La nuit est sauvage et fière d’amertume. Elle guide les pas de nombreux dans des lieux sombres, pour se donner à la vie, à la mort, à forte addiction. Certains s’en vont délester des arc-en-ciel d’alcool dans la ruelle d’à côté, tandis que d’autres s’en vont cracher des confettis de sang sur un mur après une pêche aux aiguilles.
Toi, Barthélémy, tu ne fais rien de tout ça. Tu n’es pas de ceux-là ; tu préfères te noyer sous les draps épais et doux, te laisser emporter par les contes que tu racontes. Tu préfères ne pas penser à ces malheureux qui s'abandonnent à une mort qui ne veut plus d’eux.
La petite fille s’était depuis longtemps endormie. Toi, non. Tu ignores pourquoi. Peut-être signe du destin, mais certainement pas. Tu n’y crois pas. C’est peut-être un de ces jours, profiter du calme. Tâche compliquée quand on s’imagine l’endroit hideux où tu vis.
Au cœur de cette nuit fauve, tu es dans un cocon étrange de silence. Dur labeur qui t’accable, tu l’ignores ce soir. Tu préférais te laisser entraîner vers le repos. Pourtant, tu n’as point de sommeil, une mélancolie te guette. Comme toujours, tu sembles de marbre. Parfois, il serait plus facile de l’être réellement.
Un verre à la main, tu attends. Attends quoi ? Le sommeil, le repos, la paix ; une guerre en toi bouillonne, mais tu luttes. Peut-être que cette nuit, les démons reviendront te hanter. Ils se font rares mais parfois, ils reviennent. Tu vas mieux, mais pas cette nuit. Tu aimerais une distraction des cauchemars à venir.
Tu es assis, droit comme un piquet, sur l’un des sièges les plus calmes de l’appartement, chose rare.
Dehors, le bruit gronde. Un homme crie, hurle, chante et rit. Tu pouvais déjà le reconnaître. Tu hésites à retourner dans ta chambre, aller te coucher. Mais peut-être aurait-il besoin de ton assistance. Comme une habitude qui te hante, n’est-ce pas ?
La porte de l’entrée s’ouvre dans un fracas, et tu admires le spectacle ; un homme détruit qui refuse de l’aide, se laissant ronger par l’alcool car il n’a rien de mieux, car il refuse d’avoir mieux. Et quel spectacle, tu détournes les yeux. Non par honte, mais par respect pour cet homme. Il s’est élancé sur le canapé en face de toi, ne semblant pas t’avoir remarqué. Peut-être était-ce dû à la faible luminosité dans laquelle vous baignez à cet instant même.
Le bruit d’un objet de farce retentit, empirant l’aspect de la situation. Et il rit. Il rit avec légèreté de son propre ridicule. Tu te sens mal à l’aise, triste, malheureux pour lui. Lui qui ne semble pas se rendre compte qu’il pourrait être plus que l’épave qui est devenue.
L’ancien marin se met alors à chanter, au rythme de bruits désagréables, toujours hilare de son absurdité.
Mais l’existence elle-même n’est-elle pas absurde ? Qu’importe, il fait du bruit, trop. Tu décides d’intervenir.
— “
M. Wealdborn,” commences-tu à l’interrompre tandis qu’il semblait arriver au refrain, “
Je vous demande de cesser vos excès musicaux : vous allez finir par réveiller nos colocataires.”
Ta voix était calme, posée. Tu lui demandais, mais pas avec violence, non. Il y avait une certaine douceur, comme s’il tu parlais à un enfant. Mais ce n’était pas un enfant, c’était un homme brisé, comme tu en avais déjà vu, comme tu as pu l’être. Beaucoup d’entre eux se flagellent avec des dépendances variées, tant qu’ils peuvent s’échapper, l’espace d’un instant de la vie, de l’existence, ne pouvant effacer la douleur qui les a imprégnés.
Et c’est ainsi qu’ils perdent ce qui compte le plus : les autres.
Tu te lèves, et tu tends une main. Peut-être était-ce purement symbolique ? Qu’importe, n’est-ce pas ?
— “
Laissez-moi vous aider.”
Et sinon ?
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J'ai essayé un truc pour le style d'écriture, si t'aimes pas ou si c'est trop confus, j'écrirais de façon plus conventionnelle mdr mais n'hésite pas à me dire s'il y a un problème
Also, si j'ai mal conjugué le verbe avoir... me le dis pas
ce verbe est ma némésis