« Excusez mon intrusion. Ce n'était pas mon intention »Une intrusion. Une intrusion dans le bureau ou dans sa tête ? Wynn ne comprend pas le sens derrière ces paroles. Peut-être son intrusion dans sa vie, dans son passé. Une intrusion qu’il ne vit pas bien
du tout et ça se ressent. Peut-être que c’est aussi pour ça qu’il reste loin des gens, loin des morts et surtout loin des autres vampires. Trop de risque de voir des histoires similaires, de faire face à un visage, une histoire, une vie et une mort qui lui donnerait l’impression de se regarder dans un miroir. C’est fatiguant, c’est inconfortable. Surtout si, en plus, les quelques personnes dont il ose croiser la route essaye de se frayer un chemin derrière les innombrables portes fermées qui constitue sa tête. Est-ce réellement la faim qui le rend aussi facilement agressif et sur la défensive ou juste l’idée d’en dire trop ? Lui-même ne saurait le dire. Il répond à Mr York avec un geste de la main, mou, lent, peu convaincu.
« Mmh mmh. »Plus proche d’un grognement d’animal mal dompté que d’une voix humaine, Wynn pousse un long soupir. Il se tient, s’accroche même, au dernier morceau de lucidité qu’il lui reste. C’est difficile, c’est douloureux. Il pourrait laisser tomber mais sa haine et son envie de retrouver
cette personne est plus forte que le reste. Ce n’est pas comme s’il s’accrochait pour le peintre, non. Ça serait mal le connaître. Tout est finalement tourné vers lui-même : sa susceptibilité, sa colère, sa haine, son envie de vengeance. Sans parler d’égoïsme, il est simplement compliqué pour lui de penser pour les autres ; ou de se mettre à leur place. Il se doute quelque part au fond de lui que cette situation met Mr York dans une position peu confortable, peut-être même que ça lui fait peur. Mais il n’arrive pas, n’arrivera jamais à réellement le comprendre -et surtout en prendre conscience. Et agir. Pas dans cet état, en tout cas.
« Nous avons un accord, alors. Je vous contacterai quand le tableau sera terminé. En attendant... »En attendant, il a surtout envie de le mettre à la porte. Ou de s’allonger. Ou de s’enfuir. Peut-être les trois en même temps.
« ...je ne peux que vous conseiller de faire attention. A ne pas découvrir quelque chose qui vous déplairait. Vraiment. Je n'aimerais pas voir votre état s'empirer davantage. »Il serre et desserre ses mains. Le bureau lui semble subitement froid, dur à saisir ; peut-être qu’il devient un vrai fantôme, du genre qui passe à travers les choses. La réalité c’est qu’il transpire tellement que ses mains deviennent moites -et donc froides. Très froides. Il a du mal à garder la tête droite. Il sombre, mais il garde une certaine contenance face à Mr York. Qu’est-ce qu’il pourrait découvrir de
pire, au fond ? Rien ne lui vient à l’esprit. Il cherche déjà quelque chose qui lui semble insaisissable, après des décennies d’enfer ; rien ne peut être pire que ça. Enfin si, une chose : les gens et leur leçon de moral mal placée.
« Hormis pour notre … marché, je vous rappelle que nous avons convenu de ne plus nous revoir. Jamais. Alors même si mon état empirait, et je ne vois pas ce que ça peut vous faire, vous ne le verrez pas. »Silence pesant.
« Mais, nous avons un accord. Pas besoin de me contacter, vous pourrez déposer le tableau à la Camarilla. Si vous ne voulez pas me croiser, demandez n’importe quel collègue à l’accueil. Tant que vous apportez le tableau … Peu importe le temps que ça prendra. »Pour la première fois, Wynn croise réellement le regard de Mr York. Et comme il se l’imaginait, c’est particulièrement désagréable.
« N’oubliez juste pas notre accord. C’est un conseil. »Un conseil qui sonne menaçant ; est-ce que c’était son intention ? Probablement pas. Mais vu son apparence et son comportement, difficile de le prendre autrement. Wynn lui montre la porte, le salue d’un geste de la tête et l’observe partir ; il n’est définitivement pas fait pour mêler sa vie à celle des autres. Il sort du bureau, laissant la porte grande ouverte et s’accrochant à la poignée. Sa vue se trouble de nouveau alors qu’il interpelle un collègue d’un geste, la voix faible et tremblante, alors que sa tête rencontre le sol de manière peu élégante avant qu’il s’évanouisse pour de bon.
Il était réellement temps que cet
entretien se termine.
Résumé
760 mots
Désolé pour la réponse qui fait quinze kilomètres alors que je voulais faire court comme d'hab
Les deux ont survécu (un miracle), Wynn sous-entend à Avalon que bon, il sait où le trouver s'il respecte pas l'accord et il fini au sol parce que ça va pas fort oupsie
Fin de rp