Le souci avec l'art, c'est que c'est un moyen de communication extrêmement pervasif... Lorsqu'on est un sale type, c'est un devoir moral de ne jamais, jamais s'en servir, vous comprenez ?
Identité
Nom : Callahan.
Prénom : Simon.
Date de naissance : 10/02/1990 à Limerick.
Date de mort : 21/12/2023, aussi à Limerick.
Nationalité : Irlandais du Sud.
Langues parlées :
Personnage de l'avatar : Jean Vicquemare - Disco Elysium . Le fanart est de bloomellaa sur tumblr.
Prénom : Simon.
Date de naissance : 10/02/1990 à Limerick.
Date de mort : 21/12/2023, aussi à Limerick.
Nationalité : Irlandais du Sud.
Langues parlées :
[X] Anglais - Il s'agit de sa langue maternelle.
[~] Japonais - On pourrait imaginer qu'un Simon consciencieux s'est penché sur l'apprentissage avec astringence, mais il se repose surtout sur des phrases professionnelles, du genre de ce que l'on trouve dans les guides de conversation Anglais-Japonais raflés un jour qu'il en avait assez de baigner dans l'incompréhension.
[X] Autre(s) : [~] Japonais - On pourrait imaginer qu'un Simon consciencieux s'est penché sur l'apprentissage avec astringence, mais il se repose surtout sur des phrases professionnelles, du genre de ce que l'on trouve dans les guides de conversation Anglais-Japonais raflés un jour qu'il en avait assez de baigner dans l'incompréhension.
Gaélique Irlandais/Gaeilge - Appris à l'école en seconde langue, Simon se débrouille bien avec, même si un usage raréfié hors des manuels et devoirs ne lui permet pas de dépasser le formalisme de la langue des poètes ou des révolutionnaires. Il le lit mieux qu'il le parle, c'est certain. Mais quelle importance ?
Race : Zombie.Personnage de l'avatar : Jean Vicquemare - Disco Elysium . Le fanart est de bloomellaa sur tumblr.
Description physique
Couleur de peau : Son teint est cireux, qui oscille entre le grisâtre et le jaunâtre d'un journal mouillé. Sous le costume, des plaques sèches s'effritent et des ecchymoses noir pétrole apparaissent en suintant quand il se gratte ; son visage n'est pas en reste, là où la peau pèle sur les joues.
Couleur des cheveux : Noirs et secs, dans un amas de boucles mal accordées. Sans effort autre que le peigne et un peu de crème de temps en temps, ils tombent régulièrement, sur ses manteaux et sur ses feuillets.
Longueur des cheveux : Courts, à peine descendant dans la nuque. Rien de moins pratique qu'une longue chevelure, dira-t-il.
Couleur des yeux : D'un gris terne, poussiéreux. Vague et mort au-dessus de ses cernes, son regard ne porte jamais réellement sur son interlocuteur.
Corpulence : Il l'aurait voulue svelte, elle est en patchwork. Par excès d'alcool pas encore tout à fait perdu et sédentarisme, son corps montre des proéminences un peu partout, où la musculature sous-développée laisse pendre la graisse et où certains plis cachent la nécrose qui s'avance.
Taille : Callahan, Simon, est plus petit que la moyenne. 1m68, manqué comme une révolution de mai.
Style vestimentaire : Oublier ses habitudes, c'est perdre l'un de ses points d'ancrage dans le réel. Pour autant qu'il chavire, Simon amidone et repasse ses chemises, les boutonne jusqu'au cou, noue son four-in-hand à la longueur parfaite pour que le bord large ne laisse pas entrevoir l'étroit, porte sa veste sans un pli. De tout ce qu'il aura laissé passé, porter une cravate droite et rester carré dans son apparence vestimentaire lui permet de ne pas trop regarder ce qui suinte en dessous, ce qui colle à sa peau et le parfume de pourriture.
Habitudes : Il ne boit plus depuis sa zombification, mais a gardé un vilain tabagisme d'avant sa mort.Couleur des cheveux : Noirs et secs, dans un amas de boucles mal accordées. Sans effort autre que le peigne et un peu de crème de temps en temps, ils tombent régulièrement, sur ses manteaux et sur ses feuillets.
Longueur des cheveux : Courts, à peine descendant dans la nuque. Rien de moins pratique qu'une longue chevelure, dira-t-il.
Couleur des yeux : D'un gris terne, poussiéreux. Vague et mort au-dessus de ses cernes, son regard ne porte jamais réellement sur son interlocuteur.
Corpulence : Il l'aurait voulue svelte, elle est en patchwork. Par excès d'alcool pas encore tout à fait perdu et sédentarisme, son corps montre des proéminences un peu partout, où la musculature sous-développée laisse pendre la graisse et où certains plis cachent la nécrose qui s'avance.
Taille : Callahan, Simon, est plus petit que la moyenne. 1m68, manqué comme une révolution de mai.
Style vestimentaire : Oublier ses habitudes, c'est perdre l'un de ses points d'ancrage dans le réel. Pour autant qu'il chavire, Simon amidone et repasse ses chemises, les boutonne jusqu'au cou, noue son four-in-hand à la longueur parfaite pour que le bord large ne laisse pas entrevoir l'étroit, porte sa veste sans un pli. De tout ce qu'il aura laissé passé, porter une cravate droite et rester carré dans son apparence vestimentaire lui permet de ne pas trop regarder ce qui suinte en dessous, ce qui colle à sa peau et le parfume de pourriture.
Autre : Sa voix, à l'oral, est très douce et mal assurée. Il bégaie et tique énormément si on lui demande son avis engagé, mais autrement semble quelqu'un d'assez terne et rigide, qui répond par formalités sans oser s'avancer.
Précisions
-
- Il possède deux lapins, Maldoror et Margarita, tous deux noirs au pelage satin. Les petits possèdent des oreilles droites, un poil brillant sous la lumière, et un appétit sans fin pour la verdure. Un rêve d'enfant, peut-être, de posséder des animaux ; en réalité, Simon au départ voulait un chien ou un serpent jusqu'à ce qu'il tombe sur une annonce et décide de sauver en urgence le couple de lagomorphes. Ils le suivent comme des ombres bolides quand il se déplace dans l'appartement, et peut-être qu'ils ont rongé le câble de trop ou un livre trop précieux.... Peu importe, il est d'une exquise tendresse avec eux.
- Simon souffre d'un Trouble Obsessionnel-Compulsif non-diagnostiqué. Plus précisément, il s'agit d'un TOC d'ordre moral (scrupulosité) et centré sur des événements réels (Moral and Real Event OCD).
Sources diverses accessibles sur le net :
- Simon sait danser le tango argentin. S'il est meilleur follower que lead, il reste versatile et serait très heureux de danser avec quelqu'un ou de partager cette passion. C'est une danse précise, réactive, où l'improvisation découle d'une maîtrise de soi totale, et ça lui permet d'oublier tout le reste pour se concentrer sur la discipline... On lui accusera quand même une certaine rigidité ou anxiété dans ses mouvements, où il va parfois être trop carré sur le carré, poser trop fort le pied en changeant le poids de son corps et oublier d'appuyer son intention s'il ne se rappelle pas qu'il est en dialogue.
- Il possède deux lapins, Maldoror et Margarita, tous deux noirs au pelage satin. Les petits possèdent des oreilles droites, un poil brillant sous la lumière, et un appétit sans fin pour la verdure. Un rêve d'enfant, peut-être, de posséder des animaux ; en réalité, Simon au départ voulait un chien ou un serpent jusqu'à ce qu'il tombe sur une annonce et décide de sauver en urgence le couple de lagomorphes. Ils le suivent comme des ombres bolides quand il se déplace dans l'appartement, et peut-être qu'ils ont rongé le câble de trop ou un livre trop précieux.... Peu importe, il est d'une exquise tendresse avec eux.
- Simon souffre d'un Trouble Obsessionnel-Compulsif non-diagnostiqué. Plus précisément, il s'agit d'un TOC d'ordre moral (scrupulosité) et centré sur des événements réels (Moral and Real Event OCD).
Sources diverses accessibles sur le net :
Spoiler :
https://psychology.fandom.com/wiki/Obsessive-compulsive_disorder
https://www.treatmyocd.com/what-is-ocd/common-fears/what-is-moral-ocd-signs-symptoms-and-treatment
https://theocdandanxietycenter.com/real-event-ocd-symptoms-and-treatment/
Note : je serai ravi d'apporter plus de sources académiques etc, ou d'en discuter plus s'il faut améliorer le personnage. En effet, je cherche à être respectueux, d'autant que je tire surtout de ma propre expérience avec cette condition.
https://www.treatmyocd.com/what-is-ocd/common-fears/what-is-moral-ocd-signs-symptoms-and-treatment
https://theocdandanxietycenter.com/real-event-ocd-symptoms-and-treatment/
Note : je serai ravi d'apporter plus de sources académiques etc, ou d'en discuter plus s'il faut améliorer le personnage. En effet, je cherche à être respectueux, d'autant que je tire surtout de ma propre expérience avec cette condition.
- Simon sait danser le tango argentin. S'il est meilleur follower que lead, il reste versatile et serait très heureux de danser avec quelqu'un ou de partager cette passion. C'est une danse précise, réactive, où l'improvisation découle d'une maîtrise de soi totale, et ça lui permet d'oublier tout le reste pour se concentrer sur la discipline... On lui accusera quand même une certaine rigidité ou anxiété dans ses mouvements, où il va parfois être trop carré sur le carré, poser trop fort le pied en changeant le poids de son corps et oublier d'appuyer son intention s'il ne se rappelle pas qu'il est en dialogue.
Caractère
Créatif
Anxieux
Solipsiste
Overthinker
Rigide
Simon ? C'est un type qui a l'air réservé, peut-être hautain si l'on s'arrête à son silence de morgue et à son regard absent. Une affliction de famille le pousse à avoir la pire resting bitch face de l'univers, au point même qu'il n'est pas rare qu'on lui demande si tout va bien dès lors qu'il perd un peu de sa concentration pour avoir l'air amical ou au moins abordable... mais ce n'est en aucun cas volontaire qu'il fronce les sourcils et fait la moue quand il se perd dans ses pensées : au contraire, dès qu'il ouvre la bouche, c'est d'une voix douce, l'incertitude à l'arrière de la gorge, que s'exprime le chat noir sous des relents rouillés de tabac et de nécrose.
S'il paraît un peu trop fort de café, c'est bien parce qu'il pense en boucle à ce qu'il va dire en oubliant d'utiliser les inflexions adaptées pour transmettre ses intentions. C'est que Simon n'est pas le gars le plus sociable du monde ; il aime sincèrement en apprendre plus sur les autres et vit dans la fascination constante de ce que tous les esprits sont riches à l'intérieur comme tout autant de constellations, mais la simple idée de mal dire, de dérégler la machine précise des interactions sociales le terrifie.
En effet, Simon est scrupuleux. Tout ce qu'il pense, dit et fait est passé sous le peigne fin d'un milliard de conséquences et d'implications. Sa hantise est de blesser quelqu'un d'autre, et il n'est pas rare en réalité que l'effet inverse de sa bonne volonté se produise pour qu'il le regrette profondément. Ce dont il ne parle pas, c'est qu'il tient tout seul une liste de chaque erreur, infime ou perçue, qu'il a commises chaque jour pour se valider dans le fait qu'il devrait mieux faire et qu'il est très certainement une personne horrible. Un mot en trop, une expression faciale, un ton trop sec, s'asseoir dans les transports à la place d'une autre personne, ou, de manière évidente, une dispute vont le bousculer profondément dans sa perception de lui-même jusqu'à ce qu'il en finisse paralysé par l'angoisse et la conviction d'être monstrueux. Chaque pensée, après tout, engendre une arborescence de conséquences morales difficile à appréhender pour un seul individu. De cette manière, il a peur de se rapprocher d'autrui autrement que par l'art.
La littérature, c'est sa raison d'être et sa passion. Il est dans son élément lorsqu'il peut conter des vers ou écouter quelqu'un raconter une histoire : en partageant un folklore commun, l'on dévoile son propre intime sans se risquer à être trop personnel. Seulement, il n'a pas écrit une seule phrase depuis ses vingt-quatre ans. Souiller le champ des possibles couleur colombe avec ses glaires noir corbeau le dégoûte, l'atrophie, le tourmente, lui donne envie de hurler car le mot n'est pas bon et ce n'est pas le bon rythme et tu n'es qu'une parodie d'humain incapable de t'exprimer comment oses-tu une seconde croire que tu as le droit de créer après tout ce que tu as fait pour prouver que tu n'as aucune raison d'être ici et voilà que la session se termine en larmes de frustration. Il aimerait profondément revenir parmi les artisans de la poésie et de la prose, mais pour ça, il faudrait pouvoir surmonter cette angoisse. En attendant, il se noie dans sa chambre verte composée de fantômes (ah!) littéraires et laisse les autres parler plus fort que lui... C'est dommage, car lorsqu'il lit à voix haute les mots d'auteurs, riche conteur, il y prête un jeu d'acteur et un enthousiasme dont il ne fait preuve nulle part ailleurs.
C'est, outre ses angoisses, un homme profondément seul et qui, pourtant, cherche à répandre l'altruisme lorsqu'il le peut. S'il n'est pas tout à fait sûr d'être sur le même plan de conscience que les autres, il peut au moins essayer de maximiser la satisfaction d'une interaction sociale pour son interlocuteur et diminuer le taux de souffrance global. La souffrance, peu importe qui elle touche, lui donne la nausée et le braque. Il ne peut la supporter qu'en fiction, pourvu qu'il puisse ensuite caresser gentiment ses lapins ou au moins se rappeler que la gentillesse existe, aussi dur que ça puisse l'être à ses yeux. Vaine tentative de s'accrocher à une quelconque utilité pour un artiste qui ne crée pas, ou manière d'administrer l'antidote à son weltschmerz ?
Administrer l'antidote, peut-être. Simon a déjà essayé de le faire au sens propre, berné par la potion d'un Nécromancien bien enclin à lui vendre du rêve, et il a vite compris qu'aucun prompt rétablissement ne fonctionnait avec le mal de poussière qui l'afflige.
Son apparence de zombie ne le dérange pas réellement ; en fait, elle lui apporte ce réconfort d'une responsabilité bien carrée. Il suffit de suivre la routine, de se parfumer, de s'habiller en col raide, de présenter correctement dehors – pas trop non plus pour que personne ne s'imagine qu'un littéraire raté hante la foule – et de faire attention à ce qui se décompose pour tirer au clou et prétendre que l'on ne dérive pas.
Le problème des visions, par contre, est une énorme source d'angoisse ; s'il n'en a pas encore, les informations glanées dans les bars à zombies ou les conversations de passage, les cabinets de voyance entraperçus lui donnent un avant-goût ironique de ce qui l'attend – et ce qui l'attend le ronge d'inquiétude. Si c'est vrai, et que ces prémonitions concernent réellement des personnes mortes ou vivantes, quel est son devoir ? Doit-il à tout prix entrer en contact, agir ? Peut-il vivre serein en s'introduisant dans la vie de quelqu'un d'autre, même involontairement ?
Il essaie de ne pas y penser lorsqu'il note ses lignes dans son carnet et lorsqu'il noue sa cravate – four-in-hands, toujours à la bonne longueur ou quelque chose de terrible va arriver et ce sera une mauvaise journée et d'ailleurs fais attention aussi à fermer le bon nombre de boutons si tu fermes ta veste et tu as déjà passé trop de temps à penser à ça et tu devrais réaliser d'ailleurs que te distraire, c'est déjà être coupable, qu'est-ce que tu fais à ne pas te documenter, espèce d'égoïse et puis tu ne vois pas que tout le monde est plus au courant que toi sur ces choses là arrête de lire des bouquins inutiles et va voir un peu des gens pour apprendre d'eux ?
Sur un tout dernier point, il aimerait bien ouvrir sa propre librairie un jour, mais il se contente de hanter les bibliothèques pour le moment. Avec un peu d'espoir, quand il arrive à ne pas se noyer dans ses pensées, il se dit qu'il pourrait partager sa passion avec plus de personnes et soutenir ceux qui créent encore ou ont créé suffisamment pour le montrer au monde... Voire se faire des amis, peut-être ? Réels ou machines, la solitude serait plus supportable...
S'il paraît un peu trop fort de café, c'est bien parce qu'il pense en boucle à ce qu'il va dire en oubliant d'utiliser les inflexions adaptées pour transmettre ses intentions. C'est que Simon n'est pas le gars le plus sociable du monde ; il aime sincèrement en apprendre plus sur les autres et vit dans la fascination constante de ce que tous les esprits sont riches à l'intérieur comme tout autant de constellations, mais la simple idée de mal dire, de dérégler la machine précise des interactions sociales le terrifie.
En effet, Simon est scrupuleux. Tout ce qu'il pense, dit et fait est passé sous le peigne fin d'un milliard de conséquences et d'implications. Sa hantise est de blesser quelqu'un d'autre, et il n'est pas rare en réalité que l'effet inverse de sa bonne volonté se produise pour qu'il le regrette profondément. Ce dont il ne parle pas, c'est qu'il tient tout seul une liste de chaque erreur, infime ou perçue, qu'il a commises chaque jour pour se valider dans le fait qu'il devrait mieux faire et qu'il est très certainement une personne horrible. Un mot en trop, une expression faciale, un ton trop sec, s'asseoir dans les transports à la place d'une autre personne, ou, de manière évidente, une dispute vont le bousculer profondément dans sa perception de lui-même jusqu'à ce qu'il en finisse paralysé par l'angoisse et la conviction d'être monstrueux. Chaque pensée, après tout, engendre une arborescence de conséquences morales difficile à appréhender pour un seul individu. De cette manière, il a peur de se rapprocher d'autrui autrement que par l'art.
La littérature, c'est sa raison d'être et sa passion. Il est dans son élément lorsqu'il peut conter des vers ou écouter quelqu'un raconter une histoire : en partageant un folklore commun, l'on dévoile son propre intime sans se risquer à être trop personnel. Seulement, il n'a pas écrit une seule phrase depuis ses vingt-quatre ans. Souiller le champ des possibles couleur colombe avec ses glaires noir corbeau le dégoûte, l'atrophie, le tourmente, lui donne envie de hurler car le mot n'est pas bon et ce n'est pas le bon rythme et tu n'es qu'une parodie d'humain incapable de t'exprimer comment oses-tu une seconde croire que tu as le droit de créer après tout ce que tu as fait pour prouver que tu n'as aucune raison d'être ici et voilà que la session se termine en larmes de frustration. Il aimerait profondément revenir parmi les artisans de la poésie et de la prose, mais pour ça, il faudrait pouvoir surmonter cette angoisse. En attendant, il se noie dans sa chambre verte composée de fantômes (ah!) littéraires et laisse les autres parler plus fort que lui... C'est dommage, car lorsqu'il lit à voix haute les mots d'auteurs, riche conteur, il y prête un jeu d'acteur et un enthousiasme dont il ne fait preuve nulle part ailleurs.
C'est, outre ses angoisses, un homme profondément seul et qui, pourtant, cherche à répandre l'altruisme lorsqu'il le peut. S'il n'est pas tout à fait sûr d'être sur le même plan de conscience que les autres, il peut au moins essayer de maximiser la satisfaction d'une interaction sociale pour son interlocuteur et diminuer le taux de souffrance global. La souffrance, peu importe qui elle touche, lui donne la nausée et le braque. Il ne peut la supporter qu'en fiction, pourvu qu'il puisse ensuite caresser gentiment ses lapins ou au moins se rappeler que la gentillesse existe, aussi dur que ça puisse l'être à ses yeux. Vaine tentative de s'accrocher à une quelconque utilité pour un artiste qui ne crée pas, ou manière d'administrer l'antidote à son weltschmerz ?
Administrer l'antidote, peut-être. Simon a déjà essayé de le faire au sens propre, berné par la potion d'un Nécromancien bien enclin à lui vendre du rêve, et il a vite compris qu'aucun prompt rétablissement ne fonctionnait avec le mal de poussière qui l'afflige.
Son apparence de zombie ne le dérange pas réellement ; en fait, elle lui apporte ce réconfort d'une responsabilité bien carrée. Il suffit de suivre la routine, de se parfumer, de s'habiller en col raide, de présenter correctement dehors – pas trop non plus pour que personne ne s'imagine qu'un littéraire raté hante la foule – et de faire attention à ce qui se décompose pour tirer au clou et prétendre que l'on ne dérive pas.
Le problème des visions, par contre, est une énorme source d'angoisse ; s'il n'en a pas encore, les informations glanées dans les bars à zombies ou les conversations de passage, les cabinets de voyance entraperçus lui donnent un avant-goût ironique de ce qui l'attend – et ce qui l'attend le ronge d'inquiétude. Si c'est vrai, et que ces prémonitions concernent réellement des personnes mortes ou vivantes, quel est son devoir ? Doit-il à tout prix entrer en contact, agir ? Peut-il vivre serein en s'introduisant dans la vie de quelqu'un d'autre, même involontairement ?
Il essaie de ne pas y penser lorsqu'il note ses lignes dans son carnet et lorsqu'il noue sa cravate – four-in-hands, toujours à la bonne longueur ou quelque chose de terrible va arriver et ce sera une mauvaise journée et d'ailleurs fais attention aussi à fermer le bon nombre de boutons si tu fermes ta veste et tu as déjà passé trop de temps à penser à ça et tu devrais réaliser d'ailleurs que te distraire, c'est déjà être coupable, qu'est-ce que tu fais à ne pas te documenter, espèce d'égoïse et puis tu ne vois pas que tout le monde est plus au courant que toi sur ces choses là arrête de lire des bouquins inutiles et va voir un peu des gens pour apprendre d'eux ?
Sur un tout dernier point, il aimerait bien ouvrir sa propre librairie un jour, mais il se contente de hanter les bibliothèques pour le moment. Avec un peu d'espoir, quand il arrive à ne pas se noyer dans ses pensées, il se dit qu'il pourrait partager sa passion avec plus de personnes et soutenir ceux qui créent encore ou ont créé suffisamment pour le montrer au monde... Voire se faire des amis, peut-être ? Réels ou machines, la solitude serait plus supportable...
Histoire
tw alcoolisme/dépression/scrupulosité/suicide/overdose médicamenteuse
Chronologie rapide d'une vie médiocre :
Je me souviens d'une semaine où, parti en vacances le long des falaises de Dingle, j'avais abandonné mes plantes sans amour ni eau fraîche. À mon retour, la mélisse avait échangé son éclat vert pour des feuilles fripées, décolorées en un brun effrité et couvertes d'un voile de duvet blanc. Cette image, je pourrais en tirer une leçon de vie.
Mon nom est Simon Callahan. J’ai aujourd’hui trente-quatre ans et je suis décédé sans un bruit, à Limerick d’où je suis venu.
Je ne peux rien dire sur les briques rouges du logement social de mes parents, ni sur les circonstances quasi-mutiques de ma naissance. Ce dont je peux parler, ce sont des soirées après l’école, les jambes repliées dans le couloir, les pieds sur le papier peint pelé, à moisir mon carnet. En 1998, mes vers chantaient des chevaux d’écumes et des lances de feu. En 2008, sur la traîne de ma crise d’adolescence, c’étaient des limericks merdeux sur le couple haineux qui hurlait derrière la porte.
Mon père était ouvrier, et ma mère avait saisi le tigre celtique par les oreilles pour devenir standardiste dès qu’ils ont cessé de se supporter. Quand s’est formé le schisme ? Probablement vers mes deux ans, là où je peux confortablement oublier que je n’ai pas de souvenirs et me fabriquer une histoire dramatique sur l’érosion d’un amour. J’aurais pu demander avant de partir... L’idée ne m’a jamais frôlé l’esprit. Comme de vieux terriers, on s’effleurait parfois du museau avant de repartir sur nos chemins respectifs ; eux vers la retraite, moi vers l’horizon d’opportunités que m’offrait le Leaving Certificate à la fin du lycée.
Le lycée, c’était rien du tout. Pas assez bien pour être populaire, pas assez minable pour me faire prendre à part. Médiocre. Je passais la majorité de mon temps à lire des bouquins, de Joyce à Beckett, à Wilde, à McLiam Wilson, à d’autres choses moins nationales, moins intéressantes. La seule matière où j’excellais, c’était le gaélique, mais j’étais acceptable en mathématiques : donc plutôt que la fac de Lettres où j’aurais perdu du temps à me croire Stoner, je suis allé à l’Iarnród Éireann passer ma certification en sécurité ferroviaire. Juste après ça, formation en gestion des passagers, et juste après ça encore, presque treize ans sur les rails à contrôler des billets. Skimbleshanks m’aura inspiré plus que Beckett, il faut croire.
En 2009, le carnet en main, je notais les contraventions des passagers avec la fièvre d’un jeune qui découvre l’indépendance. Le cynisme de mes collègues ne m’avait pas encore atteint, et à chaque pause, je transformais une ligne en vers pour distiller la vie. Le soir, je l’injectais à d’autres. Un succès calfeutré sur Internet, sur les pages solitaires d’un forum où je pouvais épater quelques lettrés de mon âge avec mon vocabulaire ; parfois parsemant auprès des britanniques et des ricains une ou deux phrases en gaélique. Je faisais du Joyce au compostage. Peut-être que c’était temporaire, qu’il ne me fallait pas faire d’études - grande farce, les études - pour exceller dans la vie, que j’allais écrire le prochain grand roman irlandais et que mon existence médiocre se justifierait par cet éclat de génie tiré d’une veine d’efforts. Oui, éclabousser le monde d’étincelles de brillance.
Et puis les jours ont fondu jusqu’à se brouiller dans la routine et la fumée de mes clopes.
En 2014, je rompais avec ma première petite-amie, ma dernière aussi, après de longues années fades où l’anhédonie et la codépendance m’empêchaient de réellement éprouver quelque chose d’autre que la résignation. Rencontrée en ligne, elle m’avait rejoint peu après. Elle m’aimait, mais elle souffrait, elle aussi, tous les deux perdus dans les limbes du travail routinier et, si nous avions fait chambre à part, il n’avait fallu que de vivre ensemble quelques semaines pour réaliser que nous étions piégés. Par habitude, peut-être, nous étions restés ensemble, puisque l’inconnu était plus terrifiant encore que la stabilité fade que nous avions trouvée. J'étais un salopard.
Je désertais petit à petit ma communauté d’écrivains sur la toile pour fréquenter les pubs. Fâché des drames interpersonnels, désabusé par la mollesse des échanges et frustré lorsque mes expériences stylistiques ne trouvaient pas lecteur, je retrouvais à enchaîner les pintes pour supporter l’éreintement d’une journée de travail soldée au soir par les emmerdes sur mon écran. Quelque part sur le chemin, j’avais commencé à tremper mes lèvres dans la Guinness quand j’aurais pu écrire et fini par entasser les carnets dans un tiroir. Certes, il n’y avait pas besoin d’une communauté pour écrire, et ça semblait idiot de prime abord de faire d’un coin du Web, adulte, le seul endroit où je subsistais comme un homme réel ; mais je n’avais pas grand monde avec qui partager ces choses, et, lâche, n’avais jamais osé non plus montrer mon travail à quelqu’un d’autre qui pouvait croiser mon regard.
C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience des bourdons.
D’abord, c’était passager, quelques fois dans mes moments de solitude ou quand j’évaluais ma vie en introspection infortable ; puis le bruissement sourd des idées noires a commencé à étouffer le bruit ambiant du quotidien. Là, il s’agissait uniquement d’une fatigue morale qui alourdissait mes gestes, une sorte d’envie de me coucher et de dormir des heures plutôt que d’aller au travail. Sans les mains froides des procédures à suivre, je n’aurais pas réussi à passer mes journées. Mon métier, qui m’était au départ une manœuvre pour assurer la pérennité de mes hobbies artistiques, est devenu difficile à supporter. Un jour ou deux, j’avais la main qui tremblait en signant une contravention. Quelques fois, confus et épuisé, je laissais passer la fraude en espérant que mes collègues ne remarqueraient rien. Trop souvent, je me levais aux aurores encore saoûl de la veille sans que mes supérieurs ne disent rien ; pourvu que je fisse encore mon travail, que je pointasse et poinçonnasse à l’heure, et personne n’aurait remué la poussière sur le costume. Grèves, syndics, politiques professionnelles : rien ne m’atteignait, surtout pas pour un métier aussi dégoûtant et immoral. Je n’étais intéressé que par mes livres, par mes poètes, mes fantômes. Si je n’écrivais plus, je lisais encore. Des livres à n’en plus finir s’entassaient dans mon 18m² avec terrasse, sur la tragédie de Cúchulainn ou ces prodigieuses inventions d’outremer comme le Mothman, comme la Tarasque, comme le panthéon des yōkai, comme...
Je crois encore aujourd’hui que j’aurais été heureux si je n’avais pas eu à interagir avec les humains. Ce n’est pas qu’ils sont cruels, qu’ils sont sales, non : c’est qu’ils me sont intrinsèquement supérieurs et étrangers à la fois. Mon enfance sans interactions saines ne m’avait rien enseigné des comportements sociaux, mon existence polarisée entre le déguisement du travailleur square et l’écrivain mercuriel ne m’avait jamais montré l’art de la concession outre que l’abandon total et tragique. Je n’ai jamais été fait pour être un homme, de cette race de bipèdes glabres, seulement un vecteur. Un émetteur d’histoires, un récepteur... mais je parle au-dessus de mes moyens.
En 2023, des milliards d’années après ma rupture, je m’étais effectivement retiré de la vie publique. Ni les cours de danse auxquels je m’étais accrochés comme à une bouée, ni la responsabilité professionnelle ne réussissaient à me tirer de mon lit. Je lisais encore, j’imaginais imaginer des vers, mais je ne faisais plus rien sauf interpréter quelques mots sans efforts avant de me recoucher avec l’aide d’une bouteille. Hagard, je me cachais des voisins quand je les entendais dans le couloir, quitte à me mettre en retard, et je mettais mon téléphone en mode avion pour ignorer les appels de mes supérieurs. Le licenciement ne m’a pas effleuré, peut-être soulagé. Je n’avais pas vraiment conscience de la galère dans laquelle je me trouvais.
Mes aléas sur le net m’ont conduit ailleurs, sur un forum de personnes qui se disaient pro-choice au sujet du suicide. Je n’avais plus grand chose à perdre, quand mes connaissances avaient abandonné l’idée de me joindre et quand je n’avais plus envie que de croupir allongé sur le sommier. Quelques tentatives de rejoindre des communautés créatives avaient été avortées par l’angoisse que l’on se souvînt de moi ou que je ne susse plus écrire en étant une bonne personne. J’avais trop vu de terribles interactions, des abus de la part des artistes via leur plateforme que je n’osais plus rien dire ; chaque fois qu’une personne était mise sur le devant, incriminée pour ses actions, je m’imaginais l’être tout autant. Ma rupture, d’abord oubliée, redevint une obsession et je me rejouais toutes mes erreurs, fabriquées ou non, sous le prisme de ma moralité jusqu’à ce qu’elles se transformassent en crimes violents qui montraient que je n’étais pas un homme qui méritait de respirer le même air que les autres, avec la hantise même que je me trouvais le seul individu sur Terre à ne pas être une machine parfaite capable de fonctionner sans blesser, sans rater, sans gâcher les chances que j’avais. Tous ces criminels n’étaient qu’un avertissement mis en place pour me rappeler que j’étais un monstre ; personne sinon moi ne commettait réellement d’actes horribles et ne déréglaient la mécanique, ces messages illustraient seulement ma nature. Je ne sais plus ce à quoi je pensais, ni si j’étais au final pareil qu’aujourd’hui.
De ce qu’il s’est passé les semaines précédant le 21 décembre, juste avant les fêtes, j’ai très peu envie de parler. Je peux seulement mentionner des plaquettes de Panadol achetées sans éveiller les soupçons, et le mélange dévastateur de l’alcool avec une quantité excessive de paracétamol. Je peux raconter la cirrhose, et ces jours d’agonie où j’essayais d’arroser mes plantes et de lire malgré la douleur, de délires et de black-out. Je peux dire que j’avais fait attention à dépasser le délai avant lequel l’on aurait pu m’amener aux urgences pour purger mon organisme.
Je peux lentement me rappeler revoir en images cet homme qui ressemblait à un chien enragé, l’écume moussant, la bile séchée au coin des lèvres, la peau molle et jaune comme de la cire, s’accrochant à ses reins et se tordant au sol comme un animal sans pouvoir crier ; je peux me rappeler avoir voulu tourner le regard mais l’avoir gardé fixé sur l’écran sans un mot, comme si tout ça n’était arrivé qu’à un autre. Je peux, après être sorti de cette séance grotesque, me souvenir du froid dans mes entrailles et de la honte qui m’avait agrippé les tripes en réalisant que je n’étais ni en Enfer, ni dans le néant.
Secoué ensuite de cette léthargie, j’errais dans les rues, les indications vers mon nouveau lieu de mort dans une poche de veston, en essayant de comprendre ma condition. L’au-delà, donc, les Limbes. Ce qu’impliquaient ces circonstances me remplit d’abord de joie : une table rase où personne ne me connaissait, une pénitence servie par l’agonie ! J’étais un nouveau Simon, sans les bagages de sa vie gâchée puisqu’ailleurs que dans le monde des vivants. Je n’aurais qu’à m’isoler un temps et apprendre en observant les faits et gestes des décédés les rudiments d’un bon comportement, partir avec un casier moral vierge et me faire connaître comme un élément défectueux, mais positif, sain, gentil, sociable...
Un écrivain, peut-être ! Avec tout ce nouveau folklore à découvrir, je pourrais- Mais, chez les morts, les auteurs que j’aimais tant devaient sans doute déambuler eux aussi, et mes avis sur leurs œuvres, mes passions pourraient tomber comme un poison dans leurs oreilles. Quid de mes parents ? De mon ex-petite amie ? Savaient-ils que j’étais mort comme un chien ? Savaient-ils tout ce que j’avais fait ? Me hanteraient-ils avec mes actions, me sachant incapable de changer ? Si je gâchais ma mort, alors c’était terminé. Comment me racheter ?
Non. Il ne fallait pas que mes obsessions morales revinssent détruire mon existence. J’étais conscient, après tout, qu’elles avaient joué dans mon incapacité à agir pour le bien et dans mes actions néfastes.
Désespéré, et en ayant appris qu’il existait des potions miraculeuses, je me ruai chez le premier Nécromancien capable de m’aider à ne plus penser. Le regard fuyant et les mains tremblantes, j’écoutais cet homme me dire que son élixir me permettrait d’oublier mes erreurs, de les surmonter sans angoisse... de créer à nouveau, en canalisant tout mon malheur pour le transformer en bonheur. Bois, et tu pourras répandre la joie. Bois, et tu seras créatif à nouveau. Bois, et la beauté de tes contes montrera à tous que tu es désolé, soignera les maux que tu as causés. Bois, et tu seras parfait, toi aussi, utile et infaillible.
Vous pouvez le constater si vous me lisez, mais ça n’a pas marché. Bête que j’étais, évidemment car c’est toujours toi, Simon, je pensais à tort que seules les potions promises comme des portes d’accès vers la résurrection conduisaient à la katamorphose. Cette condition ne m’attriste pas : les gens m’évitent avec une raison que je peux identifier et je porte sur le corps le reflet de mon intérieur. J’ai eu ce que je mérite, et je ressemble à ce que je suis réellement. Une punition clémente. Et puis... est-ce que mes parents ou ma copine, lorsqu’ils arriveront, pourront me reconnaître avec un tel changement ?
Aujourd’hui, une dizaine de mois après mon décès, je suis retombé dans mes habitudes. J’hante les bibliothèques, apprend un peu de japonais et me terre dans ma chambre avec quelques bonus en plus : j’ai des animaux, maintenant, et je peux passer l’éternité à lire en silence, le miasme qui a cessé de me gêner un halo d’avertissement pour quiconque viendrait m'aborder. Je crois.
J'ai peur pour l'avenir.
J’aimerai être libraire, un jour.
Chronologie rapide d'une vie médiocre :
Spoiler :
1990 - Naissance à Limerick, au sein d'une famille de classe ouvrière. Toute son enfance durant, il passe ses jours derrière un carnet à écrire et étudier le folklore.
2008 - Fin du lycée, part avec un Leaving Certificate et des résultats médiocres. Après des hésitations et quelques errances, s'inscrit à l'Iarnród Éireann dans un programme de formation en sécurité ferroviaire. Obtient son certificat en gestion des passagers et travaille comme contrôleur. Entretemps, il écrit des poèmes et contes en ligne.
2014 - Rompt avec sa petite amie de longue date. La culpabilité le ronge. Il ne sait pas encore qu'il développe les premiers symptômes marquants d'un TOC qu'il ne fera jamais diagnostiquer.
2015 - Délaisse l'écriture pour les bars, devenant de moins en moins productif, désabusé par les communautés artistiques. Il étouffe sa créativité, de plus en plus inquiet quant à sa propre morale, mais décide de prendre des cours de tango.
2015-2023 - Longue traversée du désert automatique, où il s'oublie dans la routine, perd des amis, développe des "amitiés cactus" (des liens qu'il n'arrose pas suffisamment et qui finissent par s'étioler), se retire de plus en plus de la vie sociale. Il passe ses jours à lire plutôt qu'à écrire, en silence, et s'inquiète chaque année qui s'avance de la moralité de son métier. Son état mental se dégrade beaucoup, jusqu'à ce qu'il commence à dissocier entièrement sa personne de l'humanité.
2023 - Licencié, Simon se laisse aller et s'enferme depuis longtemps déjà dans sa peur des autres et sa culpabilité, endiguant tout ça avec la boisson et le sommeil.
21/12/2023 - Simon succombe d'une overdose de paracétamol combiné au whiskey après plusieurs jours d'agonie. Son foie, ses reins et le reste ont lâché.
2008 - Fin du lycée, part avec un Leaving Certificate et des résultats médiocres. Après des hésitations et quelques errances, s'inscrit à l'Iarnród Éireann dans un programme de formation en sécurité ferroviaire. Obtient son certificat en gestion des passagers et travaille comme contrôleur. Entretemps, il écrit des poèmes et contes en ligne.
2014 - Rompt avec sa petite amie de longue date. La culpabilité le ronge. Il ne sait pas encore qu'il développe les premiers symptômes marquants d'un TOC qu'il ne fera jamais diagnostiquer.
2015 - Délaisse l'écriture pour les bars, devenant de moins en moins productif, désabusé par les communautés artistiques. Il étouffe sa créativité, de plus en plus inquiet quant à sa propre morale, mais décide de prendre des cours de tango.
2015-2023 - Longue traversée du désert automatique, où il s'oublie dans la routine, perd des amis, développe des "amitiés cactus" (des liens qu'il n'arrose pas suffisamment et qui finissent par s'étioler), se retire de plus en plus de la vie sociale. Il passe ses jours à lire plutôt qu'à écrire, en silence, et s'inquiète chaque année qui s'avance de la moralité de son métier. Son état mental se dégrade beaucoup, jusqu'à ce qu'il commence à dissocier entièrement sa personne de l'humanité.
2023 - Licencié, Simon se laisse aller et s'enferme depuis longtemps déjà dans sa peur des autres et sa culpabilité, endiguant tout ça avec la boisson et le sommeil.
21/12/2023 - Simon succombe d'une overdose de paracétamol combiné au whiskey après plusieurs jours d'agonie. Son foie, ses reins et le reste ont lâché.
Je me souviens d'une semaine où, parti en vacances le long des falaises de Dingle, j'avais abandonné mes plantes sans amour ni eau fraîche. À mon retour, la mélisse avait échangé son éclat vert pour des feuilles fripées, décolorées en un brun effrité et couvertes d'un voile de duvet blanc. Cette image, je pourrais en tirer une leçon de vie.
Mon nom est Simon Callahan. J’ai aujourd’hui trente-quatre ans et je suis décédé sans un bruit, à Limerick d’où je suis venu.
Je ne peux rien dire sur les briques rouges du logement social de mes parents, ni sur les circonstances quasi-mutiques de ma naissance. Ce dont je peux parler, ce sont des soirées après l’école, les jambes repliées dans le couloir, les pieds sur le papier peint pelé, à moisir mon carnet. En 1998, mes vers chantaient des chevaux d’écumes et des lances de feu. En 2008, sur la traîne de ma crise d’adolescence, c’étaient des limericks merdeux sur le couple haineux qui hurlait derrière la porte.
Mon père était ouvrier, et ma mère avait saisi le tigre celtique par les oreilles pour devenir standardiste dès qu’ils ont cessé de se supporter. Quand s’est formé le schisme ? Probablement vers mes deux ans, là où je peux confortablement oublier que je n’ai pas de souvenirs et me fabriquer une histoire dramatique sur l’érosion d’un amour. J’aurais pu demander avant de partir... L’idée ne m’a jamais frôlé l’esprit. Comme de vieux terriers, on s’effleurait parfois du museau avant de repartir sur nos chemins respectifs ; eux vers la retraite, moi vers l’horizon d’opportunités que m’offrait le Leaving Certificate à la fin du lycée.
Le lycée, c’était rien du tout. Pas assez bien pour être populaire, pas assez minable pour me faire prendre à part. Médiocre. Je passais la majorité de mon temps à lire des bouquins, de Joyce à Beckett, à Wilde, à McLiam Wilson, à d’autres choses moins nationales, moins intéressantes. La seule matière où j’excellais, c’était le gaélique, mais j’étais acceptable en mathématiques : donc plutôt que la fac de Lettres où j’aurais perdu du temps à me croire Stoner, je suis allé à l’Iarnród Éireann passer ma certification en sécurité ferroviaire. Juste après ça, formation en gestion des passagers, et juste après ça encore, presque treize ans sur les rails à contrôler des billets. Skimbleshanks m’aura inspiré plus que Beckett, il faut croire.
En 2009, le carnet en main, je notais les contraventions des passagers avec la fièvre d’un jeune qui découvre l’indépendance. Le cynisme de mes collègues ne m’avait pas encore atteint, et à chaque pause, je transformais une ligne en vers pour distiller la vie. Le soir, je l’injectais à d’autres. Un succès calfeutré sur Internet, sur les pages solitaires d’un forum où je pouvais épater quelques lettrés de mon âge avec mon vocabulaire ; parfois parsemant auprès des britanniques et des ricains une ou deux phrases en gaélique. Je faisais du Joyce au compostage. Peut-être que c’était temporaire, qu’il ne me fallait pas faire d’études - grande farce, les études - pour exceller dans la vie, que j’allais écrire le prochain grand roman irlandais et que mon existence médiocre se justifierait par cet éclat de génie tiré d’une veine d’efforts. Oui, éclabousser le monde d’étincelles de brillance.
Et puis les jours ont fondu jusqu’à se brouiller dans la routine et la fumée de mes clopes.
En 2014, je rompais avec ma première petite-amie, ma dernière aussi, après de longues années fades où l’anhédonie et la codépendance m’empêchaient de réellement éprouver quelque chose d’autre que la résignation. Rencontrée en ligne, elle m’avait rejoint peu après. Elle m’aimait, mais elle souffrait, elle aussi, tous les deux perdus dans les limbes du travail routinier et, si nous avions fait chambre à part, il n’avait fallu que de vivre ensemble quelques semaines pour réaliser que nous étions piégés. Par habitude, peut-être, nous étions restés ensemble, puisque l’inconnu était plus terrifiant encore que la stabilité fade que nous avions trouvée. J'étais un salopard.
Je désertais petit à petit ma communauté d’écrivains sur la toile pour fréquenter les pubs. Fâché des drames interpersonnels, désabusé par la mollesse des échanges et frustré lorsque mes expériences stylistiques ne trouvaient pas lecteur, je retrouvais à enchaîner les pintes pour supporter l’éreintement d’une journée de travail soldée au soir par les emmerdes sur mon écran. Quelque part sur le chemin, j’avais commencé à tremper mes lèvres dans la Guinness quand j’aurais pu écrire et fini par entasser les carnets dans un tiroir. Certes, il n’y avait pas besoin d’une communauté pour écrire, et ça semblait idiot de prime abord de faire d’un coin du Web, adulte, le seul endroit où je subsistais comme un homme réel ; mais je n’avais pas grand monde avec qui partager ces choses, et, lâche, n’avais jamais osé non plus montrer mon travail à quelqu’un d’autre qui pouvait croiser mon regard.
C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience des bourdons.
D’abord, c’était passager, quelques fois dans mes moments de solitude ou quand j’évaluais ma vie en introspection infortable ; puis le bruissement sourd des idées noires a commencé à étouffer le bruit ambiant du quotidien. Là, il s’agissait uniquement d’une fatigue morale qui alourdissait mes gestes, une sorte d’envie de me coucher et de dormir des heures plutôt que d’aller au travail. Sans les mains froides des procédures à suivre, je n’aurais pas réussi à passer mes journées. Mon métier, qui m’était au départ une manœuvre pour assurer la pérennité de mes hobbies artistiques, est devenu difficile à supporter. Un jour ou deux, j’avais la main qui tremblait en signant une contravention. Quelques fois, confus et épuisé, je laissais passer la fraude en espérant que mes collègues ne remarqueraient rien. Trop souvent, je me levais aux aurores encore saoûl de la veille sans que mes supérieurs ne disent rien ; pourvu que je fisse encore mon travail, que je pointasse et poinçonnasse à l’heure, et personne n’aurait remué la poussière sur le costume. Grèves, syndics, politiques professionnelles : rien ne m’atteignait, surtout pas pour un métier aussi dégoûtant et immoral. Je n’étais intéressé que par mes livres, par mes poètes, mes fantômes. Si je n’écrivais plus, je lisais encore. Des livres à n’en plus finir s’entassaient dans mon 18m² avec terrasse, sur la tragédie de Cúchulainn ou ces prodigieuses inventions d’outremer comme le Mothman, comme la Tarasque, comme le panthéon des yōkai, comme...
Je crois encore aujourd’hui que j’aurais été heureux si je n’avais pas eu à interagir avec les humains. Ce n’est pas qu’ils sont cruels, qu’ils sont sales, non : c’est qu’ils me sont intrinsèquement supérieurs et étrangers à la fois. Mon enfance sans interactions saines ne m’avait rien enseigné des comportements sociaux, mon existence polarisée entre le déguisement du travailleur square et l’écrivain mercuriel ne m’avait jamais montré l’art de la concession outre que l’abandon total et tragique. Je n’ai jamais été fait pour être un homme, de cette race de bipèdes glabres, seulement un vecteur. Un émetteur d’histoires, un récepteur... mais je parle au-dessus de mes moyens.
En 2023, des milliards d’années après ma rupture, je m’étais effectivement retiré de la vie publique. Ni les cours de danse auxquels je m’étais accrochés comme à une bouée, ni la responsabilité professionnelle ne réussissaient à me tirer de mon lit. Je lisais encore, j’imaginais imaginer des vers, mais je ne faisais plus rien sauf interpréter quelques mots sans efforts avant de me recoucher avec l’aide d’une bouteille. Hagard, je me cachais des voisins quand je les entendais dans le couloir, quitte à me mettre en retard, et je mettais mon téléphone en mode avion pour ignorer les appels de mes supérieurs. Le licenciement ne m’a pas effleuré, peut-être soulagé. Je n’avais pas vraiment conscience de la galère dans laquelle je me trouvais.
Mes aléas sur le net m’ont conduit ailleurs, sur un forum de personnes qui se disaient pro-choice au sujet du suicide. Je n’avais plus grand chose à perdre, quand mes connaissances avaient abandonné l’idée de me joindre et quand je n’avais plus envie que de croupir allongé sur le sommier. Quelques tentatives de rejoindre des communautés créatives avaient été avortées par l’angoisse que l’on se souvînt de moi ou que je ne susse plus écrire en étant une bonne personne. J’avais trop vu de terribles interactions, des abus de la part des artistes via leur plateforme que je n’osais plus rien dire ; chaque fois qu’une personne était mise sur le devant, incriminée pour ses actions, je m’imaginais l’être tout autant. Ma rupture, d’abord oubliée, redevint une obsession et je me rejouais toutes mes erreurs, fabriquées ou non, sous le prisme de ma moralité jusqu’à ce qu’elles se transformassent en crimes violents qui montraient que je n’étais pas un homme qui méritait de respirer le même air que les autres, avec la hantise même que je me trouvais le seul individu sur Terre à ne pas être une machine parfaite capable de fonctionner sans blesser, sans rater, sans gâcher les chances que j’avais. Tous ces criminels n’étaient qu’un avertissement mis en place pour me rappeler que j’étais un monstre ; personne sinon moi ne commettait réellement d’actes horribles et ne déréglaient la mécanique, ces messages illustraient seulement ma nature. Je ne sais plus ce à quoi je pensais, ni si j’étais au final pareil qu’aujourd’hui.
De ce qu’il s’est passé les semaines précédant le 21 décembre, juste avant les fêtes, j’ai très peu envie de parler. Je peux seulement mentionner des plaquettes de Panadol achetées sans éveiller les soupçons, et le mélange dévastateur de l’alcool avec une quantité excessive de paracétamol. Je peux raconter la cirrhose, et ces jours d’agonie où j’essayais d’arroser mes plantes et de lire malgré la douleur, de délires et de black-out. Je peux dire que j’avais fait attention à dépasser le délai avant lequel l’on aurait pu m’amener aux urgences pour purger mon organisme.
Je peux lentement me rappeler revoir en images cet homme qui ressemblait à un chien enragé, l’écume moussant, la bile séchée au coin des lèvres, la peau molle et jaune comme de la cire, s’accrochant à ses reins et se tordant au sol comme un animal sans pouvoir crier ; je peux me rappeler avoir voulu tourner le regard mais l’avoir gardé fixé sur l’écran sans un mot, comme si tout ça n’était arrivé qu’à un autre. Je peux, après être sorti de cette séance grotesque, me souvenir du froid dans mes entrailles et de la honte qui m’avait agrippé les tripes en réalisant que je n’étais ni en Enfer, ni dans le néant.
Secoué ensuite de cette léthargie, j’errais dans les rues, les indications vers mon nouveau lieu de mort dans une poche de veston, en essayant de comprendre ma condition. L’au-delà, donc, les Limbes. Ce qu’impliquaient ces circonstances me remplit d’abord de joie : une table rase où personne ne me connaissait, une pénitence servie par l’agonie ! J’étais un nouveau Simon, sans les bagages de sa vie gâchée puisqu’ailleurs que dans le monde des vivants. Je n’aurais qu’à m’isoler un temps et apprendre en observant les faits et gestes des décédés les rudiments d’un bon comportement, partir avec un casier moral vierge et me faire connaître comme un élément défectueux, mais positif, sain, gentil, sociable...
Un écrivain, peut-être ! Avec tout ce nouveau folklore à découvrir, je pourrais- Mais, chez les morts, les auteurs que j’aimais tant devaient sans doute déambuler eux aussi, et mes avis sur leurs œuvres, mes passions pourraient tomber comme un poison dans leurs oreilles. Quid de mes parents ? De mon ex-petite amie ? Savaient-ils que j’étais mort comme un chien ? Savaient-ils tout ce que j’avais fait ? Me hanteraient-ils avec mes actions, me sachant incapable de changer ? Si je gâchais ma mort, alors c’était terminé. Comment me racheter ?
Non. Il ne fallait pas que mes obsessions morales revinssent détruire mon existence. J’étais conscient, après tout, qu’elles avaient joué dans mon incapacité à agir pour le bien et dans mes actions néfastes.
Désespéré, et en ayant appris qu’il existait des potions miraculeuses, je me ruai chez le premier Nécromancien capable de m’aider à ne plus penser. Le regard fuyant et les mains tremblantes, j’écoutais cet homme me dire que son élixir me permettrait d’oublier mes erreurs, de les surmonter sans angoisse... de créer à nouveau, en canalisant tout mon malheur pour le transformer en bonheur. Bois, et tu pourras répandre la joie. Bois, et tu seras créatif à nouveau. Bois, et la beauté de tes contes montrera à tous que tu es désolé, soignera les maux que tu as causés. Bois, et tu seras parfait, toi aussi, utile et infaillible.
Vous pouvez le constater si vous me lisez, mais ça n’a pas marché. Bête que j’étais, évidemment car c’est toujours toi, Simon, je pensais à tort que seules les potions promises comme des portes d’accès vers la résurrection conduisaient à la katamorphose. Cette condition ne m’attriste pas : les gens m’évitent avec une raison que je peux identifier et je porte sur le corps le reflet de mon intérieur. J’ai eu ce que je mérite, et je ressemble à ce que je suis réellement. Une punition clémente. Et puis... est-ce que mes parents ou ma copine, lorsqu’ils arriveront, pourront me reconnaître avec un tel changement ?
Aujourd’hui, une dizaine de mois après mon décès, je suis retombé dans mes habitudes. J’hante les bibliothèques, apprend un peu de japonais et me terre dans ma chambre avec quelques bonus en plus : j’ai des animaux, maintenant, et je peux passer l’éternité à lire en silence, le miasme qui a cessé de me gêner un halo d’avertissement pour quiconque viendrait m'aborder. Je crois.
J'ai peur pour l'avenir.
J’aimerai être libraire, un jour.
Derrière l'écran
Prénom/surnom : Lièvre/Blanc.
Age : 27 ans dans quelques jours.
Comment t'es arrivé sur PaB ? En allant chercher dans un annuaire de forum ! Je n'avais pas fait de RP depuis longtemps, à part en duo avec un copain, et je voulais retrouver le format à l'ancienne des boards, avec les longs messages, les contextes construits et la collaboration à plusieurs. Avec mon énorme anxiété sociale, j'ai mis un peu de temps à m'inscrire, mais ça me fait plaisir d'essayer.
Le smiley que tu préfères ici ? parce que c'est littéralement moi.
Tu voudrais être rajouté à une coloc ? [X] Oui [ ] Non
Age : 27 ans dans quelques jours.
Comment t'es arrivé sur PaB ? En allant chercher dans un annuaire de forum ! Je n'avais pas fait de RP depuis longtemps, à part en duo avec un copain, et je voulais retrouver le format à l'ancienne des boards, avec les longs messages, les contextes construits et la collaboration à plusieurs. Avec mon énorme anxiété sociale, j'ai mis un peu de temps à m'inscrire, mais ça me fait plaisir d'essayer.
Le smiley que tu préfères ici ? parce que c'est littéralement moi.
Tu voudrais être rajouté à une coloc ? [X] Oui [ ] Non
Désolé pour le gros délai depuis mon inscription ! J'ai eu beaucoup de mal à reprendre la fiche, car le concept original du personnage ne me plaisait plus du tout, mais je me permets de poster le WIP tant que je me suis remis à le bosser au lieu de m'arracher les cheveux, car je me connais, je vais procrastiner sans me lancer ! L'histoire est en total remaniement, je suis reparti de zéro dans le comportement, je vais essayer de la refaire au plus vite.