Il paraîtrait que le battement d'ailes d'un papillon peut engendrer un typhon à l'autre bout du monde
identité
Elle est née dans la famille MacFrìdeinn et fut nommée June Hope à sa naissance, l'Espoir de Juin. Un nom que l'on pourrait croire plein de significations mais qui est pourtant complètement fortuit.
Elle est née le 23 octobre 1984 et est morte 22 ans plus tard, le 5 décembre 2006 dans une ruelle de Londres. De nationalité Écossaise, elle a passée toutes ses années de vivantes sur les îles Britanniques et parle donc couramment l'anglais, sa langue natale. Ce n'est que bien plus tard, après sa mort, qu'elle apprendra également le français ainsi que le japonais.
Aujourd'hui, elle est désormais une chimère mais ce passage de sa vie, ou plutôt de sa mort, nous l'aborderons plus tard...
Personnage de l'avatar : Kai'Sa - League of Legends
Elle est née le 23 octobre 1984 et est morte 22 ans plus tard, le 5 décembre 2006 dans une ruelle de Londres. De nationalité Écossaise, elle a passée toutes ses années de vivantes sur les îles Britanniques et parle donc couramment l'anglais, sa langue natale. Ce n'est que bien plus tard, après sa mort, qu'elle apprendra également le français ainsi que le japonais.
Aujourd'hui, elle est désormais une chimère mais ce passage de sa vie, ou plutôt de sa mort, nous l'aborderons plus tard...
Personnage de l'avatar : Kai'Sa - League of Legends
description physique
Une peau à la couleur de lait, une longue chevelure violine, des yeux onyx, une taille de guêpe, d'étranges ailes améthyste, ni tout à fait papillon ni tout à fait chauve-souris... Voilà ce qui décrit June au premier regard.
Il existe toute sortes de goûts et de couleurs dans le monde mais on peut affirmer sans trop hésiter qu’elle est une belle femme : son visage est harmonieux, sa silhouette bien proportionnée. Elle mesure un mètre soixante-dix pour soixante cinq kilos, ses muscles sont joliment dessinés sans être trop carrés, sa graisse est bien placée au niveau de sa poitrine et ses fesses sans pour autant être excessive mais suffisamment pour lui donner de belles formes arrondies.
Son visage est plutôt agréable au regard, des sourcils soigneusement dessinés, un regard perçant avec des yeux amandes d'un noir aussi profond qu'une nuit sans étoiles. Elle a un nez fin, des lèvres pulpeuses dévoilant un joli sourire à ceux qui le méritent. Ses cheveux ont changés de couleurs depuis son injection, passant du noir au violet et cascadant le long de son dos jusqu’au creux de ses reins. Très fins, ils volent et ondulent à chaque courant d’air, la poussant à les attacher, le plus souvent en queue de cheval, afin qu’ils libèrent son visage.
Ce n’est pas parce qu’une fille s’habille de manière sexy qu’elle souhaite séduire. Si June se vêtit de jolies jupes, de corset ou de talons hauts c’est avant tout parce qu’elle aime sa silhouette dans cet apparat. Néanmoins elle possède dans sa garde robe quelques tenues plus formelles pour le travail ou d'autres occasions, ainsi qu’une grande collection de pyjamas, petits short en tissus et débardeurs pour les longues journées d'ennui à la maison.
Il existe toute sortes de goûts et de couleurs dans le monde mais on peut affirmer sans trop hésiter qu’elle est une belle femme : son visage est harmonieux, sa silhouette bien proportionnée. Elle mesure un mètre soixante-dix pour soixante cinq kilos, ses muscles sont joliment dessinés sans être trop carrés, sa graisse est bien placée au niveau de sa poitrine et ses fesses sans pour autant être excessive mais suffisamment pour lui donner de belles formes arrondies.
Son visage est plutôt agréable au regard, des sourcils soigneusement dessinés, un regard perçant avec des yeux amandes d'un noir aussi profond qu'une nuit sans étoiles. Elle a un nez fin, des lèvres pulpeuses dévoilant un joli sourire à ceux qui le méritent. Ses cheveux ont changés de couleurs depuis son injection, passant du noir au violet et cascadant le long de son dos jusqu’au creux de ses reins. Très fins, ils volent et ondulent à chaque courant d’air, la poussant à les attacher, le plus souvent en queue de cheval, afin qu’ils libèrent son visage.
Ce n’est pas parce qu’une fille s’habille de manière sexy qu’elle souhaite séduire. Si June se vêtit de jolies jupes, de corset ou de talons hauts c’est avant tout parce qu’elle aime sa silhouette dans cet apparat. Néanmoins elle possède dans sa garde robe quelques tenues plus formelles pour le travail ou d'autres occasions, ainsi qu’une grande collection de pyjamas, petits short en tissus et débardeurs pour les longues journées d'ennui à la maison.
précisions
Empereur violet et Chauve-Souris
A cause, ou grâce, aux injections qu'elle a reçu faisant d'elle une chimère, elle a hérités de quelques attributs de ces deux espèces, s'étant mélangés pour devenir ce qu'est June.
- Une peau couverte d'une étrange poudre blanche, qui ne lui sert à rien hormis questionner les gens qu'elle côtoie.
- Une paire d'ailes violettes. Alternant entre la structure osseuse des ailes de chauve-souris et le voile délicat de l'Empereur Violet, elles ne lui permettent ni de voler ni quoi que se soit d'autre. Elles sont jolies, elles subliment la courbe de son dos mais cela s'arrête là. N'est-ce pas ironique de savoir que deux espèces volantes ensembles ne donnent qu'un croisement chimérique non viable ?
- Elle possède néanmoins une des capacités de la chauve-souris : l'écholocalisation. Cela est une sensation très étrange que de sentir la moindre vibration des choses qui l'entourent, auparavant imperceptibles à ses sens humains. Cela lui permet de s'orienter avec aisance dans l'obscurité là où ses yeux lui font défaut.
- Quant à l'ultrason du mammifère avec qui son ADN est mêlé, elle l'a expérimenté une fois. Une fois seulement. Et ces sons aigües se sont mêlés à son cri de Chimère, donnant des résultats pour le moins imprévus si bien qu'elle a décidé de ne plus l'utiliser, pour son bien être comme celui des autres...
Danseuse nocturne
Il faut savoir que June aime danser, et elle le fait bien. Elle a dansé pendant des années, pour subvenir à ses besoins plus que par passion mais c'est une des rares choses qu'elle appréciait dans son ancien travail. Et si elle n'avait pas naturellement un don, jamais elle n'aurait pu être si élégantes sur la scène.
Chats.
Elle aime les chats, elle aime leur indépendance mais aussi la manière dont ils rendent l'affection qu'elle leur porte. Si elle ne veut pas s'attacher à l'un de ses petits quadrupèdes par peur de la responsabilité qu'elle aurait à son égares, elle n'hésite pas à nourrir les chats errants avec des petites gamelles de pâtés et de croquettes disséminée dans le quartier où elle vit.
Les hommes.
Elle n'a plus aucune confiance en la gente masculine et estime -à juste titre- pouvoir vivre très bien sans eux si ce n'est mieux. Elle pense que jamais elle ne pourra affectionner un homme même si, avec le temps et la mort, elle tolère leur présence tant que ces derniers se cantonnent à cela : des présences.
Caractère
Indépendante et pleine de confiance en soi.
June a confiance en ses capacités, elle montre une facette d’elle pleine d’assurance quoi qu’elle entreprend. C’est également une manière de se protéger et de garder enfermée ce côté qu'elle juge trop fragile mais cela peut la rendre prétentieuse et intrépide. Avoir confiance en soi-même c’est bien, ne pas voir ses propres limites et se croire au dessus de tout peut souvent amener au danger. Elle marche la tête haute face à toutes les situations et ce, même si son corps est dévoré par les ténèbres. Elle ne se qualifierait pas de quelqu’un ayant un égo surdimensionné -pour avoir rencontré des personnes étant dans ce cas, elle est encore loin de cette définition- néanmoins le sien est tout de même bien développé. Elle sait ce qu’elle vaut et ne laissera personne dire le contraire.
Elle ne supporte pas de dépendre de qui que ce soit ni même de devoir quelque chose à quelqu’un. Elle préfère clarifier et se libérer de ses dettes au plus tôt pour ne pas être enchaînées par elles au point de se perdre elle-même. Ayant vécu une vie pleine de servitude aujourd’hui elle veut vivre sa mort en ne devant rien à personne. Par fierté, elle refusera le moindre ossement si elle est capable de faire autrement. Néanmoins, elle n’est pas stupide pour autant et saura remettre sa fierté de côté si il ne lui reste que cette solution. Une solution qui ne plaira en revanche pas du tout.
Protectrice et violente…
mais également rancunière et violente.
Deux traits de caractère opposés mais la qualifiant aussi bien l’un que l’autre de la même manière que deux facettes d’une même pièce. June classe -inconsciemment- ses relations et ses rencontres en trois catégories :
Les personnes qui lui ont fait du mal. Que cela ait été dans son vivant ou dans l'au-delà, qu’il s’agisse de lui avoir volé un morceau de jambon dans son assiette ou bien d’avoir causé sa mort. Ces personnes-là ne trouveront jamais grâce à ses yeux : par le passé nombre de personnes ont abusé de son pardon si bien qu’aujourd’hui, elle ne l’accorde pas facilement bien au contraire. Sa rancune est tenace et son histoire nous l’a montré, perdure même après sa mort. Sa vengeance est proportionnelle à ce qu’on lui aurait fait subir, au quintuple ou même au centuple. Volez lui un morceau d’ananas dans son assiette, elle vous le fracassera sur la tête. Elle ne fait pas dans la demi-mesure.
Ensuite viennent les personnes qu’elle apprécie. Elles ne sont pas très nombreuses et se comptent sur les doigts d’une main. Le plus souvent des jeunes filles dans lesquelles elle voit son reflet plus jeune mais également des amies, des mentors. De rares personnes à qui elle a su s’ouvrir et pour qui elle crierait de tout son être s’il fallait leur venir en aide. Que personne ne s’avise à faire du mal, volontairement ou non, physiquement ou non, à une personne qu’elle apprécie et qu’elle a rangé sous sa protection : vous rentrerez alors dans la catégorie des personnes qui lui ont fait du mal et à qui elle fera tomber les conséquences, tôt ou tard.
Et enfin il y a les autres. Juste.. les autres. Elle ne les apprécie pas spécialement, elle n’a rien contre eux, ils ne représentent rien pour elle et cela s’arrête là.
Les blessures du passé ont fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui.
Trahie par les hommes qu’elle aimait, elle a aujourd’hui énormément de mal à accorder sa confiance. Qu’il s’agisse de la gente masculine ou non. Elle va montrer à la plupart des gens qu’elle côtoie la facette d’elle assurée, indépendante et confiante. Néanmoins au fond d’elle se trouve une enfant abusée, que l’on a forcé à s'agenouiller et qu’on a piétinée.
Elle est comme un chat qu’on aurait battu : indépendant, violent, fougueux et sauvage, feulant sur les gens sans distinction jusqu’à peut être, un jour retrouver la chaleur d’un foyer aimant. Si les chats sauvages le sont, ce n’est pas par envie d’être simplement méchant, mais parce que la vie ne leur a pas laissé le choix et qu’aujourd’hui ils doivent continuer à avancer avec l’ombre du passé, sans pour autant l’oublier afin de ne pas répéter les mêmes erreurs.
June a confiance en ses capacités, elle montre une facette d’elle pleine d’assurance quoi qu’elle entreprend. C’est également une manière de se protéger et de garder enfermée ce côté qu'elle juge trop fragile mais cela peut la rendre prétentieuse et intrépide. Avoir confiance en soi-même c’est bien, ne pas voir ses propres limites et se croire au dessus de tout peut souvent amener au danger. Elle marche la tête haute face à toutes les situations et ce, même si son corps est dévoré par les ténèbres. Elle ne se qualifierait pas de quelqu’un ayant un égo surdimensionné -pour avoir rencontré des personnes étant dans ce cas, elle est encore loin de cette définition- néanmoins le sien est tout de même bien développé. Elle sait ce qu’elle vaut et ne laissera personne dire le contraire.
Elle ne supporte pas de dépendre de qui que ce soit ni même de devoir quelque chose à quelqu’un. Elle préfère clarifier et se libérer de ses dettes au plus tôt pour ne pas être enchaînées par elles au point de se perdre elle-même. Ayant vécu une vie pleine de servitude aujourd’hui elle veut vivre sa mort en ne devant rien à personne. Par fierté, elle refusera le moindre ossement si elle est capable de faire autrement. Néanmoins, elle n’est pas stupide pour autant et saura remettre sa fierté de côté si il ne lui reste que cette solution. Une solution qui ne plaira en revanche pas du tout.
Protectrice et violente…
mais également rancunière et violente.
Deux traits de caractère opposés mais la qualifiant aussi bien l’un que l’autre de la même manière que deux facettes d’une même pièce. June classe -inconsciemment- ses relations et ses rencontres en trois catégories :
Les personnes qui lui ont fait du mal. Que cela ait été dans son vivant ou dans l'au-delà, qu’il s’agisse de lui avoir volé un morceau de jambon dans son assiette ou bien d’avoir causé sa mort. Ces personnes-là ne trouveront jamais grâce à ses yeux : par le passé nombre de personnes ont abusé de son pardon si bien qu’aujourd’hui, elle ne l’accorde pas facilement bien au contraire. Sa rancune est tenace et son histoire nous l’a montré, perdure même après sa mort. Sa vengeance est proportionnelle à ce qu’on lui aurait fait subir, au quintuple ou même au centuple. Volez lui un morceau d’ananas dans son assiette, elle vous le fracassera sur la tête. Elle ne fait pas dans la demi-mesure.
Ensuite viennent les personnes qu’elle apprécie. Elles ne sont pas très nombreuses et se comptent sur les doigts d’une main. Le plus souvent des jeunes filles dans lesquelles elle voit son reflet plus jeune mais également des amies, des mentors. De rares personnes à qui elle a su s’ouvrir et pour qui elle crierait de tout son être s’il fallait leur venir en aide. Que personne ne s’avise à faire du mal, volontairement ou non, physiquement ou non, à une personne qu’elle apprécie et qu’elle a rangé sous sa protection : vous rentrerez alors dans la catégorie des personnes qui lui ont fait du mal et à qui elle fera tomber les conséquences, tôt ou tard.
Et enfin il y a les autres. Juste.. les autres. Elle ne les apprécie pas spécialement, elle n’a rien contre eux, ils ne représentent rien pour elle et cela s’arrête là.
Les blessures du passé ont fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui.
Trahie par les hommes qu’elle aimait, elle a aujourd’hui énormément de mal à accorder sa confiance. Qu’il s’agisse de la gente masculine ou non. Elle va montrer à la plupart des gens qu’elle côtoie la facette d’elle assurée, indépendante et confiante. Néanmoins au fond d’elle se trouve une enfant abusée, que l’on a forcé à s'agenouiller et qu’on a piétinée.
Elle est comme un chat qu’on aurait battu : indépendant, violent, fougueux et sauvage, feulant sur les gens sans distinction jusqu’à peut être, un jour retrouver la chaleur d’un foyer aimant. Si les chats sauvages le sont, ce n’est pas par envie d’être simplement méchant, mais parce que la vie ne leur a pas laissé le choix et qu’aujourd’hui ils doivent continuer à avancer avec l’ombre du passé, sans pour autant l’oublier afin de ne pas répéter les mêmes erreurs.
histoire
TW - Abandon | Maltraitance infantile | Drogue & Alcool | Vomi | Harcèlement scolaire | Sexe, Prostitution, Proxénétisme & Pratiques extrêmes | Maladie - SIDA | Meurtre | Relation abusive
1984 - Une naissance un jour de pluie
Il faisait froid ce jour-là, il pleuvait comme bon nombre de jours dans l’année sur l'île d’Islay, au large de l’Ecosse. La petite Hope naquit le 23 octobre 1984, elle poussa son premier cri, ses premiers pleurs dans une petite clinique non loin du manoir de la famille MacFrìdeinn dont elle était la première enfant du fils cadet.
Son père, Alexander, avait vingt huit ans lorsqu’elle vint au monde et sa mère, Elise, à peine dix-huit. Elle avait également un grand oncle et deux tantes ainsi cinq cousins et quatre cousines, la plus âgée étant déjà majeure lorsqu’elle est venue au monde et la plus jeune n’avait que quelques mois de différence avec elle.
Dire que la famille paternelle de Hope était riche était un euphémisme. Ils possédaient un grand manoir ainsi que le domaine attelé hérité d’arrière-arrière-arrière et sans doutes quelques arrières auparavant, grands parents. Seulement la fortune de sa famille ne reposait pas sur les lauriers d’une génération décédée mais sur la production de Whisky, une entreprise encore jeune fondée par son grand oncle mais pleine d’avenir et au chiffre d'affaires déjà bien généreux. Hope appris plus tard que l’aventure de ses parents s’était faite entre deux tonneaux et après quelques flasques vidées, une simple nuit qui marqua de nombreuses vies et de nombreuses morts.
Sa famille maternelle quant à elle, Hope n'en a appris que très peu : sa mère ayant coupé les ponts avec sa famille avant même sa naissance, était originaire de Londres et avait fugué à l'âge de seize ans. Le nom de famille de sa mère était Walters mais ce n’est là que les maigres informations qu’elle a pu glaner bien des années plus tard. Quoi qu’il en soit, sa mère avait un goût prononcé pour la liberté et l’aventure, elle était tombée enceinte de son père lors d’une escapade touristique de l’Écosse et n’avait aucun sens des responsabilités et aucune envie d’en avoir. Si elle n’avait pas avorté c’était uniquement dû au coût de la médecine… Elle n’avait pas communiqué sa grossesse à Alexander, par insouciance, et avait continué son road trip dans les îles Écossaises sans se soucier de ce ventre qui s’arrondissait de jour en jour.
Ce n’est que neuf mois plus tard, lorsqu’elle engendra ce petit être humain qu’elle prit enfin conscience de la réalité. Par panique, elle retourna au manoir des MacFrìdeinn pour annoncer la nouvelle, mais également se débarrasser du nouveau-né qui n’était qu’un poids pour elle. Par rapport à la date de l’accouchement elle pouvait estimer la période du rapport et ainsi, déterminer qui était le père. Et là encore, elle n’en était pas sûre. Quoi qu’il en soit, les MacFrìdeinn étaient de loin l’homme le plus riche qu’elle eut fréquenté durant cette période aussi c’est vers lui qu’elle se tourna pour déposer son fardeau.
Bien évidemment. Ni Elise ni Hope ne fut joyeusement reçue : un enfant illégitime -rappelons-le, dans les années 80 d’une vieille famille écossaise- d’une mère dont les origines étaient inconnues qui, en plus de n’avoir aucun revenus, n’avait aucune envie de s’occuper de cette gamine sortie de ses entrailles.
Elle abandonna donc Hope à son père et reprit la route en ne laissant qu’une maigre adresse à Londres : si un jour l’enfant voulait rencontrer sa mère, qu’elle aille à cette adresse mais pas avant ses seize ans. S’amuser avec une adolescente, elle pourrait l’accepter mais s’occuper d’une enfant, elle n’en avait absolument pas l’intention.
Les débats dans sa famille durèrent des jours. Certains clamaient qu’il ne fallait pas qu’Alexander reconnaisse l’enfant sur les seules paroles d’une fille aussi volage que fiable. D’autre ne savaient pas quoi penser de cette situation, n’étant pas cruel au point d’abandonner un nouveau né mais bien embêté par cette nouvelle… Son père quant à lui, se battait contre sa famille pour garder la petite. Il n’avait pas aimé ma mère, elle n’était qu’une aventurette et la réciproque était là. Mais il ne pouvait abandonner la chaire de sa chaire, il reconnaissait ses cheveux d’un noir ébène, son petit nez rose… Hope était belle et bien sa fille, pour le marquer devant tous et les faire taire, il la nomma alors June Hope MacFrìdeinn.
1984 / 1994 - Enfance chez les MacFrìdeinn
Toute l’histoire sur sa naissance, June l'a appris par la bouche de son père lorsqu’elle fut en âge de comprendre puis, bien plus tard, de sa mère alors qu’elle avait encore trop bu et planait en racontant ses souvenirs.
Passée la tornade qu’avait été son arrivée dans la famille MacFrìdeinn, June fut élevée par son père. Sa famille paternelle ayant accepté sa décision mais ne l’approuvant pas, elle fut mise à l’écart de la cousinade -les enfants répétants les mots et les rumeurs de leurs parents- et ses grands-parents refusèrent qu’elle figure sur le livret de famille. Ces derniers, même avec les années passées, n’étaient toujours pas certains que la jeune fille avait du sang MacFrìdeinn dans les veines et l’âge n’allait pas à la tolérance.
Mais cela importait peu à la brunette. Qu’elle se nomme MacFrìdeinn, MacFrieren ou Tartempion, elle s’en moquait bien. Elle vivait heureuse avec son père qui, à la grande surprise de tous, l'éleva brillamment. Elle n'eut rien à manquer, des amies qu’elle s’était faites à l’école, l’amour de son père, son petit chat noir nommé Mystie. Et ce petit bonheur, c’était tout ce qui lui importait.
Néanmoins, après chaque jour viennent les ténèbres et ce fut la date du 11 juin 1994 qui marqua la décadence de cet enfant qui, à cet âge ne connaissait même pas encore la signification de son mot. Ce fut un accident, un accident que nul ne pu prévoir mais pour lequel du haut de ses dix ans, la jeune fille se sentit coupable. Une immense boule de culpabilité qui revint chaque nuit pendant la décennie qui suivirent prenant la forme de cauchemars mêlant chagrin, colère et abandon. Il pleuvait cette nuit-là et Mystie n’était pas rentrée à la maison. C’était tout innocemment entre deux crises de larmes que la petite fille appelait son chat, s’inquiétant du fait qu’il puisse lui arriver quelque chose sous la tempête et que plus jamais elle ne puisse le revoir, caresser son petit pelage noir chauffé sous le soleil, entendre ses ronronnement sur sa poitrine… Alexander prit alors sa veste et sortit sous l’orage, promettant à June de retrouver son petit chat et lui faisant promettre que, quoi qu’il arrive, elle ne devait pas sortir de la maison tant qu’il ne serait pas de retour.
L’enfant attendit.
Elle attendit de nombreuses heures et finit par s’endormir sur le canapé du salon. Au petit matin, son père n’était toujours pas rentré et son chat était toujours disparu… Mais elle avait promis d’attendre alors elle attendit. Elle attendit patiemment jusqu’au soir où l’on vint toquer à sa porte.
Le choc de l’annonce lui fit oublier les détails de ce soir-là, elle se souvint uniquement de la douleur dans sa poitrine quand on lui annonça que le corps de son père avait été retrouvé sur le rivage à un kilomètre au nord. Elle se souvient des cris qu’elle a poussé jusqu’à en perdre la voix et des larmes qui ont coulés de ses yeux jusqu’à qu’elle s'effondre de fatigue.
Jamais on ne lui dit que son père tenait contre lui, fermement, un petit chat noir enroulé dans son manteau.
1994 - Une décision et un voyage
Les funérailles de son père eurent lieu deux jours plus tard mais son corps n’était même pas encore froid que sa famille organisait déjà le départ de la petite June. Après tout, Alexander avait décidé, contre l’avis de tous, de la récupérer et aucun de ses oncles et tantes ne souhaitait s’encombrer d’une enfant aux traits de leur frère : la petite irait retrouver sa mère. On lui laissa tout de même une journée pour faire ses affaires mais accablée par le chagrin, elle n’emporta qu’avec elle une peluche de chat que son père lui avait offert pour ses quatre ans, son petit doudou qui n’était maintenant qu’un objet de torture lui rappelant sans cesse cette nuit fatidique.
L’une de ses cousines vint l’aider à faire ses affaires, une simple petite mallette contenant trois tenues et quelques effets personnels. Elle la guida jusqu’à l’enterrement. De cette journée, la jeune fille ne se souvenait que du noir des vêtements portés par tous les proches de son père, le même pelage que son petit chat. Une couleur qu’elle voyait aujourd’hui encore dans son propre reflet, dans ses yeux, sur sa tête.. Une couleur qui la hantera de longues années durant.
L’enterrement fut rapidement terminé. A peine avaient-ils enseveli le cercueil qu’un homme de main de sa famille vint la chercher. Elle n'eut même pas le temps de dire au revoir à tous ses cousins, à ses amies, qu’il l’emporta par la main et qu’il la fit monter dans une petite voiture… noire également. Ils allèrent jusqu’au port de l’île, traversèrent la mer jusqu’en Angleterre et prirent le train pour Londres.
Amorphe, tenant la main d’un homme dont elle ne se souvenait même plus du visage, elle avançait machinalement là où on lui disait d’aller. Ils traversèrent la vieille ville jusqu’à retrouver l’adresse donnée par Elise dix ans plus tôt. Durant le voyage, l’homme lui expliqua qu’il la ramenait à sa mère et que, s’il ne parvenait pas à la retrouver à l’adresse qu’elle avait donnée, il la laisserait au bon soin d’une famille d'accueil. Du point de vue de l’enfant, sa mère n’était qu’une parfaite inconnue qui l’avait abandonnée à la naissance, si elle avait sû l’accueil qu’elle allait recevoir, elle aurait certainement demandé à ce qu’on la dépose directement à l’une de ces familles qui elles, avaient une once de responsabilité envers les enfants dans la situation de la jeune fille.
Lorsqu’ils sonnèrent à la porte, un homme à la barbe mal rasée et à l’odeur d’alcool vint leur ouvrir la porte.
- Suis-je bien chez les Walters ?
L’homme, qui se révéla être le beau-père de la jeune June, arqua un sourcil puis appela sa compagne. Elise arriva sur le palier avec un air déconfit voyant la petite, l'âge ayant marqué ses traits et la drogue creusé les joues. June ne retint pas ce qu’il se dit, elle entendait simplement sa mère crier hystériquement auprès de l’homme qui l’avait escorté et son beau-père renifler avec dédain.
Ce n’est que lorsque l’homme sortit une liasse de billets que le silence fut. Un grand sourire apparut sur les visages de sa mère et elle prit, pour la première fois en dix ans, son enfant dans ses bras.
- Oh ma Hope, ma précieuse Hope !
L’homme partit, laissant alors June dans sa nouvelle famille alors que ces derniers comptait les billets et que la jeune fille restait debout sur le porche.
1994 / 2001 - Cendrillon des temps modernes, sans le côté princesse
Les années qui suivirent ne furent pas les plus heureuses pour la jeune fille. En réalité, sa vie qui suivit ne fut jamais aussi heureuse que les jours qu’elle avait vécu avec son père. Sa mort, c’est une encore une autre histoire, qui viendra bien longtemps plus tard.
Comme convenu avec sa famille paternelle, sa mère l’éleva. Elle recevait chaque mois une pension assez conséquente pour l’éducation de sa fille mais une grande partie fut dépensée dans de l’alcool, de la drogues et de nombreuses autres choses qui ne devraient pas faire partie de la vie d’une enfant.
Elle fut scolarisée dans l’école du quartier, allait toute seule le matin à pied jusqu’à son école et revenait le soir, traînant parfois dans les ruelles pour ne pas avoir à affronter la réalité de sa nouvelle famille. Cela aurait pu être bien pire, elle entendait aux informations des histoires d’enfants frappés et abusés. De son côté, elle ne se confrontait qu’à l’ignorance constante de sa mère et ses réprimandes. Ignoré dans un coin du salon, dormant sur un petit lit d’appoint bien trop petit à mesure qu’elle grandissait, elle devait se débrouiller pour se nourrir, elle cuisinait pour sa mère et son beau père -ce dernier rendant généralement son repas dans la cuvette des toilettes après avoir trop picolé- elle faisait le ménage pour vivre dans un environnement un tant soi peu décent. Elle apprit rapidement par elle-même à vivre, n’ayant plus d’adultes pour l’aider.
Ses années de secondaire furent plus compliquées pour la jeune fille. En plus de l’ignorance qu’elle vivait en rentrant dans ce petit appartement de banlieue, elle vivait chaque jour les moqueries et les brimades des autres enfants de sa classe. Aucun n’était d’un milieu particulièrement favorisé, le quartier ne s’y prêtant pas, mais peu d’entre eux avaient une mère ayant la réputation de tapiner dans les ruelles pour se procurer une dose et peu d’entre eux avaient un beau-père dormant parfois sur le comptoir du bar du bout de la rue.
D’autant que rapidement, le bruit courut qu’elle était la fille d’une riche famille écossaise. Aujourd’hui encore, elle ne su jamais comment ces rumeurs ont commencés à circuler mais bientôt deux nouveaux types de bizutages la ciblèrent : ceux qui lui demandaient sans cesse de l’argent alors qu’elle même peinait à en conserver une part pour s’acheter un sandwich le midi et ceux qui la pointèrent du doigt en la traitant de menteuse alors qu’elle n’était même pas à l’origine de ces rumeurs.
Quoi qu’il en soit, elle ne trouvait plus le calme à l’école et ne trouva pas le réconfort chez elle non plus. Alors elle décida de partir. Dès que son seizième anniversaire fut sonné -bien évidemment, cela faisait des années qu’elle n’avait pas eu de cadeau ni même une part de pâtisserie- elle fit ses bagages et quitta le vieil appartement où elle n’avait pas sa place.
Sa mère ne la retint pas, la pension que la famille MacFrìdeinn lui versait prenait fin à l'âge de ses seize ans, un accord tacite entre la famille de son père et Elise, aussi plus rien ne justifiait la présence de la jeune fille dans les jupes de sa mère. Peut-être cette dernière lui aurait-elle volontairement proposé de rester ? June ne le saura jamais, sa génitrice étant trop occupée à planer lorsqu’elle franchit la porte pour la dernière fois.
2001 / 2006 - Une vie nocturne de paillettes bon marché
Dès que l’année scolaire fut terminée, June quitta l’école. Elle se dirigea vers un endroit qu’elle avait visité par le passé, pour aller chercher sa mère s’étant perdue dans les ruelles de la ville lorsqu'elle n’arrivait plus à marcher droit.
The Night Moth, le papillon de nuit. Un cabaret à la réputation douteuse connue dans le quartier pour récupérer des filles à la rue, leur offrir un toit en échange de quelques prestations sur les planches de la scène.
Elle passa la porte d’entrée alors que le soleil se levait, elle fut assaillie par les odeurs d’alcool et de tabac qui empestaient les lieux, le sol était encore poisseux des boissons renversées et couverts de paillettes perdues lors des spectacles de la nuit. Les filles étaient déjà parties, seul restait sur place quelques femmes -bien trop âgée ou trop peu attirante pour monter sur scène- ainsi que le patron, un certain William Grayson, accoudé au comptoir, bavardant avec l’un des barmans sur les revenus de la soirée.
Prenant une grande inspiration, la jeune fille avança la tête haute. Elle était déjà un brin de femme et n’allait pas reculer maintenant. Les deux hommes tournèrent la tête vers elle et commencèrent à lui dire que sa mère n’était pas ici ce soir. June secoua la tête avant de s’incliner, clamant tout haut :
- Laissez-moi travailler ici s’il vous plaît !
D’abord surpris, si June était venu quelque fois, elle n’était pas une sans abris comme certaines des minettes qu’il récupérait mais il comprit assez rapidement sa demande et lui proposa alors le même accord qu’il passe avec toutes les demoiselles du cabaret : obéissance contre protection.
C’est ainsi que June commença à travailler au Night Moth.
Encore jeune, dans un premier temps elle ne travaillait qu’en arrière salle : s’occupant de découper les légumes, nettoyer les toilettes, ranger les affaires que laissait traîner les demoiselles de scène. Des tâches ingrates mais qui satisfaisaient June, on ne faisait pas attention à elle, elle parvenait à gagner un maigre salaire déduction faite de la nourriture et du logement... Bien sûr, sans jamais avoir signé aucun contrat et ce, même après avoir fêté ses dix huit ans. Elle apprit à faire les cocktails et on la plaça ensuite derrière le bar, elle courait toute la soirée pour répondre aux commandes tout en refusant les avances de certains clients trop éméchés. On lui autorisa ensuite à assister aux répétitions des spectacles nocturnes, afin qu’elle observe et apprenne. Visiblement, William avait prévu de la présenter sur le devant de la scène d’ici quelques années, lorsqu’elle aurait pris suffisamment d'âge pour ne pas forcer l’établissement à passer la clé sous la porte en cas de contrôle et si elle parvenait à faire ses preuves.
Être fille de cabaret à ses avantages comme ses inconvénients, June l’apprit bien vite. La compétition était rude, nombreuses sont les filles qu’elle côtoyait qui désirait se faire une place sur scène, participer aux plus beaux spectacles, gagner la place centrale etc… Elles étaient toutes dans la même situation de précarité mais il n’y avait que très peu d’entente entre elles. Certaines versaient de la colle à ongle dans les gloss de leurs rivales, d’autres rajoutaient du colorant dans le tube de fond de teint. Toutes les ruses étaient intelligentes et chacune plus fourbe les unes que les autres… Mais si elles en étaient arrivées à une telle rivalité c’est parce que William en profitait. Il ne prenait que les meilleures, leur promettait monts et merveilles : de belles tenues, de beaux spectacles, de belles rencontres. Et il se jouait de leur compétition pour n'extraire que les meilleures d'entre elles.
Les plus belles d’entre elles se faisaient parfois remarquer de riches clients -riches, bien évidemment proportionnellement à la clientèle du cabaret. William négociait alors quelques rencontres, moyennant finance pour le cabaret et offrant ainsi l’opportunité aux filles désignées de tenter leur chance de sortir de ce trou à rat au bras d’un homme. Bien évidemment, ces rencontres n'aboutissaient jamais au souhait des demoiselles et ce que William leur promettait n’était qu’un fils d’espoir. Il ne forçait jamais personne à rencontrer telle ou telle personne, mais les conséquences d’un refus étaient connues : les plus chanceuses ne se produisaient plus sur scène et restaient cachées dans les coulisses, les autres étaient simplement mis à la porte. June eu quelques nouvelles de certaines de ses filles là et, dans les bas quartier de Londres, nombreuses d’entre elles furent retrouvées dans divers maisons closes, à défaut de pouvoir trouver un autre emploi, William prenant bien soin de déconseiller les filles qui n’avaient pas obéi.
Néanmoins, June parvint à se faire une amie : Evelyn, une jolie rouquine à peine plus âgée qu’elle. Elle avait la grâce d’un cygne lorsqu’elle dansait sur les planches et la voix d’une sirène. Aussi envoûtante que passionnée, c’est elle qui fut la mentor de June lors de ses débuts sur scène. Elle lui apprit à avoir le pas léger, à onduler gracieusement, à se dénuder sans se dévoiler. Dans la bouche d’Evelyn, c’était un véritable art.
Pendant les années qui suivirent, elles dansèrent ensemble. C’est peut être l’une des rares choses qui égaya le quotidien de la jeune fille : sur scène, il n’existait plus rien. Elle ne voyait pas les hommes sur le devant de la scène, se pensant discret et se glissant une main dans le pantalon alors qu’elle n’était vêtue que d’un voile comme seul vêtement pour cacher sa nudité. Elle n’entendait pas les sifflements provenant du fond de la salle à chaque pirouette qu’elle effectuait sur la barre de métal. Elle ne sentait pas les mains moites et puantes prétextant lui jeter des billets pour lui caresser la peau. Rien de cela n’existait lorsqu’elle se trouvait sous les feux des projecteurs. Elle n’entendait que le rythme de la musique, son propre cœur battre frénétiquement et son corps se mouvant dans une danse hypnotique. Danser était devenue pour elle son seul moment de libération dans la noirceur de cette vie.
2006 - Cause de la mort : William
Dès qu’elle mit les pieds sur scène, les demandes pour la rencontrer commencèrent à affluer. Par rapport à d’autres danseuses, elle n’avait rien d’extraordinaire mais l’attrait du nouveau et la compétition du "premier" fit monter le prix de sa virginité. Elle la perdit avec un homme dont elle ne se souvint ni du nom ni du visage, elle se souvenait uniquement de l’ardeur avec laquelle il s’occupa d’elle et la douleur qui lui déchira les entrailles. C’était quelque chose à laquelle elle s’attendait dès que William lui proposa de danser mais rien n’aurait pu la préparer à pareil douleur… Mais elle n’était désormais que la chose du patron et en tant que telle, elle allait encore vivre de pareilles nuits.
Les années qui suivirent se ressemblèrent toutes à peu de choses près : l'âge qui marque ses formes, l’expérience qui aiguise ses pas, la notoriété qui commence à se faire entendre. Si Evelyn étaient l’Ambre du Papillon de nuit, June en était l’Onyx.
Ce fut en 2006, alors qu’elle avait désormais vingt-deux ans que cette histoire eut lieu. Malgré toutes les protections, avec autant de rapport il n’est pas étrange que certaines filles choppent de sales choses. Jusqu’à présent June l’avait évitée mais Evelyn n'eut pas autant de chance. Le SIDA, quelle horrible chose. Sans parler des répercussions sur la santé, pour des filles vivant de leurs corps cela signifiait tout bonnement la fin.
William la mit dehors dès qu’il fut au courant.
Sans indemnité, sans logement, sans argent.
Furieuse, June alla le confronter. Elle travaillerait double pour son amie, elle ferait tout ce qu’il lui dirait de faire s’il acceptait de la garder dans la maison, même si elle devait s’occuper du nettoyage tous les jours. Elle le supplia à genoux de revenir sur sa décision et de ne pas abandonner son amie sinon elle aussi, partirait. Seulement au yeux de William, elle ne lui proposait que des choses qu’il avait déjà, son obéissance, et le menaçait de choses qu’elle ne pouvait entreprendre, son départ.
Cette discussion se retrouva veine.
Le soir, elle se produisit encore sur scène, comme tous les soirs. Si la danse la calmait et l'apaisait, ce n'était pas le cas ce soir-là. Elle bouillonnait de rage. Ses pas étaient lourds et saccadés, son doux visage déformé par la colère. Elle fermait les yeux et essayait de se concentrer pour ressentir la musique mais elle n’entendait que les battements de colère de son propre cœur, elle ne voyait que le visage de son amie lui disant de ne pas s’en faire, que tout irait bien pour elle.
Furieuse, elle hurla. Elle hurla à s’en arracher les poumons et toute la salle se tût. Elle pointa du doigt William pour l’insulter de tous les noms et tourna les talons, lacérant le rideau de soie rouge de ses ongles au passage pour aller se réfugier dans les coulisses, entre deux paravent pour crier et extérioriser toute la colère et tout le chagrin qu’elle avait.
Une voix provenant de la salle s’excusa du comportement de June et la musique reprit. D’autres filles montèrent sur scène et la petite crise de colère de l’Onyx n'eut pas plus d’effet que le battement d’aile d’un papillon.
Au milieu de la soirée, William vint alors la voir.
- June, je ne te cache pas que je n’approuve pas ton comportement de ce soir. Mais je suis enclin à te pardonner si tu redeviens la gentille fille que tu étais. Visiblement ton caprice à attiré l’attention d’une vieille connaissance et il désirerait que tu le serves pour le reste de la nuit. Acceptes-tu ?
June lui lança un regard furieux et ouvrit la bouche pour répliquer mais il fut plus rapide :
- Si tu le fais, je consentirais à réfléchir de nouveau à la question d’Evelyn, au moins pour lui donner disons une prime de départ.
Ces dernières paroles retinrent son attention et la jeune fille resta muette. Le temps de digérer l’information, elle avait déjà acquiescé.
- C’est parfait ! Il t’attend dans l’entrée.
June essuya vaguement le reste de mascara qui avait coulé, après cette dernière soirée elle partirait. Elle avait économisé toutes ses années et même si c’était loin d’être suffisant, si William tenait parole et qu’Evelyn pouvait récupérer son dû pour toutes ses années d’asservissement, elles pouvaient retomber sur leurs pattes toutes les deux.
C’est avec cette idée en tête que la jeune femme accompagna son dernier client du Night Moth. Il avait une barbe courtement taillée et des cheveux gris, une carrure imposante, des muscles saillants et une poigne puissante. C’est l’une des rares choses dont elle se souvint de cet homme. Il lui semble même qu’elle n’a jamais appris son nom. Il n’était pas doux, il n’était pas attentionné ni affectif comme certains peuvent l’être. Dans ces mains, elle ne se senti n’être qu’un objet qu’il avait acheté et qu’il pouvait malmener à sa guise, était-ce une punition de William pour l’avoir envoyé dans les bras d’un homme si violent ?
A mesure que l’intensité montait, elle se plongeait dans ses pensées, seule chose qui lui permettait d’endiguer la douleur. Elle sentait les grandes mains de l’homme gifler ses joues, lui tirer les cheveux, lui pétrir les seins sans une once de délicatesse et se rapprocher de sa gorge. Elle sentait l’air lui manquer, elle commençait à voir de petites lucioles lui brouiller le regard, elle avait le sang qui lui monter à la tête sous la pression de l’étreinte. Elle ne parvenait pas à respirer, elle ne parvenait pas à réfléchir, elle n’avait pas assez d’air pour crier, son corps bougeait tout seul, griffant son agresseur que rien ne perturbait, il continuait ses vas-et-viens, grognant de plus en plus fort tout en resserrant encore sa prise.
Enfin, il se déversa en elle. Ce fut la dernière chose qu’elle sentit de son vivant.
2006 - La mort.
Elle rouvrit les yeux, le souffle court et haletant. Elle avait encore la tête qui tourne, elle ne parvenait pas à reprendre son souffle et s’écroula au sol, tenant fermement sa gorge comme pour retirer quelque chose qui était coincé. Elle toussa, elle souffla, elle pris une grande inspiration puis elle leva enfin les yeux.
Elle n’était plus dans cette chambre puant la clope et le sexe. Elle était dans une salle d’attente avec des gens… qui attendaient. Était-ce qu’un rêve ? Elle était complètement nue. Elle porta sa main à son cou et il n’y avait plus aucune marque de strangulation, elle était pourtant persuadée que sa trachée avait été écrasée… Les gens autour d’elle avaient à priori l’air aussi perdus que la jeune fille, les yeux dans le vide pour certains et d'autres marmonnant des mots dans une langue qui lui était encore inconnue. Mais elle n'eut pas le temps de plus s’interroger qu’une étrange entité vint alors à sa rencontre et lui fit signe de la suivre, après lui avoir gentiment déposé un peignoir sur les épaules pour préserver le peu de dignité qui lui restait dans la mort. June ne demanda pas son reste et s'enveloppa dans le tissu d’une telle douceur qu’il lui fit monter les larmes aux yeux. Plus tard June appris qu’il s’agissait de la Faucheuse, avec un grand F. Mais sur l’instant présent, elle ne voyait qu’une étrange personne en déguisement d’halloween.
La Faucheuse donc, l’emmena auprès du Roi, dans un bureau doté d’un grand écran rediffusant le moment de sa mort. Honteuse et dégoûtée, elle détourna le regard de cet écran qui ne pouvait lui rappeler que des mauvais souvenirs…
Il lui expliqua alors ce qu’elle était désormais. Morte.
Il lui expliqua ce qui se passait dans ces lieux après la mort. Pas de réincarnation ou croyance de ce genre mais bel et bien une autre vie en tant que spectre… Avait-elle son mot à dire ? Non pas vraiment. Aussi elle écouta les explications et à la fin de ces dernières, demanda à retourner en Ecosse, peut-être lui restait-il encore quelques bons souvenirs là-bas ?
2006 / 2023 - L'espoir d'un nouveau départ
Elle fut donc envoyée dans son pays natal. A la fois nostalgique et différent. Si elle pensait d’abord trouver le repos après la mort, ce n’était qu’une naïve pensée. La douleur de cette poignée se resserrant sur son cou n’avait pas disparu, l’inquiétude pour Evelyn laissée seule dans l’autre monde était toujours belle et bien présente et la colère envers William pour tout ce qu’il avait infligée à toutes ses filles était encore un feu lui brûlant les entrailles.
June vécu néanmoins les dix-huit années suivantes de manière discrète. Ou presque.
Ayant déjà vécu cela de son vivant, elle ne souhaitait pas revivre sa mort comme elle l’était de son vivant. Se jurant de ne plus jamais dépendre de qui que ce soit et de parvenir à se créer un petit cocon de sécurité et de bonheur par elle-même. Malgré tout ce qu’elle a traversé dans la vie, elle se souvient encore des jours heureux avec son père et, si elle a un jour pu expérimenter le bonheur, il n’y a aucune raison pour laquelle elle ne pourrait pas le trouver de nouveau.
Elle trouva d’abord des petits emplois à droite à gauche pour subvenir à ses besoins. On lui a expliqué qu’elle pouvait continuer à survivre dans sa mort même sans boire ni manger, mais la sensation d’un ventre vide était insupportable. Non pas à cause de la douleur mais à cause des souvenirs que cela faisait ressurgir.
Parallèlement, elle se mit en quête d’un cabaret. Tous n’étaient pas comme le Papillon de nuit, elle en était bien consciente. A l'époque, elle avait frappé à la mauvaise porte, hélas la seule qui avait pu l’accueillir à son jeune âge. Mais dorénavant la situation n’était pas la même : elle négociait son tarif, elle dansait sur les planches et jamais elle ne repartit dans le lit d’un spectre le soir venu. Bien au contraire, elle acquit vite la réputation d’une briseuse de noix, non pas au sens figuré mais bel et bien au sens propre. Elle était une danseuse de cabaret, strip-teaseuse par moment, qui broyait l’entre les jambes des messieurs qui lui portaient de l’attention. Ce n’était pas pour eux qu’elle dansait mais pour elle-même, pour retrouver cette sensation de liberté et d’envol qu’elle appréciait tant.
C’est en 2010 et grâce à ces rumeurs qu’elle attira l’attention d’une chimère, Grâce. Originaire d’Angleterre avant sa mort, elle était revenue en Europe et parcourait les îles Britanniques à la recherche de futures Chimères. Si au départ June était méfiante, Grâce avait un don pour écouter les histoires et compatir, très vite, la jeune brune se confia et lui conta la sienne. Sans détour ni enjolivement, sans exagération ni larmes, elle lui raconta seulement. C’était la toute première fois depuis sa mort qu’elle racontait son vivant et cela la soulagea d’un poids dont elle ignorait jusqu’à présent l'existence.
Grâce lui proposa alors une injection, ce qu’elle accepta sans hésitation. Elle en avait assez de vivre une mort de regret et c’était la piqûre qui pourrait lui permettre de prendre un nouveau départ. Cela la changea, la changea en un papillon Améthyste comme si l’ombre de ses années au cabaret continuaient de venir la hanter.
Grâce reprit sa route et June continua son bout de chemin, sans oublier de lui demander de lui faire signe si un jour elle croisait une spectre du nom d’Evelyn.
Elle prit des cours de self-défense et de kick-boxing et y trouva une nouvelle passion. Si la danse lui permettait de calmer son esprit et de rêver éveiller, le combat lui permettait de brûler toute la rage et la frustration qu’elle avait en elle, de tout déverser sur le sac de sable qu’elle martelait de ses poings. Bien plus violente après sa mort que par rapport à son vivant, elle avait besoin de ce défouloir pour ne pas finir par perdre la tête en enfouissant cette rage au fond d’elle.
En 2016, Grâce revint en Écosse et prit des nouvelles de June. Cette dernière, tout en continuant à danser sur les scènes des morts, avait commencé à se forger sa petite réputation en tant que garde du corps, protégeant exclusivement la gente féminine. Vivant ou mort, elle n’avait que trop souffert à cause des hommes et ne voulait rien à voir à faire avec eux. Elle n’avait malheureusement pas de nouvelles du mentor de danse de la jeune fille : un simple prénom associé à une tête rouquine, sur des années des morts, revenait à chercher une aiguille dans une motte de foin.
Lorsque Grâce lui proposa une seconde injection, June accepta. Si cela lui permettait de devenir encore plus forte, elle n’avait aucune raison de refuser. Elle ne cherchait pas particulièrement le conflit et la puissance, mais elle ne voulait pas se retrouver dans une situation où elle ne pourrait rien faire, que ce soit pour se protéger elle ou les jeunes filles qu’elle appréciait.
Les sept années suivantes se déroulèrent de la même manière que les dix premières. Le temps passait inlassablement à la même vitesse et le quotidien de June jonglait entre paillettes nocturnes et matraque.
De part ses missions de garde du corps, June a pu voyager à travers le monde, principalement en Europe mais a eu l’occasion de faire quelques aller-retour au japon pour escorter une femme qui fuyait un amant ou une demoiselle cherchant à retrouver sa famille. C’est durant un voyage à Londres qu’elle entendit cette rumeur : le bruit courait d’un cabaret étant apparu il y a à peine deux ans mais commençant à se faire un nom dans le spectacle nocturne. Ce cabaret portrait le nom de Night Moth.
2023 - La vie qui se poursuit dans la mort
A l’entente de ce nom, son sang ne fit qu’un tour. Voici maintenant près de dix sept ans que ce passé est enterré derrière elle, avec son cadavre, quelque part sur terre pour peu qu’on lui ait accordé un semblant de funérailles.
Elle ne mit pas bien longtemps avant de prendre sa décision. Prenant une grande respiration, elle se mit en marche vers ce nouveau cabaret.
Il était quelque peu différent de celui qu’elle connaissait, moins glauque, plus lumineux et plus attirant. Néanmoins elle reconnut immédiatement les odeurs de potion qu’elle a côtoyé depuis sa mort, remplaçant les odeurs d’alcool et de tabac du monde des vivants. Elle reconnut l’ambiance intimiste, les rideaux de soie… Mais ce qu’elle reconnu par-dessus tout, c’était cette silhouette aux cheveux noirs grisonnants, cette barbe taillée courte et ces larges épaules dans un costume gris. Williams Grayson.
L’homme se tourna vers la demoiselle, d’abord surpris puis affiche un sourire ravie :
- Et bien, très chère June, si j’avais su qu’on se retrouverait dans l’au-delà je ne t’y aurais pas envoyé.
S’en fut trop. June hurla. Elle hurla a s’arracher la gorge, à briser les tympans de tous ceux présents autour d’elle. Elle hurla sa rage et sa colère mêlant cri de Chimère et celui d'humain. Elle fondit sur lui telle une furie, le martelant de coups et criant toute sa colère et sa détresse. Elle se brisa les phalanges sur son crâne et se déchira les cordes vocales, laissant l’homme à moitié mort -si on peut le dire comme cela- complètement sonné du cri de la jeune femme et complètement défiguré par ces points.
Ce sont des hommes de mains qui l’arrêtèrent lorsqu’elle n'eut plus de souffle pour crier. Fatiguée et las de voir les fantômes de son vivant revenir dans le monde des morts, elle se laissa emporter… La boolice arrive quelques temps plus tard, William ne présenterait pas de grandes séquelles après quelques jours de repos, des soins et des potions anti-douleurs, il serait de nouveau sur pied.
Néanmoins, June avait usé de son cri, non seulement de son cri de chimère mais s’était couplé à lui ses ultrasons de chauve souris perforant les tympans d’un grand nombre de personnes sur place. Encore une fois, les dommages n'étaient pas définitifs mais ils restaient conséquents.
Ne cherchant ni à nier ni à fuir, June se laissa emporter et écopa de quelques travaux d’intérêt généraux. C’était la première fois qu’elle faisait preuve d’une telle violence et l’on met cela sur le dos du traumatisme causé par sa propre mort des années plus tôt.
Elle travailla donc dans l’administratif, dans le nettoyage de parc public et bien d’autres durant quelques mois avant qu’on ne lui laisse continuer sa vie. June ne sut pas ce qu’il était advenu de William ou du Night Moth après cette histoire et elle ne voulait pas le savoir.
Suite au conseil d’une employée de la Boolice, elle décida de faire un trait sur sa vie passée et de commencer une nouvelle mort à l’autre bout du globe. La voilà donc partie au japon avec pour seule affaire sa petite valise contenant quelques babioles qu’elle avait accumulées les deux dernières décennies.
2024 - Peut-on dire que l’on commence une nouvelle vie lorsqu’on reste mort ?
Le reste de ces aventures… il ne lui reste plus qu’à les vivre. Si la mort peut être considérée comme une vie bien évidemment.
1984 - Une naissance un jour de pluie
Il faisait froid ce jour-là, il pleuvait comme bon nombre de jours dans l’année sur l'île d’Islay, au large de l’Ecosse. La petite Hope naquit le 23 octobre 1984, elle poussa son premier cri, ses premiers pleurs dans une petite clinique non loin du manoir de la famille MacFrìdeinn dont elle était la première enfant du fils cadet.
Son père, Alexander, avait vingt huit ans lorsqu’elle vint au monde et sa mère, Elise, à peine dix-huit. Elle avait également un grand oncle et deux tantes ainsi cinq cousins et quatre cousines, la plus âgée étant déjà majeure lorsqu’elle est venue au monde et la plus jeune n’avait que quelques mois de différence avec elle.
Dire que la famille paternelle de Hope était riche était un euphémisme. Ils possédaient un grand manoir ainsi que le domaine attelé hérité d’arrière-arrière-arrière et sans doutes quelques arrières auparavant, grands parents. Seulement la fortune de sa famille ne reposait pas sur les lauriers d’une génération décédée mais sur la production de Whisky, une entreprise encore jeune fondée par son grand oncle mais pleine d’avenir et au chiffre d'affaires déjà bien généreux. Hope appris plus tard que l’aventure de ses parents s’était faite entre deux tonneaux et après quelques flasques vidées, une simple nuit qui marqua de nombreuses vies et de nombreuses morts.
Sa famille maternelle quant à elle, Hope n'en a appris que très peu : sa mère ayant coupé les ponts avec sa famille avant même sa naissance, était originaire de Londres et avait fugué à l'âge de seize ans. Le nom de famille de sa mère était Walters mais ce n’est là que les maigres informations qu’elle a pu glaner bien des années plus tard. Quoi qu’il en soit, sa mère avait un goût prononcé pour la liberté et l’aventure, elle était tombée enceinte de son père lors d’une escapade touristique de l’Écosse et n’avait aucun sens des responsabilités et aucune envie d’en avoir. Si elle n’avait pas avorté c’était uniquement dû au coût de la médecine… Elle n’avait pas communiqué sa grossesse à Alexander, par insouciance, et avait continué son road trip dans les îles Écossaises sans se soucier de ce ventre qui s’arrondissait de jour en jour.
Ce n’est que neuf mois plus tard, lorsqu’elle engendra ce petit être humain qu’elle prit enfin conscience de la réalité. Par panique, elle retourna au manoir des MacFrìdeinn pour annoncer la nouvelle, mais également se débarrasser du nouveau-né qui n’était qu’un poids pour elle. Par rapport à la date de l’accouchement elle pouvait estimer la période du rapport et ainsi, déterminer qui était le père. Et là encore, elle n’en était pas sûre. Quoi qu’il en soit, les MacFrìdeinn étaient de loin l’homme le plus riche qu’elle eut fréquenté durant cette période aussi c’est vers lui qu’elle se tourna pour déposer son fardeau.
Bien évidemment. Ni Elise ni Hope ne fut joyeusement reçue : un enfant illégitime -rappelons-le, dans les années 80 d’une vieille famille écossaise- d’une mère dont les origines étaient inconnues qui, en plus de n’avoir aucun revenus, n’avait aucune envie de s’occuper de cette gamine sortie de ses entrailles.
Elle abandonna donc Hope à son père et reprit la route en ne laissant qu’une maigre adresse à Londres : si un jour l’enfant voulait rencontrer sa mère, qu’elle aille à cette adresse mais pas avant ses seize ans. S’amuser avec une adolescente, elle pourrait l’accepter mais s’occuper d’une enfant, elle n’en avait absolument pas l’intention.
Les débats dans sa famille durèrent des jours. Certains clamaient qu’il ne fallait pas qu’Alexander reconnaisse l’enfant sur les seules paroles d’une fille aussi volage que fiable. D’autre ne savaient pas quoi penser de cette situation, n’étant pas cruel au point d’abandonner un nouveau né mais bien embêté par cette nouvelle… Son père quant à lui, se battait contre sa famille pour garder la petite. Il n’avait pas aimé ma mère, elle n’était qu’une aventurette et la réciproque était là. Mais il ne pouvait abandonner la chaire de sa chaire, il reconnaissait ses cheveux d’un noir ébène, son petit nez rose… Hope était belle et bien sa fille, pour le marquer devant tous et les faire taire, il la nomma alors June Hope MacFrìdeinn.
1984 / 1994 - Enfance chez les MacFrìdeinn
Toute l’histoire sur sa naissance, June l'a appris par la bouche de son père lorsqu’elle fut en âge de comprendre puis, bien plus tard, de sa mère alors qu’elle avait encore trop bu et planait en racontant ses souvenirs.
Passée la tornade qu’avait été son arrivée dans la famille MacFrìdeinn, June fut élevée par son père. Sa famille paternelle ayant accepté sa décision mais ne l’approuvant pas, elle fut mise à l’écart de la cousinade -les enfants répétants les mots et les rumeurs de leurs parents- et ses grands-parents refusèrent qu’elle figure sur le livret de famille. Ces derniers, même avec les années passées, n’étaient toujours pas certains que la jeune fille avait du sang MacFrìdeinn dans les veines et l’âge n’allait pas à la tolérance.
Mais cela importait peu à la brunette. Qu’elle se nomme MacFrìdeinn, MacFrieren ou Tartempion, elle s’en moquait bien. Elle vivait heureuse avec son père qui, à la grande surprise de tous, l'éleva brillamment. Elle n'eut rien à manquer, des amies qu’elle s’était faites à l’école, l’amour de son père, son petit chat noir nommé Mystie. Et ce petit bonheur, c’était tout ce qui lui importait.
Néanmoins, après chaque jour viennent les ténèbres et ce fut la date du 11 juin 1994 qui marqua la décadence de cet enfant qui, à cet âge ne connaissait même pas encore la signification de son mot. Ce fut un accident, un accident que nul ne pu prévoir mais pour lequel du haut de ses dix ans, la jeune fille se sentit coupable. Une immense boule de culpabilité qui revint chaque nuit pendant la décennie qui suivirent prenant la forme de cauchemars mêlant chagrin, colère et abandon. Il pleuvait cette nuit-là et Mystie n’était pas rentrée à la maison. C’était tout innocemment entre deux crises de larmes que la petite fille appelait son chat, s’inquiétant du fait qu’il puisse lui arriver quelque chose sous la tempête et que plus jamais elle ne puisse le revoir, caresser son petit pelage noir chauffé sous le soleil, entendre ses ronronnement sur sa poitrine… Alexander prit alors sa veste et sortit sous l’orage, promettant à June de retrouver son petit chat et lui faisant promettre que, quoi qu’il arrive, elle ne devait pas sortir de la maison tant qu’il ne serait pas de retour.
L’enfant attendit.
Elle attendit de nombreuses heures et finit par s’endormir sur le canapé du salon. Au petit matin, son père n’était toujours pas rentré et son chat était toujours disparu… Mais elle avait promis d’attendre alors elle attendit. Elle attendit patiemment jusqu’au soir où l’on vint toquer à sa porte.
Le choc de l’annonce lui fit oublier les détails de ce soir-là, elle se souvint uniquement de la douleur dans sa poitrine quand on lui annonça que le corps de son père avait été retrouvé sur le rivage à un kilomètre au nord. Elle se souvient des cris qu’elle a poussé jusqu’à en perdre la voix et des larmes qui ont coulés de ses yeux jusqu’à qu’elle s'effondre de fatigue.
Jamais on ne lui dit que son père tenait contre lui, fermement, un petit chat noir enroulé dans son manteau.
1994 - Une décision et un voyage
Les funérailles de son père eurent lieu deux jours plus tard mais son corps n’était même pas encore froid que sa famille organisait déjà le départ de la petite June. Après tout, Alexander avait décidé, contre l’avis de tous, de la récupérer et aucun de ses oncles et tantes ne souhaitait s’encombrer d’une enfant aux traits de leur frère : la petite irait retrouver sa mère. On lui laissa tout de même une journée pour faire ses affaires mais accablée par le chagrin, elle n’emporta qu’avec elle une peluche de chat que son père lui avait offert pour ses quatre ans, son petit doudou qui n’était maintenant qu’un objet de torture lui rappelant sans cesse cette nuit fatidique.
L’une de ses cousines vint l’aider à faire ses affaires, une simple petite mallette contenant trois tenues et quelques effets personnels. Elle la guida jusqu’à l’enterrement. De cette journée, la jeune fille ne se souvenait que du noir des vêtements portés par tous les proches de son père, le même pelage que son petit chat. Une couleur qu’elle voyait aujourd’hui encore dans son propre reflet, dans ses yeux, sur sa tête.. Une couleur qui la hantera de longues années durant.
L’enterrement fut rapidement terminé. A peine avaient-ils enseveli le cercueil qu’un homme de main de sa famille vint la chercher. Elle n'eut même pas le temps de dire au revoir à tous ses cousins, à ses amies, qu’il l’emporta par la main et qu’il la fit monter dans une petite voiture… noire également. Ils allèrent jusqu’au port de l’île, traversèrent la mer jusqu’en Angleterre et prirent le train pour Londres.
Amorphe, tenant la main d’un homme dont elle ne se souvenait même plus du visage, elle avançait machinalement là où on lui disait d’aller. Ils traversèrent la vieille ville jusqu’à retrouver l’adresse donnée par Elise dix ans plus tôt. Durant le voyage, l’homme lui expliqua qu’il la ramenait à sa mère et que, s’il ne parvenait pas à la retrouver à l’adresse qu’elle avait donnée, il la laisserait au bon soin d’une famille d'accueil. Du point de vue de l’enfant, sa mère n’était qu’une parfaite inconnue qui l’avait abandonnée à la naissance, si elle avait sû l’accueil qu’elle allait recevoir, elle aurait certainement demandé à ce qu’on la dépose directement à l’une de ces familles qui elles, avaient une once de responsabilité envers les enfants dans la situation de la jeune fille.
Lorsqu’ils sonnèrent à la porte, un homme à la barbe mal rasée et à l’odeur d’alcool vint leur ouvrir la porte.
- Suis-je bien chez les Walters ?
L’homme, qui se révéla être le beau-père de la jeune June, arqua un sourcil puis appela sa compagne. Elise arriva sur le palier avec un air déconfit voyant la petite, l'âge ayant marqué ses traits et la drogue creusé les joues. June ne retint pas ce qu’il se dit, elle entendait simplement sa mère crier hystériquement auprès de l’homme qui l’avait escorté et son beau-père renifler avec dédain.
Ce n’est que lorsque l’homme sortit une liasse de billets que le silence fut. Un grand sourire apparut sur les visages de sa mère et elle prit, pour la première fois en dix ans, son enfant dans ses bras.
- Oh ma Hope, ma précieuse Hope !
L’homme partit, laissant alors June dans sa nouvelle famille alors que ces derniers comptait les billets et que la jeune fille restait debout sur le porche.
1994 / 2001 - Cendrillon des temps modernes, sans le côté princesse
Les années qui suivirent ne furent pas les plus heureuses pour la jeune fille. En réalité, sa vie qui suivit ne fut jamais aussi heureuse que les jours qu’elle avait vécu avec son père. Sa mort, c’est une encore une autre histoire, qui viendra bien longtemps plus tard.
Comme convenu avec sa famille paternelle, sa mère l’éleva. Elle recevait chaque mois une pension assez conséquente pour l’éducation de sa fille mais une grande partie fut dépensée dans de l’alcool, de la drogues et de nombreuses autres choses qui ne devraient pas faire partie de la vie d’une enfant.
Elle fut scolarisée dans l’école du quartier, allait toute seule le matin à pied jusqu’à son école et revenait le soir, traînant parfois dans les ruelles pour ne pas avoir à affronter la réalité de sa nouvelle famille. Cela aurait pu être bien pire, elle entendait aux informations des histoires d’enfants frappés et abusés. De son côté, elle ne se confrontait qu’à l’ignorance constante de sa mère et ses réprimandes. Ignoré dans un coin du salon, dormant sur un petit lit d’appoint bien trop petit à mesure qu’elle grandissait, elle devait se débrouiller pour se nourrir, elle cuisinait pour sa mère et son beau père -ce dernier rendant généralement son repas dans la cuvette des toilettes après avoir trop picolé- elle faisait le ménage pour vivre dans un environnement un tant soi peu décent. Elle apprit rapidement par elle-même à vivre, n’ayant plus d’adultes pour l’aider.
Ses années de secondaire furent plus compliquées pour la jeune fille. En plus de l’ignorance qu’elle vivait en rentrant dans ce petit appartement de banlieue, elle vivait chaque jour les moqueries et les brimades des autres enfants de sa classe. Aucun n’était d’un milieu particulièrement favorisé, le quartier ne s’y prêtant pas, mais peu d’entre eux avaient une mère ayant la réputation de tapiner dans les ruelles pour se procurer une dose et peu d’entre eux avaient un beau-père dormant parfois sur le comptoir du bar du bout de la rue.
D’autant que rapidement, le bruit courut qu’elle était la fille d’une riche famille écossaise. Aujourd’hui encore, elle ne su jamais comment ces rumeurs ont commencés à circuler mais bientôt deux nouveaux types de bizutages la ciblèrent : ceux qui lui demandaient sans cesse de l’argent alors qu’elle même peinait à en conserver une part pour s’acheter un sandwich le midi et ceux qui la pointèrent du doigt en la traitant de menteuse alors qu’elle n’était même pas à l’origine de ces rumeurs.
Quoi qu’il en soit, elle ne trouvait plus le calme à l’école et ne trouva pas le réconfort chez elle non plus. Alors elle décida de partir. Dès que son seizième anniversaire fut sonné -bien évidemment, cela faisait des années qu’elle n’avait pas eu de cadeau ni même une part de pâtisserie- elle fit ses bagages et quitta le vieil appartement où elle n’avait pas sa place.
Sa mère ne la retint pas, la pension que la famille MacFrìdeinn lui versait prenait fin à l'âge de ses seize ans, un accord tacite entre la famille de son père et Elise, aussi plus rien ne justifiait la présence de la jeune fille dans les jupes de sa mère. Peut-être cette dernière lui aurait-elle volontairement proposé de rester ? June ne le saura jamais, sa génitrice étant trop occupée à planer lorsqu’elle franchit la porte pour la dernière fois.
2001 / 2006 - Une vie nocturne de paillettes bon marché
Dès que l’année scolaire fut terminée, June quitta l’école. Elle se dirigea vers un endroit qu’elle avait visité par le passé, pour aller chercher sa mère s’étant perdue dans les ruelles de la ville lorsqu'elle n’arrivait plus à marcher droit.
The Night Moth, le papillon de nuit. Un cabaret à la réputation douteuse connue dans le quartier pour récupérer des filles à la rue, leur offrir un toit en échange de quelques prestations sur les planches de la scène.
Elle passa la porte d’entrée alors que le soleil se levait, elle fut assaillie par les odeurs d’alcool et de tabac qui empestaient les lieux, le sol était encore poisseux des boissons renversées et couverts de paillettes perdues lors des spectacles de la nuit. Les filles étaient déjà parties, seul restait sur place quelques femmes -bien trop âgée ou trop peu attirante pour monter sur scène- ainsi que le patron, un certain William Grayson, accoudé au comptoir, bavardant avec l’un des barmans sur les revenus de la soirée.
Prenant une grande inspiration, la jeune fille avança la tête haute. Elle était déjà un brin de femme et n’allait pas reculer maintenant. Les deux hommes tournèrent la tête vers elle et commencèrent à lui dire que sa mère n’était pas ici ce soir. June secoua la tête avant de s’incliner, clamant tout haut :
- Laissez-moi travailler ici s’il vous plaît !
D’abord surpris, si June était venu quelque fois, elle n’était pas une sans abris comme certaines des minettes qu’il récupérait mais il comprit assez rapidement sa demande et lui proposa alors le même accord qu’il passe avec toutes les demoiselles du cabaret : obéissance contre protection.
C’est ainsi que June commença à travailler au Night Moth.
Encore jeune, dans un premier temps elle ne travaillait qu’en arrière salle : s’occupant de découper les légumes, nettoyer les toilettes, ranger les affaires que laissait traîner les demoiselles de scène. Des tâches ingrates mais qui satisfaisaient June, on ne faisait pas attention à elle, elle parvenait à gagner un maigre salaire déduction faite de la nourriture et du logement... Bien sûr, sans jamais avoir signé aucun contrat et ce, même après avoir fêté ses dix huit ans. Elle apprit à faire les cocktails et on la plaça ensuite derrière le bar, elle courait toute la soirée pour répondre aux commandes tout en refusant les avances de certains clients trop éméchés. On lui autorisa ensuite à assister aux répétitions des spectacles nocturnes, afin qu’elle observe et apprenne. Visiblement, William avait prévu de la présenter sur le devant de la scène d’ici quelques années, lorsqu’elle aurait pris suffisamment d'âge pour ne pas forcer l’établissement à passer la clé sous la porte en cas de contrôle et si elle parvenait à faire ses preuves.
Être fille de cabaret à ses avantages comme ses inconvénients, June l’apprit bien vite. La compétition était rude, nombreuses sont les filles qu’elle côtoyait qui désirait se faire une place sur scène, participer aux plus beaux spectacles, gagner la place centrale etc… Elles étaient toutes dans la même situation de précarité mais il n’y avait que très peu d’entente entre elles. Certaines versaient de la colle à ongle dans les gloss de leurs rivales, d’autres rajoutaient du colorant dans le tube de fond de teint. Toutes les ruses étaient intelligentes et chacune plus fourbe les unes que les autres… Mais si elles en étaient arrivées à une telle rivalité c’est parce que William en profitait. Il ne prenait que les meilleures, leur promettait monts et merveilles : de belles tenues, de beaux spectacles, de belles rencontres. Et il se jouait de leur compétition pour n'extraire que les meilleures d'entre elles.
Les plus belles d’entre elles se faisaient parfois remarquer de riches clients -riches, bien évidemment proportionnellement à la clientèle du cabaret. William négociait alors quelques rencontres, moyennant finance pour le cabaret et offrant ainsi l’opportunité aux filles désignées de tenter leur chance de sortir de ce trou à rat au bras d’un homme. Bien évidemment, ces rencontres n'aboutissaient jamais au souhait des demoiselles et ce que William leur promettait n’était qu’un fils d’espoir. Il ne forçait jamais personne à rencontrer telle ou telle personne, mais les conséquences d’un refus étaient connues : les plus chanceuses ne se produisaient plus sur scène et restaient cachées dans les coulisses, les autres étaient simplement mis à la porte. June eu quelques nouvelles de certaines de ses filles là et, dans les bas quartier de Londres, nombreuses d’entre elles furent retrouvées dans divers maisons closes, à défaut de pouvoir trouver un autre emploi, William prenant bien soin de déconseiller les filles qui n’avaient pas obéi.
Néanmoins, June parvint à se faire une amie : Evelyn, une jolie rouquine à peine plus âgée qu’elle. Elle avait la grâce d’un cygne lorsqu’elle dansait sur les planches et la voix d’une sirène. Aussi envoûtante que passionnée, c’est elle qui fut la mentor de June lors de ses débuts sur scène. Elle lui apprit à avoir le pas léger, à onduler gracieusement, à se dénuder sans se dévoiler. Dans la bouche d’Evelyn, c’était un véritable art.
Pendant les années qui suivirent, elles dansèrent ensemble. C’est peut être l’une des rares choses qui égaya le quotidien de la jeune fille : sur scène, il n’existait plus rien. Elle ne voyait pas les hommes sur le devant de la scène, se pensant discret et se glissant une main dans le pantalon alors qu’elle n’était vêtue que d’un voile comme seul vêtement pour cacher sa nudité. Elle n’entendait pas les sifflements provenant du fond de la salle à chaque pirouette qu’elle effectuait sur la barre de métal. Elle ne sentait pas les mains moites et puantes prétextant lui jeter des billets pour lui caresser la peau. Rien de cela n’existait lorsqu’elle se trouvait sous les feux des projecteurs. Elle n’entendait que le rythme de la musique, son propre cœur battre frénétiquement et son corps se mouvant dans une danse hypnotique. Danser était devenue pour elle son seul moment de libération dans la noirceur de cette vie.
2006 - Cause de la mort : William
Dès qu’elle mit les pieds sur scène, les demandes pour la rencontrer commencèrent à affluer. Par rapport à d’autres danseuses, elle n’avait rien d’extraordinaire mais l’attrait du nouveau et la compétition du "premier" fit monter le prix de sa virginité. Elle la perdit avec un homme dont elle ne se souvint ni du nom ni du visage, elle se souvenait uniquement de l’ardeur avec laquelle il s’occupa d’elle et la douleur qui lui déchira les entrailles. C’était quelque chose à laquelle elle s’attendait dès que William lui proposa de danser mais rien n’aurait pu la préparer à pareil douleur… Mais elle n’était désormais que la chose du patron et en tant que telle, elle allait encore vivre de pareilles nuits.
Les années qui suivirent se ressemblèrent toutes à peu de choses près : l'âge qui marque ses formes, l’expérience qui aiguise ses pas, la notoriété qui commence à se faire entendre. Si Evelyn étaient l’Ambre du Papillon de nuit, June en était l’Onyx.
Ce fut en 2006, alors qu’elle avait désormais vingt-deux ans que cette histoire eut lieu. Malgré toutes les protections, avec autant de rapport il n’est pas étrange que certaines filles choppent de sales choses. Jusqu’à présent June l’avait évitée mais Evelyn n'eut pas autant de chance. Le SIDA, quelle horrible chose. Sans parler des répercussions sur la santé, pour des filles vivant de leurs corps cela signifiait tout bonnement la fin.
William la mit dehors dès qu’il fut au courant.
Sans indemnité, sans logement, sans argent.
Furieuse, June alla le confronter. Elle travaillerait double pour son amie, elle ferait tout ce qu’il lui dirait de faire s’il acceptait de la garder dans la maison, même si elle devait s’occuper du nettoyage tous les jours. Elle le supplia à genoux de revenir sur sa décision et de ne pas abandonner son amie sinon elle aussi, partirait. Seulement au yeux de William, elle ne lui proposait que des choses qu’il avait déjà, son obéissance, et le menaçait de choses qu’elle ne pouvait entreprendre, son départ.
Cette discussion se retrouva veine.
Le soir, elle se produisit encore sur scène, comme tous les soirs. Si la danse la calmait et l'apaisait, ce n'était pas le cas ce soir-là. Elle bouillonnait de rage. Ses pas étaient lourds et saccadés, son doux visage déformé par la colère. Elle fermait les yeux et essayait de se concentrer pour ressentir la musique mais elle n’entendait que les battements de colère de son propre cœur, elle ne voyait que le visage de son amie lui disant de ne pas s’en faire, que tout irait bien pour elle.
Furieuse, elle hurla. Elle hurla à s’en arracher les poumons et toute la salle se tût. Elle pointa du doigt William pour l’insulter de tous les noms et tourna les talons, lacérant le rideau de soie rouge de ses ongles au passage pour aller se réfugier dans les coulisses, entre deux paravent pour crier et extérioriser toute la colère et tout le chagrin qu’elle avait.
Une voix provenant de la salle s’excusa du comportement de June et la musique reprit. D’autres filles montèrent sur scène et la petite crise de colère de l’Onyx n'eut pas plus d’effet que le battement d’aile d’un papillon.
Au milieu de la soirée, William vint alors la voir.
- June, je ne te cache pas que je n’approuve pas ton comportement de ce soir. Mais je suis enclin à te pardonner si tu redeviens la gentille fille que tu étais. Visiblement ton caprice à attiré l’attention d’une vieille connaissance et il désirerait que tu le serves pour le reste de la nuit. Acceptes-tu ?
June lui lança un regard furieux et ouvrit la bouche pour répliquer mais il fut plus rapide :
- Si tu le fais, je consentirais à réfléchir de nouveau à la question d’Evelyn, au moins pour lui donner disons une prime de départ.
Ces dernières paroles retinrent son attention et la jeune fille resta muette. Le temps de digérer l’information, elle avait déjà acquiescé.
- C’est parfait ! Il t’attend dans l’entrée.
June essuya vaguement le reste de mascara qui avait coulé, après cette dernière soirée elle partirait. Elle avait économisé toutes ses années et même si c’était loin d’être suffisant, si William tenait parole et qu’Evelyn pouvait récupérer son dû pour toutes ses années d’asservissement, elles pouvaient retomber sur leurs pattes toutes les deux.
C’est avec cette idée en tête que la jeune femme accompagna son dernier client du Night Moth. Il avait une barbe courtement taillée et des cheveux gris, une carrure imposante, des muscles saillants et une poigne puissante. C’est l’une des rares choses dont elle se souvint de cet homme. Il lui semble même qu’elle n’a jamais appris son nom. Il n’était pas doux, il n’était pas attentionné ni affectif comme certains peuvent l’être. Dans ces mains, elle ne se senti n’être qu’un objet qu’il avait acheté et qu’il pouvait malmener à sa guise, était-ce une punition de William pour l’avoir envoyé dans les bras d’un homme si violent ?
A mesure que l’intensité montait, elle se plongeait dans ses pensées, seule chose qui lui permettait d’endiguer la douleur. Elle sentait les grandes mains de l’homme gifler ses joues, lui tirer les cheveux, lui pétrir les seins sans une once de délicatesse et se rapprocher de sa gorge. Elle sentait l’air lui manquer, elle commençait à voir de petites lucioles lui brouiller le regard, elle avait le sang qui lui monter à la tête sous la pression de l’étreinte. Elle ne parvenait pas à respirer, elle ne parvenait pas à réfléchir, elle n’avait pas assez d’air pour crier, son corps bougeait tout seul, griffant son agresseur que rien ne perturbait, il continuait ses vas-et-viens, grognant de plus en plus fort tout en resserrant encore sa prise.
Enfin, il se déversa en elle. Ce fut la dernière chose qu’elle sentit de son vivant.
2006 - La mort.
Elle rouvrit les yeux, le souffle court et haletant. Elle avait encore la tête qui tourne, elle ne parvenait pas à reprendre son souffle et s’écroula au sol, tenant fermement sa gorge comme pour retirer quelque chose qui était coincé. Elle toussa, elle souffla, elle pris une grande inspiration puis elle leva enfin les yeux.
Elle n’était plus dans cette chambre puant la clope et le sexe. Elle était dans une salle d’attente avec des gens… qui attendaient. Était-ce qu’un rêve ? Elle était complètement nue. Elle porta sa main à son cou et il n’y avait plus aucune marque de strangulation, elle était pourtant persuadée que sa trachée avait été écrasée… Les gens autour d’elle avaient à priori l’air aussi perdus que la jeune fille, les yeux dans le vide pour certains et d'autres marmonnant des mots dans une langue qui lui était encore inconnue. Mais elle n'eut pas le temps de plus s’interroger qu’une étrange entité vint alors à sa rencontre et lui fit signe de la suivre, après lui avoir gentiment déposé un peignoir sur les épaules pour préserver le peu de dignité qui lui restait dans la mort. June ne demanda pas son reste et s'enveloppa dans le tissu d’une telle douceur qu’il lui fit monter les larmes aux yeux. Plus tard June appris qu’il s’agissait de la Faucheuse, avec un grand F. Mais sur l’instant présent, elle ne voyait qu’une étrange personne en déguisement d’halloween.
La Faucheuse donc, l’emmena auprès du Roi, dans un bureau doté d’un grand écran rediffusant le moment de sa mort. Honteuse et dégoûtée, elle détourna le regard de cet écran qui ne pouvait lui rappeler que des mauvais souvenirs…
Il lui expliqua alors ce qu’elle était désormais. Morte.
Il lui expliqua ce qui se passait dans ces lieux après la mort. Pas de réincarnation ou croyance de ce genre mais bel et bien une autre vie en tant que spectre… Avait-elle son mot à dire ? Non pas vraiment. Aussi elle écouta les explications et à la fin de ces dernières, demanda à retourner en Ecosse, peut-être lui restait-il encore quelques bons souvenirs là-bas ?
2006 / 2023 - L'espoir d'un nouveau départ
Elle fut donc envoyée dans son pays natal. A la fois nostalgique et différent. Si elle pensait d’abord trouver le repos après la mort, ce n’était qu’une naïve pensée. La douleur de cette poignée se resserrant sur son cou n’avait pas disparu, l’inquiétude pour Evelyn laissée seule dans l’autre monde était toujours belle et bien présente et la colère envers William pour tout ce qu’il avait infligée à toutes ses filles était encore un feu lui brûlant les entrailles.
June vécu néanmoins les dix-huit années suivantes de manière discrète. Ou presque.
Ayant déjà vécu cela de son vivant, elle ne souhaitait pas revivre sa mort comme elle l’était de son vivant. Se jurant de ne plus jamais dépendre de qui que ce soit et de parvenir à se créer un petit cocon de sécurité et de bonheur par elle-même. Malgré tout ce qu’elle a traversé dans la vie, elle se souvient encore des jours heureux avec son père et, si elle a un jour pu expérimenter le bonheur, il n’y a aucune raison pour laquelle elle ne pourrait pas le trouver de nouveau.
Elle trouva d’abord des petits emplois à droite à gauche pour subvenir à ses besoins. On lui a expliqué qu’elle pouvait continuer à survivre dans sa mort même sans boire ni manger, mais la sensation d’un ventre vide était insupportable. Non pas à cause de la douleur mais à cause des souvenirs que cela faisait ressurgir.
Parallèlement, elle se mit en quête d’un cabaret. Tous n’étaient pas comme le Papillon de nuit, elle en était bien consciente. A l'époque, elle avait frappé à la mauvaise porte, hélas la seule qui avait pu l’accueillir à son jeune âge. Mais dorénavant la situation n’était pas la même : elle négociait son tarif, elle dansait sur les planches et jamais elle ne repartit dans le lit d’un spectre le soir venu. Bien au contraire, elle acquit vite la réputation d’une briseuse de noix, non pas au sens figuré mais bel et bien au sens propre. Elle était une danseuse de cabaret, strip-teaseuse par moment, qui broyait l’entre les jambes des messieurs qui lui portaient de l’attention. Ce n’était pas pour eux qu’elle dansait mais pour elle-même, pour retrouver cette sensation de liberté et d’envol qu’elle appréciait tant.
C’est en 2010 et grâce à ces rumeurs qu’elle attira l’attention d’une chimère, Grâce. Originaire d’Angleterre avant sa mort, elle était revenue en Europe et parcourait les îles Britanniques à la recherche de futures Chimères. Si au départ June était méfiante, Grâce avait un don pour écouter les histoires et compatir, très vite, la jeune brune se confia et lui conta la sienne. Sans détour ni enjolivement, sans exagération ni larmes, elle lui raconta seulement. C’était la toute première fois depuis sa mort qu’elle racontait son vivant et cela la soulagea d’un poids dont elle ignorait jusqu’à présent l'existence.
Grâce lui proposa alors une injection, ce qu’elle accepta sans hésitation. Elle en avait assez de vivre une mort de regret et c’était la piqûre qui pourrait lui permettre de prendre un nouveau départ. Cela la changea, la changea en un papillon Améthyste comme si l’ombre de ses années au cabaret continuaient de venir la hanter.
Grâce reprit sa route et June continua son bout de chemin, sans oublier de lui demander de lui faire signe si un jour elle croisait une spectre du nom d’Evelyn.
Elle prit des cours de self-défense et de kick-boxing et y trouva une nouvelle passion. Si la danse lui permettait de calmer son esprit et de rêver éveiller, le combat lui permettait de brûler toute la rage et la frustration qu’elle avait en elle, de tout déverser sur le sac de sable qu’elle martelait de ses poings. Bien plus violente après sa mort que par rapport à son vivant, elle avait besoin de ce défouloir pour ne pas finir par perdre la tête en enfouissant cette rage au fond d’elle.
En 2016, Grâce revint en Écosse et prit des nouvelles de June. Cette dernière, tout en continuant à danser sur les scènes des morts, avait commencé à se forger sa petite réputation en tant que garde du corps, protégeant exclusivement la gente féminine. Vivant ou mort, elle n’avait que trop souffert à cause des hommes et ne voulait rien à voir à faire avec eux. Elle n’avait malheureusement pas de nouvelles du mentor de danse de la jeune fille : un simple prénom associé à une tête rouquine, sur des années des morts, revenait à chercher une aiguille dans une motte de foin.
Lorsque Grâce lui proposa une seconde injection, June accepta. Si cela lui permettait de devenir encore plus forte, elle n’avait aucune raison de refuser. Elle ne cherchait pas particulièrement le conflit et la puissance, mais elle ne voulait pas se retrouver dans une situation où elle ne pourrait rien faire, que ce soit pour se protéger elle ou les jeunes filles qu’elle appréciait.
Les sept années suivantes se déroulèrent de la même manière que les dix premières. Le temps passait inlassablement à la même vitesse et le quotidien de June jonglait entre paillettes nocturnes et matraque.
De part ses missions de garde du corps, June a pu voyager à travers le monde, principalement en Europe mais a eu l’occasion de faire quelques aller-retour au japon pour escorter une femme qui fuyait un amant ou une demoiselle cherchant à retrouver sa famille. C’est durant un voyage à Londres qu’elle entendit cette rumeur : le bruit courait d’un cabaret étant apparu il y a à peine deux ans mais commençant à se faire un nom dans le spectacle nocturne. Ce cabaret portrait le nom de Night Moth.
2023 - La vie qui se poursuit dans la mort
A l’entente de ce nom, son sang ne fit qu’un tour. Voici maintenant près de dix sept ans que ce passé est enterré derrière elle, avec son cadavre, quelque part sur terre pour peu qu’on lui ait accordé un semblant de funérailles.
Elle ne mit pas bien longtemps avant de prendre sa décision. Prenant une grande respiration, elle se mit en marche vers ce nouveau cabaret.
Il était quelque peu différent de celui qu’elle connaissait, moins glauque, plus lumineux et plus attirant. Néanmoins elle reconnut immédiatement les odeurs de potion qu’elle a côtoyé depuis sa mort, remplaçant les odeurs d’alcool et de tabac du monde des vivants. Elle reconnut l’ambiance intimiste, les rideaux de soie… Mais ce qu’elle reconnu par-dessus tout, c’était cette silhouette aux cheveux noirs grisonnants, cette barbe taillée courte et ces larges épaules dans un costume gris. Williams Grayson.
L’homme se tourna vers la demoiselle, d’abord surpris puis affiche un sourire ravie :
- Et bien, très chère June, si j’avais su qu’on se retrouverait dans l’au-delà je ne t’y aurais pas envoyé.
S’en fut trop. June hurla. Elle hurla a s’arracher la gorge, à briser les tympans de tous ceux présents autour d’elle. Elle hurla sa rage et sa colère mêlant cri de Chimère et celui d'humain. Elle fondit sur lui telle une furie, le martelant de coups et criant toute sa colère et sa détresse. Elle se brisa les phalanges sur son crâne et se déchira les cordes vocales, laissant l’homme à moitié mort -si on peut le dire comme cela- complètement sonné du cri de la jeune femme et complètement défiguré par ces points.
Ce sont des hommes de mains qui l’arrêtèrent lorsqu’elle n'eut plus de souffle pour crier. Fatiguée et las de voir les fantômes de son vivant revenir dans le monde des morts, elle se laissa emporter… La boolice arrive quelques temps plus tard, William ne présenterait pas de grandes séquelles après quelques jours de repos, des soins et des potions anti-douleurs, il serait de nouveau sur pied.
Néanmoins, June avait usé de son cri, non seulement de son cri de chimère mais s’était couplé à lui ses ultrasons de chauve souris perforant les tympans d’un grand nombre de personnes sur place. Encore une fois, les dommages n'étaient pas définitifs mais ils restaient conséquents.
Ne cherchant ni à nier ni à fuir, June se laissa emporter et écopa de quelques travaux d’intérêt généraux. C’était la première fois qu’elle faisait preuve d’une telle violence et l’on met cela sur le dos du traumatisme causé par sa propre mort des années plus tôt.
Elle travailla donc dans l’administratif, dans le nettoyage de parc public et bien d’autres durant quelques mois avant qu’on ne lui laisse continuer sa vie. June ne sut pas ce qu’il était advenu de William ou du Night Moth après cette histoire et elle ne voulait pas le savoir.
Suite au conseil d’une employée de la Boolice, elle décida de faire un trait sur sa vie passée et de commencer une nouvelle mort à l’autre bout du globe. La voilà donc partie au japon avec pour seule affaire sa petite valise contenant quelques babioles qu’elle avait accumulées les deux dernières décennies.
2024 - Peut-on dire que l’on commence une nouvelle vie lorsqu’on reste mort ?
Le reste de ces aventures… il ne lui reste plus qu’à les vivre. Si la mort peut être considérée comme une vie bien évidemment.
derrière l'écran
Hello !
Moi c'est Patpat ou Nhei, j'ai bientôt 28 ans et je suis arrivée sur PaB complètement par hasard en recherchant un forum à 1h du mat. Mais rodant par période de temps à autre de forums en forums, je suis déjà passée par ici en tant que visiteuses avant la V4 sans jamais passer le pas de de l'inscription.
Mon smiley préféré ici ? Des petites étoiles pour agayer mes nuits d'écriture ! (même si je poste cette fiche à 14h, je vous assure que je l'ai commencé hier soir sous le ciel nocturne!)
Ajouté à une coloc ? Je dis OUI, un système qui m'a l'air bien intéressant autant InRP avec l'arrivée toute récente de June au Japon que HorsRP pour l'intégration sur le forum, donc je dis OUI !
Moi c'est Patpat ou Nhei, j'ai bientôt 28 ans et je suis arrivée sur PaB complètement par hasard en recherchant un forum à 1h du mat. Mais rodant par période de temps à autre de forums en forums, je suis déjà passée par ici en tant que visiteuses avant la V4 sans jamais passer le pas de de l'inscription.
Mon smiley préféré ici ? Des petites étoiles pour agayer mes nuits d'écriture ! (même si je poste cette fiche à 14h, je vous assure que je l'ai commencé hier soir sous le ciel nocturne!)
Ajouté à une coloc ? Je dis OUI, un système qui m'a l'air bien intéressant autant InRP avec l'arrivée toute récente de June au Japon que HorsRP pour l'intégration sur le forum, donc je dis OUI !