L'abeille et la bête - [LEMON] [Céleste & Olympe]

Céleste fait mine de se rendre, mais je sais que ça va changer bientôt. C'est juste pas dans sa nature, je la sens déjà venir. Je lui vole un baiser, deux, je profite tant que ça dure. J'ai pas la force de lutter. Je résiste quelques secondes, pour lui faire croire que ça m'importe, je m'oppose par défi.

Comme la mer, j'ai été le flux, elle force le reflux. Enfin, je me laisse basculer, ensevelir dans le lit. C'est bien plus confortable, elle sait pas ce qu'elle rate. Sa vanne nullissime sur les sirènes me fait rire de dépit, mais de bon coeur quand même. C'était si décalé, si digne des pires dialogues de mauvais films. J'attends qu'elle me laisse respirer, j'enchaîne.

"De là d'où je viens, c'est les sirènes qui attirent les matelots en chantant."

Les deux facettes d'une même pièce, on aura nos versions. Mais je sais que je lui fais de l'effet, alors j'ai raison. Mes mains courent encore frénétiquement sur sa peau, sa nuque, plus bas, mais je sais sentir l'ambiance s'installer.

En un mot comme en cent: je me donne. Ma chair, ma carcasse, qu'elle en fasse ce qu'elle veule, tout me plaira. J'essaie de la guider lentement vers ce qui me ferait plaisir, mais je me plie à sa volonté. Tout pour elle, ma bonté me perdra. J'embrasse chaque morceau de peau à ma portée pour la faire mienne à jamais, pour sceller notre union dans les étoiles.

C'est elle pour l'éternité, elle ou rien.

Après la tempête, le calme. Je m'étire, encore chamboulée, mais satisfaite. Là, je suis véritablement drainée, je crois pas nécessaire de le préciser mais quand même. L'idée même de me lever est impensable, bouger un muscle apparaît comme un effort immense.

Elle me rejoint, se colle à ma peau, je tente l'impossible en passant un bras sous sa nuque pour poser la main sur son épaule. Je l'aime, j'embrasse son front. Elle peut pas s'empêcher de poser un question bête, je souris.

"À ton avis?"

Je lui souffle dans l'oreille, comme un secret odieux. Je ne sais pas si elle a l'habitude de se montrer si attentionnée, vulnérable. Si loin de l'impression qu'elle donne, des airs dont elle se pare. Je crois que ça lui fairait du bien de sourire un peu plus souvent, de s'ouvrir aux autres avant de les juger durement.

Remarquez, elle a l'air d'avoir apprécié la soirée autant que moi, voudrait la revivre tous les soirs. Quelle petite diablesse. J'aurais pas le courage, j'ai bien peur.

"Je sais pas, c'est petit quand même."

Et surtout, c'est un hôtel. On ne vit pas dans des hôtels, Céleste. Je lui expliquerai un autre jour, j'ai la flemme. Mais y'a de l'idée, quand même, je ferme les yeux et marmonne en me dessinant l'image dans la tête:

"Mais je pourrais nous faire un châlet dans la montagne. On y ira l'hiver. Y'aura une grande cheminée et des plaids partout, on fera cuire des marshmallows. Et un réchaud pour faire du chcolat chaud. "

Le pire, c'est que ça sera même pas si difficile à faire. Enfin, il faudra un système de chauffage et de gestion des eaux internes, mais rien que je ne puisse concevoir, surtout si je demande de l'aide. C'est juste une question de temps et d'argent, en fait. Plus j'en parle, plus je dérive vers l'inconscient. J'aurais pas du fermer les yeux. Mais c'est fait. Et je vais pas les rouvrir de sitôt.