inévitablement par se briser…

Cela ne résout même pas la question sur comment est-il arrivé ici. Leur aquarium s’est-il malencontreusement retrouvé relié à l’océan ? D’autres piranhas pourraient-ils venir à l’avenir ?

« Peut-être pourrions-nous l’attirer avec des appâts au bout d’un hameçon ? » Il avance sa propre idée. Il poursuit pour soutenir ses mots. « Si nous réussissons à le tirer hors de l’eau et à l’enfermer dans un autre bassin, tu pourras le toucher plus facilement, Okabe-san. Et ainsi, le piranha ne risquera plus de détruire l’aquarium géant… »

Ce qui est vraiment ce qu’il redoute le plus. Et cela l’étonnerait beaucoup que l’un de ses colocataires veuille également voir leur appartement devenir littéralement Vingt mille lieues sous les mers, complètement inondé. Il ne veut pas déménager si tôt dans un autre appartement.