Sacrifice d'un pion
ft. Nao je m'en veux de lui faire du mal mais c'est rigoloFidèle à lui-même, Nao reste impassible et étrangement silencieux. Mais cette fois, l'artiste peut comprendre quelles inquiétudes, quelles douleurs déchirent ses sens. Elle a vu d'autres l'exprimer plus vivement, en larmes ou en hurlements, à la maudire ou la supplier. Tant d'hommes, de femmes, et d'autres l'ont connue avant lui, tant d'autres qui auraient pu le prévenir, le sauver.
Elle cesse de larmoyer, ne déplie pas ses membres pour autant, relève simplement la tête pour regarder à hauteur d'yeux devant elle. Insensible, sourde à sa souffrance, sans une pulsion d'empathie. Le vampire est particulièrement froid, mais ça l'inquiète bien moins que de le sentir instable. Il est en contrôle, du moins elle le croit.
Il parle enfin, confie être perdu, comme abandonné. Cruellement, elle se flatte à l'entendre lui avouer son mal-être, et le rôle qu'elle y a joué. L'espagnole a ce plaisir morbide d'avoir été le centre de sa vie un temps, d'être parvenue à être la chose la plus importante. Comme une preuve qu'elle existe encore, qu'elle ne perd pas pied avec la réalité.
Qu'elle est bel et bien restée elle-même, en fait.
"Ne dis pas ça, tu sais que tu n'es pas bête."Aussi farceuse puisse-t-elle être, elle a au moins la décence de ne pas prétendre ressentir la même chose. Mais elle botte en touche, ne traite pas le sujet qui tient au coeur de Nao, parle pour ne rien dire. Pour amuser le vent.
Quitte à le faire réagir violemment, elle pose une main sur son dos, frotte doucement. Comme une amie, comme pour le conforter, son toucher dépourvu de toute l'affection qu'ils avaient pu partager.
"Tu verras, tu trouveras quelqu'un d'autre, tu mérites mieux que moi..."Quelqu'un d'autre, ailleurs, plus loin, hors de ma vue. C'est sa manière de le lui dire sans l'affirmer, il a fait son temps, place au suivant. Et s'il est toujours attaché, tant pis.
Ça n'est plus mon problème, trésor. Peu importent les douleurs sourdes qui reviendront, les nuits à rêver de la revoir, les cicatrices qu'elle a ouvertes et refusera de fermer pour lui. Elle sirote son café, délicieux. Noir comme le désespoir, noir comme la tragédie, noir comme une trahison.
Résumé
Je sais pas j'ai pas compté
DU COUP
Espe est rassurée en voyant Nao rester de marbre, elle se dit qu'il est maître de ses émotions
et fuit le sujet brûlant de CE QU'ELLE LUI A FAIT VOLONTAIREMENT
en brassant de l'air