Se jouer d'un destin
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ft. @Basil Hirsch
L'allégorie encore assez subtile et fleurie tourne raidement à la métaphore grasse, non pas que ça manque d'amuser l'espagnole. C'est juste un peu moins dans son répertoire, en temps normal. N'allez pas croire qu'elle rechigne à employer des comparaisons plus que vulgaires quand c'est au nom de l'art, mais au quotidien... Il lui saute quand même aux yeux que les deux ont dû mal se comprendre dans les images abstraites. Le défaut de toujours parler en paraboles.
"Je t'ai déjà dit que tu es un grand poète?"
Probablement, dans cette vie ou une autre, avec toujours autant de sarcasme selon toute vraisemblance. Et quitte à manquer de légèreté dans les mots, il se force même à le faire dans le sujets. Le rêveur revient à la charge avec son manuscrit, veut imposer des contraintes temporelles et de travail à l'esprit libre qu'est la lémure.
Elle jette un regard lassé vers la pile de papier, en évalue le temps de lecture hypothéthique. Trop long à son goût, évidemment, mais c'est pour un ami. La metteuse en scène peut bien lui offrir ça, au moins une représentation en grandes pompes.
"Et je lirai ton petit magnum opus, t'inquiète pas."
Ça n'a jamais été remis en question dans son esprit, tôt ou tard elle aurait parcouru chaque mot de chaque page. Seulement, avec l'inconsistance de ses humeurs, ç'aurait pu prendre dix heures comme dix ans. Question de chance, de lunes, de paramètres indéchiffables.
"Je te recontacte quand je l'ai fini. Bientôt. Ça t'ira comme ça?"
Oh, petite chipie. Ohhh, la maline. C'est tellement évident que ça en crève les yeux, mais elle tente à tout prix d'éviter une date. Un quelconque ultimatum temporel, en réalité, n'importe quoi qui engage sa parole. Et quand bien même, elle pourrait la donner sans gêne puis la trahir, mais Basil se ferait un malin plaisir de lui rappeler qu'elle n'est jamais fiable. C'est même probablement pour ça qu'il avait tant tenu à lui imposer le rendez-vous.