Milo observa la potion versée dans son chocolat. Il la connaissait bien, pour la consommer régulièrement… Elle coûtait assez chair. Pourquoi est ce qu’il en avait acheté pour lui ? Il n’arrivait pas à comprendre. Etait-ce parce que son apparence d’enfant lui faisait pitié ? Il serra un peu les dents et posa la tasse sur le sol prêt de lui.
« -
J’ai essayé de porter des gants. Ça ne change rien. Ça se déclenche quand même. »
C’était une saloperie, ce pouvoir. Même avec des gants de ski, les visions apparaissaient toujours. Peut être un peu plus flous, mais toujours là.
Soudain il détesta être plus petit de quarante centimètres que Vaska. Il se leva et descendit sa potion d’un trait-elle avait goût de vodka… Il récupéra ses vêtements et alla s’enfermer dans la salle de bain. Se transformer était quelque peu douloureux et il allait vite se retrouver à poil.
Grandir n’était pas agréable. Ses os et muscles s’étendaient, ses cheveux poussaient et il se retrouva accroupis sur le sol, seulement vêtu d’un T-shirt et quelque peu haletant. Il se releva et observa son reflet. Un jeune homme aux longs cheveux violets, aux yeux d’un bleu glacé. Ses tâches de rousseur avaient disparu. Son tatouage de scorpion était là, sous le tissus de son haut.
Il se dépêcha de se rhabiller et boucla sa ceinture en cuir en s’allumant une cigarette récupérée dans ses poches. Maintenant, il était libre de partir. Mais il était un peu… Tiraillé. D’un côté il voulait rentrer chez lui, s’allonger et dormir, et de l’autre, Vaska l’intriguait, et pas seulement parce qu’il avait vécut sa mort. Il souffla sa fumée au visage de son reflet et fini par sortir de la salle de bain.
C’était quand même bien mieux de voir l’appartement sous ce point de vue. Vaska lui semblait bien plus petit comme ça et ça lui tira un sourire en coin. Il fouilla dans son portefeuille et en sortit de quoi payer la potion, qu’il balança sur les genoux de son hôte en s’affalant dans le canapé.
« -
‘coûte cher cette merde, dit-il d’une voix bien plus grave. »
Il souffla une nouvelle fois sa fumée en un rond parfait, et passa une main dans ses cheveux qui étaient quelque peu dérangés sur le sommet de son crâne. Heureusement, il n’avait pas de racines blondes. Il les haïssait, cette couleur maudite qui lui rappelait son père. Il n’y avait bien que ses yeux qu’il gardait en l’état.