Selon les gens, l’adrénaline peut être mortelle ∞ ft. Mino Masaki

C’est mignon ? Il l’a vraiment entendue dire ça ? La plupart des gens le regardent comme s’il était cinglé, quand ils découvrent qu’il a nommé sa voiture. C’est pas commun, même parmi les coureurs.

Elle est son cœur. Elle est son âme.

Il se répète. Il s’en tape. Il le répétera autant de fois qu’il le faut.

Puis vient une question. Pourquoi Rayleen. Elle cherche à combler ses lacunes. Il doute que ses raisons soient d’une quelconque aide.

Parce que justement, ses raisons… sont illogiques pour un pilote. ’Fin… oui et non. Plus ou moins. Dépend du point de vue. Mais même s’il gagnait plus d’argent grâce à ses courses, il changerait pas d’voiture. Alors que n’importe quel autre pilote tenterait d’en dégoter une plus performante.

Il reste silencieux un moment, sa prise serrée sur le volant.

« Longue histoire. » Il commence. « Les Golf sont pas aussi performantes que Volkswagen laisse entendre. Elles sont à la frontière entre sportives et citadines. Mais comme elles sont pas chères, beaucoup d’gens s’font avoir. » Pas lui. Jamais. Il s’y connaît trop bien.

Alors pourquoi avoir choisi une Golf, hein ?

Parce qu’il s’y connaît trop bien, justement.

« Rayleen est le résultat d’un tel choix impulsif. Rejetée par son ancien proprio’, je l’ai acquise d’occas’. J’pas beaucoup d’argent, ici. » Est-ce qu’il regrette la richesse de sa famille de son vivant ? Non, pas vraiment. Il fait avec. Il s’adapte, pas d’problèmes. « J’sais comment est construite une voiture depuis mes six, sept ans. Que’que chose par là. Mon père m’a tout appris. Donc changer un moteur pour un plus puissant, ou en reprogrammer un pour booster les limites imposées par le constructeur, j’gère sans mal. J’ai amélioré Rayleen. Et puis, la voiture seule fait pas tout. Le conducteur aussi. J’veux montrer qu’une Golf peut rivaliser entre de bonnes mains. »

Il repense affectueusement aux heures qu’il a passées autour de sa MK75. Seul ou avec son grand-père. À changer des pièces ici et là. À tester les meilleures combinaisons en faisant gaffe à pas endommager le moteur et autres composants.

Il a dû être grave barbant. Pour pas changer.

Tout en prononçant son petit monologue, il speede entre les usagers. Il se lance même dans une brève course avec un inconnu, et finit par le semer. Il sourit largement, appréciant considérablement les encouragements et félicitations de sa passagère.

À sa question suivante, il penche la tête sur le côté. Il va pas mentir, il y avait d’jà pensé. Mais il a vite abandonné l’projet.

Faut quand même le permis pour rouler dans l’au-delà. Même s’il donne des cours, ça dispense pas de l’auto-école. Et son ancienne auto-école serait horrifiée de découvrir ses tentatives d’enseignement. En plus, il a pas la patience pour ça.

Il secoue la tête négativement. « Nah. Au mieux, j’peux donner des conseils. Mais pour conduire, faut l’permis. Donc obligé de passer dans une auto-école. Pour anecdote, j’ai failli être viré plusieurs fois de la mienne. » Il rit. C’était tellement hilarant de faire flipper son moniteur. Jusqu’à ce qu’il appuie sur les pédales de son côté, l’arrêtant dans son élan.

À son tour, il lui demande ce qu’elle veut. Il obtient une réponse assez vague. C’est lui qui choisit car c’est lui qui conduit. Ceeeeertes. Sauf que c’est elle qui voulait ?

Bon.

Il visualise mentalement la direction des prochaines sorties du périph’. Ils sont pas tout à fait proches de la première qui conduirait vers des petites routes de campagne. C’est tout le problème avec la surpopulation du Monde des Morts. La ville s’étend… loin.

« Hm… Y’a pas mal de kilomètres avant l’Mont Ōyama. Un bon 45 minutes. J’peux essayer de chopper une route de campagne à la place. Faudra quand même quelques kilomètres, mais ça s’ra moins long. » Il suggère après avoir examiné ses meilleures options de parcours depuis l’autoroute E1.

Honnêtement, ça l’dérange pas de rouler autant. Il est moins sûr pour Mino. Surtout en comptant l’retour aussi. Ça fait presque deux heures. Et encore, c’est un calcul à sa vitesse. Ils seraient plus proches des trois heures en condition normale.

Peut-être qu’il a été trop complexe pour elle. Il utilisait des phrases simples, pourtant, nan ? Il peut pas dire, il a pas l’hab’ de parler avec des non-connaisseurs. Mais elle essaye de le suivre, de récapituler et reformuler à sa manière, de demander confirmation sur sa compréhension. C’est plus que c’que la plupart font, il lui accorde ça.

Ainsi, il acquiesce, lui donnant cette approbation qu’elle attend plus ou moins. « Oui. C’est un peu plus complexe que ça, mais dans les grandes lignes, oui. » Car c’est jamais si simple, y’a d’autres critères qui entrent en compte.

Pour le moment, ça f’ra l’affaire.

En plus, il préfère largement savoir c’que sa voiture a dans le ventre, et donc modifier à sa sauce, que s’laisser porter par celles toutes faites pour la course. Y’a des coureurs qui y connaissent rien en mécanique. Surtout en compétitions officielles. C’est honteux.

Du coup, s’il gagne comme ça… eh bien, oui, c’est tant mieux et oui, ça prouve qu’il a été meilleur sur tous les points. Sauf que… C’est compliqué. Encore une fois.

« Bah. En street racing, oui. On est tous dans le même bateau, avec peu d’money. Donc on s’débrouille. Mais… » Il marque une pause, pas sûr de devoir lui dire ça. C’pas spécialement un secret. Juste que techniquement, il devrait pas traîner dans les courses de rue.

Bof, peu importe.

Il hausse les épaules et poursuit. « J’ai une licence. Et en compét’ officielle, c’plus délicat. Les participants ont vraiment des voitures puissantes. » Et sont, généralement, beaucoup plus âgés que lui, plusieurs siècles de plus. Ils ont eu l’temps d’accumuler. Difficile de se démarquer.

Ça veut aussi dire qu’il sera comme eux un jour. Et que Rayleen sera grave démodée…

(Enfin déjà, faudrait pas qu’il se lasse au bout de cent ans. C’est un risque inévitable. Il veut pas y penser maintenant. Même si son papy a montré aucun signe d’arrêt. Alors p’t-être que ça ira. P’t-être que lorsque le reste de sa famille et ses potes rejoindront l’au-delà, ça le gardera motivé.)

Quoi qu’il en soit… Sa passagère a l’air bien décidée à rev’nir le voir.

Il fronce les sourcils, les yeux restant fixés sur la route pour faire genre qu’il est concentré. Ce qui est l’cas, bien sûr, mais il est multitâche depuis longtemps. Et il sait lire entre les lignes, il est pas con. Elle essaye de s’intéresser, assiste à ses courses depuis quelque temps, requiert son temps pour des conseils de conduite…

Clignant des yeux, il la regarde brièvement… et choisit de rien mentionner pour le moment.

À la place, il accélère encore un peu lorsqu’elle accepte qu’ils se rendent au Mont Ōyama. Pas beaucoup plus, il a presque atteint les limites possibles. Il sait pas trop si y’aura de la neige, m’enfin… ils verront bien.

Il esquive quelques autres voitures avant de se retrouver sur une ligne droite complètement vide. Il en profite pour attraper son tél’ qui se trouve dans le creux devant son levier de vitesse. Il ouvre rapidement l’appli’ de Spooktify et le lance à Mino avec un avertissement. « Attrape ! »

Une fois entre ses mains et son attention sur lui, il désigne l’écran numérique. « Mon tél’ est co’ en Bluetooth. Tu peux choisir une chanson, s’tu veux ! Je sais pas c’que t’aimes. »

Bon, du coup, sa playlist par défaut – qui se compose principalement de songs rock – pourrait ne pas lui plaire. Mais c’est pour ça qu’il existe une fonction de recherche sur l’appli’.

Pour sa part, il se reconcentre sur la route, évitant un véhicule qu’il vient de rattraper un peu de justesse. Ou de justesse du point de vue de l’autre conducteur, peut-être. Il a cru apercevoir son expression terrifiée en passant à côté. Il est déjà trop loin pour vérifier.

« Y’a personne, c’est un avantage certain. Mais non. C’est juste vachement plus fun ! » Il rit ouvertement, trouvant l’idée absurde. Il roule sur tous types de route depuis trop longtemps pour que ça lui change grand-chose. Quant à connaître les fameuses routes, well… « J’avais du temps à perdre la première année suivant ma mort. Je connaissais pas Tokyo. Alors j’ai étudié la carte et ses environs. »

Ouais. C’est pas aussi extraordinaire qu’il le laisse paraître. Et y’a de nombreux endroits où il a encore besoin d’un GPS pour s’y rendre sans se foirer.

« Au fait, tu sais, s’tu voulais qu’on soit potes, tu pouvais simplement d’mander. » Il déclare enfin ce qu’il a retenu plus tôt. Parce que ça ressemble un peu à ça. Il a rien contre. Même si l’amitié, c’est pas magique. Ça prend du temps à se construire.

Il sourit. Welp, si son explication incomplète lui convient, tant mieux. Il va pas s’embêter avec les détails techniques. Ils finiraient par se paumer tous les deux. Ou en avoir ras-le-bol de tourner en rond, partir dans des précisions encore plus complexes qui aideraient en rien.

Peut-être avec le temps.

Il lui a bien fallu, lui-même, des années aux côtés de son père pour tout assimiler.

Ouais, passionné, c’est l’cas de le dire. Il en est même mort ! Et pourtant, il se voit pas continuer à vivre – mourir, revivre, quoi qu’on dise dans l’au-delà – sans la course automobile. S’il perd ça, autant tomber en poussière aussitôt.

C’est dans son sang, c’est dans ses os.

« Ouais, pas easy de vivre d’une passion, parfois, hein ? » Il rit, haussant les épaules. Ça l’empêche certainement pas d’essayer et de se battre pour rien lâcher. « T’en as une aussi, toi ? Un rêve ou que’que chose du genre ? »

À son tour d’être curieux, nah ? Il a beaucoup parlé d’lui, et au final, il sait toujours pas grand-chose de Mino, à part son goût apparent pour le gothic lolita et le babymetal.

Il acquiesce simplement à sa question en passant. Ça lui convient, c’est fort et animé, c’est fun, c’est cool. Il aime quand y’a une bonne ambiance pour rouler.

Même s’il s’attendait pas à ça. « Même si j’m’attendais pas à ça. » Il répète ses propres pensées à voix haute. Il peut pas dire qu’elle donnait l’impression d’aimer ce genre, mais il aurait pas dû juger si vite à l’apparence. Tout est tellement trompeur ici. Et en plus, ça s’fait pas. Il le sait, bordel.

Ça l’dérange pas d’tenter d’être amis. Bien qu’il soit pas d’accord sur les adjectifs qu’elle lui trouve.

Sympa ? Gentil ? Ouais, demandez à ses coloc’s de Brossard s’ils partagent cet avis. Elle pourrait avoir des surprises. Lui-même se considère détestable, m’enfin, au moins, il l’assume totalement.

« Ça, j’sais pas, beaucoup d’gens m’supportent pas, j’t’avertis, hein. » Il doit juste donner une image différente quand il est avec des comparses racers. « Mais perso’, ça m’dérange pas, et t’as l’air motivé à essayer, alors let’s go, nah ? »

Au loin… Tout près maintenant, il aperçoit le panneau indiquant sa sortie vers le Mont Ōyama. Ah. Le temps passe si vite ? La vitesse et la discussion lui ont fait perdre la notion du temps. Même s’il reste toute la montée jusqu’au sommet du mont.

Ça va s’couer bien plus à partir de maintenant aussi.

Il resserre sa prise sur le volant, son sourire s’élargissant comme un fou. Bon, c’est plus marrant en descente qu’en montée, mais elle aura droit aux deux, puisqu’il faudra bien redescendre !

« Ça va devenir mouvementé sous peu ! » Il informe un peu au préalable. Et pas seulement sa passagère.

Il fait clignoter ses phares pour voir s’il reçoit un signal provenant du sens opposé. Malheureusement, les gens comprennent pas toujours les avertissements lumineux et répondent pas. C’est donc à lui de surveiller toute indication de lumière arrivant dans sa direction.

Après, y’a aussi moins de monde qui grimpe le Mont Ōyama au beau milieu d’la nuit, ça devrait aller.

Hm… c’vrai que ça dépend beaucoup d’la passion. Genre, les créateurs de jeux-vidéo, ils doivent kiffer la programmation, mais en plus, ils doivent bien en vivre !

Il les envie un peu. Ça a l’air plus simple.

Mais en même temps, ça a l’air ennuyeux à mourir de rester sur une chaise toute la journée devant un écran. Non pas qu’il soit mieux dans une voiture toute la journée. Sauf qu’au moins, il voit l’extérieur au lieu d’être enfermé.

« Une idole ? Ça a l’air cool ! » Compliqué aussi. Bah, autant que la course automobile, probablement. Faut réussir à se démarquer des mille et un concurrents. Plus facile à dire qu’à faire.

« Du coup, tu suis des cours aux Catacombes ou en autodidacte ? » Il se souvient pas l’y avoir croisée, mais il s’y rend pas tous les jours. Et peut-être qu’il y a pas de cours pour ça. M’enfin si oui, ils pourraient essayer de déjeuner ensemble, parfois. Et sinon bah… « J’suis pas spécialement bon pour ma part, mais on pourrait jouer à un karaoké ou un de ces jeux de danse dans les salles d’arcade ! »

Ça l’aidera à s’entraîner et ça sera plus motivant avec quelqu’un, non ? En tout cas, il serait partant, lui !

Bon après, s’il commence à donner l’air d’critiquer ses goûts, c’est mal barré pour être potes. Peu importe à quel point il disait pas ça méchamment. Il sait pas trop comment s’rattraper. En s’excusant ? C’pas son genre, ça aurait probablement pas l’air sincère.

Il grimace. « Ouais, euh. Voilà, tu vois ? Ça m’a surpris, genre… bah en fait, j’en sais rien. J’sais même pas c’que les gothiques écoutent, de base. Donc bon. C’est con, c’que j’ai dit. » Genre, il sait vraiment pas. Il l’imaginait p’t-être plus écouter d’la pop ou un truc comme ça. Allez savoir.

Et du coup, elle aimerait être une idole qui chante du babymetal ?

Une prochaine question à lui poser, sans doute.

Il rit à leur point commun. Ça promet d’être marrant, de tomber sur les défauts l’un de l’autre, un jour. Honnêtement, il s’en fout tant qu’elle le tolère, donc lui aussi. « Ça s’ra marrant, alors ! »

Et donc, ils commencent à grimper le mont.

Les virages deviennent plus étroits, plus serrés. Il s’engage dans des drifts sans s’embêter à rester de son côté de la route tant qu’il y a personne qui arrive en face. Bien sûr qu’il peut en faire en restant dans sa voie, c’est très complexe, mais faisable.

Il entend sa passagère rire. Enfin non, mais d’une façon ou d’une autre, il sent son excitation. Il la perçoit dans son ton aussi.

Il sourit, il peut pas trop sourire plus.

Il ressent une panique sous-jacente, venant de sa tête, de son cœur, de ses souvenirs. C’est faible, mais c’est là. C’est toujours là. Ça sera toujours là. Il peut rien y faire, il le sait, à part l’ignorer, la garder cloîtrée au fond de son esprit. Au moins, ça l’empêche plus comme au début, d’emprunter des routes montagnardes.

Peut-être qu’la seule indication de ce sentiment, est qu’il a ralenti par rapport à l’autoroute. Mais même ça, ça s’explique surtout par les virages qui se succèdent bien trop vite pour les gérer à la même vitesse.

Plus ils montent, plus il commence à voir… un peu de neige qui se réfléchit sur les arbres. « Eh bien, t’avais raison pour la neige, on dirait. » Plus qu’il ne s’y attendait. Y’en a pas sur la route, probablement salée par sécurité. « Dommage qu’il fasse nuit pour vraiment l’admirer, par contre. »

Au moins, ils sont d’accord, ils trouvent ça cool tous les deux. Et elle aussi, elle est impressionnante ! Apprendre à danser et chanter en autodidacte, c’est pas easy ! Il sait pas pourquoi elle semble gênée—

Oh.

Les Catacombes lui font peur ? Elle n’en donne pas la raison.

Il ne comprend pas. Mais sa faible voix lui conseille fortement de pas insister là-d’ssus. Ça ressemble à un blocage important, un peu comme lui et les routes montagnardes.

Si elle a besoin d’en parler un jour… bah au pire, y’a des chances qu’il soit là désormais. Amitié auto-proclamée et tout ça.

Donc. Il passe à autre chose. Et ça semble l’apaiser alors tant mieux !

« J’espère te donner un peu d’défi, quand même, sinon c’est pas drôle ! » Il rit et à moitié boude en l’écoutant se vanter de ses compétences. Non pas qu’il ait son mot à dire sur la vantardise… Mais ça doit pas être si compliqué de suivre des flèches sur une borne d’arcade, si ?? Il sait pas trop, il a pas vraiment eu l’occas’ d’essayer.

À son tour, il est soulagé d’entendre qu’elle lui en veut pas pour son jugement, et… lui donne même un cours express sur le mouvement gothique.

« Ah, je vois. Les mille et un sous-genres d’un genre. » Non vraiment, des fois, il a l’impression que des chanteurs et des groupes chantent un style qui correspond pas tout à fait au style de base, et décident de lui donner un nom juste pour être originaux.

M’enfin, c’est pareil pour beaucoup d’choses : genres littéraires, genres cinématographiques… ’Sont pas sortis d’l’auberge avec toutes ces inventions. Mais au moins, ça plaît à ceux qui aiment.

« Donc tu veux chanter du babymetal habillée en gothic lolita en tant qu’idole ? Ça va être sacrément atypique, tu vas en surprendre plus d’un ! » Lui le premier, puisqu’il s’attendait déjà pas à ça— Mais hey, ça l’aidera clairement à se démarquer, donc de son point de vue, c’est top !

Montant toujours plus haut, il remarque la neige sur les arbres, et en fait part à voix haute.

Il hoche la tête à son commentaire. « Ouais, je peux conduire sur d’la neige, mais clairement pas à une telle vitesse. Pareil pour la pluie, d’ailleurs. Faut des pneus adaptés, et même alors, ça reste glissant et dang’reux. » Il le sait trop bien. Son père a eu un accident sur sol glissant pendant qu’il pleuvait. Il grimace brièvement au souvenir.

Après quelques minutes et virages supplémentaires, ils atteignent le fameux sommet. Pour aller plus loin, c’est malheureusement sur un chemin accessible uniquement à pied.

Il se gare sur une place de parking presque vide. Y’a genre deux ou trois voitures. Peut-être des visiteurs pour une promenade tardive, ou des gardes nocturnes.

Au moment où il coupe le moteur, Mino explose de joie à côté de lui, le faisant tressaillir de surprise. Il la regarde un long instant, avant d’éclater de rire à son tour. « Eh bien, heureusement ! C’tait un peu l’but, t’sais ! » Il aurait été grave déçu et humilié si ça l’avait pas satisfaite !

Il récupère son tél’, remarquant une notif’ d’Écarl’ lui demandant ce qui lui prend autant d’temps pour revenir. Oopsies. Tant pis. Et le fourre dans sa poche de veste sans prendre la peine d’éteindre la musique.

« Ouais, bien sûr. » Il répond, même s’il a à peine le temps d’ouvrir sa portière et de mettre les pieds à terre qu’elle le rejoint pour le traîner avec elle vers la rambarde en bois qui surplombe des forêts d’arbres enneigés.

La musique résonne autour d’eux, aussi forte que dans la voiture, dérangeant le calme de la nuit et les hululements des hiboux.

Il voit pas grand-chose dans le noir, malgré avoir passé les dernières minutes à conduire dans l’obscurité. La lune n’est pas pleine, donc elle éclaire pas super bien non plus.

Il fait frisquet aussi, mais ça, c’est moins un problème. Il ressent pas l’froid. Il est pas sûr d’pouvoir en dire autant pour Mino. « T’as froid ou ça va ? » Il s’enquit. Il veut pas qu’elle attrape la crève non plus. Il a une couverture dans le coffre au cas où, sûrement un peu tachée d’huile, mais bon, ça f’ra l’affaire pour quelques minutes, pas vrai ?

« Y’a aussi un ch’min par là, » Il indique une direction de la main, où on peut voir, en effet, un début de chemin en bois un peu enneigé. « qui mène encore plus haut. »

Mais il s’fait déjà tard. Il sait pas si c’est une bonne idée de commencer à l’emprunter. Surtout en pleine nuit.