A fading memory
Where frozen breath originates
Tu n'étais pas revenu depuis... pas la peine de compter les années. Ça ne représente plus rien pour toi. D'ailleurs tu as poussé la porte comme si tu n'étais de retour qu'après une brève escapade. Le monde entier est ta maison, mais tu as bien quelques pièces préférées.
Accoudé au comptoir, tu sors de ta poche de jean quelques rotules qui ne paieraient même pas un pichet d'eau, sous l'œil amusé du barman qui a compris ce que tu voulais sans que tu ne dises rien. Il te tend un jeton de jukebox et tu quittes ton tabouret de bar. Tu contemples la machine qui se fait de vieux os dans un coin, silencieuse comme une aïeule dans son
rocking chair, observatrice du temps qui passe ; bien seule maintenant que vous remplissez vos playlists Spooktify et ne prenez plus la peine d'écouter vos aînés.
Elle n'est pourtant pas si ancienne, pas si ringarde. Qu'est-ce que les années 60 pour elle, par rapport à toi qui pourrait demander de préciser le siècle dont on parle. Pendant que les vivants dansaient sur les Beatles et les Rolling Stones, vous étiez les morts reprenant vie sur vos propres sons cultes. Alors tu l'invites à
rocker à nouveau, cette relique de son époque. Elle crachote un de ces tubes qui baignent dans les influences musicales des lémures ayant réglé leur autoradio sans regarder la route.
In the shadows where the moonlight weaves
Whispers linger among fallen leaves
A dance with fate, a final breath
Into the realm where echoes of life cheat deathLes habitués se tournent avec ravissement et nostalgie, d'autres sont étonnés de découvrir qu'elle fonctionne encore, cette antiquité. Elle pourrait tomber en poussière, elle aussi, que cela ne choquerait personne. Tu remues des lèvres sur les paroles, tu les marmonnes car elles ne te reviennent que par bribes. Sur le refrain, en revanche, c'est le grain de ta voix qui couvre celui de la musique.
Ghosts of memories, haunting the night
Chasing the echoes, seeking the light
In the afterlife, where spirits roam
A symphony of souls finding their homeQuelques têtes se balancent sur le son des basses, quelques regards s'abaissent sur le balancement de tes hanches. Quelques casques restent suspendues autour du cou, quelques écouteurs terminent sur la table.
Silent footsteps in the corridors of time
A spectral journey, a reason to rhyme
Beyond the veil, where shadows play
The afterlife's secrets, in whispers, conveyQuelques ongles pianotent en rythme, quelques jambes battent la mesure. Quelques sourires s'étirent contre le rebord des bocks de bière, quelques murmures se taisent ou reprennent en cœur.
Ghosts of memories, haunting the night
Chasing the echoes, seeking the light
In the afterlife, where spirits roam
A symphony of souls finding their homeEt il y a lui qui sans un bruit pourtant dénote. Lui qui se tasse quand les autres se redressent. Lui que tu ignores alors que tu l'as vu. Lui pour qui tu as demandé ce jeton. Lui que tu accules en possédant les lieux, comme tu l'as possédé, autrefois. Ce même lieu. Et même lui.
Ethereal echoes of laughter and tears
In the ghostly realm, where time disappears
A tapestry woven with threads of the past
In the afterlife's grip...— ... we're held steadfast.C'est ta main qui saisit son verre. Bêtement tenu comme s'il t'attendait. Bêtement tendu comme s'il t'appartenait. Ce n'est pas le cas, mais à présent que tu t'es approprié l'espace, c'est tout comme.
— Constantine.Ton timbre est chaud et ta chemise laisse ta pomme d'Adam découverte. Tu prends la chaise face à lui et ne lui rends que les glaçons.