TW : Guerre et toutes les joyeusetés associéesLouis sait dessiner, un peu trop bien il est vrai. Il a beaucoup dessiné en revenant du front, comme si cette activité simple pouvait l’aider à sortir des visages de son esprit. Des dessins qu’il n’a jamais montrés à personne, non jamais. Il faut comprendre à quel point Louis a eu peur en rentrant, plus que d’être considéré comme une anomalie, peur d’être considéré comme un fou.
La Guerre, on n’en parlait pas ou très peu.
On avait peur du noir, on avait peur des bruits.
On avait peur de fermer les yeux.
Des années durant, et encore maintenant les cauchemars ne le quittent pas. Encore maintenant, il sursaute aux bruits soudains, forts, inattendus. Toujours sur ses gardes, toujours tendu.
“Idem. Enfin, je suis très mauvais en dessin donc ça serait imbitable pour quiconque hormis moi. C’est p’tete pas plus mal.”
“Je les ai cachés, ces dessins. Chez-moi, en Caroline du Sud. On les aurait trouvés, j’aurais probablement été interné. Si ça se trouve, ils ont été retrouvés, ou bien brûlés… Qu’est-ce que j’en sais, au final.”Est-ce que ses pseudo-enquêteurs ont mis leur fausse accusation de meurtre sur le coup d’une folie liée à la Grande Guerre ? A dire vrai, il ne s’est jamais amusé à chercher comment cette histoire s’était terminée. Mal, il pourrait le parier.
Un assassin dans la nature.
Et lui, pendu au pilori du jugement public.
“T’es pas obligé d’en parler en détails si tu veux pas.”
“Non, pas ce soir, je-. Je ne préfère pas trop raviver les souvenirs.”Le pire, c’était les charniers. Louis n’a pas toujours été soldat, non, il a été brancardier avant ça. Brancardier à aller trouver les morts et les vivants au milieu des no man’s land. Des morts-vivants surtout, il en a vu avant d’arriver ici. Et surtout, surtout, il fallait encore les séparer - les Noirs des Blancs. Même dans la mort, la puanteur des charniers, les combats à n’en plus finir.
On enterrait des frères à même le sol, là où on pouvait.
On n’avait pas toujours de nom, ni même de visage, pour les identifier.
Combien de cadavres sont restés sur place, parfaitement anonymes dans la masse ? Il n’ose même pas y songer, et pourtant la nuit, son esprit essaye tout de même de les compter.
“... Est-ce que tu comptes ? Tous ceux qui sont tombés ? Est-ce que tu essayes de les compter ?”Est-ce que tu réussis ?
Résumé
400 mots tout rond
Louis préfère ne pas raviver de souvenirs (lol) mais avoue compter encore maintenant