Lucy croise les jambes sur sa chaise.
Elle attend d'être parfaitement préparée pour oser daigner sortir de cette pièce :
« Votre peau est si lisse ! »Une fierté, cette peau lisse.
Soit-disant lisse.
Malgré tout, elle prend volontier son compliment et sourit pour remercier la maquilleuse :
« Kuro, es-tu bientôt prêt ? »Ses yeux se déplacent lentement vers son compagnon.
Bien sûr, il a moins de préparation, comme il reste sous sa forme originelle.
Malgré tout, il faut quand même mettre du maquillage pour les photos.
L'homme sourit et hoche la tête.
Son sourire s'agrandit à son tour.
Il est bientôt l'heure de montrer leur supériorité.
Accrochée à son bras, Lucy balaye son regard tout autour d'elle.
Les gens sont hideux.
C'est censé être un gala quand même, n'ont-iels aucune honte ?
Elle sourit.
Au moins, ça prouve qu'elle sera la plus belle de la soirée.
Pour preuve, elle peut sentir les regards sur elle.
D'admiration.
De jalousie.
D'envie.
De convoitise.
Ah.
Elle se présente de droite à gauche, toujours le sourire aux lèvres.
C'est ennuyeux.
Pénible.
Les gens puent de la bouche par l'alcool et autres condiments.
Elle se retient de juste grimacer face à leur manque d'hygiène.
Kuro a la gentillesse - et l'obligation - de couper court aux conversations pour aller voir quelqu'un d'autre.
Elle s'est habituée à la puanteur de son compagnon.
C'est devenu simplement familier - et depuis qu'iels sortent ensemble, il fait l'effort de réduire les puanteurs, elle lui donne au moins ça.
Il est au bout d'un moment l'heure pour le clou du spectacle.
Une jeune femme monte les marches jusqu'à l'estrade.
Oh.
C'est quoi cette manière de s'habiller, madame ?
Quelle horreur.
Lucy en est horrifiée.
Et c'est
elle qu'on appelle pour parler ?
Quel gâchis.
Un vomi visuel.
Un fashion faux pas comme dirait une certaine personne.
Malgré tout, Lucy ne dit rien.
Car finalement, les mots de la mal habillée parlent pour elle.
C'est décousu.
Moche.
Inutile.
Comme elle.
Lucy applaudit à la fin du discours.
Elle admire la femme au loin et reprend sa route.
Lucy est toute seule.
Elle pourrait presque taper du pied.
Kuro est parti saluer elle ne sait qui et il n'est jamais revenu.
Quel goujat.
Elle est accostée à son tour plusieurs fois bien sûr mais elle veut retrouver son petit-ami, pas traîner avec des PNJ mal coiffés.
Elle se mord la joue.
Elle va s'asseoir alors, une flûte de champagne à la main.
Ses genoux commencent à un peu tirer avec ses hauts talons.
Elle ne regarde pas forcément où ça la mène mais-
Elle retrouve madame Arlequin :
« Oh ? »Un sourire.
C'est encore pire de plus près :
« Très beau discours. »Si on peut appeler ça un discours.
Elle s'assoit sur le fauteuil à côté.
Que cette femme l'amuse tel un bouffon qui amuse sa reine :
« Pardon, je n'ai pas retenu votre nom... vous êtes ? »La blonde parle instinctivement japonais mais les traits étrangers de son interlocutrice peuvent faire penser qu'elle privilégie peut-être l'anglais dans des discussions plus privées.
Mais qui est-elle pour s'accommoder en réalité ?
Personne.
Elle a envie de ce caprice.
Parler japonais.
Alors, on
doit la suivre.