Ça sent le moisi - [Colocation Lascaux]

Les tremblements secouaient Asami comme une feuille prise dans la tempête, laissant échapper tout contrôle sur son corps. Les secousses sismiques corporelles  la plongeaient dans une danse involontaire, ses membres réagissant à une force invisible qui prenait possession d'elle.

Au sol,voyant plusieurs visages au dessus d'elle, Hiragii tentait en vain de maîtriser le tumulte qui la consumait de l'intérieur. Ses mains tremblaient, formant des lignes chaotiques dans l'air, tandis que chaque inspiration était ponctuée par le vacillement de son torse agité.

La demoiselle n'eut poit le temps d'ouvrir la bouche qu'elle se prit une giffle qui fit l'effet d'une brulure sur sa joue droite. Une autre suivit, frappant la joue gauche et assommant quelque peu la demoiselle.

Les yeux, jadis calmes et assurés de la jeune lémure, reflétaient maintenant la confusion et la peur. Ils erraient dans le vide, cherchant quelque chose qui échappait à sa conscience. Chaque bruit, chaque ombre, était amplifié par son état frénétique, transformant sa réalité en un cauchemar en mouvement.

Les vagues de tremblements semblaient interminables, comme si elles étaient générées par une force qui ne voulait pas relâcher son emprise.  

Les pensées tourbillonnaient dans son esprit, une cacophonie de doutes et d'appréhensions qui amplifiaient encore plus ses convulsions. Elle cherchait désespérément un ancrage, un point stable auquel se raccrocher, mais la tourmente semblait ne pas connaître de fin.

Puis vint Sadie, qui lui versa de l'eau dans le gosier tandis qu'elle hurlait sur les autres. Céleste avait répondu, mais la japonaise ne pouvait l'entendre avec le tumulte qui était autour d'elle.

Avant même qu'elle ne puisse comprendre ce qu'il se passait, une sensation de fraîcheur l'envahit soudainement, et elle se redressa et se mit à tousser et à s'étouffer. L'eau, versée généreusement par Sadie, avait trouvé son chemin dans sa gorge asséchée.

Les toux secouèrent Asami, un mélange de surprise et de soulagement s'exprimant à travers chaque éclat sonore. Elle cligna des yeux, cherchant à s'orienter dans la semi-pénombre, tandis que la sensation de l'eau refroidissante continuait de la réconforter.

Enfin, la jeune femme parvint à reprendre le contrôle de sa respiration. Les toussotements et les tremblements se dissipèrent progressivement, laissant place à une pause troublée.

Elle se releva lentement, soutenue par ses bras tremblants, et ses yeux, bien que encore hantés par l'anxiété, commencèrent à retrouver une lueur de clarté.

-« Merci...»

Murmura-t-elle à Sadie et Zdenka, reconnaissante pour ces gestes salvateurs.

La grotte résonnait d'échos de dispute alors que Zdenka, laissant derrière elle les membres de la colocation, franchissait lentement le seuil.

Asami, debout mais en retrait, observait son départ avec un regard empreint de tristesse. Les circonstances les avaient liées, mais désormais, une fissure semblait s'élargir entre les membres de la colocation de Lascaux. Hiiragi lança à la femme avant qu’elle ne parte :

-« Désolée, tyszkiewicz-san… »

Zdenka disparut finalement dans l'obscurité extérieure, laissant une rixte verbale se dérouler dans son sillage. Asami détourna le regard, son attention se recentrant sur Sadie, qui s'était attaquée avec une ferveur dévastatrice au téléphone de Céleste. Chacun des coups résonnait dans la caverne, exprimant la frustration accumulée au fil du temps.

Un soupir s'échappa des lèvres de la japonaise, traduisant sa lassitude face à cette scène qui symbolisait parfaitement le chaos de leur existence commune.

Alors que Sadie martelait le téléphone, Asami se secoua, se dégageant de la morosité qui imprégnait l'air. Elle s'approcha de Sadie, consciente que la jeune femme canaliserait son énergie d'une manière ou d'une autre. D'une voix calme, elle lui demanda :

-« Sadie… Tu disposes encore de masques anti-gaz ? Tu vois, ceux que les tagueurs utilisent parfois pour se protéger des aérosols ? ça nous protégera des spores... »

Sadie, dans un geste brusque, avait arrêter son assaut sur le téléphone pour menacer et insulter la grande blonde, mais Asami espérait qu’elle l’écoute. Elle appréciait l’irlandaise et pensait que c’était réciproque, du moins, un minimum.

Hiiragi s'assit en tailleur dans un coin de la grotte, ses yeux fixés sur les champignons luminescents qui éclairaient faiblement l'espace. Les spores scintillantes dansaient doucement dans l'air, créant une atmosphère presque magique.

Alors que ses doigts glissaient machinalement sur le sol rocailleux, la jeune lémure se laissa emporter par un flot de pensées. Les souvenirs de son existence passée, tentaient de se frayer un chemin à travers les brumes de l'oubli. Une lueur de nostalgie éclaira son regard sombre tandis qu'elle repensait à son lycée, à ses camarades, à ses cours.

Puis, comme une éclaircie dans un ciel nuageux, une idée émergea de ses souvenirs. Ses cours de chimie, les expériences avec le vinaigre et le bicarbonate.

Un sourire naquit sur les lèvres de la demoiselle, illuminant brièvement son visage. Elle se souvint des réactions chimiques, de la mousse effervescente, et l'idée germée dans son esprit semblait prometteuse.

-« Je me souviens que pour se débarrasser de moisissure, il faut pulvériser un mélange de vinaigre blanc et de bicarbonate sur les parois de la grotte, là où l'humidité et l'obscurité favorisaient la prolifération des moisissures… Ensuite, on va Laisser agir une journée, puis frotter à la brosse… Qui est avec moi ? »

Les yeux d’Asami retrouvèrent leurs lueurs de malice habituel et son sourire sardonique réapparut… Elle allait mieux

Mais quelle conne...
Non, vraiment.
Tu es fatiguée.
Et heu... littéralement pour le coup.

"Ça serait tout de même mi."

Mieux si tu ne t'endors pas au milieu de ta phrase.
Super !
Ça s'améliore, vraiment.

"Mais merde, lac."

Trop fatiguée pour vraiment répondre. Tu en as marre de t'endormir à tout bout de champ. C'est quoi ce bordel ?!

Et ton portable qui explique.
Ah la conasse. Tu vas ajouter ça à son ardoise.

Tu en as marre d'elle. Tu vas finir par déménager pour être tranquille.

"Tu as raison, fais tout cramer, génie !"

Tu vas finir par rejoindre Zden dehors, ça serait mieux pour tout le monde.
Surtout pour toi.

Asami, inquiète pour Sadie, s'approcha d'elle avec douceur.
Elle posa doucement une main réconfortante sur son épaule et son bras, sentant la fatigue et l'épuisement de sa colocataire.

Hiiragi la guida doucement vers le canapé du salon afin de l'inviter à s'asseoir.

-« Sadie-san, tu n'as pas l'air en forme... Repose-toi, tu m'aideras quand tu te sentiras revigorée. »

Murmura-t-elle avec empathie avant de la laisser se reposer.

La japonaise se dirigea ensuite vers la cuisine pour préparer un mélange de vinaigre blanc et de bicarbonate, une solution qu'elle espérait efficace contre l'invasion de champignons.

La demoiselle espérait que ses cours de chimie et ses lois étaient toujours d'actualité dans le monde des morts.

Elle trouva un pulvérisateur dans la poubelle, le nettoya soigneusement, puis versa le mélange à l'intérieur.

Revenant dans le salon avec le pulvérisateur, Asami apporta également une chaise pour atteindre les zones les plus élevées. Debout sur la pointe des pieds, elle commença à asperger les champignons, concentrée sur la tâche à accomplir.

Le vinaigre et le bicarbonate réagissaient avec les champignons.
La jeune lémure travaillait méthodiquement, prenant soin de traiter chaque recoin de la grotte où les champignons s'étaient installés.

Hiiragi pensait avoir la situation bien en main, et elle avait confiance en Sadie pour se remettre rapidement sur pied.
C'était une rebelle, une femme de caractère, la japonaise imaginait mal l'irlandaise se faire terrasser par des champignons.

Asami continuait à pulvériser la solution, s'assurant de traiter chaque champignon luminsecent sur son passage. La grotte commençait à sentir le vinaigre, odeur fortement désagréable, mais la demoiselle savait que c'était le prix à payer pour se débarrasser de cette menace fongique.

Après avoir minutieusement aspergé les champignons, Asami descendit maladroitement de la chaise.

Ses jambes tremblantes semblaient un peu chancelantes, signe de la fatigue accumulée pendant cette opération. Elle rejoignit le canapé où elle avait laissé Sadie, s'asseyant avec précaution à côté d'elle.

La jeune japonaise était épuisée, mais le soulagement de voir les champignons neutralisés apportait un certain réconfort.
Elle passa une main sur son front, chassant quelques mèches de cheveux collées par la sueur.

Hiiragi se laissa doucement glisser sur le canapé, sentant chaque muscle de son corps protester légèrement. Elle ne pouvait nier que l'énergie commençait à lui faire défaut.