Depuis combien de temps est-il éveillé ? Sûrement depuis bien trop longtemps. Les nuits d’insomnies s’alignent les unes après les autres, comme un labyrinthe sans fin. Il devrait y être habitué depuis le temps, mais qui peut vraiment s’habituer aux nuits agitées, fiévreuses et débilitantes ? Il fixe le plafond, respirant profondément et lentement. Une nuit de finie, un jour de plus à vivre. Vivre ? Survivre, plutôt. Depuis combien de temps survit-il exactement ? Il en perd le compte. Il oublie les jours, les dates, les mois et les années. Et c’est précisément ce qui lui fait peur : sa mémoire défaillante, la mémoire d’un fantôme sans cesse poursuivit par son passé sans avoir le moindre moyen de se souvenir. De se rappeler. Ça lui glisse à travers les doigts plus rapidement que de l’eau, et la frustration que ça lui créé est immense. Il oublie les noms, les visages, les corps. Mais il se rappelle constamment des cris, des pleurs et des regards. Qu’il est dommage pour lui de ne pouvoir oublier le plus pénible et de se nourrir uniquement du présent avec insouciance.
Wynn se lève. Mal rasé, mal coiffé, mal fringué. Cette fois-ci il a choisis un placard mal fermé comme chambre de fortune ; peut-être que demain, on le retrouvera sous un canapé, allongé à la manière des vampires de fiction au fond de leur cercueil. Il fait encore sombre dans son petit espace et lorsqu’il ouvre la porte, c’est le silence qui l’accueille à bras ouvert. Pas un chat ; ou plutôt pas un fantôme à l’horizon. La Camarilla est vide de ses vampires et ça soulage le gallois. Pas de discussion, pas de voix, pas de tapage dans le dos de bon matin. Il fait encore sombre, suffisamment pour qu’il se déplace lentement en utilisant ses mains pour détecter les obstacles potentiels sur son chemin. Il trouve des toilettes et donc un miroir. Il se regarde, sans un mot, observant ses cernes. Ses yeux vitreux. Ses traits fatigués. D’un geste il se passe de l’eau sur le visage, s’essuyant avec ses manches. Cela ne change rien, si ce n’est de lui donner un air à peine plus présentable.
Peu lui importe, finalement.
Le temps passe. La fin de la nuit cède sa place à un matin frais et timide, alors que Wynn s’occupe en triant des papiers. Les premiers arrivés lui adresse la parole, en vain. Il reste silencieux, s’accrochant à sa tâche totalement futile pour fuir les autres. Il se prépare. Il doit voir quelqu’un, quelqu’un dont il a eu le contact grâce à la Camarilla. Il est bien plus facile de trouver ce qu’il cherche parmi d’autre vampires ; et au moins on ne l’interrogera pas sur son regard menaçant. Celui d’un homme luttant contre la faim qui le ronge à chaque seconde qui passe. Il ne s’est pas encore fait à cette vie, une vie plus calme et rangée, une vie hors de la crasse et de la chasse presque permanente. Il ne se fait pas encore à Tokyo non plus : trop grande, trop bruyante, trop lumineuse. Lui qui a l’habitude de l’ombre il s’y sent mal, comme pris au piège. Mais il n’a pas le choix, enfin plutôt il n’a
plus ce choix.
« Je crois qu’il est arrivé »On lui jette ces mots et dans l’instant, Wynn lâche ce qu’il fait sans même un regard. Il traverse les couloirs avant de se poser sur un canapé, près de l’entrée des bureaux. Il se frotte les mains, fixant le sol. Il n’est pas difficile pour toi de distinguer York ; un peu comme Wynn, il dénote dans le paysage. Ce dernier se lève, le visage fermé alors que son esprit semble l’assaillir de toute part. La faim, le stress, l’angoisse, la colère, la fatigue, tout se mélange en une tempête bien trop bruyante dans sa tête. Il ne regarde sortir d’un sacs plusieurs dessins sans un mot.
« Belle journée pour chasser des fantômes, n'est-ce pas ? »Le silence qui suit est pénible ; mais moins pénible que la réflexion de Mr. York aux yeux de Wynn. Il fixe les dessins un long moment après avoir pris la pochette entre les mains. Il ne sait quoi en penser ; il n’a aucun talent dans le domaine après tout. Sur les quelques dessins, deux d’entre eux semblent lui décrocher un regard encore plus sombre, presque empli de colère. C’est que ça ne doit pas être si loin de ce qu’il cherche. D’un même mouvement, il relève la tête et, tout en gardant la pochette, il fait un signe à Mr York de le suivre.
« Suivez-moi, s’il vous plaît. »La formule de politesse sonne fausse, comme récitée maintes fois sans en saisir le sens. Le voilà à l’emmener un peu plus loin dans une petite pièce ressemblant à un bureau laissé à l’abandon. Wynn referme la porte derrière lui et indique d’un geste une chaise, toujours sans décrocher un mot de plus. Il pose la pochette sur le bureau et en retire deux portraits ; les deux qui l’avaient fait réagir un peu plus tôt.
« Je préfère qu’on en discute ici. Je trouve que ces deux là sont les plus proches. »Il a oublié tout le reste de la politesse, comme à son habitude.
« Je pense cependant qu’il manque quelque chose. Je veux revoir les détails de la description, s’il vous plaît. »Résumé
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Désolé pour la réponse qui fait quinze kilomètres
Bon du coup c'est le Wynn d'époque, très froid et direct. En plus il a pas dormis depuis longtemps donc ça rajoute une couche d'insupportable, et il demande à Avalon de revenir un peu sur les éléments du portait