I wanna be with you everywhere || PV Asuma

Laissant Asuma choisir ce qu'il voulait manger, Haru détailla les possibilités qui s'offraient à lui. Mais son attention était irrémédiablement attirée par les arômes subtils provenant de la direction opposée. Elles lui rappelaient l'odeur des pâtisseries que sa sœur confectionnait à l'occasion, lorsqu'elle en avait le temps et l'envie. Pendant ce temps, son ami s'était déjà décidé pour des frites. A sa proposition de commander pour lui, Haru secoua le tête en signe de dénégation.

— C'est gentil, mais ne t'inquiètes pas pour moi, j'ai l'habitude de me débrouiller seul. Et puis, je crois que je vais plutôt m'acheter quelque chose de sucré.

Toujours décidé à payer le repas, il s'approcha du vendeur et s'efforça de se faire comprendre par écrit. Mais devant la feuille couverte de caractères japonais, l'homme se contenta d'afficher un air perplexe. A tout hasard, le nécromancien tenta la langue des signes, sans autre résultat que d'impatienter son interlocuteur qui finit par lui répondre d'un air irrité :

— Listen, I only speak english, okay ?

Ce fut au tour du Japonais d'afficher un air perplexe. Le vendeur soupira.

— English. Do you speak english ?

La situation devenait désespérée. Complètement perdu, Haru se tourna vers Asuma. Peut-être que lui comprendrait quelque chose à ce que baragouinait l'homme ?

HRP : désolée, c'est un peu court éè

En voyant qu'Asuma s'en sortait très bien avec le vendeur, Haru retrouva son habituel sourire. Avoir un ami avec soi pouvait décidément s'avérer très utile, en plus d'être très agréable. Il fallait vraiment qu'il pense à proposer plus souvent à Asuma de venir avec lui lorsqu'il sortait. Il avait envie de passer plus de temps avec lui, d'apprendre à mieux le connaître. Aujourd'hui, il avait déjà découvert des détails qu'il ne connaissait pas encore sur son ami, comme ses talents en linguistique.

— Tu parles plusieurs langues ? C'est trop cool ! Combien tu en as appris jusqu'ici ?

Alors qu'il signait ces mots, les yeux du jeune Japonais brillaient d'une admiration légèrement disproportionnée. Il était encore plus impressionné que lorsqu'il avait constaté les progrès d'Asuma en langue des signes. Puis il se rappela qu'ils étaient en train d'acheter à manger. Il pourrait toujours s'émerveiller des talents de son ami plus tard.

— Oh, pour la nourriture, tu peux me prendre deux beignets aux myrtilles s'il te plaît ?

Haru sortit son porte-monnaie et tendit quelques Øssements au zombie, assez pour payer leurs commandes à tous les deux. A l'affirmation d'Asuma selon laquelle il n'avait pas de chance, il fit non de la tête. Il n'interprétait pas les choses de cette façon.

— Non, c'est le contraire. J'ai eu beaucoup de chance de tomber sur quelqu'un qui ne parlait pas japonais, parce que grâce à ça j'ai appris quelque chose de plus sur toi.

Cette histoire de langues l'avait décidément ébloui. Il faut dire qu'Haru, bien qu'il aie eu des cours d'anglais tout au long de sa scolarité, avait toujours eu des difficultés avec cette matière. Et il lui avait suffi de quelques mois sans pratiquer pour oublier le peu qu'il avait appris. C'était tout juste s'il savait dire "hello", sans même parler de son accent. Bien sûr, il parlait la langue des signes, mais c'était totalement différent. Il s'agissait d'associer des gestes à des mots, ce qui était beaucoup plus facile - du moins aux yeux du nécromancien.

Leur commande ne mit pas bien longtemps à être prête, et bientôt, les deux fantômes purent laisser derrière eux le vendeur désagréable. Haru, qui commençait à avoir faim, désigna du doigt un banc inoccupé un peu plus loin.

— On s'installe là-bas ?

D'un pas léger, Haru suivit Asuma jusqu'au banc et s'assit à ses côtés. Tout en l'écoutant, il dégusta son premier beignet. Cela confirmait ce qu'il pensait déjà : les myrtilles étaient les meilleurs fruits au monde, après les framboises bien sûr. Son ami lui détailla les langues qu'il parlait, rougissant très légèrement sous le regard amusé d'Haru. Asuma était probablement la personne la plus modeste qu'il connaisse, et le fait qu'il soit embarrassé à chaque fois qu'il recevait un compliment était plutôt adorable. Le nécromancien prit le temps de s'essuyer les mains sur une serviette trouvé dans le sac en papier, puis il se tourna vers lui pour lui répondre.

— Je viens de penser... Je n'ai jamais voyagé en dehors du Japon, ce serait trop compliqué pour me faire comprendre. Mais si j'étais avec toi, ça ne serait plus un problème. Tu parlerais aux gens, et moi je te tiendrais compagnie. On pourrait voir tous ces pays ensemble. Qu'est-ce que tu en penses ?

Les yeux brillants, le Japonais fixait son camarade, le visage plein d'espoir. Bien que l'idée vienne tout juste de lui traverser l'esprit, elle lui apparaissait comme une évidence. S'il y avait une personne avec qui il avait envie de voyager et de découvrir de nouveaux endroits, c'était bien le jeune garçon aux cheveux bruns qui se tenait en face de lui.

Haru suivit attentivement les mains d'Asuma alors que celui-ci signait sa réponse. Ce qu'il lui demandait était important. Il ne s'agissait pas d'une petite balade en ville ou d'une randonnée, mais de partir en voyage. Entièrement concentré sur la conversation, le nécromancien ne faisait plus attention à ce qui se passait autour de lui. Il n'entendait plus les cris de la foule, ne remarquait plus les fantômes qui marchaient autour d'eux. Son ami lui prit les mains, et pour toute réponse, il lui sourit, heureux. Il aurait pu rester comme ça pour l'éternité. Au bout d'un petit moment, Asuma proposa qu'ils fassent un détour par la boutique de souvenirs. Le Japonais se souvint en avoir aperçue une près de l'entrée du parc. Il lâcha à regret les mains agréablement chaudes de l'autre garçon pour répondre.

— OK, allons-y. Ça doit être par là, je crois.

A nouveau, il entrelaça ses doigts à ceux d'Asuma. Ce geste si agréable qui commençait à devenir une habitude. Ils durent revenir sur leurs pas pour retrouver l'endroit qu'ils cherchaient. Le magasin de souvenirs était bien là où Haru se rappelait l'avoir vu, et bientôt ils en poussèrent la porte, déclenchant un son de clochette. Il faisait frais à l'intérieur, sans doute grâce à la climatisation, et l'endroit était plein à craquer de touristes et de vacanciers à la recherche de la meilleure babiole à rapporter chez eux. Haru hésita à l'entrée, redoutant que son pouvoir se remette à faire des siennes, mais il lui suffit de voir le visage de son ami pour reprendre du courage. Serrant sa main un peu plus fort, il passa le pas de la porte. Rien. Pas de pensées parasites. Il sourit.

— Quel genre de souvenir tu voudrais ? Il y a plein de rayons différents...

— Je te laisse choisir pour moi, je suis sûr que tu trouveras quelque chose.

Acheter des souvenirs n'était pas vraiment dans les habitudes du Japonais. Il s'emcombrait rarement d'objets inutiles, mais s'il s'agissait d'un cadeau choisi par Asuma, alors c'était différent. Il aurait bien voulu lui rendre la pareille, d'ailleurs. Ni trop grand ni trop petit, avait-il dit... Haru parcourut des yeux les étagères chargées de la boutique, se demandant ce qui pourrait plaire au jeune garçon. Il ne savait pas beaucoup de choses sur lui, enfin de compte. Même s'il avait l'impression de le connaître depuis une éternité, cela ne faisait que quelques mois qu'ils s'étaient rencontrés, et il ne lui avait pas posé beaucoup de questions sur ses goûts. Il hésitait, ne sachant pas de quel côté se tourner, lorsqu'il sentit son ami lâcher sa main pour aller regarder quelque chose de plus près. Une peluche, apparemment. Un air mi-amusé, mi-attendri se peignit sur le visage du nécromancien devant la réaction un brin enfantine d'Asuma. Y avait-il quelque chose de plus adorable au monde que cette scène ? Haru en doutait.

— T'excuse pas, signa-t-il en souriant. C'était très mignon.

Il lui ébouriffa affectueusement les cheveux, un peu comme à un enfant. Bien qu'il ne le dépasse que de quelques centimètres, cette légère différence de taille accentuait légèrement l'apparent écart d'âge entre les deux spectres, le plus grand des deux paraissant un peu plus âgé . Mais lequel des deux était le plus mature, c'était une toute autre question.

— Tu voudrais une de ces peluches ? Ou peut-être quelque chose d'un peu plus utile ?

Promenant à nouveau son regard un peu partout, Haru aperçut quelque chose qui attira son intérêt. Sur un rayonnage situé assez haut, se trouvaient des porte-clés décorés de différents objets, et à l'un d'entre eux, pendant à l'anneau principal par un trou dans son manche... une poêle à frire miniature, semblable à celle avec laquelle Asuma avait failli assommer Haru et qui avait fini oubliée par terre au beau milieu de la forêt. Voilà ce qu'il allait offrir à son ami. Seul souci, même en se mettant sur la pointe des pieds et en tendant le bras au maximum, le nécromancien peinait à atteindre l'objet de sa convoitise. Même chose en sautant. Après plusieurs vaines tentatives, Haru se rendit à l'évidence : c'était trop haut. Il allait avoir besoin d'aide.