tw : meurtre, sang
Il n’a pas voulu réagir à la remarque d’Avalon sur son état. Il ne va pas fort, non. Évidemment, qu’il va mal. Il a soif, il a faim. Ça lui fait mal au ventre, à la tête. Il ne pense plus clair et il a beau se frotter le visage la sensation ne fait que s’attacher encore plus, comme un parasite. Il se
sent parasite, un parasite obligé de plonger ses crocs dans le premier futur cadavre qui lui passe entre les mains. Un parasite qui semble grandir puisque sa faim qui semblait enfin s’apaiser ces dernières décennies reprend en puissance. Une personne ne suffit quasiment jamais, mais il sent que deux ne suffiront pas
non plus. Sa respiration n’est pas normale, son regard non plus et il transpire bien plus qu’à l’habitude. Il se frotte encore le visage, les yeux, sa légère barbe le gêne. Il en oublie les mots d’Avalon qui s’efface déjà dans le trou noir que représente ses pensées, il oublie aussi les regards qu’il lui a adressé. Peu importe qu’il lui fasse peur, peu importe qu’il soit mal à l’aise ; il n’arrive pas à penser à tout ça.
« On peut pas jouer à se cacher dans une chambre différente jusqu'à trouver la sortie. »Il fait les cents pas. Ça donne le tournis à Wynn alors il ne le regarde plus et préfère enfouir sa tête dans ses bras croisés, se recroquevillant sur lui-même.
« Je ne joue pas. »Il préférerait presque que ce soit un jeu ; mais il ne joue pas avec les vies des vivant·e·s. Ni la sienne. Chaque bruit de pas d’Avalon fait l’effet d’un coup sourd qui frappe directement dans sa boîte crânienne et il n’arrive pas à réfléchir. Effectivement, ils ne peuvent pas rester là, sinon le risque de se faire attraper ne fera qu’augmenter. Mais ils ne peuvent pas sortir non plus, pas tant que l’urgence n’est pas passé, sous peine d’être diablement visibles -et suspects. Avalon présente un grand manque d’hygiène avec le sang et son odeur de vieux livres passés mais en se regardant un peu, Wynn prend conscience qu’il ne vaut pas mieux. Le dégoût monte d’un cran quand il s’en rend compte, quand il comprend que le sang qui commence à sécher sur lui
n’est pas le sien, que sa transpiration ne s’arrête plus. Il finit par retirer sa veste, la laissant tomber par terre ; il ne se sent pas mieux pour autant.
« Seigneur, il te faut vraiment quelqu'un à manger, toi.
Le Seigneur n’y pourra pas grand-chose et je suis encore capable de me nourrir seul. Comme un adulte. »Si un Seigneur existe bel et bien, cela fait longtemps qu’il a abandonné Wynn. Il en est convaincu. Il est trop mal pour répondre quelque chose de plus
mordant à Avalon mais ce n’est pas l’envie qui lui manque. Il sent que son -malheureusement compère vampirique s’agite de nouveau et lorsqu’il le sent le pousser un peu, Wynn se laisse glisser de la chaise et s’assoit à même le sol, le dos contre le mur. Un bruissement de chaise le fait lever les yeux vers Avalon.
« Laisse-moi m'en charger.
Quoi ? Mais qu’est-ce que … »Il n’a pas le temps de finir que le vampire entrouvre la porte. Wynn essaye d’attraper un bout de ses vêtements pour le retenir mais il a trop mal au ventre, trop mal à la tête et il se loupe. Il a chaud, aussi, et sa vision semble définitivement se brouiller. Voilà pourquoi dévier d’un plan rodé et quasiment parfait est toujours une mauvaise idée. Il s’en veut -à lui-même. Il s’en veut d’avoir accepter une mission. Ça lui apprendra. Aussi vite que la porte s’ouvre, Wynn entend un bruit et en un clignement d’yeux, voilà que l’autre vampire jette une personne à terre avec une force et une violence presque terrifiante. Pas pour Wynn, qui n’est concerné que par le bruit fracassant que ses os font contre le sol. Si cette personne est encore en vie elle va poser problème. Et le gallois refuse que la situation s’aggrave
ça suffit. Wynn se relève d’abord péniblement avant de choper Avalon par le col. Bien qu’il semble à deux doigts de tourner de l’œil, sa poigne est ferme.
« T’as rien trouvé de mieux ?! Tu trouves pas que la situation est suffisamment compliquée ? »Wynn le relâche, titubant presque jusqu’au corps de la pauvre victime. Il s’agenouille et il comprend vite qu’elle respire mais vu l’état de son crâne et le sang qui s’en échappe elle doit souffrir. Et elle commence à se débattre et tenter de se relever. Long soupir alors que l’odeur du sang semble lui prendre la tête en étau. Il n’aime pas faire ça. Les souvenirs reviennent, à chaque fois. Les douleurs. L’odeur de la mort. Les meurtres à répétition. Mais il n’a pas le choix. Alors il lui attrape la tête et d’un geste bien trop précis pour ne pas montrer une certaine expérience, il lui brise la nuque. Les mains de nouveau couvertes de sang, il n’éprouve d’abord que du dégoût mais la soif commence à reprendre le dessus. Le visage déformé par cette sensation d’écœurement il lèche le sang encore frais présent sur le bout de ses doigts. Autant savoir s’il peut boire de ce sang …
… Ou non.
Malheureusement il se rend vite à l’évidence au goût. Il n’a pas cette sensation de nausée qu’il connaît malheureusement que trop bien. Et le corps refroidis. Et il ne va
vraiment pas bien. Il en oublie Avalon qui doit l’observer car après tout ça n’a plus d’importance lorsque ses crocs plongent dans le cou de la pauvre victime. Lorsqu’il relâche enfin le corps, il commence à y voir plus clair. Légèrement.
Mais pas assez. Et la panique revient vite, très vite, alors que le sang macule totalement son menton et le haut de sa chemise, maintenant.