Des fragments de brume éparses embrouillent mon paysage pour ne laisser place qu'à ma cible. Je ne méninge pas mes coups qui rebondissent vélocement contre son visage. Mais mon adversaire ne se laisse pas faire et m'estime suffisamment pour s'en prendre à un point vital, ma gorge. Des petits lames vicieuses, tranchantes, s'engouffrent dans la couche de mon épiderme à la rencontre des artères de mon cou. Furibondes, mes boules de phalanges explosent dans un fracas électrique contre son visage -qu'il s'est, par d'ailleurs, bien gardé de protéger en le tournant- pour l'électrocuter de ma force qui s'accroît à mesure que ma haine gagne du terrain contre ma raison. J'aime ce combat et instantanément, mes dents dévoilent un sourire libérateur.
Je reçois un coup de genou dans les boyaux qui me font exprimer un râle sourd. J'ai envie de colmater le choc avec mon bras, mais cette action oiseuse serait synonyme de négligence envers mes actions actuelles et je risque de perdre les seuls points d'accroches qui me maintiennent au-dessus de lui, gaspillant ainsi mon attaque surprise.
J'attrape ses cheveux pour le forcer à me faire face quand, inopinément, je sens mes cuisses ceinturant ses hanches quittées leur promontoire.
C'est l'homme-légume.
Prisonnier de ses mains qui se claquent comme un collet aiguisé autour de mes poings qui se rabattent derrière mon dos, je lui jette un regard fielleux au-dessus de mon épaule et tempête :
- Lâche-moi, imbécile !!J'agite mes pieds en essayant de le pousser par mes omoplates, retournant sa force contre lui. Mais le végétal demeure impassible et balance une phrase que je n'écoute pas. Seul le timbre de sa voix monotone m'indique un itinéraire que je ne veux pas suivre.
Aussitôt, mon adverse se relève et mes orbes carmin galopent dans sa direction, mes cheveux en bataille laissant entrevoir leur niveau d'écarquillement.
Une mélasse de salive et de sang parsème mon visage. Je l'imite, même si le mien ne contient qu'une composition de glaire. Le mec arbre m'enracine toujours de sa force tranquille, comme s'il pressentait qu'une fois libéré de son écorche contraignant mes mouvements, je me continuerais la rixe qui a un goût d'inachevé.
- Toi reste à ta place ! Ce n'est que partie remise ! SI JE TE RETROUVE JE TE FERAIS LA PEAU TU M'ENTENDS ! Puis je rajoute, sérieux :
- Tu ne m'oublieras jamais !Le louveau mal avorté s'approche de moi et tandis que j'ouvre ma jambe pour lui filer un deuxième coup de pied, il arque sa main en direction de ma fierté masculine pour y broyer son poing, concluant le tout.
- PUTAIN SALE CREVARD !!Je roule au sol en me tenant le dessous du bassin, éprouvant des difficultés à reprendre mon souffle. J'étouffe une plainte dans ma manche, tandis que ma vessie encore pleine tente de s'exprimer.
Les odeurs musquées harponnent mon costume et ma peau. Je renifle, vexé et pourtant, me voilà déjà debout m'essuyant la mâchoire avec ce qu'il me reste comme morceau de tissu. J'ai oublié Kaori pendant un petit moment et je l'ai entendu gémir pendant que je me tordais les boyaux au sol.
Y a un mec à l'ironique chevelure d'os, qui propose une théorie simpliste. Pff tout le monde le sait ça ! Il fait le malin mais il agit p...
Le courant est remis. Je cille un laps de temps avant de balayer l'assemblée, transperçant leurs regards de l'arme acuminé du mien. Je ne supportais pas qu'on me regarde plus, alors et à grandes enjambées, j'empoigne Kaori par le poignet et le dresse à ma hauteur dans un seul mouvement sec.
- Suis-moi toi.Mon timbre est plus revêche que je ne l'aurais voulu. Je ne veux pas le blesser pourtant. Je suis juste au bout des nerfs et ça me prend plus bourru, voir, austère. Je marche à mon rythme sans penser un instant que Kaori n'a aucune jambe et reste valeureux en me suivant sans trop se plaindre.
Une
cabine roulante se présente face à nous. J'ouvre la porte, mon avalanche de doigts toujours contre son poignet, l'aide à s'installer en face de moi. Et c'est là que je réalise qu'il semble vulnérable.
Je tourne la tête, la glabelle s'amenuisant à mesure que mes sourcils forment une pente raide sur mon visage. Je ne peux pas affronter ce regard de chien battu né à cause de mes caprices.
Puis, sanguin, je bouge et m'installe à côté de lui, ma main entraînant sa tête contre mon épaule pendant que sa jumelle s'affaire à remonter le col de mon manteau contre son cou. Nous sommes en sens inverse de la circulation, empêchant ainsi les autres fantômes de nous voir.
- Ça a été un peu dense cette soirée, hein ?J'essaye d'être doux mais dans ma carotide, les sons ne se répercutent pas comme je l'imaginais. À la place, ce sont mes mains qui circulent contre son crâne qui répande le sentiment que je leur distribue.
- T'es un peu fatigué ? Tu as faim ?Je pourrais lui acheter une barbe-à-papa mais ça impliquerait qu'ont nous voit tous les deux. Déjà que le chaperon nous a qualifiés de couple... À l'évocation de ce concept, j'enlève ma main qui se place entre mes cuisses, sans toucher le fruit interdit. Je suis encore sensible à cette zone.
En descendant, je m'accroupis, dos à Gueule d'Ange et lui présente de nouveau mon dos. Finalement, mes pas foulent le sol en direction de la sortie et, juste à l'entrée, mes billes curieuses glissent sur le reflet d'un homme.
Il a l'air si minable. Son pantalon noir est déchiré à l'arrière, son t-shirt blanc semble trop grand pour lui, décousu, comme si on avait tiré dessus. Son cou est strié de griffures et son visage enveloppé de poussières, de terre et de cadavres d'insectes. Son bras et ses mains se peinturent du même design, il marche comme un canard à cause de ses douleurs et pourtant, sur son dos, il porte une petite chose innocente qui ne lui fait ni remarquer son look digne d'un clochard, ni sa démarche inénarrable ou encore n'évoque son odeur de putois. Ouais ce gars blond est vraiment minable.
Pourtant, il me reste une mission à accomplir avant de me fondre dans le manteau ébène de la nuit, c'est de ramener Kaori en sécurité chez lui, jusqu'à son lit.
On traverse Tokyo, on bavasse un peu sous les projecteurs des lampadaires de faits insipides mais qui m'aide à oublier cette foutue soirée.
Devant un édifice, celui qu'il m'a indiqué avant de s'assoupir contre l'oreiller de paille de cheveux, seul mon instinct me guide dans ses lieux inconnus. Je progresse à pas de loup dans ce territoire qui ne m'appartient pas, laissant l'obscurité à son stade initial. C'est mission accomplie, non sans un geste de tendresse contre son front tiède et un remontage de couverture supplémentaire. J'en omets mon manteau et file comme une ombre intangible, butant quelques meubles au passage, indice supplémentaire que je lui ai laissé, valorisant une fois de plus ma présence.
Avec le mot encré sur sa peau de la dernière fois, Gueule d'Ange pourrait presque les collectionner.
Spoiler :
Dolores continue de se battre avec
@Elijah Cross subissant presque une chirurgie de la carotide et un délicieux mollard au visage. Il lui recrache un aussi puis répond à l'attaque
@Thorolf Auðunarson qui l'a calmé d'un coup radical dans les bijoux de famille
@Rizzen Arai sépare Eli & Dolo avant de proposer de sages paroles ▬ merci à toi pour ton intervention
Puis Dolorès, chevalier servant, prend un wagon, le dernier du fond avec
@Kaori Hirano qui dorlote un peu avant de le ramener à bon port et d'en oublier son manteau
Je remercie tous mes partenaires pour cet évent génial et vos réponses qui m'ont toutes fait rire. Ainsi, je me permets de vous identifier :
@Haruki Matsuoka @Kyo Yuzuki @Merle Blanc @Trine Iversen @Elizabeth Evenwild @Benedikt EngelburgMerci au staff de nous avoir organisé cet évent, je me répète, mais je me suis grave amusée !
Et j'en ai fini avec ce post