Hisa n'aime pas faire de vagues, il suit les règles sans les chambouler. Aide les autres sans s'en vanter, cherche leur bonheur avant le sien.
Pourtant sa personnalité ne pourrait pas être plus opposé à ses actions.
Probablement la personne la plus désagréable que vous n'ayez croisé, Hisa reste poli mais pourrait insulter toute votre existence en un regard. Peu patient, certainement pas calme et bien pragmatique, il flirt avec les limites de tous le monde jour après jour sans jamais avoir de problème.
Parce qu'il est parmi les plus anciens nécromanciens, parce qu'il s'est rendu indispensable, parce que
parce que
c'est Hisa
et que son apparente mauvaise humeur ne s'altérera jamais quoi qu'il en soit
seulement effacée d'un sourire après avoir reçu un "merci".
histoire
On pourrait dire qu’il a toujours été là, parmi le décor du royaume des morts, aussi reconnaissable que le reste de la foule de Tokyo. Figé dans son propre temps, évoluant pourtant au fil des mètres que prennent les immeubles de la capitale, années après années. La ville s’est construite autour de lui sans qu’il ne puisse rien faire à part apporter sa pierre à l’édifice.
Il aide au mieux, c'est tout ce qu’on sait de lui, c’est tout ce qu’il laisse percevoir.
Rares sont celleux qui ont entendu les histoires de son passé.
Car il déteste ressasser
surtout les mauvais souvenirs
d’un temps révolu et inchangeable
sans plus aucun sens pour lui.
Qui aurait pu deviner que, dans une autre vie, il fut Geisha ? Les seuls vestiges de cette profession se dévoilant au rythme de son chant intimement caché, de la délicatesse de ses doigts lorsqu’il perd son temps à caresser le papier de son pinceau,
lorsque son goût pour l’art se découvre au-delà des discussions tardives.
Il n’en laisse rien paraître, ne veut même pas y repenser.
Non pas car c’est trop douloureux, mais parce que ce passé semble irréel.
Si loin dans le temps qu’il en devient insignifiant, pourtant son corps en garde la marque indélébile.
Né en l’an 1633 à Osaka, d’une mère paysanne et d’un père marin portugais qu’il ne verra jamais de ses yeux noisettes, seul cadeau jamais reçu de sa part. Hisa sera vendu aux maisons closes de Shinmachi au plus jeune âge et ne connaîtra que ces lieux de toute son enfance. Apprendra de ses consœurs, raclera à la petite cuillère les bouts d’amour parsemés par sa mère adoptive.
Mais il apprend vite, comprend sa place, qu’il faudra à présent mûrir plus tôt que prévu et se faire à ce sort. Le rendre vivable sans se créer de faux espoirs, alors qu’ils étaient myriades.
Des prétendants généreux, des amants capables des plus grandes folies, c’était flatteur mais rien ne permit jamais à Hisa de connaître le bonheur.
C’était impossible, et il le sait maintenant, le problème résidait en lui,
en ce corps distant, ayant évolué en une version alternative de lui-même, assigné à un genre qui n’était pas le sien. Mais il ne s’en rendit compte qu’après sa mort, avant celà cette douleur n’avait pas de nom, développant ce vide au creux de son ventre jour après jour.
Acceptant les cadeaux sans les apprécier, souriants à ses connaissances sans les aimer, attisant les jalousies sans en jubiler.
S’attirant les foudres des épouses sans s’en rendre compte, et c’est ainsi que le matin du 5 octobre 1653 Hisa en paya les frais.
Une manigance avait convaincu les autorités qu’il était un sorcier, qu’il charmait ses victimes de ses yeux à l’éclat doré.
Qu’il devait être brûlé pour ça.
Au final, peut-être bien que ces souvenirs sont douloureux.
Rien ne bloque sa gorge comme la vision de ces atroces cicatrices le long de ses jambes.
Il peut encore le sentir,
les flammes léchant ses jambes, la chaleur mordante tout autour de son petit corps,
et l’odeur brûlante de sa chair se dissolvent dans l’air.
Oui, il préfère ne pas y penser, ne pas en parler.
Sa vie s’est construite après tout ça, dans le monde des morts, où il a pu découvrir son identité, se faire une place. Se marier, divorcer, vivre tout ce qu'il est possible de vivre.
Évoluer et se trouver une passion, celle d’aider les autres, prêter ses forces à l’Agence pour accompagner les nouvelleaux mort.e.s.
Il apprit diverses langues, découvrit tous les recoins de la ville et vit à présent en tant que Conseiller d'orientation pour nouvelleaux mort.e.s, Traducteur et Guide. D’abord aux côtés du roi Sukō, puis à son ascension, à ceux de Joshua.
Viendra s’ajouter son pouvoir, débloqué assez naturellement après avoir remarqué que sa présence pouvait apaiser les gens malgré son humeur massacrante, jusqu'à avoir frotté le dos d'un proche lors d'un moment d'émoi l'ayant immédiatement calmé, lui faisant se rendre compte que c'était bien son touché qui détendait les autres. Capable de faire s'envoler le stress de quiconque entrera en son contact, cela lui permit par la suite de créer des potions anti-stress pour les habitants du monde des morts, les vendant à un prix raisonnable pour les rendre accessibles. Il est devenu une figure si populaire qu’il s’est fait fantôme parmi les lémures, presque intangible, seulement présent par notre capacité à le percevoir. Il est là, comme le ciel est au-dessus de notre tête et le sol sous nos pieds.
Il reste juste
là.