i'll bite my tongue until it bleeds
Tu commences à te demander si l'ascenseur n'est pas une entité avec une conscience, une personnalité, et un sens de l'humour vraiment tordu. Tu pousses un cri à en faire pâlir une chimère quand le brusque changement de sens de la machine te fait perdre l'équilibre. Cette fois, tu n'atterris pas sur ton derrière, faut croire qu'on finit par avoir l'habitude. Ca sent pas bon. Vraiment pas bon - mais comment le dire sans que l'autre actrice ne s'évanouisse sous l'angoisse ? Angoisse qui commence à se voir même sur ton visage. Parce que ça fait quand même deux fois que l'ascenseur vous fait le même coup, parce que les minutes commencent à devenir longues dans cet espace serré, et parce que, même s'il est difficile de détacher son regard de quelqu'un comme Lucy, tu es conscient qu'elle aurait préféré se retrouver ici avec n'importe qui d'autre que toi. Ca te serre le cœur de l'admettre, mais tu la comprends parfaitement. Tu n'as servi à rien depuis que vous êtes montées dans cette machine.
Et tu la regardes, sans rien dire pour une fois. Tes espoirs commencent à s'envoler. Pendant qu'elle se lâche sur la porte comme si c'était la clé de la liberté, tu te demandes si le soleil sera déjà levé quand tu regagneras ton lit douillet.
- Ca sert à rien, y'a plus personne à cette heure-ci, tu soupires. Il en faut beaucoup pour que tu deviennes raisonnable. Mais comment en vouloir à Lucy, elle qui doit être si fatiguée de te supporter ?
C'est pire que ça. Tu sais que les stars ont tendance à être dramatiques, mais quand même... Les choses deviennent sérieuses quand la pauvre se met à trembler de toutes ses forces, prise de panique, les yeux cherchant désespérément une issue. Mais il n'y a que ces quatre murs gris, alors elle se recroqueville comme si la fin était proche. Au moins, tu as une confirmation que rien de ce que tu as essayé n'a apporté le moindre changement. Sinon, elle ne serait pas là, assise par terre, à prier qu'on la sorte d'ici. Tu soupires à nouveau, parce que ça fait longtemps que tu n'as pas été forcé.e de gérer ce genre de panique, et que tu n'es plus certain.e de pouvoir l'aider. Tu t'agenouilles à sa hauteur, une main sur son épaule saura certainement la réveiller et la sortir de sa terreur. Tu réfléchis longtemps avant de parler.
- ...c'est bon, on va pas mourir. Y'a jamais eu d'ascenseur qui est resté bloqué pour toujours. C'est juste un mauvais jour, ça arrive.
A toi, tout le temps. A une princesse comme elle, peut-être, parfois, mais ses problèmes doivent être bien éloignés des tiens. Même lorsque tu as eu ton petit moment de célébrité, la vie de rockstar n'était pas que richesses et excès, loin de là. Ca ne te manque pas.
- Juste... respire, ok ? On va s'en sortir. Au pire, au prochain étage aléatoire auquel il s'arrête, on sortira. Et s'il y a beaucoup de marche à faire, je porterai madame si elle l'accepte.
Un coup d'œil à ses talons. Ouais, pas idéal pour gravir les escaliers de l'Agence... En plus, elle est bien plus grande que toi, comment tu vas bien faire pour la porter sur ton dos, hein ? C'est un problème pour plus tard. Pour l'instant, il ne te reste qu'à sortir le paquet de bonbons que tu as toujours dans ta poche.
- Prends-en un, ça détend. J'ai citron, orange, pastèque...