nous avons les moyens de vous faire parler. & antionion

On vient toquer à ta porte :

« Oui ? »

Tu ne te retournes même pas, continuant de lire un des grimoires familiales.

Une des potions te donne du fil à retordre et tu ne voudrais pas créer une potion de zombification volontairement.

La porte s'ouvre, une suivante agenouillée sur le sol t'explique la situation.

Un vampire s'est enfui avec l'argent donné par avance pour pister l'un des descendants de la famille.

Le livre se ferme dans un bruit sec :

« J'arrive. »

Lève-toi et marche.

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Antonio La Rosa.

Un client.
Dont t'as moi-même proposé le job, pour mieux l'avoir dans vos griffes.

Une erreur de calcul.

On t'a bien sûr passé un sermon sur la stupidité de cette décision.

Bien que personne n'ait dit non.

Mais tu dis rien.

T'encaisses.

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On l'a trouvé.

Tu marches à travers la maison en bois, suivi par des employé.e.s. On l'a placé dans une pièce pour l'interroger et surtout-

Lui faire gentiment comprendre qu'il doit absolument rembourser son salaire.

Tu entres dans la salle, on s'éloigne à ton passage :

« La Rosa. »

Tu t'assois sur le sol en face de lui :

« Vous savez pourquoi vous êtes là ? »

Une suivante a une main sur son épaule :

« Nous vous avons demandé un service et je crains que le contrat n'ait été rempli de votre côté. »

D'un regard, tu demandes qu'on t'apporte un document :

« Donc, nous demandons une compensation. Le retour des ossements donnés. »

D'un autre regard, tu demandes qu'on t'apporte un stylo :

« Mais si le retour immédiat est impossible, un autre contrat entre en vigueur. »

Tu le tournes vers lui :

« Vous devrez travailler pour nous, le temps d'éponger votre dette. »

Un sourire.
Qui n'atteint pas tes yeux.

Du tout :

« Nous avons un nouveau marché ? »

Non qu'il ait réellement le choix.

Mais que tu répares ta faute.

Au plus vite.

Pour être honnête, Antonio ne pensait pas être attrapé si rapidement. En fait, il pensait surtout que l'histoire passerait sous le tapis, le temps qu'il fasse véritablement un rapport. Il se serait mis au travail, promis, juré ! mais faut pas le brusquer quoi. Visiblement, il a sous-estimé la famille.

Alors le voilà dans une petite pièce qui lui rappelle presque une cellule d'interrogation. Le bois procure à la fois chaleur et austérité. Ça lui rappelle vaguement le salon de son oncle. Ça le fait marrer tout seul, en attendant que le responsable se pointe pour prodiguer son châtiment. Que de grands mots, que de sérieux. C'est déplorable.

Kaoru face à lui. Antonio porte beaucoup plus attention au visage de son « bourreau » qu'à son discours. Wow, impossible de le lire. Tout aussi de marbre que le reste. Tout aussi ennuyant.

« Allons, une avance est une avance et la confiance est de mise. Vous croyez vraiment que je n'accomplirai jamais ma part du marché ? »

Parce que c'est si facile de parler en absolu quand on a l'éternité devant soi – il le sait, Kaoru le sait, toute la famille le sait. Son sourire fond, n'en reste une mimique un peu cynique quand il daigne, enfin, poser les yeux sur les papiers devant lui. La seule alternative qui lui est offerte, en fait (car les ossements sont bien sûr dilapidés, et ce depuis belle lurette).

Un soupir théâtral.

« Permettez ? »

Il prend les documents entre ses mains, croise ses jambes, se met à la lecture. Ah, parce qu'il ne fallait pas croire qu'il signerait sans savoir exactement ce qu'on attend de lui. Il a la flemme, souvent, certes, mais certainement pas quand il s'agit de protéger ses propres fesses. Quand il arrive à la dernière ligne, il pose son verdict :

« C'est plutôt poussé. »

Un regard en direction du représentant de la famille. S'il veut jouer à ce jeu, qu'ils jouent.

« Le travail n'est pas équivalent. Entre une observation et un travail actif en tant qu'assistant, il y a tout un pas. Vous ne pouvez pas faire équivaloir des pommes et des oranges. Les heures sont trop nombreuses considérant ce que vous demandez. Il faut les diminuer. »

Il laisse tomber le document sur la table.

« Je ne signerai pas dans ces conditions. »

Tu te retiens de masser tes tempes.

Ça va être laborieux.

Bien que cet homme ne soit pas en position de discuter-
Il discute.
Il marchande.
Il-

Tu te retiens de soupirer.

T'aurais aimé laisser ça à Niji mais il est absent.

Tu te dois donc de continuer :

« Je comprends votre point de vue. »

Tu fermes les yeux un instant :

« Malgré tout, ça fait depuis un certain moment que vous manquez à vos conditions. Donc, la confiance a malheureusement été brisée. »

Tu te retiens de masser tes tempes :

« Nous préférons prendre nos précautions. »

Tu souris :

« Donc nous n'allons tout simplement pas vous demander de reprendre vos fonctions premières. »

Tu appelles à ce qu'on te donne un deuxième contrat :

« Sinon, si vous ne voulez pas travailler pour nous, il vous suffit de rendre toute l'avance dans les prochains jours. Dans ce cas, signez celui-là. Il y a bien sûr des intérêts, pour compenser cette attente. »

Tu joins tes mains sur la table basse :

« C'est à vous de choisir. Nous ne vous forcerons pas la main. »

Bien que la situation ne lui donne pas forcément mille choix :

« Nous ne voulons pas particulièrement mêler les autorités à tout ça. »

Pas du tout même.
Mais s'il faut.
Il faudra.

Tu ne marchanderas pas sur le taux de travail.
D'où la non mention de cette partie de son mécontentement.

Ah, tout était donc prévu. Antonio ne devrait même pas être surpris de voir un second document atterrir devant lui, l'illusion d'une option. Pour la forme, il le prend entre ses mains, mais son regard flotte sur les mots. Il sait qu'il n'a aucune chance de rembourser l'avance dans le délai prescrit et les intérêts – pas si on lui offre un aussi bon boulot à accomplir aussitôt. Aucune chance.

Un soupir. Il dépose le document à côté de l'autre. Il est acculé. Il déteste ça. C'est contre sa nature, être au pied du mur. Pourtant, il faudra plier. Admettre la défaite. Se soumettre. Il bout de l'intérieur, mais il s'efforce de ne rien laisser paraitre. Ce serait, peut-être, le pire des échecs.

« Non, bien sûr que non, nous pouvons régler ça entre nous… »

Sourire mi-figue mi-raisin. Lui aussi préfèrerait éviter de mêler la boolice à ses affaires, au moins ils peuvent s'entendre là-dessus. Oui, voilà, se concentrer sur cet angle, prouver son contentement dans la situation même si ce n'est absolument pas le cas.

« Une dernière chose, cependant. » Parce qu'il ne peut pas laisser croire qu'il capitule si rapidement. « Si je devais, au cours du présent contrat, parvenir à trouver des informations significatives sur les membres de la famille lors d'un voyage de subsistance sur Terre, ma dette sera épongée, n'est-ce pas ? »

Une porte de sortie, il lui faut une porte de sortie aussi minuscule soit-elle pour que la défaite soit moins amère. Et surtout pour que ce contrat soit moins… effrayant.

T'as envie de t'évader.
Pourquoi est-il si difficile ?

Non, tu comprends.
Ca n'enlève pas que ça t'épuise profondément :

« Oui, bien sûr, nous en serions aussi heureux de régler ça entre nous. »

Tu retiens un soupir.
Tu retiens encore et toujours de te masser les tempes.

Tu as mal à la tête :

« Non. »

Tu secoues légèrement la tête :

« La confiance a été brisée comme déjà mentionnée, il est inutile de revenir aux clauses du tout premier contrat. », expliques-tu platement.

Tu fermes les yeux un instant :

« Je ne vais pas me répéter indéfiniment. C'est votre dernière chance pour ce marché. »

Tu reposes tes mains sur tes cuisses :

« Je n'ai pas envie d'appeler la matriarche pour régler le souci, elle serait moins clémente que moi. »

Elle aurait sans doute imposé les choses, sans ouvrir un dialogue avec cet homme.
Tu ne préfères pas la mentionner mais si ça marche- :

« Alors ? que choisissez-vous ? »

Tu inclines la tête sur le côté :

« Nous n'avons pas la journée non plus malheureusement. Autant commencer le plus tôt possible, n'est-ce pas ? comme ça, nous serons quittes bien plus rapidement. »

Un sourire.
Plastique.

Pas d'issue possible, pas même la place pour négocier les termes de l'offre. Kaoru est clair. Limpide même. Pour être tout à fait honnête, il fait preuve d'une fermeté que le vampire n'attendait pas. Mais la surprise n'est que de courte durée, car Antonio est furieux. Mais à qui la faute ? La sienne, bien évidemment. Et c'est que pour cette raison qu'il prend sur lui. Enfin, partiellement. Il sert un sourire froid – hostile – à Kaoru avant de saisir enfin le crayon.

« Good. »

Qui aurait cru qu'une seule syllabe pouvait contenir autant de hargne ? Il lance un dernier regard rempli de haine à la petite assistance avant de se pencher sur le document garantissant son service auprès de la famille. Pour de bon. Il a l'impression de signer son arrêt de mort en faisant glisser l'encre sur le papier. Voilà. Son nom sur la ligne en arabesques trop élégants pour les circonstances.

Antonio n'est pas un homme qui a l'habitude de perdre. Et pourtant.

« Satisfait ? »

Il dépose le crayon sur le document et le rend à la partie opposée. Bras croisés, il attend le verdict. Sa jambe droite sautille, impatiente de quitter cette pièce et de pouvoir passer sa colère sur la première personne venue.

« Alors, on se voit demain pour commencer ? »

Fuir.

Enfin.
Enfin, c'est fini.

T'ignores totalement son hostilité - tu as l'habitude et tu te doutes qu'il ne fait pas ça par gaieté de cœur - et te contentes de soupirer intérieurement.

Enfin, c'est fini.

Tu ressens enfin du soulagement de pouvoir te reposer dans ta chambre et lire :

« Oui, merci. »

Merci.
Quelle ironie.

Tu te retiens de grimacer :

« Et oui, vous pouvez venir demain. Comme j'ai dit, le plus tôt sera le mieux. »

Tu doutes qu'il tente une nouvelle arnaque.

Si ?
Non ?

Tu espères que non.

Tu souris :

« Nous allons vous raccompagner. Permettez. »

Tu ignores s'il sera plus coopératif le lendemain.
Tu espères.

Comme c'est toi qui vas devoir le subir.

Tu soupires intérieurement.

Tu espères malgré tout qu'on le refile à quelqu'un d'autre.

Tu froisses discrètement ta jupe.
Tu plisses les yeux.

Comme si tu avais le choix, Kaoru.

Et juste comme ça, c'est fini. À croire qu'il était vain de lutter contre l'inéluctable : la famille obtient ce qu'elle veut quand elle le veut. Qu'est-ce qu'il lui a pris de se croire intouchable et au-dessus de leurs lois ? C'est une leçon amère qu'Antonio ne digère pas.
Ne digèrera pas.

Et il se contient ! Il se contient tellement il mériterait des fleurs pour une performance aussi extraordinaire. Il parvient même à tracer un sourire sur ses lèvres – coupant – lorsqu'on lui indique qu'il commence demain. Ça aurait pu être pire. Ça aurait pu être mieux. Ça aurait pu ne jamais arriver en fait.

Il se lève quand on lui propose de le raccompagner. Oh non, ça non.

« Cela ne sera pas nécessaire, merci. »

C'est déjà assez humiliant comme ça, il préfère ne pas se faire imposer un pas lent et cérémonieux alors qu'il ne souhaite que partir au plus vite et maudire cette famille entière. Déjà, son esprit fomente les meilleurs manières de se venger – mais nulle ne parvient à se libérer du filet dans lequel il s'est pris comme un pauvre poisson.

Que cette famille brûle en enfer.