Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
Je suis TROP curieux.
Et TROP malicieux.
Alex est en colère. Pom est triste. C’est ridicule !
Alex est furieux. Pom s’est laissé retomber sur le dossier, les yeux sur le dossier.
Alex a gouté au pouvoir de Pom. Pom, lui, il a les larmes aux yeux.
Mourir, c’est horrible. Il a oublié que c’était horrible ! Il faut dire que ça fait longtemps que la mort ne lui a rien volé – Eddy – ne lui a presque rien volé. Il faut dire qu’il ne pense à la sienne que comme un commencement ; Il oublie parfois que c’était une fin. La fin d’Alex est atroce. Elle est horrible. La guerre, c’est horrible ! Il n’a pas connu ça ! Les guerres des époques suivants la sienne sont si violentes ! Les hommes ne se battent pas plus qu’avec quelques armes et ne se terminent pas à l’aide de leurs épées. Ils ne se pourfendent pas, ils se crachent à la figure des poisons. Et alors que Pom repousse l’émotion triste, et qu’il ressent l’émotion de colère d’Alex, il essaye d’arrêter le jeu ! Il veut reprendre l’émotion de furie. Mais, au lieu de ça, il sent son cœur battre davantage. Et il sent la tristesse au fond de lui-même. Il sent la peine qu’il éprouve. Crever, c’est nul !
Le nécromancien doué d’empathie s’est redressé, il a laissé le dossier sur le bureau. Il ne termine pas sa lecture. Il ne veut pas savoir combien de type Alex a mordu. Il ne veut pas savoir la douleur, le reste. Ce type était sur le point de mourir et au lieu de le laisser s’en aller, un gars lui a donné les derniers instants en plantant ses crocs en lui. Il a profité de sa faiblesse pour lui donner cet horrible accès entre les deux mondes : condamnant Alex à être une dent pointue, à être un prédateur.
C’est normal qu’il ne fasse que courir. Si Alex devait s’arrêter, il se rendrait compte à quel point sa vie était une vie de souffrance. Alors Pom agit comme il agit toujours et il enlace brutalement l’homme. Il l’enlace avec force, prêt à se prendre des coups, à se prendre un rejet. Il est prêt à subir la colère d’Alex si elle peut se calmer et d’une voix usée, désolée, attristée, Pom murmure : « Ne t’emballe pas, Alex, c’est mon pouvoir … » Il murmure lentement, sa voix descendant. C’est dangereux que de donner son pouvoir à un ennemi. Tant pis ! Il ne blessera pas Alex comme il a pu blesser l’inconnu du Quai. « Je suis désolé, … je maitrise les émotions. Tu n’es pas en colère. Crois-moi, il te suffit de le vouloir pour reprendre le contrôle. »
Les yeux de Pom sont imprégnés de larmes, il tente de ravaler la tristesse qu’il a ressentie. Il voudrait tellement que ce ne soit pas aussi cruelle la mort ! Mais la mort est rarement heureuse. Même quand c’est un gars souffrant le martyr depuis toujours, même quand c’est une personne âgée qui a vécu longuement, un violeur en série ou une pauvre bête qui a été fauché par une voiture. La mort, c’est triste. Pom l’avait oublié.
Il avait oublié à quel point c’était triste. Il ressent la mort d’Alex. Il devine le sang. Il devine la peur de la personne qui l’a porté du mieux qu’elle pouvait. Il devine le bruit autour et le silence. Joshua, est-ce comme ça qu’on doit s’amuser ? Est-ce comme ça que tu prends ton pied ! En nous montrant le film de notre mort puis en l’écrivant noir sur blanc. Mais …. Brutalement, Pom réalise que sa mort existe quelques parts, écrites noir sur blanc. Il pourrait peut-être compléter les blancs. Il pourrait.
Les bras de Pom sont là, autour d’Alex. Il ne bougera pas. Il ne peut pas bouger. Il ne peut pas laisser l’émotion cruelle dans le cœur de l’autre, même s’il a raté de pouvoir la reprendre. Alex a du se braquer et en se braquant il a alimenté le feu rouge de la furie. Pom ne peut pas empêcher une émotion qui est en permanence alimenté. C’est comme vouloir boucher un robinet qui serait ouvert à pleine puissance. C’est juste créé des milliers d’autres ouvertures pour l’eau qui sous la pression finira pas faire exploser tout le mécanisme.
Il n’a pas choisi ce don. Pom le sait mieux que personne. Il a parfois l’impression de ne pas en avoir. De n’avoir que celles des autres. Il a parfois l’impression de n’être qu’une coquille là pour être souillé par les sentiments par les autres. Alors il rit, et il oublie cette pensée. Il aimerait oublier la mort d’Alex, mais la mort, il vient de la lire. Il vient de comprendre que s’ils étaient en train de jouer, il jouait à un jeu dangereux.
Alors Pom espère juste qu’Alex comprendra qu’il ne voulait pas ça. Qu’il ne voulait pas le mettre en colère. Qu’il ne pouvait pas savoir que cette émotion serait celle choisi. Il n’a vraiment pas de chance. Un sentiment qu’il devrait rater, il le réussit. A croire que la colère est l’émotion qu’il maitrise le mieux. Lui dont les colères sont rares et ne durent jamais longtemps. Qui aime la baston, certes, mais qui ne s’énervent pas facilement, en vrai. Il s’agace, il râle, mais le plus, il l’évite. Pourquoi faut-il lors que ce soit cette émotion qu’il transfert en permanence aux autres ?
Alex est l’Alice du Chapelier Pom. Elle a croqué dans le mauvais morceau de gâteau et s’est retrouvé de l’autre côté du miroir.
Je suis TROP curieux.
Et TROP malicieux.
C’est un soulagement, les bras se détachent. Ils s’éloignent l’un de l’autre. Pom regarde Alex avec méfiance. Il ressent l’émotion d’Alex et malgré tout, il se défie d’un éventuel coup de poing bien placé. Jouer avec les sentiments n’attirait jamais les sympathies. Il faut croire qu’à tout jamais, il existe des exceptions. Alex ne semblait pas lui en vouloir, ni être en colère. Il était passé outre l’émotion intense pour diffuser des sentiments et revenir égal à lui-même avec un soupçon de curiosité.
Une curiosité qu’il dirigea dans un premier temps sur les cookies et le pouvoir de Pom puis dans un second temps sur les larmes que l’homme avait dû avoir, malgré qu’il cherche à les éviter. Les premières questions le surprirent, les dernières l’ennuyèrent. Il n’aimait pas parler de ce qu’il ressentait.
Du revers de la main, Pom essuya ses joues haussant des épaules. Même s’il ne pleurait que rarement pour lui-même, les larmes n’étaient pas rares chez l’homme. Il essayait juste d’éviter de le montrer devant les autres. Son don le condamnait à sentir les grandes souffrances et parfois il ne parvenait pas à empêcher la tristesse qui venait ruisseler sur ses joues. Alors, il passait juste outre. Parce que Pom avait pris l’habitude de ne jamais s’arrêter dessus. Que ce soit par la joie, la colère, les vices : il ne laissait jamais la peine demeurée dans sa poitrine.
Le visage se pencha sur le côté et un rire franc le pris. « Allons, tu veux me consoler, dents pointues ? Un petit câlin et bisou magique, peut-être ? »
Le nécromancien claque l’élastique à son poignet, ricanant à cette idée. Puis, lentement, il s’approcha d’Alex pour poser le bout de son doigt sur son corps. C’était plus facile ainsi, quand il était plus proche de la source. Et avec tranquillité, il laissa la couleur de son amusement s’injecter dans son doigt, tournoyer et venir se poser dans le corps d’Alex. Sens-tu mon rire et mon amusement ? Sens-tu mon envie de rire à gorge déployée ? De me laisser aller à l’instant présent ? Sens-tu ce lien ?
Puis lentement, Pom laisse l’émotion de tristesse se diffuser, l’arrêtant, assez tôt, pour la reprendre. Son but n’étant pas de peiner Alex. Il la récupère aussitôt, refermant la main. Il pourrait lui expliquer que c’est l’émotion du dossier, celle d’Alex plutôt que celle de Pom. Seulement, il ne le fera pas. A quoi bon éborgner l’instant présent.
Remontant sa main, le doute l’assaillit. Il n’avait jamais expliqué son pouvoir. Tout simplement : on ne lui avait jamais demandé. La surprise était une émotion amusante et Pom aimait bien celle-ci. Il aurait aimé pouvoir expliquer. C’était particulier.
« Je vois des couleurs. Toujours en permanence. En toi, en moi, au travers des murs. Au-dessus de nous, en dessous. Sur les objets. Partout. Je me bride, en permanence, pour moins les voir. » Dire je me drogue sonnait moins agréables à ses lèvres, il préféra éviter les rares moyens qu’il avait trouvé pour analyser ses pouvoirs. « Et ses couleurs semblent toutes vouloir rentrer en moi, alors je les ressens et je dois les repousser. Mais, je peux aussi les saisir, les modifier, je n’arrive pas à le faire sans remuer mes doigts. Je peux altérer une couleur, la modifier, la rejeter ou l’insérer. Parfois, ça marche … Parfois non. Je peux l’insérer, dans un objet, une nourriture. »
Mais c’est épuisant. C’est épuisant d’avoir comme matière des sentiments. Vous imaginez-vous ressentir une centaine de coups de cœur par jour, autant de peine, de colère, de doute et de malheur. De bonheur, de joie, d’exaltation.
C’est étrange de parler de son pouvoir. Pom se rend compte qu’il ne voit jamais le monde comme les autres. Qu’il y a toujours une couleur d’une autre personne, même enfermé dans la salle vide, sans personne. Qu’il peut distinguer les écureuils dans les arbres, les chats dans les rues, par la simple aura de leurs sentiments. C’est comme être constamment dans une peinture, avec des traits de couleurs partout. Sauf qu’il ne sait pas toujours d’où vient la couleur et que l’émotion est attirée par lui, davantage que le plus et le moins s’attirent.
« Hm, non, j’ai inséré diverses émotions, mais tu es certain de vouloir retenter l’expérience ? »
Car sincèrement, Pom avait beau avoir un sourire amusé, il n’était pas dupe de la première réaction lorsqu’Alex avait gouté à la colère. Pom se demandait comment il réagirait face aux sentiments de tristesses, de paniques, d’inquiétudes, de surprises, d’amour, de désir, la confusion, l’humiliation, l’écœurement, …
Une part de lui-même avait envie de le savoir, parce que ça pouvait être drôle. Une part de lui-même n’en avait vraiment pas envie : car si l’émotion d’Alex était trop forte et qu’ils ne parvenaient pas à la calmer, ce serait ennuyant. Il n’avait pas envie de le voir pleurer ou de le voir effrayé. Il n’avait pas envie de le voir fuir ou paniquer.
« Dis Alex, … » La question s’était suspendue à ses lèvres, encore une fois, mais cette fois-ci Pom savait qu’il la poserait, tout simplement car c’était cette balance fragile qui venait de tanguer. Il était mort de façon affreuse, et Pom le comprenait maintenant. Mais. « Aimes-tu tuer dans le monde des vivants ? »
Je suis TROP curieux.
Et TROP malicieux.
Malgré sa crainte de l’être humain et sa méfiance envers ses semblables, le nécromancien était un être profondément philanthrope croyant en l’humanité dans un sens élargie du terme. Sur cette pièce de théâtre où il jouait sa seconde pièce, Pom oscillait entre sa frayeur constance envers les autres et l’envie de parvenir à les aider. Aussi, il essayait d’accepter la différence des autres parce qu’il ne se sentait pas juge et bourreau. Difficile d’accepter les êtres qui ont de la haine déversée à l’encore de n’importe qui ; difficile d’accepter les êtres qui ont la vie des autres entre leurs mains. La mort, ce n’est jamais gai. Et, si Pom se donnait le droit de porter une croix autour du coup noué à un cordon, s’il se donnait le droit de croire en un Dieu, il n’en demeurait pas moins : qu’il ne croyait pas que le destin soit écrit. Les vies qui étaient arrachés, c’étaient des fleurs qu’on piétinait. Tel n’aurait jamais dû être leurs destinées.
Contrôler les émotions, les siennes comme celle des autres, lui permet de renvoyer la haine qu’il éprouve pour Alex. Pom avait la certitude qu’ils ne pourraient jamais être amis. Ils étaient bien trop différents. Au moins pouvait-il essayer de respecter les choix de l’autre et d’accepter que le gars qu’il trouvait amusant, fou furieux, capable de sauter d’un immeuble les pieds liés avec lui était le même gars qui pouvait tuer ses descendants (s’il en avait) et de parfaits inconnus. Ce gars qui pouvait donner envie de vivre pouvait l’arracher tout autant. Peut-être que Pom n’aimait pas les vampires car leurs pouvoirs les rapprochaient dangereusement des dieux. Ils décidaient de la vie et de la mort. Ils décidaient de damner les gens à leurs conditions ; et de les emmener dans ce monde de joie.
Il y a une série que Pom suivait sur Deathflix. Dans cette série, chaque épisode était différent mais parlait des liens entre les hommes et la technologie. Une série provenant du monde des vivants. Dans un épisode deux femmes se découvraient dans un bar, et petit à petit tombaient follement amoureuses l’une de l’autre. Seulement, on découvrait qu’elles avaient intégrés un programme où leurs esprits reposaient car elles avaient atteint l’âge avancé de leurs décès. La question était de savoir si elles voulaient vivre éternellement dans un monde de joie et de plaisir ou si elles préféraient rejoindre le cimetière. Et peut-être avoir le droit à un paradis.
Pom avait été très mal à l’aise pendant l’épisode. Il avait accepté de vivre dans le monde du plaisir. Il aurait pu se laisser mourir. Il aimait ce monde, s’il était sincère avec lui-même. Pom aimait voyager dans le monde entier, découvrir de nouvelles cultures, la technologie, les œuvres d’art. Il aimait pousser un être contre un mur pour l’embrasser, sentir une piqure dans son bras, inventer ou découvrir de nouvelles potions, entendre les gens parler de leurs vies, les énerver, les provoquer, les voir s’éclater. Il aimait pouvoir aller demain à un festival de musique, dans un musée, au travail. Pouvoir être à la fois la pute et le client, le drogué et le puritain, le sage et le fou. Il aimait pouvoir tout foutre en l’air en permanence ! Il aimait pouvoir rendre les rêves réalités.
« Ok. » Répondit Pom, tout simplement, tout bêtement. Il avait la réponse à sa question. Il avait le choix désormais : partir, tourner les talons. Rester, et reprendre où il en était. En réalité, il n’avait pas réagi à l’énoncer de sa dangerosité. Il l’était. Totalement. Pom en avait parfois conscience. Il pourrait rendre deux êtres amoureux l’un de l’autres, les obliger à se désirer. Il pourrait détruire un couple, insuffler haine et violence. Certains diraient qu’il gâchait son don à s’amuser avec des gâteaux, d’autres conseilleraient de l’enfermer. Pom en avait pleinement conscience : et s’il retirait l’émotion d’amour à toutes les personnes qui osaient l’éprouver pour lui, c’était parce que Pom avait en partie peur que ce soit son pouvoir qui est provoqué cet amour. Il ne pouvait pas être certain qu’il n’avait pas altéré les émotions. Il préférait, du coup, les perdre.
Pom espéra surtout qu’Alex n’ébruiterait pas son pouvoir. Il n’avait guère envie de devenir le patient de la Leçon d'anatomie du docteur Tulp. Ce tableau de Rembrandt lui provoquait des cauchemars quand il était un enfant.
« Rhâ ! » Râla-t-il, dans ce qui ressemblait à un grognement, « C’est nul ! On va finir par prendre un thé en se racontant des trucs chiants à en crever. » Il se redressa, fixant le roux d’un air taquin et provoquer, essayant de ne pas être déstabiliser par son unique œil et Pom fronça les sourcils comme un enfant mécontent. « Tu vieillis Alex ! Tu vas finir par être un spectre mou qui ne sait plus quoi faire et qui marmonne des pensées inintelligibles. Je devrais peut-être me trouver un meilleur partenaire de jeux ! »
Le dossier d’Alex est reposé, les sentiments négatifs de Pom repoussés par ce dernier. Le Rouge rit joyeusement. Il n’a aucunement envie de passer les prochaines minutes à se prendre la tête avec le vampire. Il ne pourra pas le faire changer d’avis. C’est ainsi et puis c’est tout. Pom en était persuadé, Alex et lui étaient sur une ligne dangereuse. Demain, Pom pourrait se mettre entre sa route et celle d’une victime ; et pourrait aider une ancienne de se venger. Demain, Pom pourrait se mettre de son côté et le protéger ; et pourrait se battre contre le monde entier. Là était le dilemme. Impossible de savoir qui du plus ou du moins gagnerait le combat qui avait lieu. Pom préférait ne pas y penser et devoir faire un choix entre les deux ; car il était persuadé qu’aucun ne le satisferait totalement.
« Je te parie … un truc » Déclara brutalement Pom, tout en ne sachant absolument ce qu’il pourrait parier, peu importe, il trouverait bien une babiole : « que tu es incapable de manger deux cookies en même temps ! »
En réalité, le cœur de Pom n’y était pas tout à fait, mais c’était sans doute car celui d’Alex non plus. Et s’il parvenait à lui faire oublier cet échange trop sérieux, ça l’arrangerait bien. Car Pom n’avait pas envie de quitter Alex en le laissant dans une discussion qui pourrait créer des doutes ou de futures questions. Imprudente aiguille du temps. On ne revient jamais en arrière. C’est le tic-tac de l’horloge qui a fait son choix. La seconde d’avant, ils n’étaient que deux inconnus riant de leurs farces ; l seconde d’après, ils sont deux explosifs et ils le savent.
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