(évolution & solo) downhill into a lullaby

C’était la potion de trop.

Lolly aurait dû s’en douter, que ça finirait par arriver, par lui tomber dessus.
Comme si elle le méritait.

On l’avait prévenue après tout, à force d’en prendre, à force de vouloir ce qu’elle ne veut pas, de forcer et exagérer des choses qu’elle ne devrait normalement pas avoir.
C’est finalement arrivé.


Après tout, on lui avait déjà essayé de vendre des potions qui soi-disant pouvaient ramener à la vie lors de ses premiers jours ici. Elle riait toujours, elle fuyait toujours cette opportunité. En aucun cas elle n’avait voulu passer de l’autre côté. Finalement, ce n’est pas avec ce genre de potion que le pire est arrivé.

Elle ne se souvient même plus déjà, lorsqu’elle regarde le reflet d’elle même dans son miroir. Elle ne se souvient plus ce qu’elle a bu, ou en tout cas ce que ça devait être, normalement. Parce qu’après tout, en aucun cas elle aurait acheté une potion qui lui ferait ouvrir ses plaies, qui la ferait saigner, encore et encore. Le processus a débuté et il ne s’arrêtera plus jamais.

Comme si elle le méritait, elle a la sensation de pourrir de l’intérieur, comme de l’extérieur. Elle a la sensation de sentir les coups de couteau trancher sa peau, encore et encore. Sa peau qui n’est plus si douce désormais, qui partira bientôt en lambeaux.

Ses cheveux sont encore plus emmêlés que d’habitude, ils ne sont plus si pétants que d’habitude, il lui faudra maintenant une potion pour ça aussi. Ses yeux deviennent blancs, presque translucides, elle prenait déjà des potions pour ça de toute façon. Il lui faudra des potions pour réparer sa peau aussi, des potions pour cacher de nouveau ses attributs animaux qui sont maintenant nécrosés, de quoi attirer les insectes qui se cachent dans les murs de son appartement.

Impossible pour Lolly de sortir dans cet état là, impossible de voir qui que ce soit dans cet état là.

Elle ne veut plus sortir, elle ne voudra plus jamais sortir.
Pourtant il faudra bien, il faudra bien faire semblant, de nouveau.

Elle se dit, que finalement : elle a bel et bien touché le fond cette fois. Elle ne pourra pas connaitre pire. À force de se cacher derrière des faux semblants, elle ne peut même plus se reconnaitre dans le miroir.

Ce n’est pas elle,

Et pourtant, c’est inévitable.

Elle pleure, peut-être un peu trop fort, mais elle ne laissera personne rentrer.
Elle tape dans son miroir, se blesse avec les morceaux de glace qui se brisent, mais elle saigne déjà trop pour se soucier de la douleur lancinante.

Tout fait déjà trop mal.