A ce stade, l'inconscience a fait son travail. Très sincèrement et pour en revenir une dernière fois là-dessus, Brendan évalue le cadavre sous son poids qui se révolte aveuglément (puisque pied sur la figure) alors que clairement aucune solution ne lui est offerte. Néanmoins, Brendan se doit d'applaudir, uniquement intérieurement, la ténacité d'un tel avorton qui ne fait que s'agiter ou alors se plaindre alors que sa situation est des plus déplorables.
D'une moue toujours désabusé, il contemple en dodelinant la tête vers le côté le plus visible de ce moucheron quasiment écrasé. Son ambition ne semble, pour l'instant, et même jamais, en miettes. En ce minable microbe, la grande brute se transpose alors que des années plutôt, elle est à la place de cet insecte.
Gigotant les bras pour un peu de pain.
Gigotant les bras pour faire des munitions.
Gigotant les bras pour un peu de liberté jamais offerte.
Et qu'on piétine comme il fait actuellement.
À l'instar de ces bourreaux du passé, il devient comme eux. C'est ainsi qu'est le cycle de la vie : Bien triste et bien cynique. Les faibles se font marcher dessus pour marcher sur des plus faibles encore, pour se dire qu'ils sont passé au-delà de cette faiblesse. Peut-être que cet homme, à ses pieds, dans ses arguments, cherche aussi à être moins faible par un schéma différent car il n'a pas encore acquéri assez d'expériences dans ce qu'on appelle — peu importe le nom qu'on lui donne — la vie ou la mort. Cet ectoplasme doit être jeune, c'est certain, pour ainsi prétendre pouvoir se hisser en haut avec pas grand chose ; et on ne parle pas forcément de force physique car la manipulation s'acquiert tout autant dans ce monde, force d'âge.
Penser pouvoir filer à l'anglaise en obtenant ce qu'il désire par acte de charité n'est nullement possible dans un royaume qui se prétend juste monarchie démocratique alors que, dans son état si vaste, n'est qu'une anarchie évidente. À quoi est ce que ce type s'attend ?
Que Brendan ait peur de certaines répercussions ? Très peu pour lui.
Que la clémence tombe du ciel ? Il peut toujours rêver.
Que l'attention se porte à nouveau sur lui ? À condition qu'il fasse le pas en premier.
Il ne l'écoute plus vraiment, bras croisés, jusqu'à ce qu'en effet, par pur hasard ou plutôt par hasard maladroit, le garçon lui demande un détail sur sa personne. Il s'agit du premier. Le contexte n'y est absolument pas favorable alors que, probablement, dans son précédent monologue pour un public lui aussi sourd, il a probablement dénigré le vampire.
Totalement confus, le jeune homme se met à rire de cette question plutôt cocasse mais pas de manière malsaine, plutôt innocente, les yeux quelque peu adoucis par cette recherche qui n'est sans doute que d'une courte durée :
▬ Alors c'est moi le mec illogique dans l'histoire mais toi, t'oses me demander mon prénom, sans pression ?Commissure qui s'enfonce au creux de sa pommette, il est plutôt gêné face à cette question. Il ne sait pas y répondre alors que la réplique à fournir est bêtement simple. Il ne bégaye pas mais ses lèvres ont du mal à prononcer son prénom, hésitantes et un peu méfiantes.
▬ Brendan. La méfiance n'est reprise qu'après avoir accordé cette information à cet homme. C'est peut-être un mauvais choix de lui en avoir fait part et on ne sait pas ce qu'il pourrait en faire. Toutefois, si Brendan le considère justement comme plus faible que lui, que peut-il faire de plus ? Non, vraiment, il ne sait pas. Est ce que ce garçon est une menace ou un menacé ? Son double jeu est probable comme il a pu dévoiler toutes ses cartes en avouant bel et bien être une vipère sans venin plus offensif que celui-ci.
En guise de compromis, Brendan nage sur le qui-vive et sur une décontraction qu'il travaille en alliage avec le premier cité.
▬ En revanche, ton prénom m'intéresse pas vraiment. T'es qu'un connard à mes yeux. C'est suffisant pour t'identifier.À l'inverse, la politesse ne l'américain n'a pas l'air de vouloir vraiment évoluer. Elle désire l'attention, pas la desservir sur un plateau d'argent aux autres. Ce détail frustre peut-être la générosité caché du grand, d'ailleurs, qui en souhaite pas plus se dégager de l'écrasé, ne s'inquiétant que peu de son sort.
Qu'importe il soit similaire, c'est ce pas le chemin qu'a suivi Brendan après tout ? Cet ectoplasme le mérite plus amplement que lui, voilà la meilleure justification que le nippo-américain peut fournir pour justifier sa conduite.
Similaires ou différents, dans tous le cas, le conflit n'a rien de sain pour aucun des deux et Brendan en a bien conscience. Il a traversé des limites assez tranchées d'accoutumée qui se sont avérées trop proches l'une de l'autre aujourd'hui. Le temps est donc de les remettre en place. Si la venue d'Urie n'a pas, initialement, ce but, elle permet, en tout cas, aussi, de pouvoir canaliser le brun, trop enragé parfois.
▬ Et... Nan, j'ai pas appelé mon mec, comme tu pourrais le dire. J'avais, ouais, pour plan de te maraver ta petite bouille d'ange mais je préfère appeler quelqu'un de plus logique que nous deux pour chercher à me raisonner un peu dans cette affaire.Plus avisé qu'auparavant, le garçon détache sa semelle de la figure de son adversaire pour le contempler pleinement. Les bleus parsèment son visage mais surtout la crasse dans laquelle il a marché pendant au moins une dizaine d'années puisque ces chaussures sont loin d'être neuves, en effet. Il garde ses bras croisés mais son rire est confié à un sourire étroit mais compatissant avant de se faire bousculer par une remarque amère :
▬ Crois pas que j'te laisse tranquille et que tu vas t'en sortir indemne, hé ! D'une manière ou d'une autre, j'compte bien te faire ta fête. T'auras juste moins de chance de finir perché là-haut sur un arbre.Dans cet élan de philosophie caritative, Brendan essaye encore de dissimuler ses traces de compassion par de la méchanceté alors qu'il pourrait être plus pardonné pour ses coups s'il est plus clément, en vérité. Mais sur cette étape, il compte plutôt sur son seul camarade pour le faire.
Toujours seul, incapable de prendre une décision seul.L'écran de son cellulaire s'illumine pour pousser le retranchement et la responsabilité sur le perdu.
« Au fait, nan, j'peux pas venir. Débrouille toi tout seul, merde ! »
Comme d'habitude.