Shop scowting ft. Olympe

Maya plissa les yeux devant l’éblouissant soleil qui dardait ses rayons dans un ciel d’azur. Une belle journée de printemps s’annonçait. Une journée parfaite pour déambuler dans Tokyo et trouver la pépite qui lui permettrait de faire de son rêve une réalité.

La jeune femme était partagée entre enthousiasme et angoisse. Enthousiasme à l’idée de s’approcher encore plus près de son rêve et de voir des nouveaux lieux où se projeter. Angoisse à l’idée de la journée pleine de foule et de possibles déceptions qui s’annonçait. Est-ce qu’elle allait trouver son bonheur aujourd’hui ? Elle savait qu'elle pourrait toujours continuer ses recherches si cette journée ne s'avérait pas décisive, qu'appréhender des éventualités ne menait à rien et qu'il valait mieux se concentrer sur l'instant présent. Mais c'était souvent plus facile à dire qu'à faire. Et si elle loupait LE parfait local ? Et si elle choisissait une boutique plein de défauts et vices cachés ? Et si on lui refusait la location ? Et si, et si... Et si elle commençait déjà par arrêter de regarder le ciel en pensant au pire ?

Inspirant profondément les odeurs florales qui se propageaient dans l’air, Maya se mit en route. Ses yeux s’attardaient sur les bourgeons qui s’affirmaient au bout des branches encore nues, sur les fleurs qui offraient leurs premiers pétales au soleil printanier. Bientôt, elles seraient légion. A certains endroits, les cerisiers fêtaient déjà le hanami avec toute la déférence qui se devait de leur part, dans un défilé coloré de nuances de rose. Cet air de printemps l'emplissait d'allégresse et chassait ses craintes.

De son côté, avec son sac à dos ocre dont ses mains tenaient les anses tandis qu’elle marchait, ses baskets beige, son ample jean bleu clair et son trench-coat marron fermé sur une douillette écharpe jaune moutarde, elle ne semblait pas encore sortie de l’hiver. Il faut dire qu’elle se méfiait du temps en cette période, tantôt clément et doux, tantôt froid et vif. La rigueur de l’hiver n’était pas encore qu’un lointain souvenir, à ses yeux. Elle aimait l’hiver, mais elle était contente de le voir doucement s’achever pour laisser place au printemps, période de renouveau et d’éclosion, période de projets et d’aventure, période de dynamisme et de motivation. La période parfaite pour lancer un projet, en somme.

Et c’est avec cette énergie qu’elle affrontait ce début de journée. Le sourire aux lèvres, évitant consciencieusement les grands axes, elle se dirigeait vers le point de rendez-vous, la minuscule place où elle devait retrouver son amie qui allait l’épauler durant cette journée de visites. Maya comptait bien sur Olympe et ses précieux conseils pour trouver le local parfait où concrétiser son projet. Avec ses compétences en bricolage, elle verrait assurément les petits défauts que l’oeil inexpérimenté de Maya ne devinerait même pas.

Maya était ravie d’être accompagnée par son amie pour cette journée qui s’annonçait trépidente - mais quand même légèrement inquiétante, aussi. Arrivée sur la place, elle consulta sa montre et chercha Olympe du regard. Maya n’ayant pas de téléphone, elles s’étaient accordées auparavant pour se retrouver ici. Elle devrait l'apercevoir rapidement si elle était déjà arrivée ; Ses yeux lanternes la guiderait à elle comme le phare dans l'osbscurité.

Tout en la cherchant du regard, elle défit son sac à dos et l’ouvrit pour en sortir un calepin avec les adresses et horaires de visites, un stylo et un plan de Tokyo un peu froissé.

Ça n'était pas particulièrement rare, mais Olympe était en encore une énième fois en retard pour un rendez-vous. Blamez son perfectionnisme et son sens du travail accompli, ou une complication imprévisible, mais elle avait débauché un bon quart d'heure plus tard qu'elle n'avait prévu, et ça n'était pourtant pas faute de s'être levée tôt en prévision.

Elle se hâtait tant que le permettaient ses appendices, ayant passé à la trappe l'idée de se changer rapidement. Pour sûr, elle faisait tâche, son pantalon de travail en blouse verte encore tâché de paillettes blanches et sa chemise blanche devenue franchement grise. Qu'importe, ça lui donnait au moins un air sérieux et connaisseur. Bon, la crasse tenace sur ses avant-bras donnait aussi l'impression qu'elle était étrangère à tout concept de douche ou de bain, mais elle aurait détesté se mettre plus en retard encore.

L'attendue jetait un derneir regard inquiet à sa montre, priant presque que sa comparse n'aie pas décidé de rentrer chez elle, déçue. Par chance, elle la repérait, et franchissait les derniers mètres les séparant, rougie et exténuée par l'effort. Peut-être que prendre le temps de poser sa caisse à outil à son appartement en passant l'aurait allégée, mais on sait ce que le stress fait contre les idées coéhrentes et sensées.

Le temps qu'elle reprenne son souffle, elle parvenait à peine à formuler une salutation et des excuses, certains mots dans le mauvais ordre. Bon ça suffirait, en théorie, au moins l'idée derrière les mots se convoyait facilement.

"Sinon, ça va, toi? On est pas en retard sur les visites, j'espère?"

Demendait-elle, encore à bout de souffle et visiblement incapable de courir dix mètres de plus sans s'effondrer. S'inquiéter de la santé des autres aux portes de l'évanouissmenet fait partie de ces comportements bienveillants qui terrorisent plus qu'ils ne rassurent, généralement.

Le temps passait, et Maya s’inquiétait de ne pas voir arriver son amie. Olympe avait-elle oublié ? Il ne lui était rien arrivé, au moins ? La jeune chimère commençait à s’inquiéter outre mesure, son cerveau s'emballant sur des scénarios carastrophes plutôt que de se dire qu'Olympe avait peut-être, simplement, du retard. C’était tout à fait le genre de situation qui l'amenait à regretter de ne pas avoir un smartphone ou un quelconque autre outil de communication. Elle attendit, impatiemment, rongeant ses ongles, son inquiétude grandissant au fur et à mesure.

Pour exploser en soulagement comme un ballon de baudruche quand elle aperçut son amie arriver - encombrée d’une grosse caisse à outils et les vêtements témoignant de l’activité manuelle dans laquelle elle se trouvait visiblement avant de partir. Et très, très essouflée.

Maya se porta à sa rencontre avec un grand sourire, soulagée, repoussant ses excuses décousues d’une main.

- Non non, t’inquiète, c’est parfait ! Respire, on a le temps !

Laissant à son amie le temps de reprendre son souffle, elle consulta pensivement ses notes. La première visite lui semblait compromise ; Elles n’y arriveraient pas à l’heure, et Maya n’avait aucune envie de faire courir son amie, ni de lui imposer une cadence difficile à suivre avec ses tentacules. Elle la trouvait déjà impressionnante de se déplacer comme elle le faisait.

Maya ratura avec son crayon la première ligne de son carnet puis reporta son attention sur une Olympe encore essouflée.

- On va directement aller à la deuxième visite. Regarde, tout est dans le secteur ! Ce fut compliqué mais j'ai prévu les visites de sorte à ce qu'on puisse tout faire à pied. Enfin, si ça ne te dérange pas de marcher un peu. Normalement on a le temps de, eh bien... prendre notre temps.

Maya tendit sa carte à Olympe, lui montrant un endroit entouré au stylo turquoise et correspondant à ladite deuxième visite, tout en lisant l'adresse exacte qu'elle avait noté sur son carnet. Elle releva la tête pour voir si son amie semblait récupérer de sa course impromptue, mais ses yeux s'arrêtèrent sur la lourde mallette qu'elle tenait.

- A mon avis, commença-t-elle en pointant la caisse à outils du doigt avec une moue gênée, même si je trouve un local qui me plaît et qui nécessite des travaux, je ne pense pas qu’on les commencera aujourd’hui…

Sans lui laisser le temps de répondre, elle ajouta précipitamment, compatissante envers son amie qui s'était déjà pressée pour la rejoindre et souhaitant lui épargner de porter le poids de la caisse à outil - dont elle s’était encombrée très sûrement pleine de bonnes intentions :

- Mais c’est très gentil d’y avoir pensé ! Veux-tu que je la prenne un peu pour t’épargner de la porter tout le trajet ?

Elle tendit la main, tout sourire. A vrai dire, maintenant qu’elle y pensait, Maya elle-même n’avait même pas prévu d’outil de mesure ou quoique ce soit qui pourrait leur être utile en ce sens. Heureusement qu’Olympe avait mieux anticipé ce coup-ci, ça pouvait toujours être utile, des outils.

Quelque part, Olympe s'en voulait un peu d'avoir fait capoter la première visite, mais ne pouvait qu'être rassurée que les deux chimères n'auraient pas à courir dans tous les sens. Une sorte de râle mélé à un soupir de soulagmeent lui échappait, et déjà elle reprenait du poil de la bête. Elle consultait bien sûr distraitement la carte, mais comptait bien se faire guider, devinant déjà qu'elle serait à la traîne. Enfin, elle pourraient prendre leur temps parait-il, alors peut-être qu'elle ne serait pas laissée derrière.

"Ne t'en fais pas pour moi, je peux encore courir un marathon."

C'était autant une blague qu'un mensonge, et tout ce qui lui venait comme réponse pour le moment. Bon, ça suffisait aussi à faire comprendre qu'elle était encore en état de se déplacer seule.

Quand venait le sujet de la caisse à outil cependant, forcé de constater que la grecque demeurait aussi gênée que sa compère. Avec une once de culpabilité dans la voix et une mine franchement mal à l'aise, elle confessait, à contrecoeur.

"Je veux bien que tu m'aides à la porter, oui..."

Non pas que la malette soit particulièrement lourde, mais un poids supplémentaire suffisait à faire une franche différence dans l'endurance d'Olympe. Par ailleurs la raison de sa présence même restait un mystère, aussi la bricoleuse n'avait pas à assumer qu'elle l'avait simplement emportée par accident. Quelque part, ça l'arrangeait. Elle confiait à Maya son matériel volontiers, regrettant quand même de lui infliger de devoir le porter.

Reprenant de vue leurs objectifs de la journée, elle se concentrait enfin.

"Allez, tant qu'on peut prendre le temps, n'en perdons pas. Je te suis, enfin sauf si tu veux que je prenne la carte. J'ai toujours su m'orienter."

Quitte à se partager les charges, une carte en papier de six grammes cinquante lui seyait parfaitement.

Un sourire gagna les lèvres de Maya tandis qu’elle attrapa la caisse à outils. Elle se tourna avec dynamisme vers la rue à emprunter pour les mener à leur destination. Direction : la deuxième visite. Enfin, la visite n°1 de la visite n°2. Ou plutôt, la première visite de la journée, mais la deuxième prévue. Enfin bref, le début des visites, quoi.

Sa main tenant la carte se leva vers son visage afin de rappeler à ses yeux incertains le trajet à prendre ; Malheureusement, sa main gauche étant à présent occupée par la malette, le carnet et le stylo encombraient sa main droite et cachaient la carte. Maladroitement, elle essaya de refaire passer la carte devant avec ses doigts peu agiles, mais ses affaires chutèrent sur le bitume. Elle posa son pied par réflexe sur la carte pour ne pas qu'un coup de vent l'envoie valser - et complique bien davantage le début de journée.

- Oups ! Euh, je veux bien que tu prennes la carte, si ça ne t’embête pas !

Avcec une grimace, elle ramassa et secoua la carte, puis tendit le papier imprimé marqué de ses notes à Olympe, avant de ramasser carnet et stylo échoués par terre.

- Normalement c’est par là-bas, hein ? Demanda-t-elle en montrant la rue concernée. J’ai essayé de nous faire passer par des petites rues. Je me suis dit que ce serait plus sympa. Vu que je n’aime pas trop les grands axes, ajouta-t-elle avec un petit rire gêné.

Tout en parlant, elle se dirigea vers la rue concernée, enthousiaste. C'est parti, les visites allaient enfin commencer ! C'était sans compter son sens de l'orientation un peu défaillant qui, à sa méconnaissance, lui fit défaut... Parce qu'en s'engageant dans la ruelle, les deux jeunes filles n'allaient que s'éloigner du trajet prévu par le brainstorming de Maya et dessiné sur la carte. Mais Olympe s'en rendrait-elle compte, alors que Maya avait l'air plutôt sûre d'elle et lançait la discussion sur un autre sujet ?

- Bon, je suis trop contente mais un peu stressée quand même ! Merci à toi de m'accompagner, cela me fait très plaisir ! Ah, j'ai oublié de te demander comment ça allait, au fait ?

Naturellement, Olympe s'était ruée pour tenter d'aider Maya, non pas tant à récupérer les affaire qu'à se relever. Quelque part, s'agenouiller ne lui était plus permis, dans un sens très terre-à-terre du mot. Bon, plus de peur que de mal, l'aventure reprenait, la grecque consultait enfin la carte.

L'aventure reprenait mais dans le mauvais sens. Le constat était implacable, elle l'avait pressenti et un plan de la ville suffisait à le confirmer. Blâmez sa bieveillance légendaire, elle n'avait même pas le courage de la retenir ou de la reprendre. Non, elle suivait, comprenant les préférences de Maya en terme de fréquentation d'allée. C'est qu'elle devait rattraper le coup, hein, et discrètement.

Presque sans y prêter attention, son esprit paniqué carburant à plein régime, ses yeux fièvreux jonglant entre la carte et les ruelles, elle répondait mécaniquement.

"C'est vrai, on était tellement pressée qu'on en a oublié les bonnes manières! Moi ça va, ça va, je survis, et toi?"

Soudain, une épiphanie, un nom quelconque se croisant entre la réalité et la carte. Quelques connections neuronales se faisaient dans son esprit, une trajectoire se traçait dans quelque sorte de projection mentale complexe de l'univers (la ville). Elle savait quoi faire.

"Oh, attends! Je connais bien cette allée, on passera devant des bijouteries, et ça ne nous rallonge pas vraiment le trajet. Est-ce qu'on fairait pas un peu de repérage, en marchant? Je cherche toujours des cadeaux à offrir."

Voilà, son plan simple et simplissime. Rectifier le tir en inversant progressivement la direction du convoi, trouvant toujours une excuse pour suivre un chemin plutôt qu'un autre. Restait à espérer qu'elles auraient le temps de se permettre ces détours, ou que son amie accepte de se prêter au jeu.

Entendant la réponse d’Olympe à sa question sur son bien-être du moment, Maya s’étonna - enfin, elle se demandait surtout si son amie avait voulu faire un jeu de mot en disant “je survis”. Rapport à la mort dans laquelle elles baignaient toutes les deux, et même tout le monde autour, en fait.

Alors qu’elle allait lui répondre, les yeux d’Ollie s’illuminèrent - enfin, ils s'éclairèrent - ou plutôt, une lueur brilla dans son regard - oui, bon d'accord, ses yeux sont des lanternes,  disons juste que son visage s'anima en une expression équivoque - et elle proposa son détour à Maya, qui l’écouta d’une oreille attentive. Elles devaient avoir le temps de faire quelques détours, surtout vu qu’elles allaient directement à la deuxième visite. En tout cas, Maya n’avait aucune envie de refuser du lèche-vitrine à son amie. Il lui faudrait juste surveiller la montre du coin de l’oeil, mais après tout, elles pouvaient se permettre de profiter et observer les vitrines en passant.

Hochant la tête, Maya approuva :

- Oui, bonne idée !

Le plan d’Olympe, qui était de ramener le duo sur le bon chemin, ne fit pas émerger la moindre suspicion chez Maya, qui se contenta de suivre son amie, surveillant sa montre du coin de l’oeil sans oser presser Ollie.

Il advint tout de même un moment où Maya se mit soudainement à paniquer, ne reconnaissant plus le chemin qu’elle avait prévu et voyant l’heure tourner. La situation fut plutôt comique : la jeune chimère vachette était en train de regarder une vitrine avec intérêt, commentant joyeusement une boutique de macramé qu’elle n’avait jamais vue, avant de s’exclamer avec frayeur : “Mais - mais en fait je ne connais pas cette rue !? Mais - mais on est où sur la carte ?” Elle consulta sa montre et reprit aussitôt, sans laisser le temps à Olympe de lui répondre : ”Il nous reste dix minutes seulement avant le début de la visite, comment on fait ? Ollie, on est où sur la carte ?” Ce fut un drame, pour elle qui connaissait moultes ruelles parce qu’elle évitait les artères principales et peuplées… Heureusement, elles n’étaient qu’à deux rues de leur destination. Mais à cet instant, pour Maya qui ne le savait point, c’était la panique ; Et elle regardait Ollie avec de grands yeux écarquillés - avant de battre des paupières et se les frotter après avoir croisé le regard ultra-lumineux de sa comparse -, se voyant déjà louper la deuxième visite de la journée - journée dont le début commençait à prendre une tournure de mauvaise augure à ses yeux, déchaînant ses craintes irrationnelles devant une situation qu’elle croyait échapper à son contrôle.

Bon, le plan se déroulait sans accroc, Olympe pouvait souffler, et feignait l'interêt assez maladroitement pour milles et un bibelots exposés en vitrine. Son esprit était occupé à machiner des plans et complots pour ramener l'infortuné cortège sur le droit chemin. Et pour ça comme pour le reste, elle faisait un travail admirable.

Enfin, tout se passait comme sur des roulettes jusqu'à l'épiphanie soudaine de sa paniquée comparse. Bon, la grecque avait eu le temps de s'y préparer, et elle prenait même le temps de trouver un peu mignon l'agitement soudain de sa copine chimère. Une image valant bien plus que milles mots, elle pointait leur localisation approximative sur la carte. Puis, elle feignait n'avoir commis aucune manipulation honteuse pour arriver à ses fins, et disait calmement.

"On est là, je crois, j'ai surveillé les noms des rues."

Effectivement, il leur restait bien vingt mètres à franchir pour atteindre le lieu de visite. Bon, quand bien même notre héroïne marchait à son rythme, mais deux mètres par minute semblait quand même une vitesse raisonnable qu'elle pouvait atteindre.

Pour dissiper toute folie et anxiété, elle prenait le temps de se donner un ton rassurant, pas même condescendant, simplement bienveillant et chaleureux. Elle pointait du doigt une bâtisse, perdue parmi les autres, au loin.

"La visite, c'est là-bas."

Son petit manège ayant quand même apparemment secoué la pauvre chimère, et ses tentacules commençant un peu à la tirer, elle lui proposait innocemment, mais de manière certes interessée.

"On a même le temps de se poser un instant et prendre un thé en vitesse juste devant, on pourra se recentrer sur nos objectifs du jour."

Le terme s'asseoir n'avait pas été prononcé, mais c'est bien le seul qui lui occupait l'esprit, en réalité. À gambader comme des chatons fous à une heure du matin, on s'épuise vite. Et puis une boisson chaude n'est jamais vraiment désagréable, importaient peu l'heure et le lieu.

Olympe désamorça avec rapidité la bombe de panique qu’était devenue Maya. Un soulagement profond envahit cette dernière, qui sourit de toutes ses dents en remerciant et félicitant sa compère qui les avait menées avec brio non loin de l’endroit attendu.

- Aaah, qu’aurais-je fait sans toi ? Je m’étais complètement perdue dans les vitrines, admit-elle avec un sourire gêné. Je suis navrée d’avoir paniqué comme ça !

Elle réfléchit un court instant à la proposition d’Olympe - pourquoi ne pas en profiter pour aller se désaltérer devant une tasse de thé, après tout ? Et puis, Maya devait l’admettre, s’asseoir un peu et poser quelques minutes la caisse à outils ne serait pas de refus. L’objet lourd pesait dans ses mains et elle serait ravie de s’en décharger quelques minutes avant de reprendre les visites. A ce train-là, des cloques auront couvert ses mains d’ici la fin de journée - mais Maya n’avait pas l’intention de s’en plaindre à son amie, au contraire. Elle était ravie de porter la caisse à sa place.

- Allez, va pour un thé ! En surveillant l’heure, bien sûr.

Maya observa les alentours et avisa une devanture, un peu plus loin, dont le panneau perpendiculaire affichait une tasse - motif approprié pour un café, un salon de thé ou un lieu de restauration, en tout cas. Maya pointa l’endroit concerné du doigt, avant de s’adresser à Olympe.

- On peut aller voir là-bas ? Elle marqua une pause et réfléchit quelques instants, mordillant sa lèvre pensivement. Ça nous permettra de voir un peu la concurrence, en plus.

Elle avait prononcé cette dernière phrase d’un ton léger, mais une petite vague d’inquiétude la submergea. A vrai dire, elle n’avait guère songé à ce point préalablement à cet instant, mais devait toutefois l’admettre : s’enquérir des alentours faisait partie de la visite, et commençait donc dès maintenant. Ou avait déjà commencé, d’ailleurs ; Maya pouvait d’ores et déjà dire que le lieu était passant, avec ses multiples boutiques aux alentours, mais pas trop bondé non plus. Un bon point. Maintenant, pour la question de la concurrence… La jeune chimère n’avait pas particulièrement envie de se comparer ou de définir son projet en fonction de potentiels concurrents. Elle relégua donc cette idée dans un coin de sa tête et haussa les épaules, décidant de ne pas s’en préoccuper pour l’instant et de se concentrer sur la belle journée qu’elle passait. Sa priorité pour l’instant étant quelques minutes de repos avec une boisson chaude sans la caisse à outils dans les mains, pour discuter avec Ollie de la journée et refaire le point sur les objectifs et choses importantes pour la visite qui s’annonçait.