C’est toujours pareil avec toi.
Tu accumules des situations les plus abrutissantes et stupides qu’il soit, créant une pile -non, carrément une pyramide de problèmes. Tu fais des choix douteux ; là où tu devrais penser à toi tu préfères ignorer tes propres signaux d’alarme. Là où ton corps te dit de t’arrêter tu accélères le pas. La conclusion ? Tu morfles. T’encaisses. Et puis après tu grommèles qu’en ce moment hé,
c’est pas facile. Peut-être que ça serait différent si t’arrêtais de prendre sous ton aile chaque bras cassé et chat abandonné que tu trouves non ? C’est même sûr. Sauf que t’es têtu, t’es têtu et borné quand il s’agit de foncer dans le mur et tu l’es encore plus si ça te permet de fuir en avant en toute discrétion. Toutes ces pensées tournent dans ta tête depuis des jours -des semaines ? Non, même des mois. Et ça va pas en s’arrangeant.
Alors
pourquoi t’en rajoutes une couche, mh ?
Les mains dans les poches, tu fais les cents pas avant de te décider à entrer.
C’était peut-être le cauchemar de trop. L’insomnie qui fait déborder un vase déjà trop plein de tes pires nuits. Et comme à chaque fois tu mets ça sous un tapis vieillot en te disant que
ça va aller, comme la dernière fois. Et la fois d’avant. Mais le monstre a fini par t’attraper la cheville et c’est qu’il sait se défendre ce con. Alors tu dois regarder la réalité en face, ce qui t’arrache une grimace. T’as l’impression d’abdiquer -mais face à quoi ? Bonne question. Peut-être envers toi-même, ou plutôt envers cette promesse que tu t’étais fait. Ne pas chercher à savoir et tant pis si le doute subsiste.
La tête qui passe sous le rideau, te voilà dans un endroit familier. T’observes les rayons, les étagères, le foyer et tout ce qui remplit la boutique, lui donnant un air de pièce qui dégueule d’objets divers et variés. Mais la manière de te mouvoir et d’éviter soigneusement les obstacles sans même les regarder -surtout quand ta tête frôle le lierre, montre que tu squates un peu trop souvent les lieux. Accoudé au comptoir, l’un des rayons de soleil passant à travers la fenêtre termine sa course dans tes cheveux blonds sans épargner au passage tes yeux, alors tu bats des cils avant de te courber et te retrouver à moitié avachis sur le comptoir, les bras croisés. C’est silencieux.
Plus que dans ta tête en tout cas.
Peut-être que t’aurais dû prévenir que tu passais ; avec la boutique ouverte tu t’attendais à le voir traîner dans le coin. M’enfin après réflexion, tu te rappelles que c’est pas
aussi simple. T’as du temps à perdre -pour une fois. C’est bizarre te connaissant. Tu oses plus bouger, de peur de changer d’avis, de peur de repartir en utilisant un pseudo prétexte à la con.
Ça déjà ça te ressemblerait un peu plus. Tu soupires longuement alors que l’odeur de la boutique t’apporte une étrange sensation de réconfort. Tu pourrais presque t’endormir si ta position n’était pas aussi inconfortable pour ton dos. Raclement de gorge, comme pour briser le silence qui commence à te rendre sacrément nerveux.
« Basil ? »Ta voix est un poil hésitante mais suffisamment forte pour être entendue –normalement. Et bien qu’elle semble s’évanouir bien vite dans le silence tu jurais percevoir quelque chose au loin.
Résumé
570 mots
Here we go again
Tantine n'a pas l'air d'aller très bien (étonnant) et le voilà qui squates la boutique en attendant Basil