J’ai plissé les yeux, le prenant personnellement. Je ne sais plus si on a déjà eu ce débat lui et moi, concernant la « chasse » justement. Mais le fait est que ça reste un point sensible. Une putain de faille sur laquelle j’ai planché quasiment une année entière avant de l’assimiler.
J’ai mordu l’intérieur de ma joue, refusant de faire remarquer au vampire que cette pique avait fait mouche. Hors de question. T’es qu’un petit merdeux qui n’a pas conscience des enjeux Brendan et parfois tu mériterais quelques poings dans la gueule pour te faire redescendre d’une étage voir même d’un building entier tant t’es perché.
T’as pas tord sur un point cependant. Je ravale ce que je pense, je le fais mijoter en interne et l’enfoui dans le fin fond de mes entrailles. J’arbore une certaine façade qui s’effrite légèrement à ton contact, car t’es comme un petit frère pour moi malgré tes deux mètres de haut. Et pourtant ta fierté elle crève le plafond. Bien plus que la mienne, ça tu peux m’croire. La seule chose que je peux pas piffrer c'est ce besoin de répondre par la négative sous simple prétexte qu’on t’a demander ou indiquer quelque chose. Gamin en pleine crise d’adolescence…
T’es sérieux en me balançant ça à la gueule avec ton petit « je chasse, moi ». Mais va te faire foutre.
Mon expression a manqué de passer à quelque chose d’autre que l’inexpressivité. L’énervement. Le fait d’être blessé peut-être d’une telle remarque de ta part.
C’est sans compter ces changements physiques dont je suis toujours le dernier à être au courant quant à leur arrivée fortuite. Bien que. En observant de plus près la tête d’ahurie que tire mon duo comique à cet instant, je devine qu’un truc cloche sûrement. Et ça manque pas vue ce qu’il m’en dit.
Manquait plus que ça. La tronche de cosplayeur.
Et merde.
Sont les seuls mots qui sortent de ma bouche. Je suis au courant de ce phénomène et pas qu’un peu. Malheureusement la seule personne qui bossait là-dessus s’est cassé retrouver sa princesse au Canada sans jamais se r’tourner. C’est pas non plus comme si je ne l’y avais pas poussé d’une certaine manière… elle me manque mais le plus important c’est qu’elle soit bien, non?
Alors pourquoi cette tête de tocard qui me traine comme un patient sur le point de crever veut pas faire pareil et m’écouter?!
Bren, c’est rien.
Je soupire, me plaquant l’autre main libre sur le visage, remontant par extension dans mes cheveux que je plaque davantage vers l’arrière encore. C’est moi ou t’as l’air de paniquer pour ma gueule un peu? Morue va.
Bren.
Un pas en avant, deux pas en arrière. C’est une danse durant laquelle il a tendance à me marcher sur les pieds avec ses bateaux.
Putain Bren.
Il m’écoute même pas ce con!
Ni une ni deux, je l’ai stoppé dans sa recherche de je ne sais quoi. Je vais sûrement le regretter par la suite mais hors de question de me trainer ainsi dans les couloirs. Encore une fois je connais du monde à l’agence et j’aime rester discret bordel. J'use clairement de la différence de force en décidant de prendre la furie en sac à patates, au moins la perte de son pantalon est réglé. Je la maintiens fermement en sachant très bien qu’il va me faire vivre un enfer pour les futures enjambées que je m’apprête à faire.
Écoute ce que je te dis putain. Il va rien m’arriver mais je veux pas qu’on me voit ainsi ici. Et toi non plus tu veux pas qu’on te voit comme ça ici! Alors on va dans mon bureau. Je t’explique une fois là-bas.
Je crois que j’ai jamais marché aussi vite de toute ma vie. Ne comptant absolument pas sur l’agilité ou la discrétion du fait du colis que j’me trimbale, je mise sur la rapidité. C’est d’ailleurs pour cela que je fais peut-être un mauvais choix. Appuyant sur le bouton de l’ascenseur, le « ding » de ce dernier me fait prier pour que personne ne soit à l’intérieur. Le truc c'est qu'on est aux étages inférieurs, et qu'il faut remonter...
Heureusement pour moi il n'y a personne et je rentre dans l'ascenseur sans la moindre pensée, le moindre souvenir de cette fois où j'y ai fini enfermé pendant quelques heures avec Lynn. Appuyant sur le bouton du rez-de-chaussée, les portes se ferment et je soupire en me fixant dans le miroir.
Bah putain... v'là l'équipe...
Un rire nerveux s'échappe de mes lèvres, qui se transforme peu à peu en fou rire. A vrai dire la situation est foutrement risible. Bren en fille, moi en cosplayeur. J'suis fatigué et ça ne fait qu'accentuer mon rire et j'en ai mal aux zygomatiques tant c'est incontrôlable, me faisant relâcher par la même la prise sur le vampire.
Face : Y'a personne
Si pile :
Pile : Urie connait cette personne
Face : non, c'est un inconnu.