Doux Hanami ♥ - ft. Lolly

Les effluves florales fêtaient l'atmosphère printanière. Les branches nues des arbres avaient laissé place à une myriades de fleurs blanches et rosées, habillant gracieusement parcs et allées. Une brise soufflait, encore un peu fraîche à côté de la chaleur solaire ; Elle transportait dans son sillage une ribambelle de pétales aux douces nuances de rose, qui tournoyaient et voletaient dans l’air dans une danse infinie.

Suivant des yeux ce ballet envoûtant, une chimère vachette attendait, debout à côté d’un cerisier, tenant entre ses mains l’anse d’un gros panier en osier. Ses boucles brunes et blondes encadraient son visage avenant et des rubans de dentelle ornant ses cornes voletaient avec le vent. Son trench-coat olive s’ouvrait sur une salopette-short en velours côtelé jaune, par-dessus une chemise blanche à manches bouffantes. Des chaussettes assorties, jaunes, dépassaient de ses Doc Martens brunes. Sa queue ornée d’un mélange de rubans de tissu jaune et de rubans de dentelle se balançait doucement derrière ses jambes. Cette chimère, Maya, dénotait quelque peu dans cette ambiance délicate aux nuances pêche et rose, tel un pissenlit échoué au milieu des fleurs de sakura.

Immobile, elle attendait ; Consultant régulièrement sa montre, se demandant si elle ne s’était pas trompée sur le jour et l’heure. Au défilement des minutes s’ajoutait, petit à petit, l’angoisse qu’il ne soit arrivé quelque chose à la personne qu’elle attendait, à sa chère amie Lolly. Elle n’y pouvait rien ; Elle se rendait bien compte que la plupart de ses inquiétudes n’étaient qu’hypothétiques et parfois invraisemblables - et puis, ce n’était pas comme s’il était possible de mourir à nouveau, ici - mais en être conscient ne permettait pas pour autant à la raison d’avoir le dessus sur ses craintes.

Et si Lolly l’attendait également, ailleurs ? Pensive, inquiète, Maya mordilla sa lèvre inférieure à cette pensée. Peut-être était-ce, au final, seulement elle qui était en retard ? Une erreur de communication ? Pour autant, elle n’osait pas faire un pas - car Lolly pouvait très bien arriver au moment à ce moment-là et ne pas la trouver ici, au lieu de rendez-vous qu’elles avaient défini ensembles, à l’intérieur de l’entrée du parc.

Maya attendait donc, se perdant parfois dans la contemplation des cerisiers en fleurs, scrutant les alentours à la recherche d’une nuance de rose en particulier, le joli rose des cheveux de son amie. Les fleurs de cerisier ainsi écloses étaient comme une ode aux cheveux de Lolly. Des nuances qui s’accorderaient à merveille, elle en était certaine. Et elle avait grande hâte de pouvoir contempler son amie dans ce si joli tableau, et de profiter du Hanami avec elle, pour le premier pique-nique de la saison.

Comme toujours, Lolly est en retard, comme toujours, elle se fait attendre. Lolly n’apprend jamais de ses erreurs, elle prend toujours trop de temps pour se préparer et ne s’y prend jamais à l’avance. Elle veut toujours être trop jolie, surtout pour une occasion spéciale comme celle-ci. Aujourd’hui, elle doit retrouver Maya au parc pour profiter du Hanami, pour pouvoir contempler les jolies fleurs roses, puis pour pouvoir manger quelques gâteaux aussi, c’était toujours comme ça avec Maya, aux risques et périls de Lolly. Malgré tout, pour cette journée spéciale, Lolly s’était apprêtée comme il faut ; une jolie robe blanche décorée de jolies fleurs roses, avec tout plein d’accessoires qui vont avec, des petites chaussures à talons blanches, mais le plus important était sa coiffure, ce qui avait pris le plus de temps aussi.

Coincer des petites fleurs dans ses pinces à cheveux, réussir à faire tenir le tout dans quelques tresses et un beau chignon, ça lui a pris du temps, mais maintenant qu’elle est enfin prête, elle peut enfin y aller. Cependant, elle oublie de prévenir son amie de son retard avec un petit message sur son téléphone, qui s’est perdu dans son sac à main. À vrai dire, Lolly ne pense même pas vraiment être en retard, elle n’a même pas regardé l’heure et s’est juste fié au fait qu’elle s’était empêchée de s’endormir ce matin pour pouvoir être là cet après-midi.

Arrivée dans le parc, elle a déjà un peu mal aux pieds à force de s’être précipitée pour arriver à destination rapidement. Elle s’approche du point de rendez-vous et aperçoit son amie au loin qui semble un peu perdue, regardant autour d’elle dans l’attente de quelque chose, c’est Lolly qu’elle cherche. Alors elle lui fait un petit signe pour attirer son attention et elle se rapproche d’elle bien assez vite.

« Maya ! Ça fait longtemps que tu m’attends ? »

Elle se place à ses côtés, petit sourire scotché aux lèvres. Elle ne peut s’empêcher de la contempler, d’être admirative à quel point elle sait mettre en valeur ses attributs chimériques. C’est quelque chose que Maya assume complètement contrairement à Lolly, des fois elle aimerait bien pouvoir faire pareil, mais chacune ont leurs propres particularités, leurs propres beautés à leur façon et Lolly n’imaginerait pas Maya sans tout ça.

« J’espère que tu vas bien d’ailleurs ! J’avais hâte de te retrouver, tu es toute belle aujourd’hui. Et regarde comme je me suis fait jolie rien que pour toi ! »

Elle tourne sur elle-même pour faire voler les jupons de sa robe, puis ce petit tour lui suffit à se rendre compte qu’elle avait oublié d’emmener quelque chose avec elle, le pique-nique.

« Oh… Je suis désolée mais je crois que j’ai oublié d’emmener les boissons comme je t’avais promis l’autre fois. Je me suis doutée que je serais en retard et dans la précipitation, j’ai oublié le plus important ! »

À vrai dire, elle avait été plus préoccupée par son apparence que par autre chose, surtout s’il s’agissait de nourriture. La mine désolée, elle espère que Maya ne lui en voudra pas trop, mais Maya est toujours trop douce pour ça, n’est-ce pas ?

Ce fut la voix enjouée de son amie qui tira Maya de ses pensées. Détachant son regard du ballet des pétales virevoltant au vent, son regard se posa sur Lolly, si mignonne et gracieuse dans la délicate pluie rose. Son visage s’éclaira d’un immense sourire tandis qu’elle fit quelques pas dans sa direction.

- Lolly ! Non, je viens à peine d’arriver !

Un mensonge éhonté énoncé sans sourciller - parce que la jeune chimère se fichait bien d’avoir attendu son amie. Maintenant qu’elle était là, que ses inquiétudes n’étaient plus qu’un vague souvenir, elle voulait juste profiter de sa présence. Qu’importe les minutes passées avant ce moment.

Lolly avait l’air aussi contente qu’elle de la voir, et cela fit chaud au coeur de Maya. D’ailleurs, sous ses yeux admiratifs, la chimère-fennec montra avec enthousiasme son accoutrement et tournoya sur elle-même, faisant voler les jupons de sa robe. Les yeux de Maya étincelaient devant la superbe de son amie, qui s’était parée de petites fleurs et préparée avec soin pour l’occasion.

- Waouh, tu es splendide ! Et ta coiffure est magnifique, c’est si mignon les petites fleurs dans tes cheveux, j’adore !! Tu as dû y passer du temps, s’exclama-t-elle, admirative.

Ceci étant, Lolly était toujours jolie et soigneusement vêtue, apprêtée jusqu’au bout des ongles.

- Oh, c’est pas grave ! Maya rassura Lolly d’un sourire quant à l’oubli des boissons. Je t’avoue que je me suis un peu emballée, j’ai préparé beaucoup de choses… Peut-être un peu trop… Elle se mordilla la lèvre avec une grimace coupable, avant de lâcher un petit rire taquin. Bon, j’ai PEUT--ÊTRE même une mini thermos ou deux que j’étais pas sensée emmenée !

Aujourd’hui, sa prévoyance l’avait encombrée, en témoignait l'énorme panier en osier qu'elle transportait et qu'elle montra à son amie. Si Lolly savait tout ce que Maya avait enfourné dedans - une ribambelle de choix pour être sûre d’avoir LE gâteau qui ferait plaisir à son amie. Il faut dire que la miss Lolly avait un appétit de moineau, le genre d’appétit qui mettait Maya au défi de préparer le maximum de choses qui pourrait lui plaire. Certes, une logique… étrange, mais Maya s’était faite un plaisir de préparer ce panier en prévision de ce pique-nique. Même si son amie ne faisait que picorer un ou deux gâteaux, elle s'estimerait ravie si Lolly les appréciait.

- Normalement, j’ai tout prévu. Même la couverture pour se poser dessus. Il ne reste plus qu’à trouver où l’installer !

Un nouveau sourire franchement joyeux éclaira le visage de Maya, et elle passa son bras sous celui de son amie pour avancer avec elle dans l’allée des cerisiers.

Maya est toujours trop gentille, toujours trop douce avec Lolly et cette dernière ne peut s’empêcher d’en profiter autant qu’elle le peut. Elle se doute bien que Maya ne vient pas seulement d’arriver, même si elle ne l’assume pas, Lolly sait bien qu’elle a pris trop de temps pour se préparer et qu’elle est en retard, que Maya l’attend depuis de longues minutes déjà. Mais Lolly la laisse dire, elle se contente de lui sourire un peu plus encore.

« Oui, ça m’a pris un peu de temps… Mais c’est pas grave !! J’aime bien faire ça, et ça me fait plaisir que tu aimes. »

C’est de toute manière la raison principale de son retard, mais ça elle ne le dit pas non plus. À la place, elle avoue sa faute, avoir oublié d’amener les boissons, parce que c’était plus important pour elle d’accrocher une multitude de petites fleurs dans ses cheveux que de ne pas oublier d’emporter un deuxième sac avec elle. Maya, toujours trop douce et gentille, a pensé à tout.

« Oh… Tu es vraiment trop parfaite Maya, tu le sais ça ? »

Elle pose enfin ses yeux sur le panier qu’elle porte et Lolly aurait bien aimé lui proposer de l’aider à le porter, bien qu’elle ne soit franchement pas plus forte que son amie. De toute manière, elle n’a pas vraiment le temps de proposer car Maya propose déjà de trouver l’endroit où s’installer, l’attrapant par le bras pour l’emmener avec elle. Lolly n’y voit aucun inconvénient et elle laisse Maya l’emmener là où elle le veut, restant proche d’elle. La proximité qu’elle avait avec elle avait quelque chose de réconfortant, une sincérité unique que Lolly ne voudrait jamais briser. Maya était toujours trop mignonne avec elle et ça lui plait trop.

« Tiens, on peut se mettre là, tu penses pas ? Entre ces deux arbres, je pense qu’on sera tranquilles. »

Elle pointe du doigt ce qu’elle propose, jetant un petit coup d’œil vers son amie pour avoir son approbation, mais elle ne l’attend pas vraiment de toute manière. Elle l’entraine avec elle vers l’endroit souhaité, elle est assurée qu’elles y seraient bien, ça a tout l’air d’être un coin paisible où personne ne pourra les déranger, où elles pourront profiter l’une de l’autre et des cerisiers en fleur tout autour d’elles.

« Allez, arrête de porter ça toute seule, donne moi et je vais t’aider à installer la couverture. »

Au fond, Lolly veut pouvoir apporter quelque chose à Maya, servir à quelque chose, rien qu’un peu malgré ses petites erreurs qui ne sont de toute manière jamais retenues entre elles.

Maya n’avait pas répondu au compliment de Lolly, rougissant avec embarras - elle s’estimait loin d’être parfaite, et même si elle avait pris confiance en elle, le compliment lui semblait démesuré. Mais se sentir ainsi soutenue et appréciée par son amie était un vrai réconfort et lui tirait un énorme sourire.

Lolly ne tarda pas à dénicher un coin idéal pour se poser tranquillement, pointant du doigt un carré d’herbe entre deux arbres en fleurs. A peine l’acquiescement de Maya sorti de ses lèvres, elle l’entraîna vers cet endroit parfait pour leur picnic. En réalité, parfait ou non, Maya aurait de toute façon approuvé, confiante en son amie et prête à lui laisser choisir les yeux fermés.

Elle déposa le lourd panier et en sortit une couverture qu’elle déplia et tendit à son amie, gardant deux des extrémités pour les étendre au sol en même temps que Lolly. Une fois la couverture en place, Maya s’agenouilla dessus et passa ses mains dessus pour enlever les éventuels plis et essayer d’avoir un rendu bien lisse - qui bien évidemment ne résista pas à ses fesses qu’elle posa ensuite sur la couverture. Elle attrapa le panier à bout de bras pour l’approcher de la couverture, avant de l’ouvrir avec des yeux pétillants.

— J’ai fait plein de choses, comme je ne savais pas ce qui te ferait le plus plaisir. J’ai fait un carrot-cake, là y a un gâteau au citron - c’est une nouvelle recette, je trouve que c’est une tuerie ! Enfin, sans mauvais jeux de mots. Là j’ai fait des cookies aux pépites de chocolat, je sais pas quelle cuisson tu préfères alors y en a des plus croustillants et des plus moelleux. Y a des cupcakes aussi, parce que c’est bien pratique à manger quand même en extérieur - y a euh chocolat, caramel salé… Et des muffins, myrtilles ou framboise, ils sont fourrés, et y a des pépites de chocolat sur certains. Et aussi…

Elle commentait joyeusement au fur et à mesure qu’elle sortait son assortiment de boîtes en fer ou en verre. Oui, son vieux panier vintage était ÉNORME - mais la scène avait quelque chose de comique, comme si elle pouvait en sortir toujours plus du panier sans fond, telle la Mary Poppins du monde des morts. Maya, toutefois, était bien loin de se rendre compte de l’incongruité de la situation et de la quantité qu’elle avait préparée. A ses yeux, de toute façon, il y avait bien peu de chance que ses gâteaux finissent à la poubelle - entre sa propre gourmandise et celles de ses colocataires, les immangés trouveraient forcément preneur plus tard.

— Oh, et j’ai les thermos aussi du coup. Je voulais trop essayer une recette de tisane maison, infusée aux fruits… Du coup je l’ai en version chaude et en version froide, un peu comme du thé glacé - enfin, sans thé, juste une tisane glacée. J’ai pas osé mettre trop de sucre, mais j’ai pris de quoi sucrer pour ajuster si besoin. J’espère que ça te va, je suis partie sur des gâteaux très occidentaux du coup, enfin c’est ce avec quoi je suis la plus à l’aise, ça me prend moins de temps que quand j’essaye de faire des mochis - j’ai encore du mal à travailler avec le riz gluant. Et puis j'aime beaucoup la pâte de haricots rouge, mais le chocolat reste quand même mon amour de toujours.

Elle sembla se rendre soudainement compte qu’elle ensevelissait son amie sous un flot de paroles - mais pas forcément sous un flot de gâteaux - sans vraiment lui laisser le temps de s’exprimer ; Alors elle la regarda avec un sourire joueur, calmant le rythme tandis qu’elle sortait des petites assiettes blanches et des couverts.

— Pardon, je déblatère beaucoup ! Ça te semble bien ?

Maintenant l’endroit parfait trouvé, il ne manque plus qu’à installer la couverture entre les deux arbres. Maya accepte l’aide proposée et Lolly s’installe à ses côtés une fois que tout est confortablement installé. Elle est contente de sa petite trouvaille, il fait beau, la vue est chouette, tout est impeccable pour une après-midi pique-nique entre copines. Lolly adore la compagnie de Maya, alors ça ne peut que bien aller, ou presque.

Seulement, Lolly semble perdre son engouement le temps d’un tout petit instant à la vue de tous les gâteaux que Maya sort de sa panière. Il y en a beaucoup, même trop pour croire que tout a réussi à tenir dans la panière. Maya ne s’arrête pas de parler, ce qui redonne rapidement le sourire à Lolly. Elle est adorable et Lolly ne peut pas s’empêcher d’être attendrie à l’idée qu’elle a essayé de penser à tout pour convenir à toutes les situations. Malgré tout, Lolly reste qui elle est et ne peut s’empêcher de taquiner un peu.

« Tu sais, il te suffisait de m’envoyer un message pour me demander ce que je préfère ! Mais c’est trop mignon, on va pouvoir pique-niquer un moment avec tout ça… »

Pour être honnête, Lolly n’avait pas vraiment de préférence, elle qui mange si peu. Heureusement pour elle, le sucré est ce qu’elle préfère malgré tout, alors elle est toujours bien contente d’avoir Maya comme amie et même si elle a un appétit de moineau, elle ne pourra pas s’empêcher de goûter à tout, pour faire plaisir.

« Ça me semble parfait Maya ! J’ai hâte de goûter tout ça, t’inquiète pas la nourriture occidentale me va très bien, je suis née en Angleterre après tout donc tu peux imaginer ce que j’ai déjà pu goûter… » Une petite pique contre la cuisine anglaise ne fait jamais de mal. « Je veux bien goûter la tisane glacée du coup ! Il fait bon alors c’est approprié je pense… Et hmmm… Commençons par le gâteau au citron, je te dirai si la recette est validée ou non ! »

Elle la regarde faire, admire encore la tonne de gâteaux qu’elles auront à déguster et Lolly a déjà mal au ventre à l’idée de manger tout ça, mais elle n’en dit rien et continue de sourire toujours, la compagnie de Maya est suffisante pour savoir qu’elle pourra profiter amplement de l’après-midi.

« J’espère que ça t’a pas pris trop de temps à cuisiner tout ça… Je sais que tu aimes ça mais quand même ! Il faut profiter d’autres petits plaisirs, comment tu vas dernièrement ? Est-ce que tu as des petites nouvelles à me donner ? »

Qui dit journée entre copines, dit petits ragots à se raconter. Lolly adore écouter Maya, elle est si adorable et elle l’aime la voir se rapprocher d’elle, avoir l’impression qu’elles deviennent toujours un peu plus amies. Lolly désire toujours plus de compagnie, elle aime savoir sur qui elle peut compter tout comme elle aime savoir qu’elle compte pour les gens aussi.

Maya savait fort bien qu’elle avait outrepassé les quantités attendues pour ce pique-nique, d’autant que Lolly était plutôt du genre à picorer ; Aussi, quand son amie le lui en fit la remarque, Maya ne put que rougir de gêne et bafouiller une réponse inintelligible. Certes, elle avait perdu son dernier téléphone depuis belle lurette, mais ce n’était même pas une excuse pour ne pas lui avoir directement demandé ses préférences ; Elles n’habitaient pas si loin et pouvaient facilement se croiser.

En réalité, Maya se doutait bien que son amie aurait pu s’agacer de la voir faire beaucoup trop - mais c’était Maya, souvent dans l’excès quand il s’agissait de vouloir faire plaisir.

— Tu vas pouvoir en emporter, comme ça tu penseras à moi en les mangeant, dit Maya avec un grand sourire ravi, un peu embêtée encore de sa bêtise, mais prête à l’assumer. Et au pire ça en fera pour tes colocs !

Elle attrapa deux gobelets en plastique réutilisables dans le panier et versa de la tisane glacée dedans, puis tendit à Lolly l'un des verres avec son liquide d’une jolie couleur rose.

— Ça m’a pris un peu de temps mais, en réalité, ça me permet de m’entraîner pour quand j’aurais mon salon de thé… J’aimerais avoir de la diversité en matière de pâtisseries, renouveler assez régulièrement, tout en ne passant qu’un temps raisonnable à cuisiner. Du coup, en ce moment, je me chronomètre quand je pâtisse, ou je me mets des challenges pour faire un maximum en peu de temps.

Maya attrapa un couteau, sortit une petite assiette en carton de la panière et des couverts, puis découpa une fine tranche du gâteau au citron et la tendit à Lolly. Une petite tranche pour son appétit d’oiseau.

Elle hésita sur son propre choix de gâteau, puis sortit une deuxième assiette et se coupa elle-même un morceau de gâteau au citron, plus épais, avant de mordre dedans avec plaisir et lever les yeux vers son amie pour lui répondre enfin.

— Je vais bien, et mon projet avance ! J’ai commencé les recherches de boutique pour mon fameux salon de thé… Et Olympe m’a accompagnée l’autre jour pour faire des visites. Je suis contente que ça commence à se concrétiser, même si ça me stresse quand même beaucoup.

Elle mordit à nouveau dans son morceau de gâteau, puis mâcha en le regardant pensivement, réfléchissant à la recette qu’elle avait utilisé cette fois. Elle regarda si Lolly avait goûté, pour lui demander ce qu’elle en pensait si c'était le cas. Puis elle s'enquit des nouvelles et ragots que pouvait aussi lui confier son amie.

— Et toi, alors ? Raconte-moi tout ! S'exclama-t-elle avec un grand sourire - une fois sa bouchée avalée, quand même, histoire de montrer ses belles dents sans miettes à son amie.

Lolly adore voir les joues de Maya se teinter de rouge et observer son embarras à chaque fois qu’elle la taquine un peu trop. Elle ne s’en lassera jamais et profitera de la moindre occasion pour l’embêter, encore et encore. Elle est trop mignonne, dans le moindre détail Maya savait faire la différence et Lolly ne peut qu’être ravie de la connaître et de la considérer comme une chère amie dans son cœur. Elle était aussi pleine de surprises et malgré tout, elle savait comment répondre aux petites taquineries de Lolly.

« Oh, vraiment Maya ? Tu veux que je pense à toi même quand on ne se voit pas ? Tu es trop mignonne, mais évidemment que je pense à toi, je pourrais emporter quelques restes alors si tu le souhaites. »

Au fond, elle sait que Maya faisait pour seulement faire plaisir aux autres, elle a sa propre extravagance qui plait à Lolly, qui la pousse à toujours en faire plus aussi. Elle la regarde servir la tisane glacée d’une jolie couleur qui était en accord avec l’occasion, similaire aux fleurs de cerisier. Puis elle boit d’abord ses paroles, Lolly aime tant l’écouter parler de sa passion, quelque chose qu’elle même ne connait pas encore. Peut-être un jour se dit-elle comme toujours, mais ce jour n’est pas encore arrivé.

« J’ai vraiment hâte de voir ton salon de thé quand il sera ouvert, je ne dis pas ça pour te mettre la pression évidemment… N’angoisse pas trop ! Tu es déjà parfaite à mes yeux, je sais que tu en seras capable. »

Aussi tranchante que douce, Lolly voulait voir Maya accomplir de grandes choses, elle croyait dur comme fer en son amie et elle avait hâte de voir ses accomplissements. Après tout, il est si facile de croire en autrui plutôt qu’en soi-même, puis quelque part, cela l’inspirait aussi. Cela lui donne envie de trouver quelque chose d’aussi palpitant pour elle, mais pour le moment, elle voulait la soutenir et serait prête à tout pour pouvoir l’aider. Pour le moment, elle pouvait goûter ses petits plats et ses boissons concoctées de ses petites mains. Elle boit une première gorgée de la tisane sans hésiter et hausse des sourcils de surprise :

« C’est super bon ! Et tu te doutes que je trouve la couleur si jolie, c’est réussi tu peux être fière de toi. »

Elle ne peut s’empêcher de goûter aussi le gâteau, touchée par le fait qu’elle lui a coupé une fine tranche pour convenir à son petit appétit. Evidemment que Maya savait, mais c’était aussi quelque chose qu’elle ne le lui reprochait jamais malgré tout et Lolly ne pouvait qu’en être reconnaissante. Puis elle lui demande des nouvelles, tout en continuant de déguster sa première part de gâteau.

« Je suis contente pour toi aussi alors ! J’espère que tu pourras trouver un endroit sympa où tu te sens bien, prends ton temps quand même pour ne pas trop stresser, sinon il va falloir que je vienne moi même pour te menacer de te reposer… » dit-elle en rigolant.

Elle acquiesce avec sourire pour confirmer que le gâteau au citron était tout aussi bon, Maya avait vraiment un don pour la cuisine et même pour Lolly qui n’aime pas manger, elle ne peut s’empêcher de prendre plaisir à croquer dans le moelleux de ces gâteaux. Seulement, le plaisir est vite coupé court quand Maya lui renvoie la balle et demande de ses nouvelles à son tour. Evidemment, elle aurait dû s’en douter. Puis, c’est son amie elle avait bien le droit de savoir malgré le fait que Lolly était si secrète à son propos.

« Oh moi tu sais… J’ai moins de choses à raconter que toi ! Je vis au jour le jour surtout… Je travaille toujours à la boutique de fleurs tu sais, ça me fait une petite routine mais à part ça, rien de bien palpitant à raconter je t’assure ! »

Quelque part, elle sait qu’elle se dénigre un peu ouvertement, et elle n’aime pas se présenter comme ça. Elle n’a pas envie de faire pitié, elle ne veut pas peiner Maya alors elle sourit pour ne pas l’inquiéter. Sa vie lui convient ainsi, pour le moment.

« Faudrait peut-être que je me trouve quelque chose de plus à faire… Mais aucune idée de ce que ça pourrait être ! Dis, si tu auras besoin de quelqu’un pour servir dans ton salon de thé tu penseras à moi n’est-ce pas ? »

Dans la douce brise qui emportait les tendres pétales roses, les deux chimères assises sur la couverture tapissant l’herbe printanière bavardaient joyeusement. Les joues de Maya rosissaient aux compliments de Lolly. Sa gentillesse la touchait en plein coeur et lui donnait envie de se surpasser. Ce soutien lui donnait des ailes ; Elle savait qu’elle pouvait avancer dans son projet les yeux fermés, ses amies seraient toujours là pour elle.

– J’essaye de ne pas presser les choses, acquiesça-t-elle avec un sourire en réponse à Lolly. Je veux trouver l’endroit idéal, que tout soit parfait… Alors ça risque de me prendre encore un bout de temps !

Et après tout, maintenant que la vie les avaient déjà quittées, elles en avaient, du temps. Et Maya était bien décidée à faire de son mieux - elle savait qu’elle devrait toutefois lâcher du lest sur son besoin de performance pour réussir à lancer son business, sous peine de voir défiler les années sans oser.

L’oreille attentive de Maya écouta Lolly lui raconter son quotidien avec un air que la chimère vachette n’était pas sûre de bien interpréter. Le ton de son amie lui paraissait légèrement peiné mais son sourire contredisait cette impression. Elle fronça légèrement les sourcils, ne sachant trop si elle devait s’inquiéter ou non. Il était probable que Lolly ne souhaitait pas en parler, à vrai dire. Maya ne souhaitait pas la forcer à se confier si elle n’en avait pas envie ; Elle espérait que son amie savait toutefois qu’elle serait toujours là pour elle.

– Bien sûr que je penserais à toi, je viendrais te demander un coup de patte si j’ai besoin !

Un sourire qui se voulait réconfortant envers son amie s’épanouit sur le visage de Maya.

– L’avantage, c’est que tu as tout le temps que tu veux pour essayer plein de choses et te trouver une passion si tu le souhaite. Ou même juste chiller, en fait. En réalité, profiter de l’instant présent et vivre au jour le jour, c’est une belle philosophie de vie.

Elle espérait pouvoir remonter le moral de son amie. Sirotant sa tisane glacée, elle hésita un moment, avant d’ajouter avec une petite voix en croisant le regard de Lolly :

– En tout cas, si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas. Sache que je serais toujours là pour toi. Comme tu l’es pour moi.

Embarrassée de son aveu, elle laissa à peine le temps à Lolly de réagir et se jeta sur un petit muffin à la myrtille. Elle tendit la sucrerie devant le nez de son amie pour la lui montrer, commentant inutilement sa forme bizarroïde et sa moellosité avant de le croquer, cachant son embarras dans un mâchonnement énergique de pâtisserie.

Lolly se perd un peu dans ses pensées, même si ce n’est vraiment pas le moment pour. Comme toujours, elle finit par douter d’elle-même au fond, même si elle n’en montre rien en réalité. Lolly, elle en fait toujours trop, toujours plus jusqu’à un peu se perdre malgré elle. Elle montre des parties d’elle faussées, des choses qu’elle aimerait bien croire en réalité, mais Lolly ne fait que mentir aux autres, se mentir à elle même par la même occasion. Seulement avec Maya, elle s’ouvre un peu plus, elle avoue ses failles, les faiblesses qu’elle peut avoir. Elle sait que Maya peut comprendre, elle lui montre aussi que tout le monde peut avoir ses insécurités aussi, que les doutes sont quelque chose d’humain.

C’est ce qu’elle essaie de sous-entendre à Maya, mais en réalité c’était aussi pour se convaincre elle-même qu’elle n’était pas toute seule à ressentir tout ça, qu’elle avait le droit de se confier à quelqu’un aussi, à demi mesure. Lolly reste secrète, elle balaie toujours ses inquiétudes trop vite, elle ne veut pas y penser. Comme elle vient de dire, elle vit au jour le jour maintenant, elle n’a plus besoin de s’inquiéter, ou presque. Malgré tout, les mots de Maya la réconfortent, la touchent aussi. Son sourire devient un peu plus sincère, plus attendri aussi.

Puis leurs regards se croisent un peu par hasard, un peu volontairement aussi avec les derniers mots timides que son amie lance avant de changer rapidement de sujet. Lolly n’a pas le temps de réagir. Elle ouvre juste la bouche, prête à répondre quelque chose, mais les mots se perdent  finalement, la sensation du cœur qui se réchauffe les remplace. Alors Lolly ne dit rien, mais garde bien les paroles en tête pour ne jamais les oublier. À la place, elle doit regarder un muffin à la myrtille avec une forme apparemment bizarroïde qui ne fait pas long feu, car Maya croque déjà dedans et une moue boudeuse déforme les lèvres de Lolly.

« Hmm… Il était mignon à sa façon ce petit muffin, ça donnerait envie de le croquer. » Tout comme l’embarras de Maya était aussi à croquer. « Mais tu te rends compte à quel point tu te montres cruelle avec moi ? Tu me tends un muffin pour finalement le manger devant moi ! Je veux goûter aussi, passe moi en un. »

Elle se penche un peu vers Maya, puis tend sa main pour avoir le droit à un autre muffin aussi. Elle avait à peine fini sa part de gâteau, mais rien n’était de trop pour les beaux yeux de son amie après tout. Maintenant plus proche de Maya, elle se permet de murmurer, rien que pour elle, quelques remerciements :

« Merci en tout cas… Je suis contente de savoir que je peux compter sur toi. »